L’image contient peut-être : nuit et texte

Après une nuit placée sous le signe des intempéries, nous découvrons un site trempé, mais le sol jonché de foin : les équipes du Motocultor se sont activés pour permettre au public de continuer à profiter des installations ! Néanmoins, vous le savez comme nous, gadou et Grindcore n’auront jamais fait aussi bon ménage que ce troisième jour : pendant le concert des Nordistes de Gronibard, une bataille de boue s’est naturellement profilée, aux dépens du matériel de la Supositor Stage !! Mais peu importe le temps, l’affiche annonçait de bons moments à venir, à commencer par les sets de Wolvennest, Krisiun, Sólstafir , Trust, Mgla et bien d’autres encore…

Par Axl Meu et Hyass.
Photos : Cédric Cambien.


SAMEDI 17 AOÛT 

(H) Commencer la journée par un concert de Nytt Land sur la Dave Mustage est une expérience intéressante, surtout quand la nature alentour porte encore les stigmates de la tempête. La formule est minimaliste : deux musiciens grimés comme des druides blancs entament une longue prière chamanique. Les percussions sont tribales, les arrangements faits de petits instruments d’un autre temps, le chant féminin est aérien quand celui masculin est bien plus guttural. La transe aurait pu parfaitement aboutir si les spectateurs avaient été plus nombreux et surtout bien mieux réveillés. Un démarrage en douceur donc, avec un groupe à revoir dans d’autres conditions.

Nytt Land

(H) Après cette mise en éveil, il est temps pour nous d’aller découvrir le nouveau show d’Undead Prophecies, dont le deuxième album Sempiternal Void avait séduit la rédaction en mars 2019. La Supositor Stage est ornée aux couleurs du groupe et c’est donc masqué que s’avancent nos Nazgûls non-identifiés. La promesse d’un Death Old School se vérifie par l’exemple, mais très vite le groupe rencontre des difficultés techniques qui viennent perturber le bon déroulement du set. La faute aux intempéries de la nuit ? Toujours est-il que le groupe ne jette pas l’éponge et continue malgré tout… même si la magie ne pourra tout à fait opérer ! A revoir donc pour se faire un avis tranché, et pourquoi pas au Tyrant Fest de Oignies (62) où ils se produiront en novembre prochain.

Undead Prophecies

(H) Il est 15h et c’est l’heure pour moi de retrouver Wolvennest sous la Massey Ferguscene. Le groupe emmené par Shazzula, aux claviers et au chant, m’avait déjà fait forte impression au Lokerse Feesten (BE) quelques semaines auparavant. Qu’en est-il en plein air et devant une foule bien moins intimiste ? Le Dark Rock Ambiant des 6 musiciens fonctionne à merveille ! Sans jamais forcer le trait, le sextet déroule son set sans encombres et trouve écho devant un public dense. Wolvennest possède ce petit je-ne-sais-quoi qui fait la différence et nous offre le premier moment de grâce de cette journée.

Wolvennest

(H) Virage à 180 degrés avec Fange sur la Dave Mustage. Les 4 Rennais font pas mal parler d’eux ces derniers temps, car la formule qu’ils proposent en déroute plus d’un. Avec des textes en français abrasifs, une énergie scénique qui crie le No Futur du Punk et des compositions étonnantes entre Sludge et Death, le groupe propose résolument quelque chose de nouveau. Pas toujours abordable au premier abord, il faut entrer dans Fange en abandonnant ses habitudes de concert et regarder le show comme une performance d’Art Contemporain à part entière. Alors ça plait ou ça ne plait pas, mais pour sûr, ça ne laisse pas indifférent. Personnellement, j’ai aimé être bousculée !

Harakiri For The Sky

(A) Un tantinet déçu par la performance de Harakiri For The Sky, je retrouve les Brésiliens de Krisiun, pour qui le concert est déjà bien avancé. Mais avons-nous réellement besoin de résumer ce qui se passe ? Du gros Death Metal qui plaque au sol beaucoup de monde. A noter cependant l’absence de la reprise de Motörhead (« The Ace Of Spades ») normalement jouée en fin de partie. Bref, Krisiun suscite l’admiration, car l’intégrité et la ferveur de ses membres sont restées intactes après toutes ces années au service des musiques extrêmes.  

