Embryonic Cells fait partie de ces formations hexagonales que nous prenons plaisir à suivre, pour la simple et bonne raison qu’elle trouve toujours un moyen de nous surprendre album après album, malgré les épreuves qu’elle traverse au quotidien. Cette année, elle nous revient avec Decline, son cinquième album. Maxime Beaulieu, son leader, nous en parle !

Propos de Maxime Beaulieu (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Voilà donc avec un nouvel opus, c’est Decline ! Que s’est-il passé entre Horizon et celui-ci ? 

En général, il se passe quatre, cinq années avant que nous ne sortions un nouvel opus. Mais là, non. Désormais, c’est un peu comme si le groupe s’inscrivait dans une certaine dynamique. Pourtant, il s’est passé beaucoup de choses entre Horizon et Decline. Nous avons, pour commencer, changé de label suite à la fermeture d’Apathia Records… On était un peu orphelins, même si nous avons signé chez MusikÖ_Eye par la suite. Une excellente maison de disque, de taille humaine, gérée par des passionnés ! Ensuite, il a fallu gérer d’autres imprévus comme le départ de notre bassiste, Pierre (Touzanne, ndlr), et de notre clavier, Pierre (LePape, ndlr). Par la suite, nous avons donc recruté un nouveau bassiste, Fred (Fantoni, ndlr). Aujourd’hui, nous nous apprêtons à publier ce nouvel album, Decline, qui correspond à ce que nous sommes aujourd’hui ! 

Ce nouvel album dégage une « vibe » beaucoup plus « Black Metal Old School » par rapport à son prédécesseur. Sur celui-ci, un énorme travail a été mené au niveau des atmosphères, souvent très cérémoniales… Dans quelle optique as-tu abordé Decline ? 

En fait, au sein du groupe, c’est un peu comme si nous combinions et le Thrash Metal, et le Black Metal des années 90, et le Death Metal, tout simplement parce que le processus d’écriture est collectif. D’ailleurs, on a toujours assumé le fait qu’il était difficile de nous mettre dans une case… Toi, tu vas plus me dire qu’il y a un côté « Black Metal » dans ma musique, tout à l’heure, on m’a dit que l’on ressentait plus le côté « Thrash Metal »… Par moments, c’est surtout le côté « Cold Wave » qui ressort. Tout le monde a un ressenti différent, et ce n’est pas pour nous déplaire. 

Oui, en tout cas, la Cold Wave reste compatible avec le Black Metal, ces deux esthétiques étant complémentaires… 

Tu as complètement raison. Je suis aussi du genre à établir des parallèles entre les styles… Et c’est d’ailleurs pour cette raison que Decline est cohérent. Le Black Metal a toujours été l’amour premier d’Embyonic Cells – et il le demeurera certainement toujours – mais nous aimons également incruster d’autres de nos influences. 

Tout à l’heure, tu faisais allusion au départ de Pierre LePape, votre ancien clavier. Pourquoi ne pas l’avoir remplacé, lui ?

Après son départ, nous nous sommes demandés si nous devions recruter un nouveau clavier, oui ou non. Et puis finalement, on s’est dit que non. En fait, je pense que l’essence même d’Embryonic Cells reste le riff, clavier ou pas clavier. Aussi, je dirais même que l’absence de clavier sur ce nouvel album nous a permis d’avoir un son beaucoup plus massif et des compositions bien plus hargneuses, parfois plus « rentre-dedans »…  

La musique d’Embryonic Cells est particulièrement sombre, alors que le groupe en lui-même ne renvoie pas forcément cette image…

À titre personnel, j’adore tous ces groupes qui combinent visuels et musique. C’est vrai que ça se fait moins chez Embryonic Cells, mais ça évolue tout doucement comme peut en témoigner notre tout dernier clip réalisé pour « You’re So Full of Fear »… Après, ce ne sont pas encore des automatismes que nous avons. Moi, personnellement, à la base, je viens du Thrash Metal, et ce n’est que par la suite que je me suis mis à écouter du Black Metal. C’est peut-être pour cette raison que nous n’avons pas encore cédé à son « decorum ».

