Il y a quelques semaines maintenant, on apprenait le retour de la Team Nowhere, mouvement fédérateur orienté Neo-Metal, Rock et Hip-Hop du début des années 2000. Les souvenirs se sont ravivés chez les fans de l’époque et chacun se demande ce que ça peut donner aujourd’hui. On s’est donc entretenus avec David Gitlis, chanteur d’Enhancer, l’un des groupes-phares du mouvement, pour en savoir un peu plus.

Par Romain Descamps


La Team Nowhere s’était mise en pause il y a une dizaine d’années maintenant. Pourquoi avoir décidé de revenir aujourd’hui ?

C’était une lubie personnelle (Rires). On n’a pas forcément fait exprès. En fait, c’est d’abord un sentiment de mon côté, celui qu’il ne se passe pas beaucoup de choses. J’ai envie d’écouter de nouvelles choses, et dans mon secteur, je trouve qu’il n’y a pas beaucoup d’offres. J’ai fait un Chat Live complètement fou, on était 450, et on a tous fait le même constat : il n’y avait pas beaucoup de nouveaux sons, de trucs qui changent, à écouter. On a brainstormé avec les plus actifs de la street-team, ceux qui nous suivent toujours depuis tout ce temps, et on est parti sur ce concept de relancer la Team Nowhere pour aider les artistes à émerger.

D’autres anciens te suivent-ils dans ce « revival » et quelle implication ont-ils ?

La bonne question est « Y’en a-t-il qui ne me suivent pas ? » (Rires). En fait, tout le monde est friendly avec le mouvement, parce qu’il n’y aucune raison d’être contre. On n’a rien prévu de vendre aujourd’hui ou demain, tout ce qu’on veut, c’est fédérer les gens. Redonner de la force aux artistes, radios, webzines, salles de concerts et événements. Ce n’est pas moi, tout seul, qui vais aller liker les pages de tous les groupes… L’idée c’est plus de dire : « Intéressez-vous, poussez, donnez de la force aux gens ». Donc oui, beaucoup nous suivent et sont motivés. Que ce soit chez PleymoEnhancer, ou encore Ben d’AqMe, chacun s’implique à sa façon.

C’est quoi l’esprit Team Nowhere ?

Je pense qu’on arrive à mieux le définir maintenant qu’à l’époque. Tout simplement parce qu’on a plus de recul. 20 ans de recul, c’est quand même pas mal (Rires). C ‘était avant tout une énergie, une espèce d’urgence, avant même d’être un style de musique. On s’est tous rencontrés avant que nos groupes soient ce qu’ils étaient et on s’est rendus compte qu’on avait la même gniak, la même envie de se bagarrer pour avancer. Cette scène émergeait et il y avait cette urgence à se fédérer. Aussi, on était beaucoup sur l’humain à vouloir faire tomber les murs, avancer ensemble, avant d’être des styles musicaux. C’est pour ça qu’on avait des différences de styles que ce soit de Vegastar à Enhancer ou de AqMe à Pleymo ou Wunjo.

Ne crains-tu pas que la mayonnaise ne prenne pas ? La Team Nowhere est quand même rattachée à l’âge d’or du Neo-Metal en France…

Franchement, je ne crains rien du tout. Pour le moment, c’est vraiment une intention de fédérer des gens et avancer ensemble. Celui qui veut la rattacher au Neo-Metal tant mieux, au Hip-Hop tant mieux, etc. On veut juste se rallier, être en contact les uns les autres, se retrouver en concert quand on le pourra et créer une communauté. Et si déjà on arrive à être une communauté, alors le pari sera réussi. Si on est 2500, c’est déjà bien et si demain on est 250 000, on ne sera plus une communauté, mais un mouvement… Au final, on n’a rien à perdre.

Alors à quoi faut-il s’attendre ? Quel visage va être donné à cette Team Nowwhere nouvelle génération ?

Je n’en ai aucune idée (Rires). Déjà parce qu’on navigue à vue, selon ce qui se passe, selon les envies qui arrivent un peu plus chaque jour, les gens qui nous motivent, etc. Et puis, après, est-ce que ça doit être un style musical ? Un mélange de cultures ? Un nouveau son ? Tout ça, je n’en sais rien, mais ce que je sais, c’est que si on se donne du mal, il y aura des gens qui vont sortir du lot. Pour qui se sera évident qu’on se dise qu’ils ont le même état d’esprit que nous, qu’ils veulent avancer et qui auront compris que pour avancer faut s’entraider.

