Ce n’est pas demain que Welicoruss pourra retrouver le rythme de vie qu’on lui connaît : les tournées à répétition, une presque omniprésence sur les affiches de festivals… Cela dit, rien ne nous empêche de nous intéresser à son nouvel album, Siberian Heathen Horde, que son architecte – Alexey Boganov – a bien voulu nous présenter.
Propos d’Alexey Boganov (chant, composition) recueillis par Axl Meu
Est-ce que tu peux présenter le groupe ?
Mes salutations. Welicoruss est un groupe de Symphonic Black Metal que j’ai lancé seul courant 2002. Ce n’est que par la suite, en 2005, que j’ai rassemblé des musiciens pour donner des dates un peu partout en Russie. Nous avons pu sortir deux albums en Russie, puis j’ai emménagé à Prague, où le groupe a publié une compilation et un album… Côté style, la musique de Welicoruss incluait des éléments de Pagan et de Folk dans ses premiers albums, mais c’est surtout le côté « symphonique » qui est resté identifiable, notamment sur notre dernier album : Siberian Heathen Horde. Welicoruss est surtout un groupe « live » qui ne se fixe aucune limite : nous essayons de nous produire le plus possible : que ce soit en club ou dans le cadre d’un festival, tout est possible !
Est-ce que Welicoruss vit mal la situation actuelle ? Est-ce que la quarantaine imposée a été un vecteur propice à l’écriture de nouveaux morceaux ?
Le peuple a également été mis sous cloche à Prague. Mais ici, en République-Tchèque, ça ne va pas aussi loin que dans les autres pays. Ici, les Tchèques sont très civilisés, très disciplinés et appliquent les règles sans rechigner. C’est sans doute pour cette raison que le niveau d’infection est le plus bas d’Europe chez nous. Naturellement, pour ce qui est de Welicoruss, puisque je ne suis pas du genre à me tourner les pouces, je me focalise sur l’écriture. D’ailleurs, j’ai déjà bien avancé sur l’écriture du prochain album. Notre batteur, Ilya, lui est impliqué dans un projet plus progressif.
La pochette de Siberian Heathen Horde a été publiée un an avant la sortie de l’album. Dans un premier temps, est-ce que tu peux me dire pourquoi tu as attendu si longtemps avant de faire paraître l’album, dans un deuxième temps, est-ce que tu peux me dire ce que la pochette représente ?
Oui, ça faisait, en effet, un moment que la pochette de l’album circule. En fait, c’est simple, nous nous sommes tout simplement surestimés. Nous n’avions finalement pas eu le temps de finir l’album à temps. Il nous fallait peaufiner quelques petits détails, mais nous avons rencontré quelques problèmes internes dans le groupe (qui a débouché sur le départ de leur guitariste, Gojko Marić, ndlr), ce qui nous a empêché de travailler normalement. Aujourd’hui, tous ces petits couacs sont derrière nous et l’album est finalement sorti via le label allemand El Puerto. Pour ce qui est de la pochette, elle est l’œuvre de la Russia Theorical Part Group. Le collectif a suivi des instructions et nous représente en mode « barbare », voyageant dans la forêt et détruisant tout sur son passage.
Tout à l’heure, tu faisais allusion à Ilya, ton batteur. Il faut que c’est la première fois qu’il travaillait sur un album de Welicoruss. De même pour Tomaš, ton nouveau bassiste. Qu’ont-ils concrètement apporté à Siberian Heathen Horde ?
Ils ont vraiment apposé leurs touches à eux sur l’album. Certes, même si je suis à l’origine d’une partie des morceaux, Ilya a été fort pour ce qui est des petits détails sur la batterie et la percussion. Il a su faire en sorte que les pistes de batterie restent intéressantes et percutantes. Ce qui est le cas ! Ça sonne ! Quant à Tomaš, il a participé à l’enregistrement de la basse, donc il a apporté sa patte… Je dois tout de même mentionner notre ancien guitariste, Goiko Marić, qui a quitté le groupe pendant la conception de l’album… Cela dit, il a participé à ce dernier et ça s’entend.
Siberian Heathen Horde contient neuf morceaux pour un total de 50 minutes de Symphonic Black Metal. Y a-t-il un concept qui relie chaque morceau entre eux ?
