Encore une soirée à guichets-fermés pour les gars d’Ultra Vomit, incontestablement LA formation hexagonale la plus rentable de ces trois dernières années (il n’y qu’à se rendre sur son stand pour se rendre à l’évidence que la machine est bien huilée). Il faut dire que la notoriété de l’ex-formation de Grindcore dépasse le milieu des musiques extrêmes si bien que le public semble se rajeunir au fil des mois. Un gig d’Ultra Vomit : c’est un peu devenu ZE réunion de famille : on oublie la nourrice le temps d’une soirée, on invite Madame et on prend même ses gosses avec : c’est l’assurance de passer une bonne soirée. Alors, difficile de s’y retrouver pleinement en ce samedi 12 octobre dernier dans ce Metaphone bondé de personnes qui ne découvraient Ultra Vomit que pour la première fois sur scène !


Par Axl Meu

Crédit photos : Eric Meuriche

Néanmoins, à titre personnel, une question me taraude : Fetus et sa bande parviendront-ils à m’arracher quelques sourires après le Hellfest 2016, BetiZFest, l’Aéronef, le Motocultor et autres… Pourront, sauront-ils se renouveler ? Avant, on a laissé Warfield et TRoNcKH mettre en branle nos sens… 

Une première partie de « Gros Batard ». Partisans d’une musique « déglindo » et inclassable, et de ce fait les mieux placés pour assurer la première partie d’Ultra Vomit, les locaux de l’étape, TRoNcKH, livrent une prestation solide agrémentée de tous ces ingrédients qui font que : « finalement, oui, c’est plutôt pas mal ! ». C’est là des « footix » – à la bonne humeur contaminante – qui, à première vue, ne semblent pas trop se prendre au sérieux… Et pourtant, le set des Boulonnais – qui mêle joie de vivre, légèreté et rigueur d’exécution – mérite clairement que l’on s’y attarde. Ce soir, on est donc loin du pot-pourri qui n’a ni queue ni tête : tout est en place et le style du bassiste dreadlocké est loin de nous laisser indifférents : ça swingue ici… ! Et voilà qu’après quelques incrustions décalées, les gars de Boulogne embrayent sur un « medley » alors bienvenu faisant la part belle à des gros hits tels que « Bullet Of Parade » (Rage Against The Machine), « Enter Sandman » (Metallica) et « Beat It » (Michael Jackson). Un bon moment, maintenant, il ne leur reste plus qu’à publier un nouvel album, et là TRoNcKH pourrait enfin concrétiser ce retour en grand pompe que plus personne n’ose espérer. 

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Du Metal « Made-In-La-Réunion ». Après un premier entr’acte que beaucoup trouvent interminable, Warfield engage enfin sa partie à sa manière et délivre un Metal plus sérieux que ses prédécesseurs. Malgré les brouilles sonores (un des guitaristes semblent rencontrer des problèmes pour s’entendre et le fait savoir à plusieurs reprises…), ceux qui nous révèlent par la suite venir de très loin – de l’île de la Réunion plus précisément (!) – s’en sortent plutôt bien. La fosse s’anime automatiquement depuis que le leader prétend nous fait découvrir le « Maloya », la musique traditionnelle de La Réunion, que nous avons parfois du mal à reconnaître tant elle se fond dans un ensemble Metal Moderne trop travaillé, un peu trop lourd à la fin. Bref, nous sommes donc loin du voyage tant promis par la formation. Donc, sans être la grosse découverte de l’année, Warfield – qui semble progresser à son rythme – dispose encore d’une certaine marge de progression. Et croyez-nous sur parole, nous les suivrons volontiers à condition qu’ils nous dépaysent davantage à l’avenir. 

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Un public familial. Des Hellfest archi-bondés, un merch’ pris d’assaut, des costumes loufoques, un humour peu raffiné… Ce soir à Oignies, on n’est pas au carnaval de Dunkerque, mais c’est tout comme : « Venez comme vous êtes aux concerts d’Ultra Vomit ; on ne vous jugera point ». Néanmoins, il semblerait toutefois que la fosse des Nantais ait considérablement évolué ces dernières années, depuis la sortie de Panzer Surprise ! plus précisément. Succès après succès, concerts après concerts : c’est un fait, Ultra Vomit s’approche sévèrement des mastodontes « mainstream »  à l’échelle nationale et peut désormais prétendre se placer aux côtés des duo et trio d’humoristes les plus en vogue : le Palmashow et les Inconnus en tête d’affiche. Car Nicola Patra et sa bande ont tout simplement saisi le bon filon en mêlant culture populaire, culture « Metal » et humour de très bas étage, alors facile d’accès. 

Un spectacle populaire. Dès lors, nul besoin d’être impliqué de près ou de loin à la scène Metal pour apprécier comme il se doit ce show largement agrémenté de références connus de tous (« Fort Boyard », « Looney Tunes » en tout début de gig) et de saynètes diverses et variées (la présentation burlesque de ses protagonistes, les minutes ‘Manard’ – « Keken » et la minute ‘Beausson’ – « Pink Pantera »)… Et plus les mesures s’entassent, plus la prestation livrée par les quatre musiciens apparaît comme une démonstration triviale de ce que prétend offrir la culture Metal, bien qu’on ne puisse la résumer aux « moshpits » et aux « fameux doigts de Metal ».

Un exercice de style. Nicolas Patra – en bon commercial – tire profit à sa manière des codes qui colle à peau du genre, mais n’en reste pas moins un excellent performer. Peut-être à des années lumières de la consistance des artistes parodiés, à nous de reconnaître que leurs morceaux qui passent régulièrement du Punk-à-chien (« Un Chien Géant » en hommage à Tagada Jones), au Heavy Metal (« Evier Metal »…), en passant par l’Indus (« Kammthaar ») et au Grindcore (« Une Souris Verte », « la « Ch’nille ») ont le mérite de respecter à la lettre les gimmicks des artistes concernés (Iron Maiden, Rammstein, Pantera, AC/DC, Tagada Jones, Anthrax, Napalm Death…). Somme toute, ce concert est apparu pour beaucoup comme une belle présentation « grossière », mais complète, de l’univers « Metal ».  

Un hommage républicain et Jesus sur scène. La formation se démarque même en offrant à ses partisans un petit instant républicain, un hommage de taille à Jacques Chirac (« Jack Chirac ») transformé en reprise électrique de notre hymne national. Elle galvanise un public en transe profitant alors du laxisme des agents de sécurité pour monter sur scène et œuvrer dans l’art du « moshpit ». Cet « art » nous semblera même poussé à son paroxysme dans le cadre de la célèbre « chenille » (menée façon « Human Centiped ») et de cette fosse miraculeusement divisée en deux par Jésus lui-même et sa croix (avant le carnavalesque « Pipi VS Caca »)… Une première pour nous, et la preuve que les Nantais peuvent innover jusqu’à la fin épique de « Je Collectionne des Canards (Vivants) » achevant une fois pour toutes la réplique grossière du « gars des canards » qui s’est fait expulser d’une scène qu’il monopolisait depuis un bon moment…  

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Aujourd’hui, les prestations d’Ultra Vomit restent d’excellente facture. Et n’en déplaise à ses détracteurs : il s’agit là de démocratiser une culture en la dépouillant de son authenticité et de sa véritable substance. Mais, peut-être serait-il temps pour Ultra Vomit de se lancer des nouveaux défis et de conquérir un nouveau marché, celui des festivals « mainstream » ? C’est bien le mal que nous leur souhaitons.

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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