D’origine canadienne, Unleash The Archers a tout pour s’imposer durablement sur le territoire européen : des musiciens de talent à l’origine d’un Power Metal innovant associant la complexité du Prog’ et le côté épique du Speed. À quelques semaines de la sortie d’Abyss, sa chanteuse, Britney Slayes, s’est entretenue avec Heretik Magazine.

Propos de Britney Slayes (chant) recueillis par Axl Meu


L’année dernière, vous avez réalisé un EP, Explorers, contenant deux reprises : une de Stan Rogers (« Northwest Passage ») et une autre de Teaze (« Heartless World »)…

En fait, au départ, « Northwest Passage » devait figurer en bonus sur Ipax. Il faut savoir que c’est un morceau que nous apprécions tous particulièrement au Canada, car il fait partie de notre culture commune. Mais finalement, quand l’enregistrement du morceau est arrivé à son terme, nous avons décidé d’attendre et de l’inclure à la place dans un EP. Finalement, c’est « Queen of the Reich » qui figure en piste bonus sur Ipax. Donc, nous avons sorti Explorers en 2019 pour faire patienter nos fans… Et vraiment, cette reprise nous a permis, non seulement de progresser, mais aussi d’offrir de la matière à tous ceux qui nous suivent, tout en leur montrant que l’on pouvait s’approprier une chanson Folk et en faire un morceau de Power Metal. Pour ce qui est de la face B, c’est « Heartless World », une chanson du groupe Teaze, formation également très connue au Canada, un groupe que nous écoutons depuis très longtemps…

On va parler de ce nouvel album que tu vas sortir avec Unleash The Archers… Il s’intitule Abyss. Que pourrais-tu nous dire à son sujet ?

Donc, pour la petite histoire, Abyss est la suite logique d’Apex étant donné que les deux suivent la même trame. On y suit l’itinéraire de vie de notre personnage principal, « L’Immortel ». Dans Apex, il était contraint de servir un être malfaisant, la « Matriarche ». Elle lui avait promis de lui rendre sa liberté en échange d’objets lui conférant l’immortalité. Mais bien sûr, elle n’a pas tenu sa promesse. À la place, elle l’a plongé dans un profond sommeil… Dans Abyss, on l’a réveillé, mais il se retrouve dans l’espace avec le petit-fils de la matriarche. Mais finalement, les deux vont s’unir de sorte à se venger de la Matriarche.

Comment faites-vous pour reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée ?

Nous faisons en sorte de construire une histoire progressivement… J’entends par cela que chaque morceau correspond à un nouveau chapitre de l’histoire et que les paroles aident à comprendre ce qui s’y passe. Et à chaque fois, la tonalité d’une chanson aide à comprendre s’il s’agit d’un moment grave, ou pas. Tout ça permet à l’auditeur de rentrer en immersion dans notre musique et de trouver un point de repère. Nous avons procédé ensemble… Nous avons pris tous les riffs qu’Andrew (Kingsley, guitare, ndlr) a composés, puis avons fait tous les arrangements nécessaires pour les imprégner d’une « vibe » cinématographique ! 

Pour ce qui est de ce nouvel album, dirais-tu que le groupe avait envie de se renouveler ? D’ailleurs, quand j’ai écouté le morceau « Legacy », je lui ai trouvé un petit côté à la « Devin Townsend »…

Il y a toujours eu un peu de Devin Townsend dans notre musique, mais ce n’était pas aussi flagrant avant. Et en ce qui me concerne, je me suis vraiment retrouvée dans les dernières productions de Devin Townsend. Elles m’ont l’air bien plus théâtrales que les autres. Et en effet, « Legacy » témoigne de l’affection que nous avons pour lui. En tout cas, sur Abyss, nous avons développé un tas de nouvelles idées, nous sommes passés par des sentiers que nous n’avions jamais empruntés par le passé. Et comme Devin Townsend, nous avons mis le paquet sur la production afin d’obtenir une qualité de son aussi grandiose qu’une bande originale de film ! 

Il y a un côté très progressif sur cet album, mais aussi des morceaux très Power Metal qui rappellent le Stratovarius des années 90. Je pense au morceau « Faster Than Light » qui peut rappeler « Speed of Light » de Stratovarius… Dirais-tu que les Power Metal et le Metal Progressif sont des styles particulièrement connexes ? 

Oui, je pense. On peut dire que ces deux styles sont « cousins ». On tenait à inclure « Faster Than Light » dans notre répertoire, car nous n’avions pas encore de morceau de Power Metal typique… Je veux dire, nous avons toujours aimé piocher dans différentes esthétiques. Avec Andrew, quand nous composons, nous nous posons toujours un tas de questions du genre : « Que n’avons-nous pas encore propos » ? Qu’allons-nous faire ensuite ? ». Et le fait de nous remettre perpétuellement en question nous permet de rester ‘frais’ d’évoluer dans notre manière de sonner, d’ouvrir notre champ des possibles en ajoutant des éléments plutôt Power Metal, Death Metal, Black Metal… 

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« Comme Devin Townsend, nous avons mis le paquet sur la production afin d’obtenir une qualité de son aussi grandiose qu’une bande originale de film ! »

Unleash The Archers a la particularité de jouer sur les contrastes, notamment en ce qui concerne les voix, les tempos. Est-ce que tu sais à l’avance ce que tu feras avec ta voix ? 

