La carrière de Stubora n’a rien d’un long fleuve tranquille… Changements de line-up en pagaille et perpétuelles remises en question, la formation nous était toutefois revenu en 2015, regonflée à bloc avec Ressurection, un album fort en sonorités Rock/Metal bousculé par un chant en français musclé. 2019, Stubora enfonce le clou avec Horizon Noir, un ouvrage particulièrement pessimiste, reflet de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Propos de Cyril (guitare/chant) recueillis par Axl Meu
Pourquoi le choix du trio pour le groupe ?
La formation de Stubora ne date pas d’hier ! C’est un projet que j’ai lancé en 1996… Et au début, nous étions quatre, nous faisions dans le Hardcore… Puis, un membre est parti, mais se sentant à l’aise à trois, on a décidé de continuer dans cette configuration. On évoluait toujours dans le Hardcore, mais à la suite à de quelques autres changements de line-up, et suite à l’arrivée de Mick, on est partis sur quelque chose de différent, de plus « Rock ». Par la suite, on a malheureusement été amené à cesser ses activités suite à l’accident de notre batteur, Niala. Finalement, le groupe revient en 2014 avec un nouvel album, Ressurection, impliquant l’idée de renaissance. Cette année, nous revenons avec un nouvel album, Horizon Noir.
Quand vous avez dévoilé la pochette de votre nouvel album, Horizon Noir, vous avez expliqué dans un communiqué que c’était la première fois que vous travailliez autant sur un album… Comment devons-nous comprendre cela ? Vous estimez que les autres albums étaient moins aboutis ?
En fait, Stubora a mis deux ans pour écrire et enregistrer cet album… Et je dois t’avouer que c’est la première fois que nous passons autant de temps sur la réalisation d’un album. À l’époque, on composait nos morceaux et on les enregistrait dans un quelconque studio… Mais depuis, nous avons investi dans notre propre matériel d’enregistrement, ce qui nous a permis de travailler à fond sur nos morceaux, de revoir certaines idées quand celles-ci ne nous satisfaisaient pas !
La musique de Stubora – chantée en Français – est assez énergique… Pourquoi un titre aussi pessimiste pour un musique aussi dynamique ?
Il y a plusieurs raisons à cela. Nous sommes deux à écrire les textes… Et on laisse tout simplement parler nos émotions. Pour ce qui est des textes de Mick, ils font vraiment l’état de tout ce qui nous entoure et abordent des sujets en lien avec le développement durable et l’école. Quant à moi, l’écriture m’a surtout permis de me remettre de mon traumatisme d’après le 13-Novembre. J’étais au Bataclan ce soir-là, et ça nous a marqués profondément, et c’est encore le cas aujourd’hui. C’est sans doute pour cette raison que nos textes sont sombres. On s’est rendu compte de tout ça après coup, je veux dire… Je ne vois pas comment ça aurait pu être autrement.
J’ai également lu que Horizon Noir développait toutes les facettes du groupe, lesquelles ?
En fait, quand bien même le groupe n’est composé que de trois membres, ses trois personnalités sont totalement différentes, mais se complètent. Après, nous avons tous une base commune, et sommes tous des gamins de la Bay-Area puisqu’on a tous grandi avec les groupes de la baie de San Francisco, Metallica, Megadeth, Slayer, Death Angel… Mais, depuis la scène Hardcore new yorkaise a eu un impact sur nous, et notre style a considérablement évolué… Aujourd’hui, j’ai plus tendance à écouter des groupes très modernes aujourd’hui, comme Whitechapel et Jinjer. Ils sont tout simplement extra’ ! Quant à Mick, il est beaucoup plus friand de groupes beaucoup plus modernes comme Alter Bridge, et toutes ces formations plus mélodiques… Pour ce qui est de Niala, il est plus du genre à s’intéresser à des sonorités plus techniques, comme Dream Theater, et même au Jazz…
Pour cet album, on avait une vingtaine de titres. À nos tout débuts, on s’imposait certaines limites, comme notre façon de sonner, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette fois-ci, il n’était pas question de se fixer de contraintes de styles. On a pris tout ce qui venait et nous l’avons harmonisé avec le reste. C’est pour cette raison qu’il y a des morceaux qui sonnent plus « Rock » que d’autres sur cette album, d’où l’idée de plusieurs facettes. On voulait voir jusqu’où notre inspiration nous conduirait.

