Enter Shikari est sans le moindre doute l’une des formations les plus déconcertantes à ce jour. Il faut dire que sa tendance à mélanger grosses guitares et sonorités électroniques est loin d’être du goût de tout le monde. Pourtant, il semblerait que les Britanniques aient fait des adeptes et que leur nouvel album, Nothing Is TRUE & Everything Is Possible, leur permette de rafler un paquet de nouveaux fans. Leur très sympathique batteur s’est confié à nous à l’occasion de sa sortie.
Propos de Rob (batterie) recueillis par Axl Meu
Aujourd’hui, nous devons faire face à une crise inédite… Comment affecte-t-elle un groupe qui foule régulièrement la scène comme vous ?
Eh bien, très profondément. Je sais que ce virus aura un impact assez important sur le groupe. Là, pour le moment (interview passée le lundi 16 mars, ndlr), un paquet de tournées a déjà été annulé, les rassemblements sont interdits. Donc, selon tout vraisemblance, c’était toute l’industrie musicale qui risque d’être mise à mal. Après, je ne pense pas que tout aura un effet négatif, mais sans doute que les producteurs seront les plus durement touchés.
Nothing Is TRUE & Everything Is Possible c’est votre nouvel opus ! Pourquoi pouvons-nous dire que c’est le plus important que vous avez jamais sorti ?
Eh bien, je pense que, pour chaque album, nous essayons de progresser et d’aller de l’avant. Néanmoins, pour Nothing Is TRUE & Everything Is Possible, nous avons fait en sorte qu’il résume bien l’ensemble de notre carrière, et pour ce faire, il nous a fallu réécouter nos sorties et les analyser. C’est une des raisons qui me fait croire que ce nouvel opus rassemblera aussi bien nos vieux fans que nos nouveaux fans.
L’année dernière, vous aviez publié un nouveau morceau « Stop The Clocks », qui ne figure cependant pas sur votre nouvel opus. Devons-nous cependant considérer ce titre comme un avant-goût de ce qui était à venir avec Nothing Is TRUE & Everything Is Possible ?
Je ne dirais pas, non. En fait, entre chacun de nos albums, nous avons pris l’habitude de sortir des singles qui ne fonctionnent que par eux-mêmes et qui ne figurent sur aucun de nos albums. D’ailleurs, si tu écoutes attentivement le morceau, tu te rendras compte qu’il correspond à la face la plus calme de ce que nous sommes. Néanmoins, le premier single de l’album, lui, est beaucoup plus hargneux et contient beaucoup plus de parties accrocheuses. En fait, je pense que le rôle de « Stop The Clocks » était surtout de dévoiler une face de notre personnalité, et non pas d’anticiper quoi que ce soit. Et comme je t’ai dit tout à l’heure, ce nouvel album fait plus ou moins la synthèse de tout ce que nous avons proposé musicalement depuis nos débuts. Il y a des parties de guitare endiablées, des parties plus électroniques… Nothing Is TRUE & Everything Is Possible a toute l’énergie et le côté cru d’un album d’Enter Shikari, mais aussi un tas d’idées plus progressives, plus « Pop » également.
Les thématiques de « Waltzing Off The Face Of The Earth (I. Crescendo) » sont en lien avec l’écologie. Est-ce que tu peux développer à ce sujet ?
Oui, la question de climat est un sujet qui nous préoccupe depuis les débuts du groupe. C’est une thématique très instable, très inquiétante… Et je pense qu’à l’inverse de diviser les gens entre eux, la problématique écologique devrait nous unir tous ensemble. C’est important si l’on veut développer un monde meilleur, un avenir plus optimiste pour les générations qui viendront après nous. C’est un sujet très important, si ce n’est le plus important.
Enter Shikari a toujours eu le « truc » pour composer des morceaux surprenants qui jouent régulièrement avec les attentes des fans. Comment faites-vous pour mettre au point ces morceaux de telle sorte qu’ils surprennent tout le monde ?
En général, c’est notre chanteur, Rou, qui s’occupe de la composition. Il a beaucoup d’idées ! Parfois, ça part d’un riff, d’un beat… Ensuite, il travaille sur les paroles et il essaie d’en faire une chanson entière. Le côté très éclectique de notre musique peut également surprendre, mais il est justifié par le fait que nous écoutons vraiment de tout au sein du groupe : Musique Classique, Rock, Metal, Pop… Et aujourd’hui, nous en sommes arrivés à un point où nous nous faisons tellement confiance que nous n’excluons aucune piste. Le mot d’ordre reste le même : il faut écrire des chansons innovantes et intéressantes de sorte à ne pas s’ennuyer.

