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Autant dire que nous gardons un excellent souvenir de la performance donnée par Dool au Hellfest l’année dernière : un univers cafardeux pour une musique douce, immersive que Ryanne van Dorst et sa bande ont compilée sur deux albums, Here Now, There Then (2017), et ce tout nouvel album, Summerland qui, à coup sûr, charmera tout autant que son prédécesseur. De passage à Paris, Ryanne van Dorst nous l’a présenté.

Propos de Ryanne van Dorst (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Beaucoup de Français ont découvert Dool l’année dernière au Hellfest, sous la Temple. Dirais-tu que cette performance vous a ouvert des portes ? 

Je pense, oui ! Pour le moment, nous ne nous sommes pas encore produits des masses en France, seulement quelques fois à Paris et à Colmar. Donc oui, il y avait encore pas mal de personnes qui ne nous avaient pas encore vus… Et puis, ça reste l’un des plus grands festivals de musiques extrêmes en Europe, et le plus gros en France. Une fois invité là-bas, tu es amené à gagner en visibilité, car tu te produis devant des milliers de personnes et les gens parleront de ton concert s’ils ont aimé ! Il se trouve que c’est le cas… Aujourd’hui, nous sommes à Paris, à passer des interviews en vue de la sortie de notre deuxième album, Summerland

Dool est encore une formation très récente : sa formation remonte à 2015… Avant tu avais d’autres projets, notamment Bad Candy et un projet solo. Quel est le point de départ de ce groupe ? 

En fait, pour ce qui est de Dool, je me suis principalement entouré de proches, notamment, mon meilleur ami à la batterie, Micha Haring, et le guitariste solo, les deux autrefois membres de mon projet solo. J’avais d’autres idées sous le pied, et je leur ai demandé de me rejoindre à nouveau. Ça tombait bien puisque le groupe de Micha et de Job van de Zande, The Devil’s Blood, venait de se séparer, et on y a également inclus le bassiste, JB Van Der Wal, et par la suite, un autre de mes amis, Nick (Polak, guitare, également guitariste de GOLD), a complété les rangs, et finalement, nous sommes restés ainsi, à cinq.

Dès lors, on a essayé les nouvelles idées que j’avais gardées, on a échangé au sujet de la direction que l’on voulait prendre… Puis, à la suite de quelques jams section, nous avions ces morceaux et notre premier album, Here Now, There Then… Avant qu’il ne sorte, nous avions publié le clip pour « Oweynagat » le 13 novembre 2015 et, finalement, c’est grâce à ce dernier qu’on nous a programmés au Roadburn en 2016. Nous y avons donné un concert intimiste, mais le public était au rendez-vous. À la suite, les offres de contrat, de concerts se sont multipliés, et tout ça, c’est un peu grâce au Roadburn. Nous nous estimons très chanceux aujourd’hui !

Désormais, vous voilà avec votre deuxième opus, Summerland. Une fois encore, votre musique invite à une immersion la plus totale. 

Cette fameuse mélancolie, qui caractérise notre musique, est liée à un certain manque de satisfaction que nous ressentons au plus profond de nous-même. Summerland nous a invités à explorer une certaine dualité, entre le clair et l’obscur. Il y a certes des morceaux plus « catchy » que d’autres dans l’album, notamment « Sulphur & Starlight », que nous avons présenté il n’y a pas si longtemps. On joue beaucoup sur ces deux teintes, clair/obscur… En tout cas, c’est bien cette teinte cafardeuse qui caractérise le mieux notre musique.

Il y a en effet des morceaux plus « catchy » que d’autres sur l’opus : « Be Your Sins » est un bon exemple. C’est vraiment un morceau qui dénote par rapport au reste de l’album. Pourquoi avez-vous décidé de l’inclure ? 

Nous avions quand même hésité à l’inclure… Comme tu dis, il est vraiment différent, mais finalement, nous l’avons intégré ! On l’adore, pourquoi vous en priver ? L’idée de base était très générique, mais elle a évolué. Plus on la jouait, plus on trouvait qu’elle dégageait une osmose particulière. On prenait tellement de plaisir à la jouer entre nous. Puis, nous en sommes venus à l’idée que l’inclure à un moment important de l’album pourrait réveiller et raccrocher les auditeurs à l’album. À la fin, on a trouvé qu’il se greffait plutôt bien au reste de l’album. Puis, on peut aussi le considérer comme une sorte d’hommage aux groupes de Hard Rock que nous écoutions dans notre jeunesse, notamment Kiss et Accept.

Pour le reste, la musique de Dool reste très inspirée de la New Wave et de la Dark Wave. Comment vous êtes-vous appropriés les codes de cette musique ? 

