Pendant le confinement, nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Scott « Wino » Weinrich, l’emblématique légende du Doom, artiste reconnu pour sa contribution au sein des incontournables Saint Vitus et The Obsessed, alors sur la sortie de son album solo acoustique, Forever Gone. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur sa personnalité et sa mentalité… 

Propos de Scott Weinrich (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Salut Scott, comment te portes-tu malgré cette période d’enfermement causée par la pandémie de la COVID-19 ? (interview passée en mai dernier, ndlr). 

Eh bien, je suis chez moi, enfermé dans mon bunker, à écrire de la musique, à en enregistrer. Et quand je peux, je fais des sessions-live… L’idée de rester occupé coûte que coûte… Ça commence à faire long ! 

Évoquons désormais ce nouvel album acoustique. Il s’intitule Forever Gone. C’est le deuxième album acoustique que tu sors, après A Drift. Est-ce tu peux me le présenter et me dire dans quel état d’esprit tu as travaillé dessus ? 

Certaines chansons ne datent pas d’hier… Je veux dire par là que je ne suis pas du genre à me mettre la pression et fais les choses comme bon me semble. Et finalement, malgré tout, j’aurai tout de même pris deux ans à peaufiner ces morceaux, pour ensuite les enregistrer ces quatre derniers mois. 

Sortir un album acoustique n’est jamais un acte anodin, même 10 ans après le premier, Adrift. 

Oui, voilà… Il y a plein de raisons qui m’ont amené à enregistrer cet album, et parmi elles, la volonté de me reconnecter avec moi-même et de proposer quelque chose de différent au public. 

Pourquoi n’as-tu pas décidé d’enregistrer cet opus avec les membres de The Obsessed ? Je sais que les projets sont tous les deux différents, mais…

… Deux membres deThe Obsessed m’accompagnent sur l’album, car certaines des pistes contiennent des parties de batterie et d’autres de la basse. En tout cas,  nous avons déjà commencé à nous penser sur la suite avec The Obsessed. Et je peux dorénavant te dire que l’album qui arrive sera encore meilleur. En tout cas, nous voulons prendre le temps pour tout mettre au point et nous mettre à la recherche d’un nouvel label. Non pas que Relapse Records n’était pas le label qu’il nous fallait, disons que les choses évoluent et que nous voulons voir ailleurs ! En tout cas, nous planchons sur la suite… Et qui sait, peut-être pourrions-nous commencer à enregistrer en novembre de cette année ? 

Revenons à Forever Gone. Que devons-nous comprendre derrière ce patronyme ? 

Ce titre fait allusion à ma vie à moi… Au cours de ma carrière, j’ai toujours été amené faire des concessions, des sacrifices pour arriver à mes fins. Certes, ce n’est jamais trop évident surtout en ce moment, nous qui devons sans cesse partir en tournée pour subvenir à nos besoins. Donc, à ces fins, il nous faut faire des sacrifices… Et Dieu sait à quel point il est difficile d’être loin de ses proches… Mais malheureusement, je n’ai pas le don d’ubiquité et ne peux être à deux endroits au même moment. 

Est-ce que tu as déjà eu des regrets à force de tourner sans cesse ? 

Non, je ne pense pas que l’on puisse regretter quoique ce soit, tellement ta vie est intense. Donc, je ne sais pas si j’ai des regrets… Après, si ce n’est pas si difficile, et je savais à l’avance que je serais amené à passer ma vie sur la route. Et ma famille, ça, elle l’a bien compris ! 

Concernant ce nouvel album, est-ce qu’il a été difficile pour toi de t’adapter. Je veux dire, ça ne doit pas forcément être si simple de passer du Doom au Rock acoustique. 

Ce n’est pas si difficile que ça en a l’air. Passer d’un style à l’autre est quelque chose auquel je suis habitué. Que ce soit pour le groupe ou en solo, ça ne change pas grand-chose. Je veux dire, il n’y a que la salle où tu te produis qui affectera l’atmosphère du concert. Je veux dire, en général, le public porte plus d’attention à ta musique, aux paroles de ta musique quand tu es seul avec ta guitare. Ce qui n’est pas forcément le cas quand je joue avec The Obsessed. Donc, d’une manière ou d’une autre, je pense que le message que je veux véhiculer sera mieux compris si je me produis avec une guitare acoustique. 

Quels sont les sujets que tu abordes sur cet album, à part le fait d’être sans arrêt sur la route ? 

La vie en général… En général, j’y traite de sujets en lien avec ce que j’ai vécu personnellement : de tes amours perdus, de tes moments de joie, de certaines rencontres qui m’ont marqué, d’endroits qui m’ont marqué…

« Crystal Madonna » fait allusion à l’un de tes amours ? 

