
Pour beaucoup, le Motocultor reste une véritable alternative en matière de programmation pour tous ceux qui ne se retrouvent plus dans l’affiche du Hellfest. Et année après année, l’événement prend de l’ampleur et a même su passer outre les difficultés financières que ce dernier a pu rencontrer en renforçant les partenariats publics et privés, en démarchant toujours plus de boîtes et municipalités. Car la situation est toujours délicate. Et ce n’est plus un secret pour personne, il s’en est fallu de peu pour le Motocultor en 2017. A priori ‘presque’ remis, le Motocultor Festival enchaîne depuis 2018 les records de fréquentation (47. 000 visiteurs cette année) et se met à jour. Et pour la première fois de son histoire, l’organisation a investi dans un système de ‘cashless’ pour faciliter la consommation des festivaliers et a signé un partenariat redoutable avec la branche 8.6. (que beaucoup ont boudé d’ailleurs) de sorte à garantir une rentrée d’argent supplémentaire. Bref, le Motocultor évolue, et c’est une bonne chose.
Par Axl Meu et Hyass.
Photos Cédric Cambien.
Autre signe d’évolution : cette quatrième journée « épique » qui s’ajoute au déjà 3 jours de festival. A l’affiche des groupes 100% celtiques et des reconstitutions de duels de chevaliers. Une journée qui, si elle n’a pas trouvé « preneur » chez l’ensemble des fans de musique extrême, ouvre de nombreuses portes à un festival qui s’est finalement résolu à revendiquer à fond son identité bretonne. Affaire à suivre !
JEUDI 15 AOÛT
Et c’est que le Motocultor est bien décidé à se forger une identité aussi redoutable que celle des autres festivals de taille moyenne. En jouant la carte du « local », Yann Le Barillec et ses associés ont tout misé sur une quatrième journée exclusive avec à la clé des artistes de musique « Folk/Traditionnel ». Néanmoins, difficile de pleinement y trouver son compte sur le plan musical : Corvus Corax, Stille Volk assurent et développent sur l’ensemble du lieu une atmosphère chevaleresque par l’intermédiaire de sonorités Folk bazardées par des instruments atypiques, mais typiquement celtes : bombarde, cornemuse, flûte irlandaise, harpe… Plus que des performances à proprement parler, ces prestations faisaient plus office d’accompagnements et ont dépaysé les festivaliers, qui pour la moyenne, étaient des gens du village ou de simples curieux de la région. Tout cela pour dire qu’on était loin du « vrai » Motocultor Festival et de sa horde de metalleux, loin des montagnes de décibels avec lesquelles nous renouerons en fin de soirée pendant le concert d’Eluveitie.

Non, ce jeudi 15 août, ce n’était pas la culture Metal qui était au centre, mais plutôt la culture bretonne. En attestent notamment la prestation d’Alan Stivell et celle d’Excalibur. L’auteur-compositeur-interprète breton, armé de sa harpe, profitera de cette mise en lumière pour défendre les valeurs de son dialecte dans le cadre d’une prestation symbolique, bourrée d’invités divers et variés, notamment Jessica Delot, violoniste. Pour ce qui est d’Excalibur… Comment dire ? Loin de nous l’idée de remettre en question le projet d’Alan Simon, alors sur le vingtième anniversaire de cet opéra-rock, mais le concert a relativement déçu. En vérité, au vu de l’énorme campagne promotionnelle qui a été menée pour l’événement (plus de 120 musiciens, dont des gars de Supertramp, Fleetwood Mac, Jethro Tull, quand même !), on s’attendait à un concert grandiose, pertinent de bout en bout. Ce qui fut loin d’être le cas.

À la place, la troupe d’Alan Simon a cumulé maladresse sur maladresse : n’aurait-il pas été plus judicieux de souffler les bougies en fin de gig plutôt qu’au début ? Et qu’en est-il de cette allocution à la gloire de la Bretagne au tout début ? Quelle était son rôle dans l’économie visuelle du spectacle ? Et quand bien même les musiciens et les ‘guests’ lisent leurs partitions à la perfection, ils ne sont jamais très bien mis en avant. Bref, il aura fallu bien plus d’une avancée scénique pour nous convaincre de rester à ce spectacle qui, au bout de six/sept chansons, s’est avéré assez pompeux et interminable (deux grosses parties obligent), surtout que The Bearded Bastards et Mars Red Sky se produisaient en même temps sur la scène du camping…
(Hyass) Et quelle bonne idée que cette petite scène située entre l’entrée du camping et le bar 8.6 dédié aux campeurs. C’est qu’il fallait bien occuper tous ceux qui n’avaient pas acheté de billet pour cette journée supplémentaire. Et ils étaient nombreux à être présents dès le mercredi pour goûter à l’ambiance du camping du Motocultor. Alors pour passer le temps autrement qu’en se noyant dans l’alcool, on pouvait écouter les prestations de Atlas Fighter, Murder One, Sideburn, Hipskör, The Bearded Bastards et cerise sur le gâteau, Mars Red Sky, prévu également dans la programmation officielle du lendemain.
Notre attention aura été retenue par Sideburn, groupe rennais composé de 5 jeunes gens oscillant entre Hardcore et Thrash, avec une touche pas si vieillotte de Neo Metal. L’occasion pour eux de se faire connaître en dehors des frontières de leur région natale devant un public, certes pas si attentif, mais enclin à se laisser surprendre. Si vous aussi avez envie de vous laisser séduire, leur dernier EP Crows Court (2018) est disponible sur Bandcamp. Autre découverte, Hipskör. Eux sont 6 et hantent aussi la scène rennaise. Proposant un mix entre Hardcore, Punk et Electro, la formule est fraîche et invite à se défouler. Il faut dire que le groupe ne se prend pas trop au sérieux et cultivent la dérision, parfait en somme pour démarrer avant les 3 jours de gros sons qui nous attendent encore !
La fin de soirée réserve son lot de bons moments avec des groupes de plus grande envergure. A commencer par les Parisiens de The Bearded Bastards qui assommeront les quelques 200 personnes présentes de leur Thrash H&C. C’est qu’ils en imposent, ne serait-ce que physiquement, ces 5 barbus à la force tranquille. Le show nous semblera d’ailleurs trop court, car oui, on aurait aimé que la journée soit entièrement à leur image. Et à l’image de Mars Red Sky également ! On savait qu’on aurait le plaisir de les retrouver dès le lendemain sur une scène digne de ce nom, aussi, ce concert avait des allures de « cadeau ». Tant pis si le son et l’infrastructure de la scène avait finalement les allures d’un camion-scène un soir de Fête de la Musique ! Avec sa nonchalance habituelle, son sourire toujours au coin des lèvres, le trio aura emmené le public visiter son nouvel opus The Task Eternal avec simplicité.

Mais ce report ne serait pas complet si nous ne vous parlions pas du concert d’Eluveitie. Dernier show sur le site du festival, il aura eu le mérite de nous réveiller tout à fait. Pourtant, sur le papier, nous n’étions pas spécialement les plus aptes à apprécier la performance. Cela fait quelques années que l’entreprise bien huilée des Suisses ne nous émeut plus guère… Cependant, et contre toutes attentes, c’est justement cette mise en scène carrée et ce set calibré pour emporter les foules qui nous a séduits. Car, on ne va pas vous le cacher, nous étions plutôt frustrés par cette première journée. Nous étions en manque de gros son, de gros show et de foule en communion. Eluveitie aura réuni ces trois éléments et nous aura permis de recharger nos batteries !
Portfolio proposé par Slaytanic (Cédric Cambien) :
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