Parfois, il nous arrive de prendre les déclarations formulés par les groupes avec des pincettes. Quand celui-ci nous annonce que son nouvel album est « vrai » retour aux sources, nous avons tendance à émettre quelques réserves. Et pourtant, Varg n’a pas menti. Après avoir revu la copie de Wolfszeit, les Vikings ont travaillé d’arrache-pied sur Zeichen, un album épique à souhait, sur lequel nous avons été amenés à causer avec Freki, son leader.
Propos de Freki (chant, guitare) recueillis par Axl Meu
L’année dernière, vous avez décidé de réenregistrer votre premier opus, Wolfszeit. Pourquoi aviez-vous travaillé sur une nouvelle version de cet album ?
Retravailler dessus, sortir une deuxième version, c’était pour nous une manière de faire un petit retour aux sources. Bien que cet album soit un « reboot » de notre premier album, nous le considérons comme un album à part entière, puisqu’il a affecté la composition et l’enregistrement de Zeichen, notre nouvel album. En effet, sur nos derniers albums, nous nous étions un peu égarés et avions perdu de vue les inspirations de base du groupe. Désormais, sur Zeichen, nous sommes revenus à ce qui nous plaisait vraiment, à savoir la mythologie nordique, sa culture. Et pour ce faire, il nous a fallu mettre de côté tous les sujets un peu plus modernes que nous nous abordions encore sur nos dernières sorties. Enregistrer à nouveau notre premier album était surtout synonyme de nouveau départ pour nous !
J’imagine que le fait d’avoir enregistré à nouveau ce premier album a eu un effet considérable sur votre manière de travailler…
À l’époque où nous nous étions attardés sur l’écriture de Wolfszeit, c’est-à-dire, entre 2005 et 2007, nous n’avions pas d’ordinateur ou quoi que ce soit pour enregistrer nos morceaux à la maison. Je veux dire, nous composions tout, tous ensemble dans notre salle de répétition. C’est pour ça que ce premier album a toujours eu un côté plus « brut de décoffrage », plus « live »… Et d’une manière ou d’une autre, quand les fans écouteront notre nouvel album, ils s’apercevront qu’on y retrouve une approche « live », ce feeling « Rock’n’Roll » que tu ne retrouvais pas forcément sur l’album Das Ende Aller Lüger, qui était un album bien plus technique qui sonnait un peu comme la plupart des albums de Death Metal moderne. Aujourd’hui, par le biais de Zeichen, nous avons amorcé un retour aux sources, nos morceaux étant bien plus « naturels » qu’auparavant.
Dans quel état d’esprit as-tu amorcé ce retour aux sources ?
Pour composer cet album, jamais je n’ai perdu de vue le fait que nous voulions aborder de nouvelles sonorités. Il fallait également y retrouver le premier « Varg », la formation comprenant en ses rangs des vrais fans de mythologie nordique. D’ailleurs, ça se voit quand on consulte nos clips. C’est vraiment cet univers qui nous fascine ! Aussi, si ce retour aux sources a pu voir le jour, c’est tout simplement parce que nous avons changé de line-up. Les deux guitaristes qui avaient une approche plus moderne de la musique s’en sont allés et nous avons fait place à deux guitaristes, deux guitaristes qui ont une approche de la musique qui me convient mieux. Certes, Varg a connu plusieurs changements de line-up au fil de sa carrière, mais je trouve que nous avons enfin monté la fine équipe !
Pour ce qui est de Florian, l’un de vos deux nouveaux guitaristes, il évolue également dans une formation de Happy Power Metal, Victorius. Ce n’est pas trop difficile pour lui de s’adapter ?
Florian, alias Morkai, est un génie, sans conteste l’un des meilleurs avec qui il m’est arrivé de collaborer. De mon côté, je joue également de la guitare, mais jamais je ne prétendrai me débrouiller aussi bien que lui. C’est quelqu’un de très versatile. Il peut très bien écrire un solo pourVictorius, et adapter son style par la suite avec Varg. En tout cas, pour ce qui est des compositionS, ce sont principalement les guitaristes qui écrivent… Et ce n’est que par la suite que nous les agençons afin d’en faire des morceaux. De mon côté, j’écris les paroles, je me renseigne…
Toi-même qui es aussi guitariste, as-tu tout de même composé quelques morceaux ?
Oui, j’ai écrit « Feld Der Ehre », et, comme je te disais à l’instant, je suis surtout impliqué à la fin du processus d’écriture. Pour ce nouvel album, disons que les deux nouvelles recrues ont écrit 80% des morceaux de ce nouvel album. Bien sûr, chacun est libre d’apporter ses idées, mais les principales mélodies ont été écrites par les deux nouveaux guitaristes.
Concernant le style du groupe, vous mêlez beaucoup d’esthétiques dans votre musique… Black Metal, Epic Metal, Death Metal… Comment faites-vous pour rassembler toutes vos sources d’inspiration afin d’y forger l’identité de Varg ?
Pour nous, Varg évolue dans un registre « Pagan Metal »… Et ce qui est cool avec le Pagan, c’est qu’il n’y a pas vraiment de frontières. Quand tu dis que tu joues du Death Metal technique, tu ne peux pas forcément y mettre des parties de flûtes, ça n’aurait aucun sens. Mais quand tu dis, Pagan Metal, en général, tu es libre d’y mettre un peu de tout : des éléments de Folk, de Black, mais aussi des riffs de Death Metal. En quelques sortes, on peut dire Varg synthétise tous les courants artistiques qui nous plaisent ! Donc, dans la musique de Varg, tu pourras aussi bien retrouver un peu de Primordial dans telle chanson, du Amon Amarth dans une autre… Mais bon, je résumerais tout cela en disant que la musique de Varg est la somme des influences des cinq musiciens qui forment le groupe.

