On pensait qu’Onslaught aurait du mal à se remettre du départ de son chanteur historique, Sy Keeler, mais il n’en fut rien. En effet, les Britanniques – qui ne sont pas du genre à perdre leur temps – ont engagé un nouveau chanteur dans la foulée, Dave Garnett, leur permettant ainsi de finaliser l’enregistrement de Generation Antichrist, un album qui fera sans doute date dans la discographie du groupe.
Propos de Nige Rockett (guitare) recueillis par Axl Meu
Onslaught est sur le point de sortir son nouvel album : Generation Antichrist. Quel est ton ressenti à quelques jours du lancement de ce nouvel album ?
Je suis vraiment impatient qu’il voie le jour ! Il s’est passé tellement de choses depuis la sortie du dernier album… En tout cas, les premiers retours que nous avons accueillis vis-à-vis des premiers morceaux sont très prometteurs.
Bien sûr, on évoquera le départ de Sy Keeler. D’ailleurs, j’avoue avoir été surpris, car vous avez – en premier lieu – annoncé le départ de Sy, puis dans la foulée, la sortie d’un nouvel album et l’arrivée votre tout nouveau chanteur : Dave Garnett.
En fait, les pistes du nouvel album étaient composées depuis un moment, mais, lorsque l’on évoquait les projets de tournée qui suivraient la sortie de l’album, Sy nous faisait comprendre qu’il ne voulait que tourner quatre à six semaines dans l’année. Ce qui est inconcevable pour les quatre autres membres du groupe… On savait que ça viendrait un moment ou un autre, car Sy n’aimait pas trop – je ne sais pour quelles raisons – être sur la route. En tout cas, nous avions prévu le coup et savions que nous pouvions compter sur Dave Garnett, qui avait déjà remplacé Sy dans le cadre de notre performance au The House of Metal Festival en Suède. Donc, nous lui avons demandé de continuer avec nous en studio et proposé de poser sa voix sur les démos. Bref, la machine s’est emballée et tout est allé très vite, malgré la situation sanitaire préoccupante et le confinement qui pointait le bout de son nez. En quatre jours, ses parties de chant étaient dans la boîte. Un véritable exploit, quand on sait qu’il n’a pas eu beaucoup de temps pour apprendre les morceaux.
J’imagine que Dave n’a pas participé à l’écriture des paroles… Qui s’en est occupé ?
C’est moi, et ce, depuis les débuts du groupe. J’ai toujours tenu à m’occuper de cet aspect-là du groupe. Rien n’a véritablement changé, rien ne changera, seulement si je suis amené à quitter le groupe, ce qui n’arrivera jamais. Je veux dire, Onslaught a connu plusieurs chanteurs au fil de la carrière du groupe, ce n’est pas pour autant l’identité a été mise à mal.
Justement, parlant d’identité : Dave Garnett n’est pas le seul à faire ses premiers pas sur un album d’Onslaught. Generation Antichrist est aussi le premier sur lequel jouent James Perry (batterie) et de Wayne Dorman (guitare). N’est-ce pas trop difficile de conserver une identité quand son line-up change régulièrement ?
Non, ça ne l’est pas, mais c’est frustrant, c’est clair. Mais pour des raisons qui m’échappent, beaucoup de groupes de Thrash voient régulièrement leur line-up évoluer. Regarde, Megadeth, Exodus, Anthrax… Au fils des années, la composition du groupe a changé, et en général, les changements de line-up survenaient après une série de dates ou tournée, car les membres concernés se rendaient compte que de vivre sur la route était loin d’être facile. Loin de là. Cela dit, je suis particulièrement satisfait, car ce Onslaught est très efficace. D’ailleurs, quand nous intégrons de nouveaux membres au groupe, nous faisons toujours en sorte qu’ils installent un vent de fraîcheur, une différente façon de sonner, de nouvelles esthétiques… Et tout ça, ça nous a permis de rester dans le coup. Car, il est inconcevable que nous sonnions pareillement album après album.
À l’instant, tu m’expliquais que les départs survenaient après une série de dates… Toi, tu continues. Pourquoi ?
Je ne pourrai jamais me passer de tout ce que Onslaught m’apporte sur le plan humain. J’adore voyager, rencontrer des gens… Bref, bien des choses que l’argent ne peut pas payer en quelque sorte. Faire plaisir aux fans, voir la joie de leur visage, composer aussi… Tout ça, ça me donne envie de continuer le groupe.
Parlons à présent du nouvel album : Generation Antichrist. Les thématiques sont claires : tu y parle de ta haine à l’encontre de la religion catholique. D’où cette haine vient-elle ?
C’est très personnel. Je ne suis pas du genre à suivre les modes ou je ne sais quoi. Ce dégoût est vraiment personnel. Je viens d’une famille très pratiquante, et à partir de mes trois ans, mes parents m’amenaient à l’office et me forçaient à communier tous les dimanches, alors que j’aurais peut-être préféré à faire ce que faisaient les autres jeunes de mon âge, c’est-à-dire, faire du football, jouer à la voiture. Le problème, c’est que l’on ne m’a pas laissé de choix… Donc, les années passant, j’y ai développé une certaine haine à l’encontre de la religion. C’est notamment la thématique de « Religiousuicide » et de « Generation Antichrist ». Cette dernière parle du désintérêt de la nouvelle génération à l’encontre du culte religieux. Ce n’est plus un secret pour personne. La nouvelle génération n’a que faire de l’église, ni même de La Bible. Et tout ça m’a amené à penser que le christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est sur le point de disparaître.

