Nous avions interviewé Theraphosa dans le cadre de la sortie de son premier EP en septembre 2018 : un petit objet prometteuse décelant musique bien plus nuancée qu’elle n’y paraissait. Avril 2020, Transcendence, sort confirmant alors les atouts de cette jeune formation francilienne évoluant dans un registre certes complexe, mais maîtrisé de bout en bout.
Propos de Vincent (guitare/lead vocal) recueillis par Axl Meu
Que s’est-il passé pour vous entre la sortie de votre premier EP et Transcendence, votre premier album ?
Très honnêtement, pas grand chose. Malheureusement, nous n’avons pas trop eu l’opportunité de tourner. On a dû donner un ou deux concerts. En fait, c’est surtout parce que les cinq morceaux de notre premier EP n’avaient pas totalement convaincu les acteurs de la scène, labels et tourneurs. Les retours étaient encourageants, mais pour eux, notre EP ne leur permettait pas vraiment de se faire une vraie idée du potentiel du groupe. Ce dont ils avaient besoin, c’était un album. Et c’est pour cette raison que nous n’avons pas trop perdu notre temps et avons enchaîné sur l’écriture de l’album.
On vous retrouve donc avec Transcendence, un album de huit titres, comprenant notamment « Obsession », un titre de votre EP… Il sort une nouvelle fois via les Éditions Hurlantes.
Oui ! Les Éditions Hurlantes nous suivent depuis nos tout débuts. Cet éditeur s’était, en effet, occupé de nous pour la sortie de notre premier EP et continue de nous donner pas mal de bons conseils.
Quelle est la ligne directrice de ce nouvel album ? J’imagine qu’il porte sur des idées « philosophiques », sur des thématiques en lien avec le « soi »…
Oui, il y a bien une ligne directrice sur cet album, même si elle n’est pas constamment présente. Bien sûr, on y développe sur chaque morceau le concept de « transcendance » qui est assez large, car on peut aussi bien le retrouver dans la religion que dans la philosophie. C’est assez difficile à expliquer, mais l’idée était de se faire affronter deux idées et d’y trouver une certaine cohérence par rapport aux autres thématiques abordées, comme celle du dépassement de soi, de l’introspection, des relations avec autrui, du dépassement de ses propres démos qui, une fois reconsidérés, peuvent se transformer en outil, en arme. Bref, dans cet album, on y a mis notre vision à nous de la transcendance…
N’est-ce pas trop difficile de mettre en musique des thématiques aussi abstraites ?
Dans notre cas, ça ne nous a pas donné de fil à retordre puisque la musique était déjà écrite avant les paroles. Par la suite, nous avons écrit les paroles qui se fondaient bien avec le côté « religieux » et « spirituel » à partir de ce que la musique dégageait… Donc, non, tout s’est fait de la manière la plus naturelle possible.
Ce sont surtout les orchestrations et les claviers qui installent ce côté « spirituel »… C’est une idée de Francis Caste, votre producteur ?
En fait, avant de travailler avec Francis, toutes les parties étaient déjà écrites et enregistrées. Je n’ai eu qu’à lui envoyer toutes les pistes « brutes » pour qu’ils puissent mixer l’ensemble par la suite, comme bon lui semble.
D’ailleurs, pour l’enregistrement de votre EP, vous vous étiez enfermés pendant deux semaines dans un studio en compagnie de Jan Rechberger, le batteur d’Amorphis. Pourquoi avoir travaillé avec Francis Caste cette fois-ci ?
Il y a plusieurs raisons à ça. Dans un premier temps, c’est parce que c’est notre éditeur, les Éditions Hurlantes, auxquels tu faisais allusion tout à l’heure, a posé son nom sur la table et qu’il nous a dit que ce serait la personne la plus adaptée pour cet album là et ils ont eu raison, car on s’est vraiment bien entendu avec Francis… La deuxième est simple, pour changer, on a voulu faire ça en France, qui regorge énormément en producteurs de talent, et Francis en est la preuve formelle.
La musique de Theraphosa est assez aérienne, très planantes, assez complexes, on y retrouve plusieurs sources d’inspiration du Devin Townsend, du Tool… Mais selon toi, dans quel style évoluez-vous ?
