De son passage à Lille en 2014, Chemical Sweet Kid se souvient encore avec amusement de l’étrange salle qui offrait une pizza « pour toutes boissons achetées » à partir d’une certaine heure. L’exotisme dans toute sa splendeur… Mais chez la formation, le propos est différent. Il est bien plus sombre, bien plus inquiétant, bien plus mécanique, c’est du moins ce qui est ressorti de l’écoute de Fear Never Dies, son cinquième méfait…
Propos de Julien (chant/programmes) recueillis par Axl Meu
Le cinquième album de Chemical Sweet Kid, Fear Never Dies, est paru en novembre 2019. Pourquoi avoir lancé une nouvelle opération promo’ pour cet album ?
En fait, nous devions partir en tournée à la fin du mois de février, mais finalement, tout avait été repoussé au mois d’avril, pour être finalement repoussée une nouvelle fois. Finalement, avec le confinement, tout a traîné. En tout cas, il est clair que nous aurions dû assurer la promo de Fever Never Dies bien avant !
Chemical Sweet Kid est un groupe qui se nourrit principalement de la scène, comment vis-tu cette situation ?
Disons que la situation est quand même assez délicate… Pour tout te dire, nous sommes quand même assez tristes, car 2020 devait être notre plus grosse année en termes de concert. Heureusement pour nous, tout a été repoussé et non pas annulé, mais comme tout le monde, on se retrouve confinés. J’ai mon studio chez moi, donc j’en profite pour faire beaucoup de musique !
J’imagine que tu as eu le temps de te pencher sur la suite de Fear Never Dies…
Oui, écoute, là, pour le moment, je travaille sur une collaboration avec un autre artiste qui devrait sortir d’ici quelques semaines… De mon côté, j’ai aussi déjà composé une dizaine de morceaux que je dois encore peaufiner. Donc, il faudra encore attendre ! Pour le moment, nous devons encore défendre les mérites de Fear Never Dies, puis, ensuite, peut-être que nous sortirons un nouveau single, mais ça ne sera pas avant la fin de l’année !
Fear Never Die est le cinquième album du groupe. Est-ce que tu peux nous donner les clefs de compréhension d’un tel album qui, je dois l’avouer, m’a marqué par sa longueur.
Oui, il faut dire que l’album se termine sur deux pistes « bonus » qui sont en fait des « remixes » d’autres groupes que j’apprécie. Donc, Fear Never Dies, foncièrement, c’est quatorze pistes, mais finalement, on y retrouve une introduction (« Shall We Begin »), une interlude (« Sick Of You All »). En tout, Fear Never Dies est composé en tout de douze « vrais » morceaux qui, je pense, sont riches et variés… À ces fins, j’y ai mêlé différentes textures, différents tempos : parfois plus lourds, parfois plus lents. Par moments, tu y retrouveras également des morceaux un peu plus dynamiques, un peu plus « rentre-dedans ».
Quelles thématiques abordes-tu sur ce nouvel album ? En quoi est-ce une nouvelle étape par rapport à Addicted To Addiction ?
Ce nouvel album est sorti en novembre 2019, donc un peu plus de deux ans après Addicted To Addiction. Fear Never Dies est un album un peu plus sombre par rapport à ceux qui l’ont précédé… Il traite des peurs et des angoisses qu’il nous faut tous surmonter au cours de notre existence. Et c’est une nouvelle étape dans le sens où les guitares sont un peu plus présentes cette fois-ci. Elles ont été enregistrées chez Chris Harms du groupe Lord Of The Lost, contrairement aux autres albums où tout avait été enregistré à la maison. Sur ce nouvel album, le groupe se rapproche toujours plus de la musique « Metal » à proprement parler.
Chemical Sweet Kid évolue dans le Metal Indus’, style qui était en vogue à la fin des années 2000. Pourquoi, à ton avis, observe-t-on un retour en force de ces esthétiques qui mêlent musique électronique, musique Goth’ et musique Metal?
La musique, c’est un peu comme tout… C’est un peu comme une mode, un cycle. Tout finit par revenir. Peut-être que les gens, à force d’écouter encore et encore les mêmes choses, reviennent sur ce qu’ils écoutaient à une certaine époque de leur vie ? La boucle est bouclée en quelque sorte ! Nous, en ce qui nous concerne, on va déterrer ce qui se faisait avant et essayer d’améliorer l’ensemble de sorte à tout remettre à jour ! Pour ma part, j’ai découvert Punish Yourself à l’époque de Sexplosive Locomotive (2004), mais par la suite, on en a un peu moins entendu parler, mais ça revient aujourd’hui ! Aujourd’hui, de nouvelles formations arrivent, comme Shaârghot, qui se rapproche justement beaucoup de ce que fait Punish Yourself. Après, il y a ces groupes comme Combichrist qui ont toujours fait partie du décor pour finir, qui n’ont jamais cessé d’évoluer. Leurs premiers albums étaient vraiment « Electro », mais là, ça doit faire deux/trois albums qu’ils évoluent vraiment dans un registre plus « Metal ».

