Rares sont les formations qui évoluent dans un registre « Thrash Old School » dans le sud de la France, et Antagonism est l’une d’elles. En effet, à peine trois ans après ses débuts, elle peut se targuer en plus d’avoir publié un EP et un album, World On Disease, d’avoir parcouru un bout de chemin en France, et même chez nous, à Lille, pour présenter sa musique. À l’occasion de la sortie du premier album du groupe, nous avons taillé le bout de gras avec Dylan, son chanteur/guitariste.

Propos de Dylan (chant/guitare) recueillis par Axl Meu


Est-ce que tu peux présenter Antagonism ? 

Eh bien, Antagonism est un groupe que j’ai lancé en 2016… Nous avons donné notre tout premier concert en 2017 avec Kevin, notre ancien bassiste. Désormais, c’est Renan, membre originel du groupe, qui officie au poste de bassiste et qui a enregistré la basse sur World On Disease. À l’époque, il avait dû jeter l’éponge pour suivre ses études…Mais, suite au départ de Kevin, j’ai décidé de le contacter, histoire de voir s’il était intéressé par l’idée de rejoindre à nouveau le groupe, oui ou non. On ne savait pas trop si ça allait l’intéresser, vu qu’il s’était mis à la guitare. Finalement, il a accepté, et c’est tant mieux. 

Pour la petite histoire, Antagonism, c’est la réunion de deux groupes différents : d’un que j’avais formé avec Félix (guitare), d’un autre, Unrest Fatalist, dans laquelle officiaient Renan (basse) et Raphaël (batterie) à l’époque. Quand Unrest Fatalist s’est séparé, ils m’ont proposé de former un projet de Thrash Moderne, mais de l’autre côté, je faisais toujours dans le Thrash Old School avec Félix. Finalement, j’ai décidé de faire l’amalgame des deux projets de sorte à n’en former qu’un seul ! Au départ, nous devions nous appeler « Speed Hammer », qui est d’ailleurs le titre d’une de nos chansons. À la fin, à la suite d’un pile ou face, on a opté pour Antagonism

Thrashocalypse, c’est le nom de votre premier EP. Comment perçois-tu la différence entre ce premier jet et votre tout premier album, World On Disease, sorti tout dernièrement ? 

Thrashocalypse, c’est vraiment le fruit de notre première expérience dans un studio d’enregistrement. Ça nous a vraiment permis de voir comment fonctionnait un studio… On était quand même assez content du résultat final… On l’avait enregistré à Marseille au Homeless Studio. C’était très pro’ ! Quand on est passé au niveau supérieur pour l’album, on s’est entourés de matériel bien plus imposant au Studio ArtMusic. On perçoit quand même une progression dans notre son sur World On Disease, notamment en ce qui concerne le mastering qui a été effectué au Kohlekeller Studio : le mastering est plus propre et la couleur, différente. Puis, il n’y a pas photo, sur l’album, il y a vraiment de quoi se mettre sous la dent, et on ressent clairement que nous nous sommes améliorés sur le plan de la théorie musicale. 

Antagonism est une formation de Thrash qui a pour vocation de sonner « old-school ». Comment y êtes-vous parvenu tout en utilisant du matériel moderne ? 

Je ne sais pas trop… Ça dépend de ta manière de jouer en fait. Mon jeu de guitare est principalement axé sur les accords en force. Et je pense qu’il n’y a pas trop de secret pour sonner ainsi. Le style de jeu d’un guitariste est appelé à évoluer en fonction de ce qu’il écoute. À force d’écouter cette musique, il finit par se retrouver dans ton jeu ! Après, notre influence reste variée dans le groupe : Félix, lui, s’inspire énormément des vieux groupes de Death et de Thrash… Quant à moi, même si je suis un fan incontestable de Metallica et Megadeth, je ne pourrais pas dire que mes sources d’inspiration s’arrêtent à ces deux groupes-là ! Puis, je dirais finalement que ton identité musical varie selon que tu sois sous-accordé ou non. J’ose croire que, tant que tu n’es pas sous accordé, tu n’auras pas cette connotation moderne. 

Qui compose au sein d’Antagonism ? 

