Dans la catégorie Thrash « Revival », il est des formations qui sont parvenues à fédérer plus que d’autres… Et parmi elles, on compte Havok, dont on jurerait qu’elle a été principalement influencée par Metallica tant les allusions sont flagrantes dans leur nouvel album, V. Une contre-vérité que David Sanchez (chant, guitare) s’est amusée à démonter dans le cadre de l’entretien que nous lui avons fait passer. Car il serait bien trop réducteur de résumer l’art d’Havok à une seule et même source !

Propos de David Sanchez (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Comment te portes-tu malgré la situation ? Quel impact le COVID-19 a-t-il sur ta vie ? 

Ce n’est pas du tout évident ! La situation affecte beaucoup de groupes… Actuellement, tous les groupes sont en train d’annuler leur tournée… Mais, il y a quand même un côté positif à tout ça… Je veux dire, les gens, confinés chez eux, auront tout le temps pour écouter notre nouvel album. On verra bien ! Mais, sincèrement, je pense que, pour ce qui est de la route, c’est vraiment fichu. 

Oui, c’est vrai Havok devait partir sur la route cet été pour défendre son nouvel opus… Pourquoi pouvons-nous dire que vous étiez ressortis grandis de son prédécesseur, Conformicide. 

Oui, cet album, c’était vraiment une nouvelle étape de franchie… Et c’est sans doute l’opus le plus important de notre carrière. D’ailleurs, ce serait mentir si je disais que le groupe ne prenait pas un peu plus d’ampleur à chaque fois qu’il sort un album. Et, je crois, qu’on n’y échappera pas pour le nouveau. Les réactions et retours se multiplient sur les réseaux sociaux, vous êtes toujours plus nombreux à nous suivre… Bref, on espère que les choses continueront d’aller dans le bon sens et que l’on sortira le plus de singles pour ce nouvel opus, V

Vous avez un nouveau bassiste ! A-t-il enregistré l’album avec vous ? 

Oui ! Brandon (Bruce, ndlr) a enregistré la basse sur l’album… En fait, c’est un bon pote, et il nous avait dépannés une bonne paire de fois avant. Et quand nous avons eu besoin d’un nouveau bassiste permanent, il est revenu et nous a envoyé des vidéos de lui en train de jouer de la basse. On le connaissait déjà, donc nous l’avons engagé. Pour la partie « composition », il faut savoir que c’est Pete Webber (batterie, ndlr) et moi-même qui travaillons principalement dessus. Par moments, nous enregistrons des maquettes et nous y revenons dès le lendemain pour remanier l’ensemble. Mais Brandon a apporté pas mal d’idées supplémentaires. Il prenait une chanson et faisait en sorte que la basse ressorte le mieux. D’ailleurs, on fait pareil avec les parties de guitare… Il m’arrive de composer un riff et, par la suite, de me poser tout un tas de questions. Si je dois étouffer la corde, oui ou non. Si je dois complexifier certaines parties, oui ou non. C’est pareil pour les paroles, pour les lignes de chant. On se remet sans cesse en question. Ce que nous voulons éviter à tout prix, c’est enregistrer un album dans la hâte et avoir des regrets par la suite ! 

Quand j’ai écouté l’album, je dois t’avouer que j’ai été surpris par l’introduction de « Post-Truth Era » sur laquelle vous avez décidé de faire comme Metallica et son « Blackened » : jouer le riff introductif, mais à l’envers ! Vous n’aviez pas trop peur des comparaisons ? Que l’on crie au plagiat ? 

En fait, il faut savoir que le riff qui introduit l’album est également celui qui y met un terme. Sauf qu’il est inversé au début de l’opus. Et ce même riff, tu le retrouves également dans un autre morceau, « Panpsychism ». Ce leitmotiv apparaît donc à trois reprises, mais sous différentes formes. Pour ce qui est de « Post-Truth Era », il est vrai que l’on s’est demandé si ce n’était pas « too much ». Et finalement, on en est arrivés à la conclusion que oui, ça faisait certes penser à Metallica, mais que rien ne nous empêchait de reprendre cette idée. Qui d’autre s’est permis de le faire en 32 ans ? Personne ! Donc oui, « fuck it ! »… Faisons-le, car c’est vraiment cool. C’est ça qu’on s’est dit en premier lieu : il n’est pas question de plagiat, on n’a ni copié le refrain, ni copié la production… On a juste inséré une technique de production ! Ce n’est pas comme si on avait plagié une chanson entière ! 