Cet album n’a pas vraiment de concept à proprement parler, c’était aussi aussi le cas pour l’avant-dernier d’ailleurs, Az Esm. Chaque morceau tient par lui-même, mais il n’y a aucune trame dans cet album, nous ne suivons pas une histoire à proprement parler. Chaque morceau, à la place, développe des idées très profondes qui lui est propre. En fait, je trouve ça quand assez difficile d’écrire un concept-album qui ne soit pas ennuyant à la longue. Beaucoup ont essayé, mais bon, combien sont parvenus à rendre la chose intéressante de A à Z ? Pas beaucoup !
Quel est le rôle de la piste instrumentale « Crossroad Of Life » ?
En fait, cette longue piste sert d’introduction au morceau qui vient après, « Prophecy ». Mais en fait, « Crossroad Of Life » était si élaborée qu’on a décidé d’en faire une piste entière sur l’album. Par le passé, les albums de Welicoruss contenaient bien plus de morceaux de ce type, mais je continue de le faire, mais d’une manière plus raisonnable. C’est une façon pour moi de montrer que je peux expérimenter et sortir du schéma purement « Metal ».

« Je pense qu’il est possible de composer de belles mélodies au clavier, à la seule condition d’avoir un background derrière et d’être ouvert d’esprit«
La place accordée au clavier sur ce nouvel album est très importante. N’est-ce pas trop difficile d’obtenir un ensemble qui soit organique ?
Non, ça va. Ce n’est pas si difficile à agencer. Cela dit, c’est sans doute la partie la plus importante de notre musique, car c’est cet instrument qui véhicule au mieux les émotions que l’on veut retranscrire. Dans ma démarche, j’essaie de me focaliser sur un aspect plus « classique ». En général, ça se sent quand c’est un musicien issu du milieu « Metal » qui compose les claviers, et ça rend les choses moins intéressantes, car trop prévisibles. Je pense qu’il est possible de composer de belles mélodies au clavier, à la seule condition d’avoir un « background » derrière et d’être ouvert d’esprit. L’inverse, tu stagnes dans la banalité.
Es-tu du genre à t’inspirer de Dimmu Borgir, d’Emperor pour composer ?
Non, pas vraiment. D’ailleurs, je n’écoute presque pas ces groupes. Je préfère puiser mon inspiration des musiciens comme Prokofiev, Tchaikovsky, Rachmaninoff, Scriabin et John Williams. Niveau « Metal », je dirais que j’aime beaucoup Symphony X, Adagio, TesseracT, Dream Theater…
Sur « Metaphysical », on peut y entendre la voix de Rob Carson du groupe suisse Xaon. Pourquoi l’as-tu choisi, lui, pour ce morceau ?
Tout simplement, car ce morceau sort des sentiers battus. Il est vraiment différent des autres. C’est une piste très « moderne », et ma voix ne collait pas toujours, donc Goiko a invité notre ami Rob du groupe Xaon… Il lui a tout simplement demandé de participer à l’enregistrement du morceau… Et vraiment, le résultat est bluffant. Il a une très belle voix et je dois dire que je n’ai rencontré aucun problème quand il a fallu arranger la chanson. D’ailleurs, je ne serais pas contre l’idée de travailler avec lui à l’avenir.
Penses-tu que le fait que tu sois originaire de Sibérie a un impact sur ta manière de sonner ? Est-ce que cela fait de toi quelqu’un de différent ?
Le peuple de Sibérie n’est pas si différent des Européens. Peut-être que les Sibériens sont moins sociables, mais ils sont sans conteste plus ouverts d’esprit, plus francs également. Aujourd’hui, je vis sur Prague, mais jamais je ne renierai mes origines, sources d’inspiration pour moi !
Quels sont les futurs projets pour Welicoruss ?
À la fin de l’année, nous projetons de publier notre premier DVD, dont la vocation de célébrer le 15e anniversaire de Welicoruss. Aussi, je suis également en train de plancher sur le prochain album du groupe, on rentrera en studio, soit à la fin de l’année, soit au début de l’année prochaine. Mais on ne sait pas trop… Il faut que l’on soit prêt au mieux ! Je n’ai pas envie de trop m’engager. On va voir un peu comment les choses évoluent !
Welicoruss, c’est :
Alexey Boganov : Chant, composition
Ilya Tabachnik : Batterie
Tomaš Magnusek : Basse.
Discographie :
Wintermoon Symphony (2008)
Az Esm (2015)
Siberian Heathen Horde (2020)
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