On compose tout ensemble, en fait. Par exemple, tu peux prendre « Technological War », c’est notre batteur, Raphaël, qui l’a écrit dans son intégralité. On ne l’a pas beaucoup retouché… Sur l’album, tu trouveras également des morceaux, comme « A Page Was Turned », que j’ai composé dans sa grande majorité. En général, quand un morceau nous semble incomplet, chacun est invité à mettre son grain de sel et à ajouter des éléments supplémentaires. Puis, au final, ça devient un morceau complet, finalisé. 

Y a-t-il un morceau dont tu es particulièrement fier sur cet album ? 

Au risque d’être un peu prétentieux, je te dirais : « A Page Was Turned », parce que c’est une chanson qui aborde une thématique un peu particulière, celle de la perte d’un être qui t’était cher. Ce n’est pas un sujet très récurrent dans le domaine du Thrash Metal, je sais… Mais, c’est un morceau symbolique pour moi, d’ailleurs, sur scène, avant de l’interpréter, je dis toujours : « quand vous avez perdu quelqu’un, ne le pleurez pas, rendez le fier de vous ». C’est vraiment ce qui me conduit personnellement.

« Il est essentiel pour un groupe comme nous de voir ce qui se passe en dehors de notre région ! »

C’est vraiment ce morceau qui se détache du reste. En général, les thématiques que vous abordez sont surtout en lien avec la politique et la déchéance. Je me souviens de « Burning In Syria » et de « 49.3 » sur votre premier EP. Pour toi, le Thrash a-t-il forcément pour vocation d’être une musique contestataire ? 

Un peu, ouais. Au départ, le Thrash vient du Punk, non ? Le Punk a toujours été une musique contestataire : le Thrash n’a fait que s’approprier et remettre à sa sauce tous ses gimmicks et visuels. À l’époque, le Punk se devait de remettre en cause le système politique en Angleterre et aux États-Unis… Ce que tu peux plus ou moins retrouver dans le Thrash Metal. Après, je ne dis pas que c’est un sujet obligatoire, mais que ça en fera toujours partie, et ce, quoi qu’il arrive. 

Est-ce que tu peux revenir sur la pochette de World On Disease ? 

Nous sommes entourés de CdCovers ArtDesigns pour la pochette de World On Disease. L’idée était que celle de Thrashocalypse et celle du nouvel album se répondent et se suivent. D’ailleurs, sur les deux pochettes, on peut y voir une espèce de thrasheur avant et après son geste qui sera à l’origine de l’extinction la race humaine. Sur celle de World On Disease, il est mal en point et en total désarroi. On le voit accompagné d’une sorte de poste de télévision et de la Mort, les deux étant personnifiés… On y retrouve également une sorte de marteau posé sur la table, représentant symboliquement « Speed Hammer », le morceau de notre premier EP et officieusement le nom auquel nous avions pensé pour le groupe. 

Pour vous qui venez du Sud de la France, n’est-il pas trop difficile de trouver des dates où se produire ?

Non, pas forcément, c’est pour cette raison que Raphaël, notre batteur, qui s’occupe également des dates, a fait le choix que l’on se produise un maximum en dehors de notre région : à Lille, à Paris, et même à Nantes. Il est essentiel pour un groupe comme nous de voir ce qui se passe en dehors de notre région ! On avait un peu fait le tour des spots du coin, on a réussi à s’y produire, mais à la fin, on restait assez limités. En tout cas, il est clair que le sud n’est pas la région où il y a le plus d’animations : il n’y a qu’à comparer le public de Nantes à celui du Sud de la France… Quand nous nous sommes produits à Nantes, à la Scène Michelet, j’ai carrément pris ma claque : je ne m’attendais pas à voir autant de personnes dans le public ! 

Pour votre premier EP, vous aviez travaillé avec Ellie Promotion. Que vous a-t-elle apporté ? 

C’est Raphaël qui l’avait rencontrée… Elle nous a donné ses conditions, on a accepté et on a appliqué tous ses conseils. Aujourd’hui, nous ne travaillons plus avec elle, mais elle suit toujours, d’une manière ou d’une autre, les groupes qu’elle a managés. Par exemple, elle n’a hésité une seconde à nous épauler suite à un petit problème que nous avons rencontré à l’issue de notre release party.


Antagonism, c’est :

Dylan : Lead Vocal/Guitare

Félix : Guitare

Renan : Basse 

Raphaël : Batterie

Discographie : 

Thrashocalypse (EP – 2018)

World On Disease (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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