« La nouvelle génération n’a que faire de l’Eglise, ni même de La Bible. Le christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est le sur le point de disparaître »
Comment ta famille a-t-elle réagi lorsque tu lui as appris que tu étais finalement contre la religion ?
On va dire que ce n’était pas trop la joie le soir du réveillon de Noël… J’étais là avec mes accoutrements de jeune met alleux… Il n’aimait pas trop mes nouvelles convictions, mais que faire ? C’est ainsi !
Quid du style de ce nouvel album ? On évolue toujours dans un registre Thrash, mais encore ? Comment es-tu parvenu à rendre l’album « moderne » tout en conservant cette agressivité ?
Tout d’abord, avant de travailler sur un album, nous parlons de la direction que nous voulons prendre. Et je pense que Generation Antichrist est l’album le plus technique que nous ayons sorti à ce jour : ses riffs sont très complexes, il y a beaucoup de changements de tempos… Je dirais également que cet album a un petit côté « The Force » dans l’âme dans le sens où des idées sont très connotées « Punk ». Aussi, les morceaux sont plus courts, et la production va à l’essentiel : nous seront capables de les reproduire facilement sur scène. Oui, c’est un peu comme si Generation Antichrist était l’album qui faisait la jonction entre le vieux et le nouveau Onslaught. D’ailleurs, pour l’anecdote, pour ce nouvel album, j’y ai utilisé, puis réarrangé de vieux riffs à moi que je n’avais pas utilisés qui datent de 1983. On les a retravaillés de sorte qu’ils suivent bien avec le reste de l’album.
Comment as-tu travaillé avec Daniel Bergstrand du Dugout Studio pour la production de l’album ?
Finalement, à cause de la COVID-19, nous avons dû travailler à distance, mais cela n’empêche pas le fait qu’il a fait un superbe travail ! En général, quand un producteur amorce la phase de production, je me rends au studio de sorte à l’accompagner quelques jours et voir un peu comment les choses se passent. Malheureusement, j’étais en Angleterre, et luis en Suède, donc c’était impossible à cause du confinement. Donc, nous avons pris des heures à arranger tous ces petits détails qui auraient pourtant demandé quelques secondes en temps normal. Je veux dire, il y a tellement de pistes de guitare, de pistes de batterie, de chant qu’on aurait tellement profité se voir en vrai. C’était un tel casse-tête ! Finalement, Daniel a fait un superbe travail, et je compte bien réitérer l’expérience à l’avenir.
Du coup, vous serez finalement amenés à vous revoir en vrai…
Oui, ce serait génial !
The Force est votre « classique » à vous. Aurais-tu quelques souvenirs à nous partager vis-à-vis de cette époque ?
Ça date ! La formation d’Onslaught remonte à 1983, et nous n’étions encore que des gamins ! Après quelques démos, Power From Hell sort, alors que nous apprenions toujours à jouer de nos instruments. Ce n’est que par la suite que nous signons sur le label Music From Nation pour la sortie de The Force qui nous a clairement propulsés. Et vraiment, à l’époque, nous avions encore du mal à comprendre ce qui se passait. Nous ne jouions vraiment que pour la plaisir, mais tous les jours – de 1985 à 1989 – quelque chose de nouveau arrivait. C’était vraiment intense, j’y ai vécu tellement de gros moments qu’il me serait impossible d’oublier !
La scène Thrash britannique vaut clairement le détour : Xentrix Sabbat, Acid Reign, Onslaught… mais clairement, tous ces groupes n’ont jamais eu autant de succès par rapport à ceux de la scène américaine et allemande. À ton avis, que vous a-t-il manqué pour percer au long terme ?
(Rires) Quelle question ! Je ne sais vraiment pas… C’est vraiment quelque chose qui m’attriste, car je suis convaincu qu’on aurait pu être aussi gros que tous les autres groupes, toutes scènes confondues. Personnellement, je suis conscient qu’Onslaught a fait une grave erreur en 1989 en signant chez London Records (Universal Music Group) en 1989 pour In Search Of Sanity. Cette mauvaise décision a amorcé la séparation du groupe en 1991 alors que des groupes comme Slayer, Testament ou même Kreator – même s’ils rencontraient quelques difficultés – continuaient, ce qui leur permettait de faire grossir leur fan-base. Nous, de notre côté, à l’époque de notre réformation en 2004, nous avions dû nous racheter auprès des fans… Et clairement, 13 ans dans la carrière d’un groupe, ce n’est pas rien. Et dire qu’à l’époque, les magazines se demandaient qui serait la future référence en matière de Metal extrême, et qu’ils misaient sur nous !
Onslaught, c’est :
Dave Garnett : Chant
Nige Rockett : Guitare
Wayne Dorman : Guitare
Jeff Williams : Basse
James Perry : Batterie
Discographie :
Power From Hell (1985)
The Force (1986)
In Search Of Sanity (1989)
Killing Peace (2007)
Sounds Of Violence (2011)
VI (2013)
Generation Antichrist (2020)
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