Griffon a fait paraître Ὸ Θεός Ὸ Βασιλεύς (O Theos, O Basileus) le 23 octobre dernier via Les Acteurs de L’Ombre Productions. Depuis Saul de Tarce pour aller jusqu’à la IIIe République, les Parisiens interrogent par le prisme d’une musique puissante et méticuleuse les rapports de pouvoir à travers les âges. Une question au cœur de l’actualité par ailleurs… À cette occasion, nous avons souhaité nous entretenir avec Aharon et Sinaï. 

Propos d’Aharon (chant) et Sinaï (guitare) recueillis par Thomas Deffrasnes 


Est-ce que vous pouvez revenir sur la formation du groupe ? Quelle est la symbolique portée par le « Griffon » ? 

Aharon (chant) : Le Griffon, c’est le lien qui illustre toutes les cultures que nous interrogeons. Il apparaît dans l’Égypte ancienne, et on le retrouve aussi bien dans la Perse achéménide que dans tout le Moyen Âge européen. C’est le témoin de notre passé mythique et des croyances humaines. Fin 2012, j’ai contacté Sinaï (guitare, ndlr) pour lui proposer de monter un groupe de Black Metal. Après huit ans de péripétie, pas mal de changements de line-up et beaucoup de chemin parcouru, on sort notre deuxième album, Ὸ Θεός Ὸ Βασιλεύς, et pour une fois, on est pleinement satisfaits du résultat. 

Que ce nouvel album interroge-t-il ? 

Aharon : Cet opus interroge les relations qu’entretiennent les pouvoirs spirituels et temporels, qu’ils soient souvent en opposition, parfois en collaboration, ou bien en fusion totale. Ces deux pouvoirs distincts connaîtront de nombreuses évolutions tout au long de l’ère chrétienne. Je ne vois pas une autre langue que le grec pour traiter de question permettant de confronter à la fois la science politique et la religion.

Est-ce que tu peux revenir sur la conception même de l’album ? Comment vous y êtes-vous pris pour le concevoir ? 

Sinaï (guitare) : En termes de composition, je voulais simplifier les guitares et tester de nouvelles choses, en utilisant notamment une guitare à sept cordes. Antoine a intégré le groupe, ce qui a permis d’apporter de nouvelles textures et d’avoir une nouvelle approche musicale. On s’est partagé la composition, et il a suivi ma direction de composition. Nous sommes vraiment rentrés dans les détails pour cet album, et n’avons rien laissé au hasard. J’étais serein. Je savais où je voulais aller et comment j’allais le faire. 

Griffon évolue dans un Black Metal audacieux, à tendances Pagan, qui rompt avec certains clichés du genre. Est-ce dans votre objectif d’innover ? 

Sinaï : En termes de composition, nous n’avons jamais essayé de faire du Black Metal Pagan. Mes influences ne sont pas celles du Black Pagan, bien que les paroles, l’artwork et la production puissent y faire penser. Je ne pense pas qu’on cherche à innover, mais nous puisons notre inspiration dans différents styles et essayons d’être variés, ce qui parait innovant d’un point de vue globale. Mais, dans le détail, on peut retrouver des patterns qui existent déjà. C’est un plaisir de toucher à « tout » au niveau composition. Le fait d’avoir de l’expérience, du matériel et des moyens nous a permis de réaliser un album solide. 

« Cet opus interroge les relations qu’entretiennent les pouvoirs spirituels et temporels »

La cohérence entre les différentes sections est de rigueur chez Griffon. Comment travaillez-vous sur les parties purement orchestrales ? 

Sinaï : Nous avons composé les parties guitares/basses/batteries en premier temps avec Antoine. Puis, nous avons fait les arrangements ensemble. J’ai tout fait moi-même sur les ