La Belgique est une terre de festival. Le métal est particulièrement à l’honneur et cela nous permet d’assister à de très bons évènements toute l’année. En ce début 2020 nous nous rendons au cœur de la province du Luxembourg dans la ville de Durbuy pour assister à la troisième édition du Damned Soul Fest. Le cadre du festival se tient dans une salle communale d’une commune attachée de Durbuy, Bomal sur Ourthe.  10 formations sont au programme mettant largement à l’honneur la scène belge avec une belle variété de styles confirmant la vitalité de la scène nationale.

Report : Franck Lasselle

Crédit photo : Maurice Delciotto


Tout commence à 13h avec Yata. De taille moyenne et chaleureuse, la salle est bien adaptée pour l’évènement avec une scène large. Celle-ci est se remplie doucement quand le groupe démarre. Originaire de Charleroi, il s’est formé en 2013 et évolue dans un Hardcore teinté de Metal. Après une intro futuriste idéale pour l’ambiance le groupe lance les hostilités avec « I’m Fine ».  La déflagration est totale, le public se prend une bonne rasade de son quelque part entre Hatebreed et Machine Head. Le rythme est intense avec un chant abrasif efficace. Le côté écrasant de force va s’accentuer avec « One More Time » et « Kyubi ». Le public est attentif et savoure de bons riffs couplés à une puissance Hardcore. L’ambiance monte et le public se remue vec un « Sky Is On Fire » en forme de tarte en pleine tronche. La demi-heure allouée approche de son terme et « Seeds On The Blisfull » et « Here Comes The Sun » vont l’achever avec énergie. On y retrouve la même force de frappe qui confirme que le groupe manie bien cette poudre brulante. Yata a eu le mérite d’ouvrir la journée et il l’a fait avec fraicheur et envie. Le groupe est un nom à retenir comme sérieux outsider pour la scène Hardcore Metal.

Le ton va rester costaud avec l’arrivée d’Ocean Encounters. Provenant de Tournai le groupe œuvre depuis 2015 dans un Metalcore incisif et a pas mal écumé les scènes. Le public est désormais fourni pour une bonne rasade de son. Le concert est lancé avec énergie avec « Anchored ». On y retrouve un pur métalcore avec du growl et du chant clair puissant. Le rythme est intense et évoque At The Gates pour la puissance couplée à la mélodie. Les chants se complètent et ce début parfait ravit le public. La suite avec « Disappoint » puis « Clock » est aussi efficace. Il n’y a certes rien de neuf mais le groupe manie la poudre avec efficacité. On retrouve le groove typique du Metalcore avec un chant clair puissant et aérien et un solo bien Heavy. Sur « Mad Captain ». La mélodie est au cœur du propos avec la mélancolie se mixant à la puissance. « Useless Need » est une nouveauté et elle fait un carton avec un chant rappé efficace et un côté alternatif sympathique. « We’ve Lost Faith In You » est une sacrée claque. Le rythme est intense et la force des chants est énorme. Au chant plus clair le bassiste en impose avec un côté torturé efficace. La fin avec « Hard » et « Gone » est couillue et fait remuer les têtes avec une énergie énorme. Ocean Encounter sa donné un excellent show et confirmé qu’il était un bel espoir pour la scène Metalcore. La suite de ses aventures est à présent attendue avec curiosité.

Le ton va changer avec l’arrivée de Dirty Wolfgang. Le Power Trio est composé de vieux briscards qui proposent leur vision du Hard Rock avec une dose de Stoner, de Blues et de Punk. On y retrouve un Belge, un Néerlandais et un Marocain dans un esprit de fraternité Rock’n’Roll.  Avec ses allures de biker le guitariste en impose et chacun attend de recevoir une bonne leçon. Celle-ci va être lancée avec « The Fool », parfaite décharge qui met le feu. On y savoure un côté Stoner bien gras avec une voix digne de Lemmy. Tout cela fait remuer la tête et le reste avec efficacité.  La suite avec « Creepy Animals » est toute aussi plaisante. Ca joue bien dans un esprit hard houblonné avec une facette stoner au sein d’une partie instrumentale de haute volée. L’accueil du public est parfait et avec « Johnny’s Angry » le groupe balance un titre bien gras avec une touche à la Thin Lizzy. Le petit trait d’humour autour de l’histoire de Johnny et de sa femme faisant son effet sur un public complice du groupe. Les titres s’enchainent et le succès ne se dément pas. « Addiction » et son côté Motörhead, « Troubleshooter » puis « Blood On The Rocks » font un carton. Il y a de de l’urgence et du rythme et cela est réjouissant. Le petit hommage à l’organisateur Matthieu est sympathique puis la dernière ligne droite s’annonce. Teinté de blues « Old School Bastards » est un titre remarquable de feeling qui suinte le bon vieux hard 70’s. Le groupe se présente dans une belle ambiance avec un bon côté jam puis « Hell Hole » fait son effet avec un côté hard proche de Kiss et Lordi. « The Party’s Over » est enfin parfait pour en finir en beauté. Dirty Wolfgang a donné un excellent concert, frais et sympathique et a emporté la mise auprès du public.

Avec Anwynn, nous retrouvons un habitué des scènes belges. Le groupe évolue dans le Death Symphonique avec deux chanteurs. Récemment, il a dû faire face au départ de son chanteur growl, et a fait appel à Kelly Thans en remplacement. Ce dépannage se prolonge et la chanteuse est au rendez-vous ce soir. Pour ce concert, le groupe va surtout jouer des titres à paraitre sur un futur album. L’intro symphonique typique permet de faire monter l’ambiance. Le public est tassé devant la scène et les chanteuses sont face à la batterie prête à en découdre. Puis avec « The Choosen Cancer », le concert se lance sur les chapeaux de roue. Le chant de Kelly est mis en avant et elle impressionne de sa puissance vocale. L’équilibre avec le chant clair d’Eline est parfait. Musicalement, l’ensemble est convaincant avec une bonne puissance de frappe et une force mélodique avec le clavier en avant. « Unfolded » puis « Clockwork In The Past » claquent tout autant. Le groupe insiste sur sa face Death et cela décoiffe. Au milieu de la furie, la voix d’Eline arrive à se faire une place amenant une touche mélodique appréciable. La suite du show va rester dans ce ton, et cela ravit un public qui ne perd pas une miette de cette puissante prestation. « Keratin » est du même dynamisme avec un superbe passage folk. « No Bullet Required » est une autre claque avec un joli début symphonique et le chant clair en avant pour un résultat exquis. « For The Life Of Me » est une énorme démonstration avec une batterie en feu et un rythme intense. Le final va se faire avec d’abord la reprise de Machine Head, « Now Lay I Down ». Cette reprise symphonique passe bien avec un côté épique sympathique. Le classique « Swords & Blood » achève le concert à merveille. Il fait un carton avec son refrain efficace et permet au groupe de jouer avec le public dans une bonne ambiance. Anwynn a donné une solide prestation et confirmé la pertinence de ce line-up. La suite de ses aventures sera guettée de prêt.

Avec Dysrancor, nous accueillons une formation belge formée en 2014 qui compte en son sein des membres de Enthroned, Innerfire ou encore Excavated. Il œuvre dans un Brutal Death teinté de Black et de symphonique avec un amour de l’horreur autour de Poe et de Stephen King. Le public remplit la salle et chacun attend une belle tempête pour ce qui est le premier concert donnée par la formation. L’intro donne le ton, à la fois épique, puissante et mélodique elle est idéale pour se plonger dans l’ambiance. Puis avec « Through The Infected Eye » le concert démarre fort. Le growl teinté de grind fait son effet avec une belle facette technique. L’ensemble ne fait pas de quartiers, mais au détour d’un  »break » avec le clavier en avant on apprécie un bon côté horrifique. « You’ll Float Too » enchaîne parfaitement. Le mix’ entre brutalité et symphonique est une réussite avec un côté schizophrène remarquable. « Mechanical Dementia » confirme la belle impression. Le mixe est parfait avec de la brutalité portée par un grow furieux et une force mélodique donnant au titre un côté accrocheur irrésistible. « Blackened Cross », puis « Bloodbath » forment un ensemble efficace. la première est toute aussi énervée et scotche au siège avec une qualité technique remarquable. La deuxième est plus death avec un chant caverneux sur le début, un peu de chant féminin qui amène une certaine ambiance puis écrase tout. Le public apprécie la leçon et commence à se remuer. Sur « Havoc » un circle pit se lance, le titre est ultra brutal et fait un carton. Dans cette brutalité se dégage une âme noire, une hargne qui prend aux tripes. Le final est tout aussi énorme. Entre Death et Black, le groupe prend le public à la gorge avec toujours un côté symphonique qui amène cette fausse douceur si prenante. Dysrancor a proposé une solide prestation et lance sa carrière scénique de la meilleure des manières. Le groupe a montré un gros potentiel et a les armes pour faire une carrière remarquable.