« la musique de Varg est la somme des influences des cinq musiciens qui forment le groupe »
Pour quelqu’un qui vit en Allemagne, tu es étonnement lié à la culture Viking qui est pourtant du ressort des Scandinaves. Cela dit, vous vous exprimez en allemand dans vos chansons…
Eh bien, il n’y a pas dix milles réponses à ta question. Si je ne chante pas dans cette langue, c’est tout simplement parce que je ne la maîtrise pas. Après, il y a toutefois certains passages de « Fara til ránar » qui sont en langue viking, mais ça s’arrête là. Pour moi qui suis Allemand, j’ai beaucoup plus de facilité à m’exprimer dans ma langue natale. Cela dit, j’ai toujours été un mordu de cette culture. Quand j’ai lancé le groupe en 2005 avec Fenrier, notre batteur, nous étions déjà des passionnés d’histoire. Nous lisions beaucoup à ce sujet, nous nous renseignions énormément… Et quand nous avons commencé à écrire des morceaux pour le groupe, il était évident que l’on puiserait dans ces ressources de sorte à véhiculer notre passion. Après, ce n’est pas une culture qui demande des années à être assimilée. Quand on est passionné, ça va très vite ! Après, il est clair que nous avons fait quelques écarts de style avec Varg, mais le Pagan a toujours été le fondement-même de notre musique.
Quel pan du paganisme développes-tu sur votre nouvel album, Zeichen ?
Eh bien, on y traite de différents sujets. L’opening « 793 » évoque tout simplement le tout début de l’ère viking, lancée cette même année. Après, je ne saurais t’apporter plus de détails, si ce n’est que cet album est un concept sur les Vikings en général, sur la manière dont ils honorent leurs dieux, sur la manière dont ils vivent… Aucun des morceaux ne traîtent d’une histoire précise… Je ne verrais pas trop l’intérêt d’y compter des histoires que tout le monde connaît. Tout ce à quoi Varg aspire, c’est partager cette culture viking qui nous est chère !
Quel est le rôle de votre nouvelle chanteuse, Fylgja ? Qu’apporte-t-elle au groupe ?
C’est une superbe chanteuse… D’ailleurs, elle figurait déjà sur l’« outro » de WolfszeitII« Weltenbrand » et nous avait accompagnés lors de la tournée qui avait suivi. Enfin, même si elle ne figure pas sur toutes les chansons, son rôle est très important. Elle donne des idées, et vraiment, elle a donné de son temps pour chacun des morceaux du nouvel album. Pour la vidéo que nous avons réalisée pour « Zeichen », elle a conçu toutes les idées pour le costume de Viking. Elle est toujours de bons conseils et se renseigne de sorte à savoir les références historiques sont correctes. Vraiment, nous avons vraiment beaucoup de chance de l’avoir à nos côtés.
À quoi devons-nous nous attendre de votre part sur scène ?
À beaucoup d’énergie ! Comment dire ? Nous ne proposons pas que de simples concerts, mais plutôt de vraies performances qui ont pour vocation de faire voyager nos fans, de les transporter direction l’ère viking. Et nous ne nous contentons pas que de simples costumes pour arriver à nos fins. Disons que c’est l’ambiance de nos concerts qui forment un tout…
Pour ce nouvel album, vous n’avez pas fait les choses à moitié. Les packages en édition limitée contiennent même des runes !
Oui, en plus des formats habituels, nous avons décidé de faire les choses bien et d’y proposer des versions exclusives, de véritables objets de collection. L’une d’entre elles a été conçue à la main en Russie et comprend en effet des runes. C’est un très bel objet… Selon les croyances, les runes renferment des pouvoirs magiques. Après, tu peux simplement te procurer et utiliser ces runes comme un outil de décoration, ou bien à des fins personnelles. Mais, peut-être parviendras-tu à saisir leur magie ? Concernant la deuxième édition limitée, elle est en bois et comprend un drapeau d’une taille imposante, la pochette de l’album en grand format, ainsi qu’un collier de rune, notre album, des dédicaces et d’autres exclusivités. Le gars qui a mis au point cette box est un vrai artiste. Il a pensé à tous les détails, et donc, tu comprendras que chaque coffret est unique…
Quid de la prochaine tournée ? Savez-vous quand vous serez autorisés à reprendre la route ?
Pour le moment, notre tournée prévue pour octobre/novembre est toujours maintenue. J’espère que tout se passera comme prévu. Après, ici, en Allemagne, c’est différent. Malgré la pandémie, nous avons réussi à donner notre première date de l’année en déplaçant sa venue à l’extérieur. Ce n’était pas évident, mais ça a été. Cela dit, je sais déjà que certaines villes ne seront pas encore en capacité de nous accueillir.
Varg, c’est :
Fenrier : Batterie
Freki : Guitares, chant
Morkai : Guitare
Garm : Guitare
Fylgja : Chant
Discographie :
Wolfszeit (2007)
Blutaar (2010)
Wolfskult (2011)
Guten Tag (2012)
Das Ende aller Lügen (2016)
Wolfszeit II (2019)
Zeichen (2020)
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