Nous aimons tous ces groupes, Depeche Mode, Nine Inch Nails, et Killing Joke… D’ailleurs, nous avons notre propre reprise du classique de Killing Joke, « Love Like Blood ». Ce n’était pas du tout facile de reprendre ce titre, surtout qu’il est connu de tous… Il passait régulièrement sur les stations de radio, et d’une manière ou d’un autre, nous avons grandi avec le répertoire de Killing Joke qu’il ne serait pas fou de dire qu’ils font partie de nous. Quand nous étions sur la route pour défendre notre premier opus, « Love Like Blood » est passé à la radio, et c’est à cet instant que nous avons eu le fameux déclic : on s’est tous regardé et là nous avions compris qu’il fallait que nous reprenions ce titre, juste pour rendre hommage et au groupe et au mouvement. Cependant, nous ne nous sommes pas condensés de le reprendre à la lettre, nous y sommes allés de notre propre interprétation et avons rafraîchi la version originale. 

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« C’est vraiment l’esprit de liberté qui doit être au centre du processus créatif, et rien d’autres ! »

Pour ce qui de Summerland, il y a des morceaux qui durent plus de huit minutes, d’autres qui sont plus courtes. Quand vous composez, vous fixez-vous des limites en termes de durée ? 

Non, pas vraiment, je ne fais pas ni trop attention à la longueur des morceaux, ni trop attention à la longueur de l’album. Je veux dire, une chanson est finie quand un groupe trouve bon y mettre un terme. Si un musicien estime qu’une piste doit durer 30 secondes, pourquoi devrait-il l’allonger ou la rétrécir ? Elle doit être ainsi ! D’ailleurs, il ne faut jamais trop s’imposer de règles quand on compose. C’est vraiment l’esprit de liberté qui doit être au centre du processus créatif, et rien d’autres ! Il y a bien des groupes de Drone qui composent des morceaux qui durent pas moins de deux heures… D’autres se contentent d’écrire des musiques de deux minutes pour pouvoir être joués à la radio… Dans les 70’s, Led Zeppelin publiait « Stairway To Heaven », un morceau très long, et ça ne l’a pas empêché d’être plébiscité ! 

Dool est en quelque sorte l’une des valeurs montantes du Dark Rock, mouvement également représenté par d’autres artistes comme Emma Ruthe Rundle et Chelsea Wolfe. Te reconnais-tu en elles ? 

Je les admire, il est vrai… Et je pense que l’on peut établir un lien entre Dool et ces artistes, même si nous ne sonnons pas vraiment de la même manière. Cela dit, la mélancolie est également au centre de leur propos. D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé On Dark Horses d’Emma Ruthe Rundle, il est vraiment bon ! 

Tout à l’heure, tu me parlais de vos contrats, et Summerland sortira via Prophecy Records, le label historique d’Alcest. Dool aspire-t-il à suivre le même chemin que ce groupe ? 

Oui et non. Je veux dire… nos perceptions de la musique sont quand même bien différentes ! La leur est quand même bien plus éthérée que la nôtre, même si j’ai été impressionné par Spiritual Instinct, le premier album qu’ils n’ont pas sorti sur Prophecy Records

Comment perçois-tu l’évolution de Dool dans les années à venir ? 

Pour le moment, nous allons vous focaliser sur notre prochaine tournée qui d’ailleurs passera en France à Colmar, à Paris et à Toulouse, les 26 avril, 30 avril et 1 mai.. Il y aura d’autres dates également ! Et j’ai hâte de présenter ces nouveaux morceaux au public et de voir comment il réagira… Je suis sûr que les présenter nous invitera sans doute à le redécouvrir sous un nouvel angle, à nous redécouvrir en quelque sorte, comme ce fut le cas pour ceux de notre premier album. D’ailleurs, avec Summerland, nous allons essayer de nous repousser dans nos retranchements et appliquer de nouvelles idées scéniques… Évoluer, tout simplement ! 

En début d’interview, tu me racontais que Dool devait sa percée au festival Roadburn que beaucoup le considèrent comme un festival élitiste. 

Je me moque pas mal de ce que les gens pensent en toute franchise. Nous devons tout à ce festival, car c’est un peu grâce à lui que nous sommes établis aujourd’hui. Cependant, je ne pense pas qu’il s’agisse là d’un festival réservé à une caste. Il a vraiment une force, celle de promouvoir la scène « underground » et émergente… C’est un événement reconnu, qui a le goût du risque, et le fait qu’ils n’ont pas vraiment de têtes d’affiche en fait vraiment un événement unique !


Dool, c’est :

Ryanne van Dorst : Chant/guitare

Micha Haring : Batterie

JB Van Der Wal : Basse

Reinier Vermeulen : Guitare

Nick Polak : Guitare

Discographie :

Here Now, There Then (2017)

Love Like Blood (2019-EP)

Summerland (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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