Bien plus que la simple réunion de simples connaissances issues du milieu Rock indé de Clermont-Ferrand, Untitled With Drums est une véritable formation en devenir qui a plus d’un tour dans son sac ! Après un premier EP, S/T, W/D, elle signe enfin son premier album, Hollow, savant mélange entre Rock indépendant et musique « burnée » mangée à la sauce Post/Hardcore dépressif. Deux de ses porte-parole, Martin (basse/chant) et Remy (batterie), ont bien voulu tailler le bout de gras avec nous en ces temps un peu particuliers.
Propos de Remy (batterie) et Martin (basse/chant) recueillis par Axl Meu
Une petite présentation s’impose !
Remy (batterie) : En fait, c’est Martin qui est à la base du projet. C’est un projet solo qu’il avait monté à partir des compositions qu’il fignolait dans son coin. Il cherchait des musiciens, et par la suite, il m’a sollicité, moi, et d’autres proches pour monter son groupe. Chacun évoluait dans la même sphère musicale, dans les mêmes lieux de rencontres pour musiciens… On se connaissait tous : Martin s’était même occupé de l’artwork d’une de mes formations à l’époque.
J’imagine que les morceaux qui figure sur votre premier EP, S/T W/D, ont donc été exclusivement composés par Martin…
Martin (basse/chant) : Disons que oui ! En fait, à l’époque de la mise en boite de l’EP, on en était arrivé à un stade où il fallait vraiment que l’on mette à plat tout ce que nous mettions en place. Ça faisait déjà un moment que nous jouions ensemble… Mais oui, 80% des chansons de l’EP n’avait pas été spécialement pensé pour le groupe. Pas comme aujourd’hui. D’ailleurs, pour l’EP et son enregistrement, il n’y avait pas vraiment de continuité dans le sens où les prises se sont faites de manière très éparse. C’était quand même moins abouti qu’aujourd’hui !
Remy : En fait, l’EP ne devait pas voir le jour. On voulait enregistrer des morceaux pour immortaliser nos débuts et ensuite avoir quelque chose à présenter avant de trouver des dates. C’était du D.I.Y., mais pour les prises de batterie et des voix, on a fait appel à Antoine de The Squirrels Kitchen… Et le rendu était tellement sympathique qu’on a finalement décidé de le sortir !
Aujourd’hui, vous arrivez donc avec votre premier album, Hollow. Est-ce que vous avez revu votre manière de procéder par rapport à l’EP ?
On a évolué en tant que musiciens, c’est clair… Mais il n’était pas question de renier l’EP, car sur Hollow, on y retrouve les mêmes éléments typés « Post/Rock ». Certes, nous avions envie de revenir à quelque chose de plus rock, de plus « rentre-dedans », mais finalement, on n’a pas pu échapper au côté « progressif » et « Post-Hardcore » qu’on avait sur l’EP qui précède.
Remy : Les méthodes de composition ne sont plus tout-à-fait les mêmes également. Aujourd’hui, on est plus sur une écriture collective !
Vos compositions transpirent le mal-être, le désenchantement… Martin, tu es un type plutôt mélancolique dans la vie de tous les jours ?
Oui, je dirais même que la mélancolie est mon carburant principal… Après, c’est aussi la consigne que je me lance et que je me dois de respecter : celle de revenir avec une intention de jeu un peu forte, une charge émotionnelle assez frappante, et j’essaie de tout mettre en musique. Je me sers de la musique pour retranscrire un maximum ce que je ressens…
J’imagine que tu te sens mieux après avoir composé toutes ces chansons…
Oui, c’est un véritable exutoire. C’est un peu comme ça que je visualise un groupe d’ailleurs. Finalement, dans le style que nous développons, il est plutôt appréciable de transformer une émotion négative en quelque chose de positif !
Tes textes sont donc assez personnels…
Oui, j’ai tendance à écrire des textes qui traitent de mes expériences. Je sais, c’est très égocentrique comme démarche, mais bon, je trouverais ça hypocrite de composer sur des sujets que je ne maîtrise pas. C’est pour cette raison que mes textes rentrent dans le domaine de l’introspection.

« Il est plutôt appréciable de transformer une émotion négative en quelque chose de positif ! »
Malgré ces émotions que l’on peut qualifier de fébriles, il y a quand même un côté très « énervé » qui se dégage de votre musique.