« Les Allemands ont soif de découvertes et viennent assister aux premières parties, ce qui n’est pas forcément le cas en France »
La Darkwave est-elle une source d’inspiration pour toi et Chemical Sweet Kid ? Est-ce que cela a impacté ta manière de sonner ?
Quand j’ai monté le groupe, mes influences étaient très ancrées dans la scène Electro avec des groupes comme Tamtrum, et étant donné que je compose tous les claviers, j’ai été profondément influencé par la Darkwave et la scène Electro. Oui, ça rentre bien dans ce schéma-là.
Est-ce que tu peux revenir sur les deux Remix qui clôturent l’album, celles d’Agonoize et de Nachtmahr, « Lights Out » et « Lost Paradise » ? Ce ne sont pas forcément des groupes issus du milieu Metal…
Oui, Agonoize et Nachtmahr sont des groupes très appréciés dans le milieu des musiques électroniques. Et je me suis dit qu’il serait bien d’y inclure un autre vision de ces morceaux en proposant une sorte de remix version « Metal ». J’ai choisi ces deux groupes tout d’abord parce que je les connais bien. Et ça faisait quelques années que Chris (Agonoize) évoquait l’idée d’une collaboration, et c’était le moment de le faire ! Pour ce qui est de Nachtmahr, c’est un groupe du même label que le notre avec qui nous avions déjà collaboré à l’époque, et on était resté en contact. Finalement, tout s’est un peu joué à la dernière minute pour le remix du morceau de Nachtmahr (« Lost Paradise ») que l’on a également repris. J’ai même dû repousser la sortie de l’opus pour finalement inclure ce remix.
Comment expliques-tu que la musique que tu joues soit bien plus appréciée en France qu’en Allemagne ?
L’Allemagne est un peu le berceau de la culture Goth en Europe et son public est bien plus ouvert qu’en France. Par exemple, on a ouvert à plusieurs reprises pour Hocico, qui est quand même relativement connu en Allemagne. On pensait qu’il n’y aurait pas beaucoup de monde à l’ouverture, mais finalement, c’était blindé ! Pour une première partie, se retrouver devant 1000 personnes, c’est vraiment quelque chose ! Le comportement des fans de musique en Allemagne est bien différent par rapport à ici. Les Allemands ont soif de découvertes et viennent assister aux premières parties, ce qui n’est pas forcément le cas en France.
Comment abordes-tu le chant au sein de Chemical Sweet Kid ?
Disons que je ne m’entraîne pas vraiment. Une fois que j’ai écrit le morceau, des mélodies me viennent, je branche mon micro et j’enregistre. Si on reprend l’histoire du groupe, on s’apercevra que la voix sur le premier album était bourrée d’effet, peut-être pour masquer quelques lacunes… Par la suite, j’ai voulu faire quelque chose de plus chanté, de plus travaillé. À une certaine époque, j’écoutais beaucoup Marilyn Manson, et je dois dire qu’il a été une sacrée source d’inspiration pour moi.
Quelques mots par rapport à l’évolution du line-up de Chemical Sweet Kid ?
Pour le tout premier concert du groupe, en 2008, j’étais seul sur scène avec quelques synthés, un ordinateur… Ensuite, Coralie est arrivée au clavier par la suite, mais elle a été remplacée par Gauthier, l’année dernière. En 2015, Nico nous avait rejoints à la guitare, finalement, pour des raisons personnelles, il a décidé de jeter l’éponge, puis Yann a intégré Chemical Sweet Kid, pas plus tard que l’année dernière aussi ! D’ailleurs, Yann attend impatiemment de donner son premier concert avec le groupe. Ça devait être le 14 mars dernier, en Suisse, mais finalement, la date a été repoussée à décembre…
Peut-on encore résumer Chemical Sweet Kid au projet d’un seul homme ?
Oui, c’est un peu ça… Je compose seul en studio, puis je donne la marche à suivre aux autres pour la suite. Que ce soit Yann ou bien Nico, quand il était encore dans le groupe, ils amènent des idées supplémentaires. Pour ce qui est de Gauthier, il m’aide également beaucoup. C’est d’ailleurs lui qui avait réalisé nos dernières « lyrics-video ». À un moment, il travaillait également sur les vidéos que l’on diffusait lors de nos concerts. En tout cas, si je suis à l’initiative du projet, je ne suis pas fermé à d’autres types de fonctionnement !
Chemical Sweet Kid compte un paquet de dates à son actif. Est-ce que c’est facile de concilier tout ça avec vos vies de famille ?
C’est sûr qu’on est amené à un moment ou un autre à faire des choix… Mais la finalité d’un groupe, c’est de présenter ses morceaux sur scène, non ? Je trouve qu’il serait vraiment dommage de se donner autant de mal à enregistrer un album pour finalement ne pas l’exploiter à fond sur scène ! L’essence d’un groupe, c’est la scène !
Chemical Sweet Kid, c’est :
Julien Kidam : Chant & Programme
Kora-Li Louys : Live Keyboard
Nico Dorwald : Guitare
Discographie :
Tears Of Pain (2011)
Broken Wings (2012)
Kiss My Hate (EP-2015)
Addicted To Addiction (2017)
Fear Never Dies (2019)
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