En un temps record, Monolord a su imposer sa vision du Doom ! Et quelle vision ! Cette année, les Suédois nous reviennent encore plus « gros » après une signature chez le prestigieux label : Relapse Records, une signature dont on espère qu’elle portera ses fruits ! En attendant, No Comfort est dans les bacs, et nous avons laissé Mika Häkki, le bassiste, le présenter pour vous !
Propos de Mika Häkki (basse) recueillis par Axl Meu
Relapse Records sortira donc No Comfort le 20 septembre prochain ! Comment avez-vous rencontré le label manager de Relapse ?
En fait, c’est Daniel du label RidingEasy qui nous a présenté les gars du label, ils se connaissent bien… Et sur un commun accord, nous nous sommes séparés de RidingEasy, car Daniel pensait tout simplement qu’il n’avait plus grand chose à nous apporter… On était au bout de notre collaboration, et il avait déjà fait beaucoup pour Monolord… Et pour ce qui est des gars de chez Relapse, je les ai rencontrés dans le cadre d’un festival, on a discuté et on a signé. C’est aussi simple que cela.
Est-ce que tu peux me présenter ce nouvel album ?
Ce nouvel album commence avec le morceau « The Bastard Son » et il contient tous les éléments de style que tu peux retrouver sur nos autres albums : les sonorités sont assez proches, et je pense que notre public ne sera pas trop débousolé. Sur No Comfort, on retrouve le son de Monolord ! Mais il y a quand même du neuf, dans le sens où nous avons procédé différemment pour l’enregistrement : les sections basse/batterie et la première guitare ont été enregistrées « live ». Personnellement, je trouve qu’il y a des sonorités plus mélancoliques sur les deux morceaux les plus longs de l’opus, « Larvae » et « No Comfort ». Les parties de guitare étaient plus mélodiques également !
Tu me parles de mélancolie. C’est également ce que j’ai ressenti à l’écoute du morceau « Skywards ». C’est une sorte de ballade un peu « crue ». Pourquoi cette mélancolie ?
En fait, tout ce que nous vivons au quotidien a un impact sur notre manière d’écrire et de sonner. Ce n’est pas la première fois que nous avons des morceaux qui sonnent ainsi. La piste instrumentale notre album, Rust, (« Wormland », ndlr) était également assez mélancolique. Sur le plan personnel, j’ai un « background » musical assez particulier, j’écoute beaucoup de Country/Western, et toutes ces musiques qui ont attrait à l’expression de soi. C’est vraiment ce qui me fait vibrer. Après, tu n’es pas sans savoir que la musique que l’on joue n’est pas très joyeuse puisque très lourde. Avec Monolord, il ne faut pas s’attendre à ce que l’on parle de choses joyeuses. Chez nous, les thématiques abordées sont plus en lien avec l’Homme, ses problèmes et le déclin de la société en général. Ce sont des sujets qui nous parlent vraiment.

« Avec Monolord, il ne faut pas s’attendre à ce que l’on parle de choses joyeuses. »
Une piste m’a frappé : c’est « Alone Together ». On ne peut être plus contradictoire…
Oui, c’est à chacun d’interpréter comme il veut. Au sein du groupe, on est vraiment dans notre « bulle », et on est coupés du monde, donc un peu seul, mais ensemble. Par moments, on vit seul, on ressent cette solitude, alors que l’on rencontre beaucoup de personnes tous les jours sur la route. Oui, c’est bien un titre paradoxal !
Mika, toi qui es au poste de bassiste, dirais-tu que ton instrument est le plus important du groupe ?
Je ne pense pas ! (rires) Monolord, c’est nous, tous les trois, s’il en manque un, ça ne sera pas Monolord. Enfin, je vois ce que tu veux dire, les musiques de Monolord dégagent des sonorités très lourdes… Et pour ça, il nous faut une bonne basse ! Mais pas que ça… Il faut également une batterie dynamique, et surtout savoir laisser respirer les pistes de sorte que le chant et la guitare puissent s’exprimer.
No Comfort comporte six morceaux, et trois d’entre eux durent plus de neuf minutes…Comment faites-vous pour développer de si longs morceaux ?
En fait, notre recette est dans le nom du groupe : nous sommes « monotones ». Ça veut dire que nos riffs se répètent beaucoup, et que ça demande quand même pas mal de temps pour un morceau qu’il se développe : ça n’a tout simplement rien à voir avec un morceau de Rock traditionnel où tu retrouves forcément un refrain et des couplets. Puis, pour faire du Monolord, il faut que les tempos soient ralentis, et je pense que si on les accélérait, ça ferait du « Boogie Rock »…Dernièrement, nous avons reprise le morceau de Black Sabbath « Fairies Wear Boots ». On n’a rien retouché à sa structure : les mêmes parties, les mêmes boucles, mais nous l’avons reprises de façon plus lourde, plus lente que l’original. Donc, ça en fait un morceau bien plus long !
Black Sabbath fait-il encore partie de vos sources d’inspiration ? Leur album « référence » en matière de Doom reste quand même Master Of Reality !