En fait, ce morceau est surtout une critique ‘’dessinée’’ que j’ai établie sur tout ce qui se passe en ce moment, sur les problématiques que rencontre la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Il y a toujours ces gens qui vont revenir sur un conflit qui n’est pas le leur et glorifier des personnes, alors que leurs faits et gestes ne sont en rien louables. 

HARD FORCE > Scott "Wino" Weinrich • Une reprise de JOY DIVISION et un  nouvel album

« Il y a plein de raisons qui m’ont amené à enregistrer cet album, et parmi elles, la volonté de me reconnecter avec moi-même »

Jouer ce genre de musique est une marque d’authenticité… 

Oui. Comment dire, quand tu es seul avec une guitare acoustique, tu ne penses à rien d’autre qu’au son de ta guitare. Donc, tu peux vraiment faire sorties mélodies qui viennent du plus profonds de toi. En quelque sorte, on peut dire que, oui, le résultat sera bien plus authentique que le reste… 

J’imagine que que tu ne t’inspires pas tellement de Black Sabbath quand tu composes ce genre de morceaux. Je veux dire, qui t’inspires au quotidien ? 

C’est un point important à souligner. Je n’écoute pas que du Doom ! J’adore Neil YoungCrisby & Nash… Après, je n’ai jamais trop prêté attention à ce qui se faisait aujourd’hui en matière de musique acoustique. Après, je sais que certains artistes ont réussi à tirer leur épingle du jeu, avec des sonorités bien plus lourdes ! Avec le temps, j’ai appris à apprécier le son de la guitare acoustique… D’ailleurs, au cours de ma carrière, jamais je n’ai cessé d’évoluer en tant que musicien. Je m’ouvre, j’apprends, ma technique s’améliore… 

Est-ce que tu peux revenir sur la reprise d’« Isolation » (Joy Division) qui clôt l’album. D’ailleurs, ce titre coïncide tellement avec ce que nous vivons aujourd’hui… Comment as-tu travaillé sur ce morceau pour la rendre différente par rapport à l’originale ? 

Oui, la version que je propose est éloignée par rapport à celle du groupe. En fait, j’ai pris le temps de me l’approprier, de la modifier à ma guise, notamment le refrain, qui n’est plus tout-à-fait comme l’original. Ma version sonne un peu plus « Rock » et dégage une « vibe » un peu plus positive. J’ai toujours adoré ce groupe… Je n’ai pas pris la décision de l’enregistrer du jour au lendemain. « Isolation » fait partie des premiers morceaux que j’ai voulu reprendre à la guitare, depuis le premier jour où j’ai tenu une guitare entre mes mains. Je veux dire… Joy Division est un groupe si important à mes yeux ! 

Scott, tu es surtout connu pour ton implication au sein de Saint Vitus. Autant dire que ta contribution a été très importante, certains te considèrent comme une légende du genre. Est-ce que tu as écouté leur dernier album ? 

Même si je ne fais plus partie de Saint Vitus aujourd’hui, je dois dire que le groupe m’a beaucoup apporté. C’est grâce à lui que j’ai été amené à voyager à travers le monde. Malheureusement, je sais pas trop ce qui se passe dans la tête de Dave (Chandler, guitare)… Il doit être fou, ou je ne sais quoi… En tout cas, je ne comprendrai jamais sa vision du groupe… Cela dit, je ne regrette en rien mon implication dans la formation. J’ai donné 100% de ma personne à chanter les paroles de Dave… Cependant, nous ne sommes plus sur la même longueur d’onde. C’est ainsi. Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas apprécié leur dernier album…

Comptes-tu tourner pour présenter Forever Gone ? 

Pour l’instant, puisque nous ne pouvons plus sortir, je vais donner quelques concerts en streaming-live depuis chez moi… Cela dit, comptez-sur moi pour reprendre les concerts dès que la quarantaine sera levée. Mais en tout cas, avec tout ce qui se passe, c’est plutôt mal barré. Je veux dire, rien ne tourne rond en ce moment. Comme si « Big Brother » voulait notre peau… En tout cas, pour moi, il est clair que la pandémie a été orchestrée et que ce satané virus est un gros mensonge. On ne nous dit pas tout ! 


Scott Wino, c’est :

Scott Wino : chant, guitare 

Discographie :

The Obsessed :

The Obsessed (1990) 

Lunar Womb (1991) 

The Church Within (1994) 

Sacred (2017)

Avec Saint Vitus : 

Born Too Late (1986)

Mournful Cries (1988)

V (1990)

Live (1990)

Lillie: F-65 (2012)

Live Vol. 2 (2016)

Wino : 

Punctuated Equilibrium (2009)

Adrift (2010)

Forever Gone (2020)

+ d’autres projets et collaborations

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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