Un EP ne vient jamais par hasard, et celui de Malkavian en est bien la preuve formelle ! En effet, Splattering The Wall, s’il permet au groupe de faire parler de lui, nous permet de nous faire une idée sur ce qui viendra après. Et en attendant une (vraie) suite à l’excellent Annihilating the Shades, la rédaction s’en est allée du côté de Nantes et a taillé le bout de gras avec Romaric et Nicolas, respectivement chanteur et guitariste de la formation.

Propos de Romaric (chant) et Nicolas (guitare/backing-vocals) recueillis par Axl Meu


Que s’est-il passé entre Annihilating the Shades et ce nouvel EP, Splattering The Wall ? Pourquoi avez-vous décidé de publier un EP à ce moment précis de votre carrière ? 

Romaric : Depuis la sortie d’Annihilating the Shades en 2017, il s’est passé énormément de choses pour le groupe… Beaucoup de concerts à travers la France, une participation au Hellfest, un changement de batteur… Globalement, ça a été une période charnière pour notre carrière. Bénéfique, mais aussi pas toujours simple à gérer. Le groupe est arrivé à un moment où il était nécessaire de faire un point sur nos envies et nos aspirations. Cet EP est en quelque sorte une photographie de ce point, et de ce vers quoi le groupe souhaite maintenant se diriger. 

Comment présenteriez-vous ce petit objet, Splattering The Wall ? 

Romaric : Splattering The Wall représente notre volonté d’aller vers une musique plus directe et instinctive, tout en gardant notre « patte ». Nous avons ressenti le besoin d’aller vers un peu plus de « simplicité », et de laisser également la place aux ambiances, aux riffs, et aux lignes de chants. C’est un petit virage artistique pour Malkavian, et cet EP concrétise notre volonté d’enfoncer encore un peu plus le clou en live.

Nicolas : On l’a toujours dit : on aime explorer et tester de nouvelles choses. À l’époque d’Annihilating The Shades, on cherchait quelque chose d’extrêmement massif, brutal et technique. C’est un album qui porte très bien son nom. Il est extrêmement froid et chirurgical, c’était le but recherché. Depuis, nous avons eu le besoin de créer un univers plutôt qu’un monstre alambiqué, ce qu’était l’album précédent. Les riffs doivent parler d’eux même et servir les textes.     

Cet EP contient donc nouveaux quatre titres (« Five Red Wounds », « Splattering The Wall », « Blood On Concrete » et « Church Of Violence ») et deux morceaux en live. Ces titres synthétisent bien l’identité de Malkavian qui délivre un Thrash Metal groovy, mais pas que… 

Romaric : Effectivement ! On retrouve sur ces nouvelles compositions une touche Thrash/Death, et certaines ambiances plus sombres, lorgnant légèrement vers le Black, et sans renier nos influences Hardcore, qui ont toujours été assez présentes en filigrane.

Nicolas : Je dirais même que le terme groovy me gêne maintenant. On a toujours cette base Thrash bien évidemment, mais on met beaucoup plus l’accent sur les influences Death et Black et sur les ambiances sombres. Alors oui ça peut groover, mais j’aime autant que ça te fasse penser à « Dawn Of The Angry » de Morbid Angel, par exemple. 

Quel type d’ambiance vouliez-vous obtenir sur « Church Of Violence » ? D’ailleurs, quelle en est la thématique abordée ? 

Cet EP s’inspire de l’histoire des Flagellants – des pénitents fanatiques ayant connu leur apogée au XIVème siècle, lors de la peste noire, considérée comme un châtiment divin pour les péchés de l’humanité -, marchant en procession à travers l’Europe, se flagellant et psalmodiant, et rejetant certains principes de l’Eglise comme le sacrement. Pour « Church of Violence », nous aspirions obtenir une ambiance pesante, dérangeante et violente à la fois, dépeignant bien cette époque et ce mouvement.

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 « Cet EP est un avant-goût de ce que sera notre troisième album sur lequel nous sommes en train de travailler »

Dans quelles conditions avez-vous travaillé ces morceaux ? Où les avez-vous enregistrés ? Vous êtes retournés voir HK du Vamacara Studio, comme ce fut le cas pour Annihilating the Shades ? 

