Parlons désormais d’une entreprise ambitieuse : celle de Crépuscule d’Hiver. Propulsé par le label Les Acteurs de l’Ombre Productions, le projet solo de Stuurm a pris une nouvelle dimension. Et après une première démo, Songes Hérétiques, paru en 2018, le surprenant Par-Delà Noireglaces et Brumes-Sinistres place la barre bien plus haut. Ainsi, nous avons été curieux d’en savoir plus sur ces monts neigeux et solitaires qui s’érigent dans nos oreilles…
Propos de Stuurm (tous les instruments) recueillis par Thomas Deffrasnes
Est-ce que tu peux revenir sur les débuts du projet ? Qu’est-ce que Crépuscule d’Hiver ?
Crépuscule d’Hiver a vu le jour courant 2018. J’avais commencé à rassembler un peu de matériel pour enregistrer, à savoir une carte son, une nouvelle guitare, une basse… Et par la suite, je me suis dit qu’il était temps de passer à l’action et d’essayer mettre en relief des idées qui me trottaient dans la tête depuis un moment. Crépuscule d’Hiver, initialement, est un projet extrêmement D.I.Y.. Je voulais tout faire moi-même : de la création à la production. Et c’est ce que j’ai fait avec Songes Hérétiques ! Il s’agit d’une démo de Black Metal médiéval, inspirée par la scène de Black Metal à claviers des années 90’s.
Comment expliques-tu le fait que le label, Les Acteurs de l’Ombre Productions, t’a contacté juste après la sortie de ta première demo, Songes Hérétiques ?
Le label manager, Gerald (Milani, ndlr), grand amateur de Black Metal médiéval, m’a contacté environ six mois après la sortie de la démo. D’après ses dires, il a adoré Songes Hérétiques. C’est alors qu’il m’a proposé de passer sous l’étendard de Les Acteurs De L’ombre Productions. J’ai eu du mal à réaliser ! Surtout après avoir sorti une cassette autoproduite de « raw » Black Metal limitée à 20 exemplaires. (Rires) Du coup, ça a marqué le début de l’aventure, une sacrée aventure d’ailleurs…
Par-delà Noireglaces et Brumes-Sinistres est ton premier album. Ce nom suggère des paysages sombres en accord avec ta musique…
J’aime quand la musique m’évoque des choses, visuellement parlant. Que des scènes et plus particulièrement des paysages se dessinent dans mon esprit. Cet album a pour vocation d’emmener l’auditeur dans un long périple, pour qu’il soit témoin de paysages et de scènes issus de mon imagination. Le se matériel audio le guidera. La pochette et le »design » entourant l’album sont également une porte d’entrée vers cet univers. J’ai essayé de composer des morceaux aux atmosphères différentes, mais toujours glacées, mystiques et belliqueuses. L’album est très atmosphérique, et est parsemé d’interludes instrumentaux, que l’on peut percevoir comme des sortes de haltes avant que le voyageur ne reprenne sa route, jusqu’à se perdre au-delà des brumes.
Dans cet album, il y a ces empreintes typées « Dungeon Synth » qui rappelle évidemment Summoning. Pourquoi cette approche musicale ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Comme dit plus haut, je suis un maniaque du Black Metal à claviers (Dimmu Borgir, Godkiller…). Je trouve que celui-ci ajoute une touche atmosphérique très immersive. Ça fait vraiment la différence ! Je suis aussi très amateur de Dungeon Synth, et en effet Summoning m’inspire évidemment. Mais il y a aussi Mortiis, Gothmog, Fief, Utred, Torchlight et Old Tower… Je compose moi-même du Dungeon Synth avec mon projet Gargoylium, antérieur à Crépuscule d’Hiver.