Nos influences y jouent pour beaucoup. Après, on a chacun nos influences, nos groupes de chevet qui nous orientent pour ce qui est du style. Mais bon, il est clair qu’on essaie toujours de se libérer de toutes ces influences de sorte qu’elles ne sautent pas trop aux yeux. En général, les groupes que nous écoutons au quotidien nous guident et, en général, ils développent les mêmes thématiques… Il faut tout simplement savoir comment interpréter toutes ces influences-là !
Une partie de l’album a été enregistré « live », notamment pour la section rythmique. Il me semble que les guitares ont été réenregistrées par-dessus.
Remy : Pour Hollow, nous avons décidé de nous entourer de Serge Morattel du Rec. Studio à Genève, en Suisse. Et l’idée était, en effet, de jouer à cinq en même temps, la basse et la batterie dans une même pièce, et le reste à part, dans une autre pièce, tout ça dans le but de conserver l’énergie « live » qu’Untitled With Drums dégage sur scène. Par contre, les parties de guitare et de clavier, elles, ont été captées une deuxième fois par la suite. Et ce n’est qu’après que nous avons captées la voix… Et avoir Sergeà nos côtés a véritablement changé la donne : il nous a vraiment bien conseillés pour les accords, les sonorités, les réglages et tout ce qui s’en suit.
Martin : Oui, voilà. En fait, dès notre arrivée, nous avions expliqué à Serge que nous étions ouverts… Il y avait, bien sûr, la base des morceaux qu’il ne fallait pas trop toucher, mais on lui a toutefois laissé une marge de manœuvre assez large. En travaillant de la sorte, il a vraiment proposé sa vision à lui. Et finalement, tout concordait !
Quid du visuel ?
Martin : En fait, je tenais à créer un visuel qui soit le plus en accord avec les thématiques abordées, et tout est venu assez naturellement. Graphiste de profession, j’adore tout ce qui est en rapport avec l’anatomie. Je trouve que ça colle plutôt bien avec le côté « introspectif » de notre musique. Puis, il y a aussi cette esthétique « Post-Punk » : de sujet érodé comme ça, isolé au milieu du vide. Tout est venue de manière très spontanée.
Aujourd’hui, la promotion de Hollow est clairement mise à mal à cause du COVID-19, pour vous qui comptez surtout sur la scène pour gagner en notoriété.
Remy : Le confinement a en effet remis en cause notre planning. Hollowa vu le jour le 6 mars dernier… On avait prévu de partir sur la route à la fin du mois d’avril avec des amis à nous, mais ça a été annulé. D’ailleurs, on ne sait toujours pas si on va pouvoir assurer nos dates en mai prochain, pareil pour celles de juin… Tout le monde, nous les premiers, se demande si nos dates seront reportées, oui ou non… Et ça devient hyper difficile de se projeter, notamment pour octobre et novembre, car soit les agendas de certaines salles affichent déjà « complet », soit les salles ne prennent pas le risque de programmer quoi que ce soit. Et pour nous qui sommes indépendants, il est vraiment difficile de trouver des dates : parfois on ne prend pas la peine de nous répondre, parfois on nous dit que ce n’est pas possible, car plusieurs bookers ont déjà bloqué la date. Peut-être que la situation va changer la donne et que les villes de province seront plus sollicitées ? Mais nous, qui avions également prévu de partir en Allemagne, nous sommes rendu compte que c’était également très compliqué de se produire dans des petites villes.
Mais pour ce qui est de la diffusion du l’album, je trouve que la situation est plutôt profitable. Confinés, les gens n’ont rien d’autres à faire que d’écouter de la musique. Certes, ils ne pourront pas se procurer notre album, mais ils pourront se l’approprier plus tard, ce n’est pas encore très problématique. Ils peuvent toujours écouter notre album sur Bandcamp, Spotify…
Untitled With Drums, c’est :
Martin L.B : Basse, Chant
Maxence P. : Guitare, Chœurs
Lucas D. : Guitare
Rémy D. : Batterie
Nicolas Z. : Claviers, Chœurs
Discographie :
S/T W/D (EP – 2017)
Hollow (2020)
Laisser un commentaire