N’oublions pas les petits clubs qui se démènent sans relâche pour satisfaire la demande ! Q.G. des organisateurs de l’Alcatraz Festival (qui semblent monopoliser l’attention sur la toile depuis qu’ils étoffent quotidiennement leur affiche), le De Kreun (Courtrai) continue d’être le théâtre de bien des animations, et ce toute l’année ! Pour en attester, cette fameuse soirée du 30 novembre dernier qui a vu les monstrueux Gwar (dont le retour était plutôt inespéré sur nos terres…), les techniciens de Voivod, et les newcomers de Childrain sur scène. Une affiche plutôt atypique, hybride, que nous n’aurions manquée pour rien au monde !
Par Axl Meu
Crédit photos : Maurice Delciotto
Mine de rien, si Childrain a plus l’allure d’un « outsider » qu’autre chose, quelques consultations sur les réseaux sociaux nous amènent à relativiser : un beau paquet de followers, et de belles dates chez eux, notamment dans le cadre du Ressurection Fest. Néanmoins, le créneau qu’on leur a alloué est loin d’être confortable pour autant. Pour une ouverture des portes à 18h30 pour un lancement des hostilités à 19h pétantes, l’offre avait tout d’un cadeau empoisonné. La salle est presque vide, et le peu de spectateurs présents préfèrent faire de l’œil à la barmaid et au merch’ de Gwar qu’autre chose. Donc, pas toujours très concentrés, ces derniers ont donc « supporté » ce Power Metal aseptisé, à des années lumières de la complexité de ceux qui viendront après. En effet, le charisme s’en est allé, les compositions sont soporifiques et clichesques à mourir. En bref, même si les Espagnols semblent avoir passé un bon moment en notre compagnie, il faudra bien plus d’une gourmandise locale – placées sur leur merch’ – pour nous convaincre.

Souvent imité, mais jamais égalé, Voivod reste une énigme, un véritable objet musical non identifié. Alliant toujours plus le côté débraillé du Punk, Thrash et la technicité des musiques progressives, les Canadiens ont toujours su se renouveler au fil des années et comptent dans leur discographie de grands classiques comme Killing Technology ou autre War and Pain. Mais ce soir, Voivod ne se produit pas en tête d’affiche, au grand désarroi de certains fans. Un véritable détail toutefois, car la prestation vaut toutefois son pesant de cacahuètes ! Car, il n’en donne peut-être pas l’impression, mais Snake (chant), derrière sa dégaine de vieux « punk », se cache un gaillard – à la voix rauque – qui sait mener fermement son set. Ce dernier est épaulé par les mélodies « abacadabresques » de « Chewy » (guitare) et la rythmique d’un « Away » (batterie) qui ne connait dans son vocabulaire musical que les termes « rigueur » et « perfection ». Alors, promotion de The Wake oblige, les Canadiens nous présentent quelques nouvelles pistes qu’ils alternent avec d’autres raretés comme « Fix My Heart » ! Bref, la prestation est impeccable, et le confort de jeu offert par la salle nous permet de saisir dans leur profondeur les plans de guitare de Chewy, à la seule condition : qu’on veuille bien se laisser emporter dans l’univers complexe de ces monstres de Thrash Technique. Ce qui ne fut pas forcément le cas pour tout le monde ce soir, le public manquait clairement en réactivité et ne semblait pas vouloir lâcher son mobile.

Gwar est assurément une curiosité de la scène musique extrême, LE véritable groupe satyrique par excellence, celui dont tout le monde a déjà entendu parler sans s’être toutefois capable de lister tous ses albums. Et malgré ce renom, la carrière des freaks n’a rien eu d’un long fleuve tranquille : souvenez-vous, la formation avait été forcée d’annuler sa tournée Européenne en 2011 par manque de pré-vente, par la suite, les monstres connaissent un autre coup dur avec la disparition de Oderus Uungus (chant). Autant dire que Gwar n’était pas prêt de nous rendre visite…
Il nous a donc fallu attendre pas moindre de huit années pour revoir les Américains en Europe, et chanceux que nous sommes : Gwar a fait escale à Courtrai, au Kreun, soit à vingt minutes de Lille. Le club n’est pas sold-out, mais nous sommes prévenus : ça va saigner dans le petit club belge, si bien que l’ingénieur-son ont pris soin de poser une bâche sur ses consoles. Et en effet, pour Blothar, toutes les raisons sont bonnes pour asperger son public de faux-sang : arrivées de nouveaux protagonistes sur scène à chaque moment clef de la mise en scène : naissance d’un bébé monstre, le fameux tour de la tronçonneuse, et enfin, l’arrivée sur scène d’une réplique monstrueuse de Donald Trump, lui aussi, à l’origine d’un petit bain de sang. Bref, un paquet d’animations visuelles toutes placées sous le signe du Gore qui – quitte à faire passer la musique au second plan – nous rappellent l’humour d’un certain « Brain Dead« . Et pourtant, de musique il a également été question, car la formation a balayé en un peu plus d’une heure une grosse partie de sa discographie. Les albums Scumdogs Of The Universe, America Must Be Destroyed, The Blood Of God, Battle Maximus, Bloody Pit Of Horror, Carnival Of Chaos et bien d’autres ont été de la partie, offrant alors un panorama complet de l’art selon Gwar : du plus « Hard » au plus « Thrash ». On a tout simplement adoré.

Aujourd’hui, gageons les pères du Shock Rock ne se feront pas autant désirer à l’avenir. Car il est bien évident que les Européens sont friands de ce genre de ce groupes qui allient avec savoir show gargantuesque et musiques de franche bonne qualité.
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