Avec Miles To Perdition, le festival part au Luxembourg avec une formation évoluant depuis 2007 dans le Death Mélodique avec une pointe de Metalcore. Il s’apprête à sortir un nouvel album, 2084, et va profiter du concert pour le présenter. Le public est au rendez-vous et attend que la tempête commence. Celle-ci est précédée d’une intro sombre efficace pour amener l’ambiance. Puis avec « 2084 », le groupe lance le concert. On y retrouve un Death Melodique classique avec un riff typique digne d’un In Flames. La voix hurlée fait son effet avec un rythme intense. La sauce est bien envoyée et la suite sur « Terror Of Lies » est percutante. Cet autre nouveau titre penche du côté d’un At The Gates avec un bon mix entre brutalité et mélodie avec un excellent solo. « To The Guns » est dans la même mouvance et fait son effet. Le groupe sait envoyer la sauce en étant puissant et mélodique sans être mielleux. Le public apprécie la charge et derrière on retrouve le nouveau single « SOMA ». Il fait un carton et confirme que le groupe a trouvé la formule magique qui faisait la force du Death Mélodique dans les années 90. Le final avec « Divide Et Impera » puis « Doom » est tout aussi bon. La première est dans le même esprit mixant puissance et face accrocheuse. La suivante achève le concert avec un côté plus sombre et mélancolique sur son début avant de tabasser sévèrement un public ravi. Miles To Perdition a pris le meilleur du genre pour proposer un concert épatant. Son album s’annonce sous les meilleurs auspices et on guettera la suite avec curiosité et appétit.

La journée est bien avancée, et il reste encore pas mal de très bonnes choses au programme ! La France est à l’honneur avec Fractal Universe. Depuis 2013, les Nancéiens se sont fait un nom avec un Death Progressif et technique dans l’esprit du vieux Opeth, de Cynic ou Obscura. Rhizomes Of Insanity a fait son effet l’année dernière, et le live fraichement sorti a montré la force du groupe en concert. Avec « Sons Of Ignorance », le ton est donné. On retrouve un pur Death Technique maitrisé et remarquable de précision. La mélodie est au centre du propos avec en parallèle la voix d’écorché vif de Vince. La claque est énorme et le succès au rendez-vous. La suite va être délicieuse. « Oneiric Realisations » puis « Architectural Aberrations » enfoncent le clou. Il y a la puissance digne de Death avec une face progressive mise en avant. Vince hurle avec une rare conviction et on apprécie cette technique au service de la mélodie pour un résultat ébouriffant. « Flashes of Potentialities » est une grande réussite. Elle mixe tout les ingrédients du genre et on apprécie des vocaux à fleur de peau. Il y a un côté fort en émotions pour un parfait moment de bravoure. « A Reality To Foreclose » débute de manière calme avant de monter en puissance avec ce côté mélancolique. Le travail sur les ambiances est remarquable et la partie instrumentale scotche avec un côté fluide et aérien. « Parabola Of Silence » suit le même schéma avec une force énorme qui s’abat sur le public et un côté émotionnel prenant. Après des mercis sympas le groupe enchaine avec « Masterpiece’s Parallelism ». Plus Death, le titre écrase tout sur son passage. Le final approche et il va être royal. « Fundamental Dividing Principle » regroupe toutes les qualités du groupe entre technique et force mélodique avec ce chant qui oscille entre puissance et mélancolie. Fractal Universe a proposé une prestation parfaite. Il a ravi son public et montré qu’il excellait dans un genre exigeant.

Il reste trois formations pour achever le programme. La première vient des Pays-Bas, Dictated a vu le jour en 2014 et évolue dans un Death Metal Brutal. Elle a proposé récemment Phobos qui a confirmé sa force de frappe. Celui-ci est très attendu par une les fans et l’ambiance est chaude quand l’intro retentit pour annoncer une guerre redoutable. Puis « No Mercy For Cowards » ne fait pas de quartiers. Le titre dépote avec un ton gras et puissant taillé dans le meilleur du genre à la manière d’un Bolt Thrower. Derrière, la guerre s’amplifie avec un « Lysso » intense porté par une batterie en fusion et un chant abrasif. La vitesse de frappe est impressionnante et on ressent une énorme force dans ces titres. Après un « coucou » sympa, le concert repart de plus belle avec « Thalasso ». Le public apprécie une grosse charge de bon vieux Death Metal avec une belle qualité technique et une petite pointe de modernité proche de Gojira. Derrière, Yorick nous promet une fast one, et il ne va pas mentir. « This Is To All » est une claque. « Taphe » est toute aussi brulante, le groupe est en mode guerrier avec un côté folie furieuse délectable. « Atychi » et « The Basher » forment un ensemble poilu qui confirme l’aisance du groupe pour un Death « old school » de tout premier ordre. Le final approche et après un dernier speech, « Hypso » et « The Deceived » achèvent la leçon avec la même brulante efficacité. Dictated a proposé une parfaite prestation taillée dans le meilleur du genre avec une brutalité d’une rare intensité.

