Il est désormais possible organiser un « Hard Rock Fest » et de faire jouer sous sa bannière des formations de Black Metal le vendredi soir et des cover-bands le lendemain. Et Bernard De Riemacker ne va pas se gêner. Bien sûr, il nous semble inutile de préciser que c’est la première soirée qui a trouvé grâce à nos yeux plutôt que la deuxième. Mais il semblerait que tout le monde ne fût pas de cet avis. Car c’est la deuxième, celle réservée aux cover-bands qui a été, une nouvelle fois, prise d’assaut, pour des raisons que nous ignorons encore…


Sans conteste la formation la moins « Black Metal » de la soirée, The Monolith Deathcult doit ouvrir les hostilités devant un public assez clairsemé. Pas de chance, il se fait encore tôt et les environs d’Avelgem ne bronchent pas trop, à l’exception du GC Spikkerelle d’Avelgem, animé d’un côté par les black metalleux et d’un autre par les étudiants (comprenez alors que deux salles étaient côte à côte et que deux soirées, pour deux ambiances différentes, s’y déroulaient…).

Cela dit, se produisant alors dans des conditions de jeu optimales, il est fort possible que The Monolith Deathcult et leur « Supreme Avant Garde Death Metal » aient raflé quelques nouveaux fans sur son passage. Tout simplement, car on sent que la formation est désormais aguerrie des scènes de moyenne et grande taille (leur date en ouverture de Ministry en est un exemple frappant…). Ainsi, les Hollandais ont su tirer le meilleur de leur « nouveau » catalogue en se concentrant sur des pistes « Death Metal » assez « soft » aux rythmiques si martiales qu’elles nous rappellent la scène de la Neue Deutsche Härte. Ajoutez à cela le fait que Robin Kok et sa basse fretless forment un duo d’enfer et que les samplers étaient si bien juxtaposés aux pistes « live » qu’on aurait cru écouter un disque, et vous comprendrez qu’on a passé là un excellent moment. 

L’image contient peut-être : une personne ou plus, personnes sur scène, personnes qui jouent des instruments de musique, concert et nuit

À l’inverse de ses prédécesseurs, le nom d’Asagraum nous était encore inconnu jusqu’à ce que l’on apprenne que ses composantes ne sont aucunement inconnues du milieu des musiques extrêmes : Obscura (chant/guitare), le porte-étendard de la formation, fait habituellement ses frasques aux côtés de Nargaroth… Voilà qui annonce la couleur d’un Black Metal des origines, organisé autour d’un rituel païen. Néanmoins, les balances s’espacent, et mêlent confusions et cacophonie à un tel point qu’elles nous donnent l’idée que le pire est à venir. Et à l’image des balances, le concert manque en rigueur et sera marqué par quelques incohérences de tempo et autres bavures. Pourtant, certains passages de Dawn Of Infinite Fire (opus sorti tout dernièrement via Edged Circle Productions) méritent franchement que l’on s’y attarde et que l’on y pose une oreille attentive. Alors, pour aujourd’hui, laissons-nous le bénéfice du doute, peut-être sauront-elles nous surprendre à l’avenir. 

Nouvelle performance, et des têtes qui ne nous sont pas méconnues : Arkhon Infaustus. Pourtant vouée à se produire plus régulièrement depuis sa reformation et sa signature chez Les Acteurs De L’Ombre en 2017, la formation menée de main de maître par Deviant Von Black se fait rare en Belgique, contrairement à la T-A de la soirée, Wiegedood, pour qui les concerts sont légion dans cette région. Donc, autant dire qu’il était hors-de-question de manquer cette nouvelle performance, la première à laquelle nous assistons depuis l’arrivée de César Vesvre (ancien batteur-session d’Agressor) dans les rangs des « bâtards ». Alors débarrassé des éléments instables, Arkhon Infaustus peut désormais rendre justice à ses pépites en arrangeant un rituel digne de ce nom : encens, flammes en tout début de set, et de belles pioches de morceaux phares au style lorgnant entre celui de Morbid Angel et Celtic Frost. En quelques mots, une performance de haute voltige prodiguée par un Deviant Von Black totalement possédé, qui engagera, on l’espère, une série d’annonces ; notamment celle d’un éventuel nouvel album on ne peut plus attendu. 

Une énième représentation des Belges de Wiegedood, valeur montante du Post-Black Metal, affilié à la Church Of Ra (Amenra, Oathbreaker…), ça ne se refuse pas. Et même après les avoir vus à plusieurs reprises ces derniers temps (Lokerse Feesten, Dour, Tyrant Fest…), pas question d’évoquer le mot « lassitude ». Car au sein de la rédaction, Wiegedood prêche là des convaincus. La recette reste la même : alliant modernité sans bornes et finesse d’exécution, les Belges dégagent une atmosphère aussi pesante que lumineuse, et tout ça par le biais d’une configuration toute simple : deux guitares et une batterie… et surtout sans les accoutrements et autres effets associés à l’univers si protocolaire du Black Metal ! C’est qu’on a affaire à une toute autre mentalité, qui va à des kilomètres d’Asagrum et d’Arkhon Infaustus. Wiegedood fait là dans le Black Metal décomplexé, mais non moins authentique. Leur Black Metal, c’est également celui qui pioche régulièrement dans d’autres styles, le cas échéant, le Doom et le Hardcore. Et une fois encore, après une série de cris névrosés, de riffs meurtris, nous voilà marqués au fer rouge. Peut-être à vie ?

L’image contient peut-être : une personne ou plus, personnes sur scène, personnes qui jouent des instruments de musique, foule et concert

Peut-être que la première soirée du Hard Rock Fest n’aura pas fait le plein, mais elle n’en restent pas moins un événement auquel tous les férus de Black Metal se doivent d’assister, la preuve encore ce soir : son et organisation irréprochable !

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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