En multipliant les prestations intenses, Infected Rain s’est imposé comme l’une des étoiles montantes en matière de Nu Metal ces dernières années. Elle est aussi la preuve que l’on peut venir d’un pays en voie de développement – la Moldavie en l’occurence – et sévir un peu partout sur le globe quand on s’en donne vraiment les moyens ! Lena – sa chanteuse – s’est confié à nous quelques jours après la sortie de son quatrième album, Endorphin.
Propos de Léna (chant) recueillis par Axl Meu
Comment devons-nous appréhender le nouvel opus d’Infected Rain, Endorphin ?
Eh bien, c’est un album complet qui permet de bien comprendre ce qu’est Infected Rain aujourd’hui. Endorphin est un album mature dont je suis particulièrement fier, surtout en ce qui concerne la production. Si tu fais partie de nos fans, tu as forcément dû te reconnaître, nous reconnaître dans cet album… Endorphin synthétise bien ce que nous sommes aujourd’hui, c’est aussi l’album qui fait le pont entre ce que nous étions par le passé, ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous serons demain. Il faut dire que nous avons revu un tas d’idées sous un nouvel angle. Après, Endorphin est assez spécial à mes yeux puisqu’il dégage un paquet d’émotions dans lequel beaucoup de monde peut s’y retrouver. C’est vraiment le type d’opus qui te donne des frissons quand tu l’écoutes. En tout cas, quand je l’écoute, il me fait dresser les poils !
Il y a beaucoup de mélancolie dans cet album, on la retrouve notamment dans ta voix… Comment expliques-tu toute cette mélancolie ?
J’ai toujours été pleinement impliquée dans l’écriture des morceaux, surtout les paroles. Et je m’inspire de tout ce que je traverse au quotidien – aussi bien du négatif que du positif – pour les paroles. Malheureusement, ces derniers mois, certains épisodes tragiques m’ont marqué au plus haut point et se sont finalement avéré être une véritable source d’inspiration… La musique comme thérapie ! C’est vraiment ça qui me permet d’aller de l’avant et de canaliser mes émotions. Aujourd’hui, Infected Rain est plus ou moins le miroir de ma vie.
Les différentes couches de chant se superposent super bien sur l’album. Comment avez-vous travaillé en studio ?
Je dois m’estimer très chanceuse d’avoir toujours pu travailler avec des musiciens de talent. Ces derniers n’ont guère cessé de m’épauler et de me proposer des idées pertinentes… D’ailleurs, on a jamais changé de producteur… Depuis nos débuts, on travaille avec les mêmes ingénieurs-son, une force en soi, car on se connait tous sur le bout des doigts.
Il y a un côté très progressif dans la chanson « Victims » bien qu’elle soit très courte. C’est voulu ?
Je pense qu’il ne faut pas se compliquer la vie quand on écoute un album d’Infected Rain. Tu vas trop loin. Nous n’avions pas vraiment d’intentions particulières quand nous commençons à travailler sur un album ou bien sur une chanson. Quand on écrit, tout vient du cœur, c’est aussi simple que ça ! Après, il nous arrive d’avoir des idées bien précises, mais uniquement pour les video-clips. Le plus important pour nous, c’est d’être capables de délivrer tout ce que nous refoulons au plus profond de nous et que les fans puissent nous comprendre ! C’est aussi simple que ça !
Il y a quand même une volonté de donner un coup de jeune à la scène Neo-Metal, non ?
Non, pas vraiment ! Au risque de me répéter, Infected Rain ne planifie rien avant d’écrire quoique ce soit… Ça vient comme ça ! Après, je peux comprendre pourquoi tu me parles de « Neo Metal »… Au sein d’Infected Rain, nous avons tous baigné dans ce style quand nous étions adolescents, donc c’est normal que ça se ressente. C’est sans doute une des raisons pour laquelle nous nous sentons si libres dans notre façon d’écrire. Nous partageons la même philosophie, celle qui consiste à mêler plusieurs styles de musique dans un et seul morceau ; que ce soit Rap ou musiques électroniques, on inclut tout comme bon nous semble… À l’époque, c’était vraiment nouveau !