Krisiun

(A) C’est que beaucoup ne juraient que par Anaal Nathrakh en cette fin d’après-midi. Il faut dire que ses concerts ne sont pas légion et qu’ils font régulièrement l’unanimité. Néanmoins, cette date dans le cadre du Motocultor, même si la performance vaut son pesant de couronnes, sera entachée par quelques petites imperfections, notamment dues à l’absence du bassiste, Niilo Sevänen, que le groupe a eu du mal à combler. Résultat, la batterie est trop bien mise en avant. Cela-dit, « Monstrum In Animo », « Depravity Favours The Bold » et « Forward! » ont quand même de quoi nous faire passer un bon moment, mais pas au point de nous faire maintenir notre attention jusqu’au dernier morceau. Nous sommes alors devant The Night Flight Orchestra, la deuxième formation de Björn Strid, le chanteur de Soilwork, et du bassiste d’Arch Enemy, Sharlee D’Angelo, qui bien loin du style auquel ils nous ont habitués, nous livrent un Hard Rock kitsch, épaulé par les chœurs de trois hôtesses de l’air. En bref, du fun, rien que ça. On accroche vite !

The Night Flight Orchestra

(A) La dernière performance de Sólstafir sur le site de Kerboulard remonte peut-être à 2015, mais depuis – et malgré le tolet provoqué par l’exclusion de son ancien batteur – pas grand monde ne semble les avoir oubliés. Au contraire, les abords de la scène principale font le plein… Et pour palier l’absence de leur bassiste Svavar « Svabbi » Austmann, les Islandais ont fait appel à un de leurs amis, Ragnar Sólberg. Ce serait une erreur de dire que leurs gigs ont perdu en intensité : Sólstafir nous livre un voyage de l’âme, mis en musique par les instances quasi-dépressives d’ « Otta », « Köld » et autres « Fjara ». Le Spleen dans toute sa splendeur, poussé à son paroxysme quand son leader, contemplant de part et d’autres son audience, s’agrippera à son public à la fin de « Goddess Of The Ages ». La communion. 

Sólstafir 

(A) Il pleut, il fait noir, mais Trust joue. Alors, on a beau se moquer de Trust et de ses nombreuses reformations puant le dollar à des kilomètres, suscitant alors l’indignation des fans de la première heure, Trust reste Trust ! Trust fédère et en véritable tête d’affiche, offre un set à la hauteur de sa réputation : le tandem Bernie/Nono arrache quelques sourires… Et les mauvaises langues ont bien fait de se taire, car le son est vraiment bon et le public réagit activement à la palette de nouveaux morceaux qui nous est servie, dont le boogie « Democrassie » issu du LP Dans Le Même Sang. Les classiques restent à part et sont scandés par un public en liesse (« Comme un damné », « Antisocial »). On est peut-être loin de la folie des 80’s, mais Trust fait le show. Mon vrai plaisir coupable de la journée… Et j’assume ! 

Trust

(H) Après un Trust fédérateur, place à Mgla sur la Supositor Stage. Autant le dire de suite : le changement d’ambiance est radical ! Alors oui, il fait nuit, il pleut, la fatigue est palpable sur scène et parmi le public, mais pas de quoi décourager les fans de Black Metal qui seront nombreux à apprécier le set froid et direct des Polonais. Pas d’accrocs à signaler, pas de véritables moments forts non plus, les 50 minutes de show sont honnêtes et montrent un groupe qui peut s’appuyer sur son expérience pour compenser un certain manque de flamme. Et l’air de rien, ce n’est pas donné à la première formation venue !

Mgla

Il pleut toujours. Mais beaucoup ! Néanmoins, Marduk se produit à l’horaire prévue et donne l’occasion à ses partisans de vivre une expérience unique… À des kilomètres des effets visuels d’un certain Watain, les Suédois nous livrent un concert radical, authentique, allant à l’essentiel. Toutefois, exaspéré par les conditions climatiques, je cède aux sirènes d’Anathema qui, de l’autre côté, plonge dans le songe toute la Massey Ferguscene. Certes, Vincent Cavanagh n’est pas pleinement satisfait du retour sonore, mais ce petit détail passera inaperçu et laissera pantois tous les fans de Rock Expérimental. Ce n’est plus un secret pour personne, Anathema c’est un flot d’émotions déversées par paquets de mille et une fibre émotionnelle mise à rude épreuve. Quand bien même le set ne semble guère évoluer (on a toujours droit au duel de batteries), quel moment !  

(A) Dernière prestation de la journée : At The Gates avec un set exclusivement réservé à ceux qui en veulent toujours plus (les autres sont partis dormir) ! Alors, on n’attendra rien de plus des Suédois qu’un concert où tout est misé sur la musique, et rien que la musique. Tomas Lindberg – la casquette toujours cloué sur le crâne – n’est pas là pour boire le thé. Sa bande reviendra sur trois de ses albums phares : At War With Reality, Slaughter Of The Soul et le dernier en date, To Drink From The Night Itself. Les Suédois semblent donner inlassablement le même gig encore et toujours (avec à la fin les incontournables « Blinded By Fear » et « The Night Eternal »), mais je serais sans doute un mauvais gars, si je devais dire du mal d’une formation qui joue impeccablement, et avec panache, son répertoire. At The Gates s’avère donc une excellente option pour clore cette troisième journée.

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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