Peut-on attendre (ou espérer pour certains) un retour d’un des groupes de la grande époque… Enhancer, Pleymo par exemple ?

Déjà, on est là. On n’a jamais autant parlé de nous en 10 ans (Rires). Maintenant, faire un nouveau titre, un nouvel album ou faire une tournée à jouer nos vieux titres, je serais super content, mais je me suis plutôt mis en tête qu’on a pour vocation de passer le flambeau, de repérer de nouveaux talents et de réunir des gens d’abord. Et ensuite, si on a envie de faire quelque chose, on le fera mais on ne s’oblige à rien. Et même si jouer de vieux morceaux c’est cool, faut que ça évolue, qu’on revienne avec quelque chose. Dans le Rap, ils ont tous fait ça, pousser la nouvelle génération en les invitant. Dans le Rock ça, ça n’existe pas.

Smash Hit Combo et Mat Bastard sont les premiers artistes à rejoindre le collectif. Comment cela s’est-il fait ? Et pourquoi eux ?

On en avait déjà discuté plusieurs fois avec Smash Hit Combo et on s’est dit que ce serait plus cool de se voir et de discuter vraiment plutôt que de s’écrire. Histoire de voir si ça colle vraiment avec tout le monde et pour tout le monde, voir si on a le même état d’esprit, la même vibe. Et aujourd’hui, je les considère comme mes potes en fait. Quant à Mat Bastard, c’est différent. C’est un super pote à moi, il a vécu trois ans à Los Angeles, on se voyait tous les jours, on bossait ensemble pour plein de projets. Je me suis dit que Mat serait carrément avec nous et d’accord pour nous rejoindre. Mais au fond, je pense que ces artistes-là, que ce soit Smash Hit Combo ou Skip The Use/Mat Bastard, n’ont pas besoin de nous. C’est plus un gros support parce qu’ils aiment l’initiative. L’idée ce n’est pas d’avoir une vitrine, mais plutôt d’être tous ensemble, qu’on soit de la première génération Nowhere ou de la deuxième. On ne leur demande pas de s’étiqueter Team Nowhere, mais plutôt d’être un soutien. C’est comme à l’époque, on avait Mass Hysteria ou Watcha qui gravitaient beaucoup autour de la Team Nowhere sans en faire partie, mais qui supportaient.

Quelles forces vives la Team a-t-elle pour revenir sur le devant de la scène ?

Pour le moment, y a pas de scène (Rires). Non je plaisante, tu le mettras si t’as envie de le mettre. On a déjà la street-team bien évidemment, et puis on a plein de jeunes groupes talentueux, qu’on repère avec les membres de la street-team justement. En fait là, on a rallié les premiers rangs à notre cause. Maintenant à nous de voir si on veut faire une Boule Noire ou un Bercy et savoir si on va réussir à remplir les gradins.

Quel constat fais-tu de la scène Rock et Metal française actuelle ?

Je n’en fais pas parce que je ne vis plus en France, je suis aux Etats-Unis maintenant, donc je ne suis pas le mieux placé pour ça. Je me rends compte que j’écoute souvent les mêmes vieux albums de groupes de Rock que j’aimais bien à l’époque, et en fait y’a peu de choses qui me touchent, qui me font kiffer. Aujourd’hui, je suis encore entouré de potes qui font toujours de la musique, mais de nouveaux groupes qui arrivent et qui explosent il y en a trop peu. C’est plus comme à l’époque où des groupes comme Queens Of The Stone Age arrivaient juste après la période Neo-Metal et où on se disait que quelque chose de gros allait se passer. Alors du coup, j’ai cherché, j’ai trouvé des trucs cools en Angleterre, au Canada, aux Etats-Unis, mais en France on trouve difficilement. En fait, ce n’est pas qu’il n’y a pas de groupes, je fais surtout le constat qu’il n’y a pas d’exposition. Mark de Pleymo a le même constat que moi depuis les Etats-Unis, tu vois.

Pour plus d’informations : Team-Nowhere

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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