Qui aurait cru qu’Alcatrazz nous reviendrait avec un nouvel album en 2020 ? L’événement est assez important pour être souligné tant l’impact que la formation a eu sur la scène « Metal » des années 80’s est assez colossal. Dans ce nouveau Alcatrazz 2.0., on y retrouve bien sûr quelques têtes connues, notamment Gary Shea à la basse, Jimmy Waldo au clavier, l’incontournable Graham Bonnet au chant… mais aussi du neuf, le virtuose Joe Stump avec qui nous nous sommes entretenus dans le cadre de la sortie de Born Innocent ! 

Propos de Joe Stump (guitare) recueillis par Axl Meu


Est-ce que tu peux revenir sur le « come-back » d’Alcatrazz ? Pourquoi le groupe a-t-il décidé de se reformer à nouveau ? 

L’idée du retour ne date pas d’hier, Graham Bonnet avait déjà envisagé ce fameux « come-back » bien avant de faire appel à moi. Ce n’est que pas la suite qu’il m’a proposé de rejoindre le groupe. Ce que j’ai naturellement accepté. Je veux dire, on parle quand même ici d’Alcatrazz, une formation ô combien importante pour les guitaristes, à l’origine du cultissime No Parole From Rock’n’Roll. Et l’idée ici était de célébrer l’héritage d’Alcatrazz avec un tout nouvel album. 

Quand et comment as-tu rencontré Graham Bonnet pour la première fois ? Que représente-t-il à tes yeux ? 

J’ai rencontré Graham Bonnet il y a quelques années maintenant… Ça remonte à l’époque où Uli Jon Roth donnait des concerts à Los Angeles dans le cadre du ‘’Uli Jon Roth Sky Academy’’ projet dans lequel j’avais eu l’opportunité de me produire… Et Graham était dans les parages. Nous nous étions alors seulement rencontrés brièvement, et ce n’est que plus tard que nous avons fait connaissance et qu’il m’a proposé de faire partie du groupe. C’était vraiment un véritable honneur, car on parle ici de Graham Bonnet, chanteur emblématique des années 80 qui s’est produit aux côtés d’un paquet de guitaristes, Yngwie MalmteenSteve VaiMichael SchenkerRichie Blackmore, qui sont aujourd’hui dans le TOP 5 de mes guitaristes préférés ! Et franchement, que dire si ce n’est que l’album No Parole From Rock’n’Roll a eu un gros impact sur ma manière de sonner ? Déjà à l’époque, il m’arrivait de jouer régulièrement ces morceaux pour le plaisir, pour m’entraîner. Aujourd’hui, c’est différent, car je les joue sur scène avec le groupe ! 

Est-ce que tu peux me présenter ce nouvel album, Born Innocent ? Justement, voulais-tu qu’il sonne comme No Parole From Rock’n’Roll ? 

Étant donné que mon jeu de guitare est pleinement influencé par celui de Richie Blackmore, qu’il a toujours été une source d’inspiration claire pour Alcatrazz, il est clair que l’on y retrouve un paquet de similitudes. Mais après, je dirais que mon jeu est bien plus agressif, plus lourd, plus sombre que Richie Blackmore… D’ailleurs, c’est ce que je dis quand on me demande de mettre des mots sur mon style de jeu. En sonnant ainsi, c’était aussi une façon pour nous de faire évoluer le son du groupe… 

Comment as-tu travaillé sur cet album ? 

En général, à chaque fois que je travaille sur un album avec un chanteur, j’enregistre les parties de guitare au préalable, je lui présente un produit plus ou moins déjà fini et je le laisse s’occuper de la suite. C’est plus ou moins ce qui s’est passé ici. Graham Bonnet s’est focalisé sur les lignes de chant et moi sur les instruments à proprement parler. 

La performance de Graham Bonnet sur ce nouvel album mérite que l’on y attarde. Je veux dire, avec l’âge, il est encore capable de donner la leçon… Selon toi, en quoi son timbre de voix est-il unique ? 

Graham Bonnet fait partie des chanteurs les plus importants de la scène Hard Rock et Heavy Metal. D’ailleurs, sa voix est clairement reconnaissable. Je veux dire, personnellement, quand je l’entends chanter, je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ces superbes albums auxquels il a contribué, le Down To Earth de Rainbow, le No Parole From Rock’n’Roll d’Alcatrazz Assault Attack du Michael Schenker Group… En plus, ce qui est vraiment génial avec Graham Bonnet, ce qu’il adore tous ces groupes comme les Beatles, les Beach Boys, et peu importe ce que j’écris, un morceau « Heavy » ou moins, il parviendra toujours à insuffler un vibe un peu « pop » au morceau en question. 

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Alcatrazz007_Credit_Alex_Solca-1-1024x683.jpg.