Nicolas : Au niveau des conditions, le principal défi fut de composer plus simplement qu’avant et franchement, au début ce n’était pas évident. Pour ma part, j’avais tout de suite le réflexe de balancer des riffs et surtout des structures alambiquées. C’est un peu comme si j’avais dû réapprendre à composer de A à Z, mais ça a été extrêmement bénéfique. Ce qui était intéressant, c’est que cette fois-ci nous avions le thème et la direction avant que la musique ne soit écrite. Cette dernière devait illustrer le propos et non l’inverse.  

Pour l’enregistrement, nous voulions tester quelque chose de différent. On n’avait pas besoin d’une gigantesque prod’, mais quelque chose de plus organique qui finalement collait avec l’aspect plus direct des compositions. Nous sommes passés par Eric du Darkened Studio, qui a enregistré le premier Regarde les Hommes Tomber, entre autres et avec qui nous travaillions déjà en live. Il nous connaissait bien et ça a été très rapide. Le but était de sortir une prod’ avec uniquement des prises micros sur tous les instruments – à part un doublage trig sur la grosse caisse – et joué le plus naturellement possible. Je pense sincèrement que cette façon de procéder a été la bonne. La prod’ apporte parfaitement la couleur que l’on voulait donner aux compositions.

J’imagine que cet EP annonce le fait que vous êtes-vous en train de travailler sur la suite…

Romaric : Tu vois juste en effet, cet EP est un avant-goût de ce que sera notre troisième album sur lequel nous sommes en train de travailler. Certains morceaux y apparaitront sûrement, et nous sommes actuellement toujours en cours de composition. Nous avons 2021 comme objectif, même si on sait bien que ce n’est pas une science exacte ! 

Quid des deux morceaux « live » supplémentaires ? Où ont-ils été captés ? Au Hellfest ?

Nicolas :  Nous les avons enregistrés quelques jours après les prises de l’EP, dans un studio aux alentours de Nantes, toujours avec Eric. Là encore, pas de recalage ou d’overdubs. Martin, notre batteur, étant arrivé dans le groupe après le Hellfest, il semblait tout à fait logique de proposer des morceaux avec son jeu.

Il me semble que l’EP est sorti de manière indépendante… Vous êtes toujours chez Finisterian Dead End ? 

Nicolas : Oui nous voulions le sortir en auto-production, car nous souhaitons enchaîner rapidement sur l’album. Nous sommes toujours en contact avec Laurent de F.D.E, il a même partagé l’EP sur ses réseaux. Nous n’avons pas signé un contrat pour un nombre d’albums avec lui, ce n’est pas sa mentalité, mais rien n’est décidé concernant les labels et le troisième album. On verra le moment venu, mais on discutera forcément avec Laurent. Il nous a tout de même suivis depuis le premier album et nous a ouvert beaucoup de portes.

Depuis l’annonce du déconfinement, les programmations commencent à reprendre progressivement. Ferez-vous partie des chanceux à pouvoir se produire en 2021 ? Et quand ?

Romaric : Cette période très particulière et difficile pour les différents acteurs de la scène musicale et culturelle a quelque peu contrecarré nos plans comme tu peux l’imaginer. Nous sommes en train de plancher sur un retour sur scène, sans pouvoir t’en dire beaucoup plus à l’heure actuelle, mais nous espérons pouvoir reprendre les concerts lors du dernier trimestre de cette année, et bien sûr en 2021.

Nicolas : Il est encore trop tôt pour prévoir quoique ce soit. Les salles pensaient ouvrir en juin, puis fin juillet, et c’est encore repoussé. Ce qu’il se passe actuellement est totalement inédit et on ne peut rien anticiper. Si nous avions présenté un album et non un EP, je pense qu’on aurait repoussé la sortie. Pour l’instant, je préfère me concentrer sur l’écriture de l’album plutôt que de booker des dates qui risquent d’être annulées et je ne parle même pas des lieux qui sont en grandes difficultés et qui risquent de fermer…


Malkavian, c’est : 

Florian Pesset : Basse

Nicolas Bel : Guitares & Backing Vocals

Romaric Lamare : Chant

Marty Alias : Batteur

Mathieu Deicke : Guitares

Discographie : 

November Ends (EP-2009)

The Worshipping Mass (2014)

Annihilating the Shades (2017)

Splattering The Wall (EP-2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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