« Je sais que nos fans savent que l’on peut s’attendre à tout venant de nous ! »
Est-ce qu’il est difficile de combiner parties électroniques, guitare électronique et de faire en sorte de tout reste organique ?
Oui, quand même, car il faut savoir accorder assez de place à chacun des instruments, savoir déjà à l’avance qui va où, et quand, de sorte à ne pas semer la confusion dans les oreilles de ceux qui nous écoutent. Aussi, un instrument ne doit manger pas l’espace sonore d’un autre. C’est vraiment important, car chaque instrument apporte une humeur particulière, une dimension nouvelle au morceau, une autre atmosphère… Après, il faut faire en sorte que tout s’accorde : les claviers électroniques – qui offrent tout un tas de possibilités différentes – et les instruments classiques, à savoir batterie, guitare, basse.
Y a-t-il un concept qui régit l’album ? Je veux dire, à première vue, chacun sera surpris par la manière dont vous avez écrit les morceaux… Pourquoi les avoir typographiés ainsi ?
Pour être honnête, je ne sais pas vraiment… C’est pour ajouter un côté « fun » à notre musique, un côté plus créatif… Comme le stipule le titre de l’album, « tout est possible », donc, pourquoi ne pas pousser le vice jusqu’au bout ? En utilisant de telles graphies, on pouvait très bien créer un monde nouveau… En tout cas, ça correspond bien avec l’artwork de l’opus et son titre !
Penses-tu que cette extravagance est liée au fait qu’Enter Shikari soit une formation britannique ?
Je ne sais pas… Nous sommes Anglais, et il est clair que notre culture a un effet sur notre musique. Néanmoins, je ne pense pas que nous devons notre extravagance à nos seules origines britanniques. Quand nous partons en tournée, nous sommes souvent amenés à découvrir d’autres formations qui suivent la même démarche que la nôtre, donc, je pense que l’on se comporterait de la même manière si nous étions asiatiques ou africains…
{ The Dreamer’s Hotel } a fait l’objet d’un clip. Quel est le concept visuel du clip ?
Pour la réalisation de ce clip, on a travaillé avec un vidéaste parisien, Polygon, avec qui nous nous étions déjà entourés pour « Stop The Clocks ». C’est un jeune réalisateur, très prometteur, déjà fan de notre musique avant qu’on ne travaille avec lui. Ça facilite vraiment les choses. Il est arrivé avec sa créativité, et vraiment, c’est quelqu’un de très inspiré. C’est clairement le type de gars avec qui il est très facile de coopérer : il n’a jamais trop peur de donner son avis et ses propres idées !
Est-ce que tu peux revenir sur la pochette qui illustre ce nouvel album ?
On a décidé de prendre une statue grecque, d’un scientifique grec, histoire de faire allusion à la médecine actuelle. Aussi, cette statue représente également une époque particulière, qui correspond à la naissance de l’esprit critique, aussi au début de la médecine : les fondements de la civilisation moderne en quelque sorte ! Certes, leurs idées sont périmées aujourd’hui, peuvent être choquantes, mais elles symbolisent plus ou moins le commencement de quelque chose de grand !
Étant donné qu’Enter Shikari évolue dans un style assez déconcertant à première vue, a-t-il été difficile de vous faire accepter au fil des années ?
Eh bien, si ça n’avait pas été le cas, je pense que nous n’aurions eu la chance d’évoluer dans le milieu depuis tant d’années ! Mais au début, la partie était loin d’être gagnée d’avance, c’était assez particulier, je le conçois. Surtout que les techniques n’étaient pas aussi évoluées qu’elles ne le sont aujourd’hui. Désormais, il est bien plus facile de mélanger, et guitares électriques et sonorités électroniques. Néanmoins, je pense que nos fans ont su grandir avec nous, et que, ceux qui nous connaissent depuis nos débuts ne sont plus si surpris que ça quand ils écoutent notre musique. Quoi qu’il en soit, je sais que nos fans savent que l’on peut s’attendre à tout venant de nous !
Enter Shikari, c’est :
Rou : Chant/électroniques
Chris : Basse/chant
Rory : Guitare/backing-vocals
Rob : Batterie/backing-vocals
Discographie :
Take to the Skies (2007)
Common Dreads (2009)
A Flash Flood of Colour (2012)
The Mindsweep (2015)
The Spark (2017)
Nothing Is TRUE & Everything Is Possible (2020)
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