« On est plutôt du genre à tout vouloir contrôler par nous-mêmes. »
Quid du chant en français ? C’est parce que vous êtes directement influencés par Mass Hysteria, Lofofora et compagnie ?
En fait, deux gros événements ont fait qu’on est passés d’un chant en anglais à celui en français. En fait, même si les textes de notre premier EP étaient en anglais, on était conscients que notre anglais n’était pas irréprochable, notamment en ce qui concerne la prononciation, puis… on était également limités en termes de mots.
Par la suite, on s’est rendu compte que chanter en français n’était plus un sujet si tabou que ça depuis que Lofofora, No One Is Innocent, Mass Hysteria et Tagada Jones s’y sont mis. On a juste suivi le train en marche… Puis, après coup, on a remarqué que ça nous permettait d’écrire des textes beaucoup plus intéressants qui jouent sur les doubles sens. Par conséquent, nos textes touchent davantage de monde. Et puisque Stubora aime aller jusqu’au bout des choses, il aurait été dommage de se contenter à un accent médiocre. Pour marquer les esprits, il est important que l’ensemble de nos compositions soient agréables à l’oreille… Et tout ça, ça passe également par des lignes de chant correctes, avec des textes corrects.
Que devons-nous voir sur la pochette d’Horizon Noir?
La pochette d’Horizon Noir est à l’image de nos textes : sombre. L’idée était de développer un visuel assez poignant reflète, et nos chansons, et le monde qui nous entoure. C’est en ça que réside l’essence de l’artwork d’Horizon Noir. Elle se devait de renvoyer une image assez pessimiste en lien avec les événements douloureux que nous avons traversés. Néanmoins, dans cet amas de couleur sombre, on peut toutefois y apercevoir un soupçon d’optimisme avec des teintes qui tirent plus vers le clair, d’où les couleurs « cuivrées », d’où le message : « tout n’est pas perdu ».
J’imagine que le choix de l’auto-production est totalement revendiqué et assumé.
Oui ! Comme je t’ai dit tout à l’heure, on a monté notre propre studio d’enregistrement tout seul. Et avec le studio, on peut désormais se permettre de prendre le temps et peaufiner tous les petits détails. Pour ce qui est du choix de ne travailler avec aucun label, il est également assumé. À l’heure d’aujourd’hui, beaucoup nous écoutent via les plateformes d’écoutes et n’ont plus de lecteur CD à la maison. D’où le choix de l’indépendance. Comme dit plus tôt, on est plutôt du genre à tout vouloir contrôler par nous-mêmes. Plutôt que d’envoyer notre album à un label, nous avons préféré gérer la diffusion de notre opus. Bien sûr, si un quelconque label était venu nous chercher pour nous proposer un super contrat, on n’aurait pas refusé, mais l’idée de base devait rester le même : gérer de A à Z la conception et la diffusion de notre album, et surtout garder le contrôle de notre musique !
Comment allez-vous défendre Horizon Noir ? Un passage dans les Hauts-de-France est-il envisagé ?
On travaille actuellement sur les dates… Pour le moment, on ne préfère pas s’avancer, mais il est certain que nous passerons dans les Hauts-de-France. Nous allons également commencer à démarcher des festivals histoire de nous produire le plus possible et présenter Horizon Noir au public français. C’est vrai que nous ne nous sommes pas produit des masses ces derniers temps, car nous avons préféré nous consacrer à l’écriture et à la production d’Horizon Noir… Notre dernière date remonte à février dernier, c’était dans le cadre du festival Haunting The Chapel à Metz en ouverture de Decapitated. Un excellent souvenir !
Stobura, c’est :
Cyril : Chant & Guitare
Mick : Chant & Basse
Niala : Batterie
Discographie :
‘Oropa’A (1998)
What We See Is Not What We Wanna See (2003)
Bleeding My World (2006)
The Almighty (2011)
Résurrection (2015)
Horizon Noir (2019)
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