Sur cet album intervient N.K.L.S d’In Cauda Venenum à la batterie. Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ? Tu aurais pu te contenter d’une batterie synthétique…
C’était une des conditions du label : Obtenir une batterie plus organique. J’ai composé moi-même la boîte à rythme de la démo. En revanche, je ne suis pas batteur pour un sou, je ne sais pas trop comment ça marche une batterie. Donc il y avait des trucs bizarres sur la démo. Et surtout, c’était linéaire, pas assez vivant. On peut avoir de bons résultats avec une batterie synthétique, encore faut-il savoir l’écrire… Gerald m’a mis en relation avec N.K.L.S, qui s’est avéré être un excellent élément. Il a même fait de superbes lignes de basse pour l’album, ainsi que quelques solos de guitare.

« J’ai été amené à repousser certaines de mes limites lors de la création de cet album ! »
Les noms des morceaux sont longs et intrigants. Pour les écrire, te documentes-tu ou laisses-tu ton imagination reconstituer un univers médiéval ?
J’adore les noms à rallonge, souvent en anglais ou en langue scandinave, dans les vieux albums de Black Metal, je trouve ça très évocateur, et ça m’inspire beaucoup évidemment. Le nom du morceau ne me vient généralement pas immédiatement : il se précise tout au long de la composition du morceau. Avoir une idée du nom d’un morceau me donne déjà une certaine direction de composition. Je commence par trouver un « thème », puis j’essaie de dresser une sorte de toile de fond dans ma tête, quelque chose d’imagé. L’imaginaire médiéval romantique qui me traverse est le principal outil que je possède. Je m’inspire aussi des univers de fantasy rencontrés dans la littérature et même dans les jeux vidéos.
Musicalement parlant, cet opus est très riche… Et nous avons le sentiment que tu as repoussé les limites de ton art. Penses-tu être arrivé à ton point culminant avec Par-Delà Noireglaces et Brumes-Sinistres ? Que cherches-tu à exprimer concrètement ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup d’éléments. J’ai été amené à certaines de mes limites lors de la création de cet album. J’ai appris à faire pas mal de nouvelles choses. Ça a été assez formateur, mais je ne pense pas avoir atteint le point culminant de mon art cela dit. Je compose de la musique depuis trois ans, et j’ai encore pas mal de choses à améliorer. Cela dit, je suis globalement satisfait des compositions de l’album.
Je souhaite exprimer la mélancolie et la nostalgie dans un cadre épique, donner une existence matérielle à des émotions. Cet album peut être vu comme une sorte de clef ou de passage vers un royaume nébuleux et fantasmagorique. J’ai aussi envie de faire revivre ce genre de Black Metal, que je trouve trop peu présent et valorisé aujourd’hui.
Est-ce que vous pouvez revenir sur vos visuels ? Vous vous êtes entourés de plusieurs illustrateurs…
L’idée était de réinterpréter la forteresse initialement dessinée par David Thiérrée pour l’artwork principal, ainsi que le château du logo de Crépuscule d’Hiver, dessiné par le tout aussi talentueux Moonroot. Raphaël Verguin a, par la suite, réinterprété ces deux édifices pour illustrer ensuite l’intérieur du livret, mais aussi un t-shirt et les splendides sérigraphies réalisées pour l’occasion. C’est une phase que je n’ai pas suivie de très près, car j’étais encore en train de travailler sur les finitions de l’album.
Cette collaboration avec LADLO t’a amené à créer une box tout à fait magnifique, limitée à 50 exemplaires. Comment avez-vous entrepris un projet aussi ambitieux ?
Cette box est magnifique, c’est certain. C’était une idée de Gerald Milani, il est, pour ainsi dire, parti dans un grand délire pour produire l’album !
La scène et le live font-ils partie de tes ambitions ? Si oui, comment l’envisages-tu ?
Bof. D’une certaine manière, peut-être, mais ce n’est franchement pas ma priorité pour le moment. Et je ne peux pas vraiment te dire si ça le sera un jour… Je préfère me consacrer à la composition actuellement.
Crépuscule d’Hiver, c’est :
Stuurm : Guitare, Chant, Clavier.
N.K.L.S : Batterie, Basse.
Discographie :
Songes Hérétiques (démo, 2018)
Par-Delà Noireglaces et Brumes-Sinistres (2020)
Laisser un commentaire