Quoi de plus normal que de se retrouver avec un nouvel album de Primal Fear, deux ans après l’excellent Apocalypse ! Il faut dire que la bande de Ralf Scheepers – à l’instar de ses compatriotes, Grave Digger – n’est pas du genre à tourner les pouces, parce que le Heavy Metal est une question de dévouement avant tout. Ce que nous a une nouvelle expliqué Ralf Scheeper, son frontman, à quelques semaines de la sortie de Metal Commando.

Propos de Ralf Scheepers (chant) recueillis par Axl Meu


Il y a deux ans, dans le cadre d’une interview passée avec Matt Sinner pour la promotion d’Apocalypse, celui-ci m’avait sous-entendu que vous changeriez de label pour le prochain. Et ça n’a pas manqué, peu de temps après, Primal Fear a annoncé son retour chez Nuclear Blast. 

Au fil des années, parfois, le besoin de changer d’équipe se fait ressentir… Et c’est aussi pour cette raison que nous avions quitté Nuclear Blast en 2006. Ça remonte ! Nous en avions alors profité pour rejoindre Frontiers Records… En fait, quand tu travailles avec les mêmes personnes depuis un certain temps, une certaine routine finit par s’installer, ce qui n’est jamais très bon. Ce pourquoi nous avons signé un nouveau contrat avec Nuclear Blast. Et tout le staff semblait très enthousiaste à l’idée de nous compter à nouveau dans son équipe, même si elle a bien changé depuis ! Cela dit, nous y avons retrouvé quelques têtes connues, notamment un de nos amis, qui s’occupe de nous personnellement. 

Vous revoilà donc avec un nouvel opus, Metal Commando. C’est une nouvelle fois du Heavy Metal à l’état pur ! Dans quel état d’esprit as-tu travaillé sur celui-ci ? Avez-vous modifié certains aspects de votre musique ? 

Non, pas forcément, il n’est pas dans nos projets de changer quoi que ce soit, car nous sommes particulièrement satisfaits du résultat de nos derniers albums. Aujourd’hui, avec l’expérience, nous savons vraiment ce que nous voulons en termes de sonorités. C’est également la même chose pour la composition : pour ce nouvel album, nous avons vraiment gardé le meilleur de nos idées : l’énergie du Heavy Metal, sa fibre, son côté épique, sans oublier la ballade qui va avec. En général, les gens aiment comparer nos morceaux, pour savoir lequel est le meilleur de tous, si nous nous améliorons… mais ce n’est pas ainsi que nous concevons la chose. À chaque fois, nos chansons viennent du cœur.

Vu le nombre de vos sorties, on peut en déduire que le Heavy Metal fait partie de votre quotidien. Quelle relation as-tu avec cette musique ? 

J’ai grandi avec… À l’époque, quand j’avais 16/17 ans, quand les groupes de la New Wave Of British Heavy Metal, j’ai directement accroché à cette musique. J’ai, comme dirait-on, été accro à ces sonorités dès que je l’ai découverte. Aujourd’hui, je ne dirais pas que j’écoute du Heavy Metal quotidiennement, mais il est vrai que je ne peux pas faire sans. D’ailleurs, comment faire autrement ? Moi qui évolue dans un tel registre !

Dans cet album, il y a un morceau dont la mélodie m’a particulièrement marqué. C’est « The Lost & The Forgotten». Sans doute la chanson la plus « catchy » de ce nouvel album. 

Nous composons tous les morceaux ensemble, mais celle-ci, c’est surtout l’œuvre de Tom (Naumann, guitare, ndlr) et de Matt (Sinner, basse/chant, ndlr) Même si en général, le but du jeu est que chacun compose sa propre partie, qu’il appose sa propre touche personnelle. Bref, nous procédons ainsi : chacun apporte sa pierre à l’édifice ! 

Il y a aussi une belle ballade qui s’intitule « I Will Be Gone ». De quoi cette chanson parle-t-elle ? D’une relation sentimentale ? 

C’est aussi une chanson de Matt… Et concernant le sens de cette chanson, je ne dirais pas qu’il est fixe. J’entends par cela que nous invitons chacun de nos fans à interpréter nos chansons comme bon leur semble. Après, il nous arrive aussi de mettre des mots sur certaines de nos expériences, de puiser notre inspiration de nos lectures… En tout cas, j’essaie toujours de faire en sorte que nos fans puissent se retrouver à travers nos chansons. À titre personnel, « I Will Be Gone » peut évoquer la fin d’une relation, qu’elle soit d’ordre amical ou amoureuse, du genre « je t’apprécie beaucoup, mais je ne pourrais pas t’attendre toute ma vie »

« Les artistes ont été les premiers à mettre un terme à leurs activités et seront les derniers à reprendre. »

La dernière chanson de l’album est également très intéressante, car très longue. C’est « Infinity ». 

On ne se pose jamais la question de savoir si un morceau sera plus long qu’un autre. Ça vient tout naturellement, et on se met à la place de quelqu’un dans sa voiture, on imagine comment il pourrait réagir à son écoute… Tout ce que la chanson peut évoquer en lui, les belles images qu’elle va lui faire voir. Et à l’avenir, nous comptons une nouvelle fois procéder ainsi. Il a toujours de la nouveauté à tirer lorsque nous travaillons sur ce genre de morceaux. 