Par moments, ça vient quand j’écris les paroles. Je sais ce que je vais dire, mais je ne sais pas encore comment le dire. Et je suis convaincu que ta manière de chanter a un rôle dans la construction du sens de l’histoire. C’est un élément à ne pas négliger si tu veux mettre en place telle ou telle émotion. Par exemple, sur le morceau « The Wind That Shaped The Land », les tonalités évoluent. Au début, il s’agit un passage purement « introspectif », l’Immortel est sur le point de rencontrer la Matriarche pour la première fois avant le combat final. Et par la suite, son bourreau se met en colère, donc j’ai donné tout ce que j’avais dans le ventre pour retranscrire au mieux ce qui est en train de se produire à ce moment précis de l’histoire. 

À la presque fin, sur le morceau « Carry The Flame », votre guitariste, Andrew Kingsley pousse quelques vocalises… 

Sur Apex, il y a une chanson sur laquelle Andrew chante un peu… Lorsque l’Immortel est opposé à l’un des derniers fils de la Matriarche. En fin de compte, après qu’il s’est rendu qu’il n’était pas si méchant que ça, une conversation s’engage entre les deux personnages et l’Immortel lui dit « Je ne peux pas faire ça, tu ne mérites pas de mourir ». Il nous fallait donc une autre voix pour incarner l’autre partie et engager un dialogue. C’est pour cette raison qu’Andrew chante sur cette chanson, « Carry The Flame », sans doute l’une de nos chansons préférées. 

Est-ce que tu sais quand l’histoire va toucher à sa fin ? 

Disons qu’Abyss clôt la première partie de l’histoire, car l’Immortel n’est plus sous l’emprise de la Matriarche. Cette partie est certes finie, mais la fin reste ouverte… On verra ce qui viendra ensuite, mais pour le moment, disons que le premier chapitre est arrivé à son terme. 

Est-ce que tu sais ce qu’il adviendra des deux personnages ensuite ? 

Quelques idées sont venues, oui, mais elles ne sont pas très concluantes ! (Rires) En attendant que l’inspiration vienne, je vais sérieusement commencer à plancher sur un roman graphique ou quelque chose dans le même genre. 

Donc, si j’ai bien compris, il y aura une bande dessinée qui accompagnera vos albums ? 

Oui, mais c’est un projet qui sera très chronophage… Il faut dire que ça prend du temps à être mis en place. L’idée à long terme serait de proposer une sorte de box avec nos albums et la bande dessinée. J’espère que j’aurai assez de temps pour m’y consacrer pleinement. Du moins, c’est ce que je compte faire si nous ne nous pouvons pas tourner cette année. 

D’ailleurs, votre pochette est très graphique. À quel moment de l’histoire correspond-t-elle ? 

La pochette correspond à la chanson « The Wind That Shaped The Land ». Elle met en images le passage de l’histoire où l’Immortel rencontre la Matriarche pour la première fois, quand les deux sont sur le point d’engager la lutte finale. C’est un moment très important de l’histoire, car l’Immortel a désormais assez de force pour la contrer. 

En ce moment, la situation concernant les concerts est assez chaotique. Est-ce que vous savez si vous allez tourner en 2020 ? 

Pas 2020, non. Pour le moment, nous sommes en train de programmer des dates pour printemps 2021. Cependant, qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Comme beaucoup de groupes, Unleash The Archers est dans l’attente de jours meilleurs. En ce qui concerne nos dates estivales, je sais qu’elles sont toutes repoussées à l’année prochaine… 

Où étiez-vous censés vous produire cet été ? 

Au Wacken Open Air, au Bloodstock Open Air, au Rock Hard Festival, au Sweden Rock, au Vagos Open Air… Rien n’était prévu pour la France, mais on verra ! À priori, quelques dates françaises, ailleurs qu’à Paris, seraient confirmées pour l’année prochaine, car nous voulons montrer que nous sommes capables de nous produire ailleurs que dans LA ville d’un pays… Par moments, les groupes qui viennent au Canada ne se contentent que d’un passage à Toronto, alors que c’est à des milliers de kilomètres de là où nous vivons. Donc, je peux comprendre que les fans soient déçus…


Unleash The Archers, c’est : 

Brittney Slayes : Chant

Scott Buchanan : Basse

Grant Truesdell : Guitare, Chant

Andrew Kingsley : Guitar, Vocals

Discographie : 

Behold The Devastation (2009)

Demons of the AstroWaste (2011)

Time Stands Still (2015)

Apex (2017)

Abyss (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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