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« Beaucoup de fans de Metal ne jurent que par le riff, et rien que pour ça, le Thrash ne mourra jamais »

Les sources d’inspiration de Havok restent quand même bien évidentes sur ce nouvel opus. On pensera à Metallica, Slayer… Quels autres groupes t’inspirent au quotidien ? 

Beaucoup de groupes m’inspirent, mais dans la plupart des cas, ils ne sont pas forcément issus du milieu « Metal ». Par exemple, j’écoute beaucoup de New Wave, notamment le groupe Oingo Boingo. Certainement l’un de mes groupes préférés. Son compositeur, Danny Elfmann, est un génie ! Certes, aujourd’hui, le groupe n’est plus si connu que ça, mais leurs chansons sont très complexes, mais surtout très bien ficelées. Leurs structures sont géniales… Et je dois t’avouer qu’écouter ce groupe a eu un effet considérable sur ma manière de composer. 

V sonne comme un album de Thrash Metal classique, mais encore ? 

Eh bien, je ne pense pas, non ! Dans le sens où tu peux entendre la basse correctement sur cet album, ce qui n’est pas forcément le cas dans les autres albums de Thrash. Chez nous, la basse apporte quelque chose en plus et ne se contente pas de suivre les lignes de guitare. Ce qui fait qu’elle est parfaitement audible sur notre album. En général, la basse sert d’accompagnement, passe au second plan, mais nous, on s’en sert comme un instrument à part entière. Je veux dire, c’est un instrument important, non ?

Y a-t-il une thématique particulière abordée sur cet album ? 

Eh bien, il n’y a pas forcément de sujets communs à tous les titres : certaines ont un côté « activiste », d’autres rendent compte de nos expériences « psychédéliques ». Et il y a d’autres chansons qui se suffisent à elles-mêmes ! 

Pourquoi avez-vous décidé de clipper le « Phantom Force » ? Parce que c’est le morceau le plus rapide de l’opus ? 

Oui, il y a un peu de ça, oui. On voulait prendre les gens par surprise et envoyer la purée, montrer de quel bois on se chauffe ! Mais aussi, parce que les paroles de cette chanson sont originales… Et aussi, car sur le plan esthétique, nous savions comment l’utiliser et la mettre en images. 

V est le deuxième opus que vous sortez via Century Media. Un commentaire ? 

Que dire si ce n’est que ce n’est un très bon label ? Ça fait désormais plus de 30 ans qu’ils sont établis, en Europe et ailleurs. Ils savent ce qu’ils font, et il est clair qu’ils nous ont donnés un sacré coup de pouce pour le marché européen ! 

Est-ce que tu peux revenir sur votre récente collaboration avec Eliran Kantor pour l’illustration de V ?

Il est sans doute l’un des illustrateurs les plus en vogue du moment ! Pour le guider, je lui avais expliqué que nous comptions repartir avec une pochette dans le style de Salvador Dalí. Et vraiment, sur le coup, il nous a vraiment bluffés !

Havok appartient à la nouvelle scène Thrash… Est-ce que tu te sens proches des groupes Crisix, Angelus Apatrida, Power Trip et tous les autres qui aspirent à donner un coup de jeune à la scène Thrash ?

Oui, bien sûr, bien que nous ne sonnions pas exactement de la même façon. Chaque groupe apporte son lot nouveautés, sa propre personnalité, même si je conçois que nous appartenons à la même famille. Quoi qu’il en soit, je pense que le Thrash Metal est fait pour durer, car c’est la forme de Metal la plus pure qui existe. Dans le Thrash, tout est question de riff, d’adrénaline et d’agressivité. Beaucoup de fans de Metal ne jurent que par le riff, et rien que pour ça, le Thrash ne mourra jamais !


Havok, c’est : 

David Sanchez : chant, guitare

Pete Webber : Batterie 

Reece Scruggs : Guitare Lead/Backing-Vocals

Brandon Bruce : Basse/Backing-Vocals

Discographie : 

Burn (2009)

Time Is Up (2011)

Unnatural Selection (2013)

Conformicide (2017)

V (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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