« On a toujours assumé le fait qu’il était difficile de nous mettre dans une case »

Est-ce que tu peux revenir sur l’aspect technique concernant l’album ? Vous aviez travaillé au studio de La Forge pour Horizon. Quid de celui-ci ? 

Cette fois-ci, nous nous sommes alloués les services de Mickaël Kassapian du Warmaudio, situé à Décines, près de Lyon. Et rapidement, après quelques jours de collaboration, Mickaël s’est un peu imposé comme le quatrième membre du groupe. En fait, nous avons toujours pensé qu’on était plus intelligents à plus de cerveaux, donc nous ne nous sommes pas privés d’un regard extérieur, de son expertise, et de ses conseils. Il nous a fait prendre des risques, par moments, il nous encourageait à forcer le trait… Bien sûr, il y avait des convergences, des divergences, mais notre collaboration était placée sous le signe de la bienveillance. Mickaël était derrière les manettes, et il a joué un rôle important dans le mixage et le mastering final de l’album… 

Il n’y a qu’un seul guitariste dans le groupe… C’est toi. J’aimerais savoir si ce n’est pas trop difficile pour toi de maqueter toutes les guitares, vu le nombre des pistes ! 

En fait, la musique d’Embryonic Cells reste très accessible. Ce sont des riffs simples, et des structures très simples également ! Cela dit, j’ai mis beaucoup de temps en tant que guitariste à aller vers ce style. Une fois les notions intégrées, j’ai eu plus de facilités à composer… Et finalement, au fil des mois, mon jeu de guitare s’est vachement concentré comme si je voulais réduire mon riff à sa plus simple élémentarité ! Donc, moi, personnellement, je n’éprouve pas beaucoup de difficultés techniques à ce sujet. Maintenant, tu soulèves quelque chose d’important. Si tu veux, Pierre LePape, il est vrai, occupait un spectre important au sein d’Embryonic Cells, et cette interview me permet d’annoncer que le groupe est à la recherche de son/sa deuxième guitariste. Si un des lecteurs d’Heretik Magazine est intéressé, qu’il se manifeste ! 

Concernant ton style, j’imagine que tu as été amené à réapprendre à jouer d’une manière ou d’une autre, non ? 

Oui, en quelque sorte… Mais en fait, si les journées faisaient 72 heures, je pense que j’aurais un groupe de reprises de Mötley Crüe, un groupe de Rock’n’Roll, un groupe de Cold Wave, un groupe de Black Metal, un groupe de Doom… Je pratique tous ces styles dans mon salon, des styles que je décante dans Embryonic Cells

Quel est votre plan pour promouvoir votre album, sachant qu’il va falloir attendre 2021 avant que les concerts ne reprennent. 

C’est assez délicat pour nous, puisque nous avons un nouvel album à défendre et qu’on a à cœur de défendre nos nouveaux morceaux. Mais vis-à-vis du contexte actuel, c’est extrêmement tendu, surtout que l’on avait une tournée est-européenne et française de prévue. Mais du jour au lendemain, tout a été paralysé. Donc, oui, c’est triste, très frustrant, car on ne peut évoluer. Donc, dans ce nouveau contexte, on s’est posé un tas de questions comme : « Comment un groupe doit-il fait pour garder ce lien qu’il a avec son public ? Doit-on sortir plus de clips ? Faire du live-stream ? »… 

Vous avez pour commencer sorti un clip – auquel tu me faisais allusion tout à l’heure – pour « You’re So Full Of Fear ». C’est un choix assez surprenant, car c’est le morceau qui clôt l’album. 

En fait, nous avons eu du mal à choisir le morceau qui ferait l’objet d’un clip. En plus, celui-ci fait sept minutes, donc autant dire qu’on savait que ce ne serait pas le plus simple à clipper. Mais à un moment donné, il fallait en désigner un, donc nous avons tout de même jeté notre dévolu sur celui-ci. Et encore une fois, nous avons fait appel à Timothé Beaulieu pour la réalisation et le montage du clip !


Embryonic Cells, c’est :

Maxime Beaulieu : Guitare, chant

Fred Fantoni : Basse  

Djo Lemay : Batterie

Discographie :

Before the Storm (2007)

Black Seas (2008)

The Dread Sentence (2012)

Horizon (2018)

Decline (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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