Quoi qu’il fasse, Ihsahn sera toujours associé au groupe qui l’a fait connaître au grand public : Emperor. Et alors qu’il lui arrive encore de donner des concerts avec son vieux groupe, le compositeur continue de s’exprimer comme bon lui semble en multipliant albums et collaborations artistiques : dernier projet en date, cette série de deux EPs, Telemarket Pharos, foncièrement opposés sur le plan stylistique… Entretien !

Par Axl Meu / Photo Bjørn Tore Moen


Pharos fait donc suite à Telemark… Pour quelles raisons as-tu décidé de publier deux EPs totalement différents cette année ?

Aujourd’hui, après sept albums solos tous plus ou moins différents que j’ai fait paraître régulièrement tous les deux ans, il m’a été suggéré de replonger dans mes racines et d’enregistrer des morceaux qui renouent avec mes débuts « Black Metal ». C’était une bonne idée, mais finalement, je me suis rendu compte que j’étais assez limité en morceaux, d’où l’idée de proposer dans un premier temps un EP, Telemark, dans lequel j’allais développer ma face la plus extrême tout en évoquant mes origines géographiques. Puis dans un deuxième temps, de sortir un EP, plus calme, plus Prog’, en lien avec les voyages et le monde dans son ensemble, Pharos, que je compte sortir le 11 septembre prochain via Candlelight Records. Malheureusement, à cause de la Covid-19, tous mes plans pour les promouvoir sont tombés à l’eau. Je devais présenter Telemark sur scène dans le cadre du Inferno Festival en Norvège, date au cours de laquelle mon catalogue extrême devait être à l’honneur. Ensuite, je projetais de partir en tournée européenne après la sortie de Pharos où cette fois j’aurais mis à l’honneur mon catalogue plus Prog’…

Est-ce que l’on peut écouter ces deux EPs, aussi différents soient-ils, d’une seule traite ?

Oui, je pense. Ces EPs sont quand même connectés, même s’ils sont le reflet opposé l’un de l’autre. D’ailleurs, ils suivent le même schéma, à savoir trois morceaux originaux, et deux reprises en lien avec mes sources d’inspiration. Le format est également le même, les chansons originales sont accompagnées d’une illustration que l’on peut retrouver dans le boîtier du CD et dans le vinyle : David Thiérrée s’est occupé de celle de Telemark tandis que Costin Chioreanu s’est occupé de celle de Pharos. C’est un projet assez expérimental, c’est vrai… Ce n’est pas tous les jours que je me lance comme défi de mettre en avant – musicalement parlant- les deux extrêmes de ma personnalité… Et je ne vous apprends rien si je vous dis que ces deux extrêmes étaient déjà là au commencement de ma carrière solo, mais cette fois, je les ai spittés sous la forme de deux EPs.

« Qu’aurais-je à gagner à composer sous le nom d’Emperor ? »

Comment expliques-tu qu’il soit aussi simple pour toi -en apparence- de passer d’un extrême à l’autre ?

Ce n’était pas si simple, non. La création de Telemark m’a donné moins de fil à retordre, car j’ai décidé d’y proposer un style dont je maîtrisais déjà les ficelles, à savoir le Black Metal. Pour ce qui est de Pharos, c’était différent, plus difficile dans le sens où le Prog’ n’est pas exactement mon style de prédilection et que je ne savais pas vraiment comment m’y prendre pour composer ces morceaux. Mais ça fait partie du jeu, non ? C’est comme ça qu’on apprend ! Mais je suis ressorti grandi de cette expérience : ma manière de composer n’a pas tellement changé en soi. J’ai surtout compris que changer de style de musique n’impliquait pas forcément un changement de méthode dans la composition. Il n’y a que l’instrument qui change, le moyen d’expression en quelque sorte… Par exemple, tu as beau enregistrer un morceau à l’aide d’une guitare électrique qui sera saturée, ou bien à l’aide d’un clavier, la base du morceau sera toujours la même, mais son style sera différent. Là, où il y a eu un changement, c’est surtout dans l’énergie qui a été délivrée. Quoi qu’il arrive, j’ai toujours pris du plaisir à me mettre dans des situations dont je savais à l’avance qu’elle m’apporterait quelque chose de nouveau. J’aime tout simplement me lancer des défis, et je le fais pour la satisfaction que cela procure, à moi et à mon public.

En ce qui concerne les morceaux de Telemark, beaucoup ont dit qu’ils auraient pu figurer au catalogue d’Emperor, par la noirceur du propos…

Pourquoi aurais-je dû coller une étiquette « Emperor » à ces morceaux, alors que la musique était déjà là ? (Rires) Ça aurait été absurde ! D’ailleurs, je pense que ces morceaux n’auraient pas tout à fait sonné de la même manière si je les avais écrits pour Emperor. Si le groupe s’était impliqué dans l’écriture de ces morceaux, je n’aurais pas spécialement été libre dans mes mouvements… Et, surtout, ça ne veut pas dire que ces morceaux auraient été meilleurs. Ça peut paraître arrogant, car beaucoup espèrent un nouvel album d’Emperor, mais vraiment, quand on y regarde de plus près, j’ai toujours été le compositeur principal d’Emperor, et j’ai tout composé, tout arrangé pour notre dernier album Prometheus: The Discipline Of Fire & Demise, alors, qu’aurais-je à gagner à composer sous le nom d’Emperor ?


IHSAHN

ORIGINE : Comté de Télémark (Norvège)

LINE-UP : Ihsahn (basse, chant, guitare, claviers)

MERCH : www.omerch.eu/shop/ihsahn

FACEBOOK : ihsahnmusic

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.