Infected Rain a rencontré beaucoup de succès suite à la sortie de 86. Quelle est la prochaine étape pour vous ?
Continuer de tourner ? Tourner plus intensivement ? Nous produire dans des pays que nous n’avons pas encore visités ! Quoiqu’il en soit, les ambitions d’Infected Rain sont restées intactes depuis ses débuts !

« Aujourd’hui, nous devons sans cesse nous battre pour obtenir ces visas qui nous permettent de nous rendre hors de nos frontières. »
Je vous ai vus cet été dans le cadre des MetalDays. C’était sans doute l’une des performances les plus poignantes de la dernière édition ! Je veux dire… Malgré les problèmes techniques que vous avez rencontrés, vous avez fait mouche auprès du public !
Oui, à cause de la chaleur, tout s’est stoppé net et nous avions dû faire sans les samplers électroniques. En fait, il faisait vraiment très très chaud, et dans ce cas de figure, la sécurité se déclenche de sorte que notre matériel ne prenne pas feu et éviter que le pire ne se produise. Bref, c’est un mal pour un bien pour finir…
Tu avais donné le meilleur de toi-même et t’étais agrippée à quelques-uns de tes fans placés au premier rang…
J’essaie toujours de rester au plus près de mes fans. Je monte sur scène pour vivre quelque chose avec mes fans, c’est vraiment ça qui me branche. Le cas inverse, je ferais mieux de rester chez moi. En ce qui me concerne, je veux rencontrer le maximum de personnes et leur partager des choses, même à ceux qui nous voient pour la première fois. C’est vraiment ça qui me pousse à donner autant de concerts. C’est comme une drogue pour finir !
En général, tu aimes bien expliquer à tes fans qu’Infected Rain vient de Moldavie, un pays inconnu pour beaucoup… D’ailleurs, on ne sait pas grand chose de la scène ‘Metal’ moldave…
On n’a pas vraiment de groupes en fait… C’est vraiment dommage, car à chaque fois, toutes les formations finissent par jeter l’éponge par manque de moyens… Et en vérité, la scène est tellement pauvre que je ne saurais te donner un quelconque nom. Mais nous avons un tas de bons musiciens qui bossent énormément et qui essaient de faire avancer les choses ! La scène moldave est vouée à évoluer quoi qu’il arrive…
Vous êtes donc la seule formation Moldave à s’être fait une place dans ce business. Infected Rain est désormais connu à l’étranger… Quel a été l’obstacle le plus délicat à surmonter ?
Partir à l’étranger. C’était vraiment ça le plus dur ! Aujourd’hui, nous devons sans cesse nous battre pour obtenir ces visas qui nous permettent de nous rendre hors de nos frontières. Si on n’en a pas, il nous est impossible de partir, donc de donner des concerts… Après, vu qu’on vient d’un pays pauvre, ce n’est pas évident de faire de la musique et d’en vivre… Un pays comme la Moldavie n’offre pas beaucoup d’opportunités, du coup, on a dû prendre notre mal en patience… Mais heureusement, les choses semblent évoluer dans le bon sens petit à petit. Ça prend le temps qu’il faut, mais ça évolue. J’espère que les groupes et musiciens pourront voyager et obtenir un visa plus facilement.
J’imagine que beaucoup vous ont découverts grâce à Internet.
Pas que… C’est surtout tous les concerts qu’on a donnés qui nous ont permis de nous installer durablement dans le paysage musical… Et pourtant, c’était loin d’être gagné d’avance ! Pour se produire, ne serait-ce en Roumanie qui est pourtant un pays frontalier de la Moldavie, il a fallu se rendre à notre ambassade pour qu’on nous en donne l’autorisation. Ce n’est que par la force des choses que nous avons gagné en notoriété. Après, il est clair qu’Internet a sa part de responsabilité dans tout ça. Cet outil nous a permis d’approcher des pays qui semblaient alors inaccessibles par le passé : les États-Unis, l’Australie et le Japon en font partie.
Infected Rain, c’est :
Lena : Chant
Vova : Basse
Vidick : Guitare
Discographie :
Asylum (2011)
Embrace Eternity (2014)
86 (2017)
Endorphin (2019)
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