Après cette tempête le festival accueille Psychonaut. Formés en 2013, ils œuvrent dans un Post Metal teinté de Sludge avec une pincée de psychédélisme et deux chanteurs. La salle est remplie et chacun s’attend à un voyage musical avec un son qui mixe la puissance d’âme d’Amenra ou Tool avec des aspects 70’. Dès l’intro on ressent une force spirituelle avec un côté lancinant prenant. « Halls Of Amenti » est servi par un début énorme avec un riff bien lourd puis avec un côté plus aérien. Quand le chant clair se lance la claque est forte, à la fois pur et puissant il amène un supplément d’âme. Le tourbillon émotionnel est total. Il y a la puissance du sludge couplée à un côté à fleur de peau profond. Le public est hypnotisé et n’en perd pas une miette. Avec « The Story Of Your Enslavement » celle-ci continue de plus belle. Nerveuse et portée par un riff costaud et le growl elle colle au mur. Le chant clair teinté de wave apporte le petit truc au milieu de la furie. A la fois nerveux et accrocheur le titre est un claque taillée dans le meilleur du post métal. ‘All I Saw As A Huge Monkey’ et ‘Mantra’ enchainent à merveille. La première est une pépite instrumentale de prog moderne digne des maitres du genre. La deuxième prend le temps de monter pour mieux exploser avec une lourdeur implacable mais avec de la lumière au travers de passages mélodiques. Le groupe a déjà réussi son concert et il va le transformer en apothéose. Il y a  ‘The Fall Of Consciousness’. Très aérienne elle fait  voyager avec une rare force émotionnelle. Puis elle monte en puissance et alterne les ambiances avec une puissance brute de décoffrage et des parties aériennes planantes. Kabuddah’ est un parfait mélange avec un chant planant à fleur de peau  et un growl remarquable. Les deux chanteurs sont en symbiose et on retrouve un peu de SUP pour le côté glacial avec la lourdeur du sludge. Après un petit speech sympa pour Matthieu le groupe entame le final avec ‘Nothing Is Consciousless’. Sur plus de 15 minutes on retrouve le meilleur de son art avec un début aérien digne d’Opeth. Puis la montée en puissance est parfaite. Les deux chanteurs se répondent avec l’alternance entre rage et mélodie à fleur de peau.  Le final du titre aérien et jazzy est parfait pour achever une prestation remarquable. Psychonaut a proposé un concert formidable, il mélange les genres avec élégance et intelligence. Il faudra compter avec lui tant il semble capable de rivaliser avec les plus grands.

Il est très tard, mais il reste un dernier morceau pour finir ce joli marathon. Lethvm est originaire de Belgique et évolue depuis 2015 dans un Sludge teinté de Doom et a déjà proposé deux albums qui ont marqué les esprits. Fatigue oblige, le public est moins présent, mais les acharnés sont là pour se prendre une bonne rasade de son. Et ils ne vont pas être déçus du voyage. Avec « Fatigue », le groupe lance son concert parfaitement. Il y a de la nuance et de la mélancolie dans le début du titre puis Vincent impressionne avec un chant hurlé de damné. Grimpé sur les retours, il vit son « truc » à fond et entraine le public très loin. La montée en puissance du titre est très forte comme un cri de rage qui extériorise une sorte de malêtre. Le public apprécie la leçon taillée dans le meilleur du genre avec calme et recueillement. « Schisme » va entrainer encore plus loin dans les abymes avec un côté abrupt très fort. Une énorme intensité se dégage, le groupe excelle pour faire ressortir les émotions. Et au milieu de la furie la pincée de chant clair est parfaite pour amener une certaine ambiance hors du temps. Ténébreux et glacial le titre fait son effet et ravit les amateurs de doom. La suite du concert va être toute aussi délicieuse. « The Shades Of Minerva » prend d’abord aux tripes avec le même côté funeste et un chant déclamé très fort. Puis elle éclate avec un chant teinté de sludge et la même rare intensité. Derrière « Podavlennost » puis « Acedia » confirment la force du groupe pour un son d’une rare noirceur, mais sachant proposer des instants de calme, tout en nuances. Le final va être aussi intense et achever en beauté une prestation à la fois noire et lumineuse. Lethvm commence doucement, mais surement à se faire un nom et s’il continue sur cette lancée son avenir semble radieux tant il excelle comme distillateur d’émotions fortes.

Il nous reste à remercier les organisateurs pour leur accueil et leur travail qui permet de faire de belles découvertes et qui permet au groupe de présenter leur travail à un public fourni.

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A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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