Depuis tes premiers pas en tant que chanteur, as-tu réussi à renouveler ton approche de ton instrument ?

Aujourd’hui, j’ai mon propre style, et je sais désormais plus que jamais comment faire un bon usage de ma voix : je sais ce que je peux faire, ce que je ne dois pas faire. Il faut que j’en prenne soin continuellement… Un peu comme un moteur, il faut l’entretenir pour rester performant et atteindre des notes basses et aiguës. Ce qui n’est pas une simple affaire. 

Normalement, en ce moment, vous étiez censés tourner un peu partout en Europe avec Symphony X. Mais à cause du COVID-19, tout est annulé ou reporté. D’ailleurs, est-ce que vous savez quand tout reviendra à la normale ? 

Non, pas du tout. En tout cas, nous mettons tout en œuvre pour pouvoir partir en tournée à partir de 2021. Je pense qu’il y aura de l’animation l’année prochaine quand tout rentrera dans l’ordre ! Mais pour le moment, c’est encore très flou… Certaines personnes disent que l’on pourra reprendre à partir de septembre, d’autres non. Nous ne sommes même pas encore en mesure de dire combien de personnes pourront accéder aux salles. Ce qui est sûr, c’est que les artistes ont été les premiers à mettre un terme à leurs activités et qu’ils seront les derniers à reprendre. C’est un peu triste à dire, mais c’est la meilleure des choses à faire si nous voulons sauver un maximum de vies. Il faut se montrer patients, et faire passer le temps en composant…

Ce que tu as fait, j’imagine…

Metal Commando était dans la boîte quand nous sommes entrés en période de confinement. Mais oui, j’ai eu de quoi m’occuper dans mon propre studio d’enregistrement. (Sourire téléphonique)

Il y a cinq ans, Gamma Ray a recruté un nouveau chanteur, Franck Beck (Almanac, Masters Of Disguise) laissant alors Kai Hansen au simple poste de guitariste. Toi qui as officié sur les trois premiers albums du groupe, aurais-tu voulu être de la partie ? 

Non, jamais l’idée ne m’a traversé l’esprit. Et franchement, quand j’ai appris ça, j’étais super content pour Franck et ravi que le groupe ait trouvé un nouveau chanteur. On s’entend toujours très bien, et personnellement, vu nos emplois du temps respectifs, il aurait été impossible que l’on s’accorde. Après, je ne dirais pas « non » pour quelques apparitions sur scène avec Gamma Ray, comme ce fut le cas en novembre 2015 à Munich. 

Beaucoup ont découvert ta voix en écoutant le premier album de Gamma Ray, Heading For Tomorrow. Selon toi, Gamma Ray peut-il être une bonne porte d’entrée à l’univers de Primal Fear ? 

Oui, pourquoi pas ! Ayant officié et officiant dans les deux groupes, on y retrouvera bien sûr quelques similitudes, bien que Gamma Ray ne sonne pas tout à fait de la même façon que Primal Fear. Mais, oui, il n’est totalement délirant de découvrir Gamma Ray en premier, puis Primal Fear, et pourquoi pas l’inverse ! 

Pour les personnes qui ne connaissent pas encore très bien Primal Fear, quel(s) album(s) leur conseillerais-tu d’écouter en plus du dernier, Metal Commando ? 

(Il réfléchit) Je pense que le premier album éponyme fera très bien l’affaire. Après, c’est toujours une question de goût. En tout cas, je suis convaincu que quiconque aime le Heavy Metal aimera Primal Fear

En général, quand Primal Fear monte une tournée, nous avons l’impression, Français, que le groupe ne se contente que d’une simple date à Paris, alors que les Allemands, eux, sont gâtés… Comment expliques-tu cela ? 

Ça ne dépend pas de tout, mais des promoteurs et des offres de concert que l’on nous faits. C’est un sujet qui nous dépasse. En fait, les raisons sont aussi purement économiques. Nous aimerions nous produire partout, mais parfois c’est impossible, car il faut que ça soit rentable pour tout le monde, ce qui n’est pas toujours le cas. 

Quel souvenir gardes-tu de ton dernier Hellfest, vous qui vous étiez produits là-bas en 2018 ? 

J’ai adoré ! C’est toujours cool de revoir Iron Maiden sur scène, de les rencontrer une nouvelle fois dans les coulisses… Bref, tout est parfait là-bas, les gens du milieu, les fans, tout. 


Primal Fear : 

Ralf Scheepers : Chant 

Magnus Karlsson : Guitares

Alex Beyrodt – Guitares

Tom Naumann – Guitares

Michael Ehré – Batterie

Mat Sinner – Basse & chant

Discographie : 

Primal Fear (1997)

Jaws of Death (1999)

Nuclear Fire (2001)

Black Sun (2002)

Devil’s Ground (2004)

Seven Seals (2005)

New Religion (2007)

16.6 (Before the Devil Knows You’re Dead) (2009)

Unbreakable (2012)

Delivering the Black (2014)

Rulebreaker (2016)

Apocalypse (2018)

Metal Commando (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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