« Quand j’entends Graham (Bonnet) chanter, je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ces superbes albums auxquels il a contribué »

Cet album est assez particulier dans le sens où bon nombre de personnalités de la musique ont participé à son écriture, notamment Bob Kulick, qui, malheureusement, n’est plus des nôtres… À côté, il y a aussi Steve Vai, Jeff Waters… 

Oui, pour ce qui est de Bob, je ne l’ai jamais rencontré personnellement, mais Jimmy Waldo(basse, ndlr) et Graham Bonnet le connaissent depuis longtemps, eux trois jouaient dans un groupe, Blackthorne. Aussi, le manager d’Alcatrazz connaissait bien Bob Kulick, et, en effet, il a participé à la composition du titre « The Wound Is Open ». Quant à moi, j’ai donc joué sur les parties que lui-même avait composées. Et sa disparition m’a attristé, vraiment, car nous étions censés nous rencontrer. En tout cas, ce fut un honneur que de pouvoir jouer sur ses lignes. Donc, oui, si j’ai participé en partie à l’écriture de l’album, d’autres guitaristes ont apporté leur pierre à l’édifice, notamment Steve Vai, auquel tu faisais à allusion tout à l’heure. Pour ce moi, ce n’est pas un problème, car j’ai mes autres projets solo et groupes pour qui je compose plus activement. 

En fait, au départ, avant que je sois de la partie, le label d’Alcatrazz avait proposé à Graham de réunir sur l’album tous les musiciens avec qui il avait collaboré par le passé, notamment Steve Vai. Donc, oui, Steve Vai a composé « Dirty Like The City », mais n’a finalement pas eu le temps de l’enregistrer. Et pour moi qui suis fan de son jeu, c’était vraiment gratifiant de jouer sur ce qu’il avait composé. Un vrai challenge ! Son style est tellement unique, et je dois dire que ça m’a donné du fil à retordre, car mon jeu est bien plus européen que le sien. Mais finalement, je pense que je m’en suis plutôt bien sorti ! (Sourire téléphonique) Nozomu Wakai, qui est vraiment une superstar au Japon, est également de la partie ! Donc, on a procédé différemment pour chacun des morceaux, plusieurs guitaristes ont apporté leurs idées, d’autres figurent également en feat., notamment Jeff Waters, qui lui a fait un solo sur le morceau « Paper Flags »…

Donc, si j’ai bien compris, certains guitaristes ont composé quand d’autres apparaissent juste en ‘’featuring’’… 

Oui, c’est ça. En fait, il y a des musiciens qui voulaient participer au projet pour le prestige que cela représentait pour eux, notamment Jeff Waters. Par contre, je n’ai pas encore écouté l’album dans son intégralité, donc je ne saurais trop te dire à quoi ressemble son solo. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il intervient entre deux de mes solos ! (Rires) 

La dernière chanson de l’album s’intitule « For Tony ». C’est une ballade qu’a composée Graham Bonnet. De qui cette chanson parle-t-elle ? 

Je ne saurais trop te dire de qui parle ce titre. D’ailleurs, je ne l’ai pas encore écouté. Je sais juste qu’il s’agit là d’une création personnelle de Graham et qu’il lui tenait à cœur de placer cette chanson juste à la fin de l’album. 

Une de tes créations personnelles figure sur la version japonaise de l’album. C’est « Darkness Await ». Sais-tu, si nous, européens, pourrons écouter ce morceau ? 

En fait, ce qui s’est passé, c’est que nous voulions repousser la sortie de l’album à plus tard dans l’année à cause de la COVID-19, mais nous savions que notre label japonais sortirait l’album en juillet quoi qu’il arrive. Donc, on s’est toutefois résolu à l’idée de sortir plus tard une version « normal » en Juillet et compléter par la suite avec une autre version incluant les deux autres bonus…

Avec ce satané virus, comment fais-tu pour occuper ton quotidien ? 

Disons que j’ai beaucoup de chance, car étant donné que j’enseigne à la Berklee College Of Music de Boston, là même où j’ai étudié la musique quand j’étais jeune, je continue de donner des cours de guitare en ligne, et propose même des master-classe, à distance. Donc, oui, je m’estime vraiment chanceux, car j’ai vraiment de quoi m’occuper. Je joue, j’enregistre quand je ne donne pas de leçon… Après, bien sûr, la route me manque terriblement. Je sais que beaucoup de musiciens la trouvent fatigante et agaçante, mais pas moi. J’adore prendre l’avion, découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux pays avec les groupes avec lesquels je tourne. 

Est-ce que tu travailles sur un album solo en ce moment ? 

Je n’arrête pas une seconde ! En ce moment, nous travaillons sur le nouvel album de Tower Of Babel, que j’ai lancé avec des Européens, le clavier « Mistheria » et l’ex-batteur d’Hellowen, Mark Cross. Pour le moment, nous avons fini d’enregistrer les guitares, qui ont vraiment un côté Deep Purple pré-Rainbow !


Alcatrazz, c’est : 

Gary Shea : Basse

Jimmy Waldo : Claviers

Graham Bonnet : Chant

Mark Benquechea : Batterie

Joe Stump : Guitare 

Discographie : 

No Parole from Rock’n’Roll (1983)

Live Sentence – No Parole from Rock’n’Roll (1984)

Disturbing The Peace (1985)

Dangerous Games (1986)

Born Innocent (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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