Ce n’est que tout dernièrement que l’on s’est vraiment posé cette question… On n’a vraiment jamais trop cherché à se coller une étiquette, car nos morceaux sont assez différents les uns des autres. Du coup, ça rendait la chose un peu plus compliquée. Mais avec le recul, je dirais que l’on joue du Metal Progressif du fait de la différence des morceaux… Au sein d’un seul et même morceau, il peut se passer vraiment beaucoup de choses. Chaque morceau nous fait naviguer d’univers en univers. Ce qui est amusant, c’est que tu n’es pas le seul à croire que nous nous sommes inspirés de Tool, de Devil Townsend… Mais aussi étrange que cela puisse paraître, je n’écoute pas beaucoup de musique progressive, je préfère le Black Metal, même si Meshuggah reste mon modèle en matière de technicité. Je m’en inspire beaucoup. Après, je dois aussi dire que j’écoute beaucoup de musique classique pour ce qui est de l’écriture musicale au sens large du terme…

« La France n’est pas seulement reconnue pour sa gastronomie, mais aussi pour son élégance, sa classe »
C’est surtout la quatrième piste de l’album « Dies Irae » qui a retenu mon attention. Son refrain, très efficace, nous invite à ressentir au mieux cette mélancolie.
Ce morceau est un peu particulier, c’est vrai. Il est en « 6/8 », sa section rythmique sort du commun et installe un « groove » particulier. Pour ce qui est du refrain, c’est mon frère qui en est à l’origine, c’est lui qui l’a composé à partir de toute la partie instrumentale. Je ne dirais pas que l’on a cherché à faire dans la mélancolie… Mon frère est le mieux placé pour parler de ce morceau, car c’est lui qui s’est occupé des voix… De mon côté, j’ai essayé de faire des arpèges pour les couplets, motif qui est repris dans le refrain d’ailleurs.
Comment vous répartissez-vous les prises de voix, ton frère et toi ?
Je m’occupe les parties « lead », et Matthieu assure toutes les harmonies.
Ce n’est pas trop difficile de travailler avec son frère ?
Non, non, depuis toujours, mon frère et moi nous nous entendons très bien. On reste proches, on n’a jamais rencontré de quelconques problèmes… C’est même plutôt facile de travailler avec lui, car c’est mon frère, quand il apporte un regard critique ce que je fais, je ne le prends pas mal, car je sais que ses idées permettront d’améliorer le morceau…
Tout à l’heure, tu m’expliquais que Theraphosa n’avait pas donné beaucoup de concerts. Ce n’est pas trop frustrant d’écrire des morceaux et de ne pas les défendre sur scène ?
Si, quand même, c’est vraiment frustrant. Ce n’est pas facile de trouver des dates en général… Ça a quand même été difficile, car on pensait avoir assez de matière à proposer, mais finalement, non. On espère maintenant que l’album nous permettra de corriger ce petit problème. À priori, dès que les choses rentreront dans l’ordre par la suite, on devrait avoir plus de concerts. Des dates étaient organisées avant le confinement, mais finalement, tout a été annulé pour les raisons que l’on connaît tous.
Sur les photos du groupe, on peut vous voir en noir, le regard un peu pensif dans un style assez classe…
Pour répondre, je vais essayer de faire un parallèle avec d’autres groupes… Aujourd’hui, il est d’usage de voir des groupes scandinaves utiliser leur héritage viking pour leur imagerie, de même pour les groupes du Moyen-Orient qui utilise leur héritage culturel et historique pour sortir du lot. Nous aussi, nous avons également un bagage culturel, une Histoire. La France n’est pas seulement reconnue pour sa gastronomie, mais aussi pour son élégance, sa classe. Pour nos photos-promo, on souhaitait reprendre les codes de la mode « à la Française »…
Quid des derniers clips que vous avez réalisés ?
Alors, on a sorti un clip dernièrement, « Stigmata Of The Purest Pain », un guitar-playthrough… On a aussi mis en images « The Curse Of Chronos » avec le matériel qu’on avait à notre disposition. On aurait bien voulu faire autre chose pour ce clip, mais il a fallu s’adapter… Pour la suite, peut-être que nous ferons un autre clip, nous avons des idées pour chacun des morceaux.
Theraphosa, c’est :
Vincent : Guitare / Lead-Vocals
Matthieu : Basse / Back-Vocals
Martin : Batterie
Discographie :
Theraphosa (EP-2018)
Transcendence (2020)
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