Bien sûr ! Tout le monde a un souvenir en lien avec Black Sabbath, non ? J’étais encore un gosse quand mon père m’a fait découvrir Black Sabbath : donc leur musique a toujours eu un impact sur ma manière de concevoir la musique. Quand j’ai vraiment besoin de revenir aux sources, je n’ai qu’à poser un album de Black Sabbath sur ma platine, et c’est bon ! Black Sabbath continue de nous inspirer d’une manière ou d’une autre !
Tout à l’heure, tu me faisais allusion à ta passion pour le Blues et la Country. Est-ce que tu écoutes toujours du Doom ?
Oui ! En fait, mes playlists dépendent toujours de l’état dans lequel je me trouve ! Par exemple, j’écoute souvent des groupes comme Windhand, Bongripper et bien sûr Electric Wizard ! Il m’arrive souvent de revenir sur des musiques plus ambiantes, avec une vibe assez « shoegazy », des choses très atmosphériques avec beaucoup de « delay » et de « reverb », et Johnny Cash, un incontournable pour les fans de musique simple et organique.

« Tout le monde a un souvenir en lien
En un temps records, vous avez vraiment commencé à creuser votre trou dans le milieu. Pour des gars qui viennent de Göteborg, ville plutôt connue pour sa scène « Death Metal », ce n’est vraiment pas commun.
Oui, c’est vrai, et sur le plan personnel, je dois dire que, bien que j’aie grandi en Finlande, j’ai participé à des formations de Grindcore (notamment Rotten Sound, ndlr) et de Death Metal… Quand je suis arrivé en Suède, j’ai rejoint un autre groupe de Death Metal, Stabwound, avec qui j’ai sorti deux albums sur un label américain. Finalement, le groupe s’est séparé et je me suis lancé dans d’autres projets, dont Monolord…
C’est l’album Empress Rising qui vous a catapultés sur le devant de la scène. Quand tu composes, essaies-tu forcément de t’approcher de la qualité sonore de cet opus ou bien est-ce à chaque fois un »nouveau départ » ?
C’est toujours plus ou moins un départ à chaque album… On commence depuis rien, mais les albums sont toujours liés. Si tu écoutes attentivement nos albums, tu sauras faire le rapprochement entre tel ou tel album. J’ose espérer que nous franchissons toujours une nouveau cap à chaque album. Le son de Monolord est en constante progression !
Est-ce que tu peux revenir sur la pochette de No Comfort ?
En fait, j’ai vu cette artwork dans un musée, dans le cadre d’une exposition que je visitais avec ma femme. Ma femme est plus ou moins impliquée dans l’art avec un grand A… Il y a quelques années, elle a rencontré ce peintre qui avait exposé cette illustration représentant cette chouette. Vraiment, j’ai vraiment failli tomber de ma chaise quand je l’ai vue… J’ai, comme dirait-on, eu une montée d’anxiété. Après, il est clair que nous n’avons pas tous la même interprétation dans le groupe, l’appréciation d’une œuvre d’art étant tellement subjective !
Ma première rencontre « live » avec Monolord remonte à mars 2018. Vous étiez alors en tournée avec Black Label Society. L’allure de votre petit van m’avait marqué ! Ce n’était pas trop dur de tourner dans de telles conditions ?
Ouvrir pour des monstres comme Black Label Society a ses bons côtés, vraiment ! Je pense que nous n’aurions jamais été amenés à nous de produire devant tant de monde, ni devant leurs fans. Surtout que les fans de Black Label Society ne jurent que par leur groupe la plupart du temps… Néanmoins, si cette tournée nous a permis de rafler quelques nouveaux fans, c’est toujours ça de pris ! Après, c’est toujours plus appréciable de tourner par ses propres moyens en étant « headliner », car tu sais que le public n’aura fait le déplacement rien que pour toi et que n’aura pas le sentiment de devoir prouver quoi que ce soit à quiconque… Après la fameuse tournée, nous avions repris la route avec Kadavar, c’était un peu pareil, car son public est un peu différent du nôtre !
Vous qui vous êtes produits à plusieurs reprises dans le cadre du Desert Fest (London, Antwerp, et Berlin…), dirais-tu que cette « marque » a lancé une mode ?
Oui, je pense qu’ils y sont pour quelque chose. Pour s’en rendre compte, il faut retourner dans les années 90… À l’époque, il y avait Fu Manchu, Paradise Lost, Candlemass… Mais, ces groupes ne sont plus tout à fait les même aujourd’hui. Désormais, il y a une toute nouvelle génération qui est en train de faire ses armes et qui ne cesse d’évoluer. Et le Desert Fest a incontestablement sa part de responsabilité dans tout ça !
Monolord, c’est :
Thomas V Jäger : Guitare & Chant
Esben Willems : Batterie
Mika Häkki : Basse
Discographie :
Empress Rising (2014)
Vænir (2015)
Rust (2017)
No Comfort (2019)
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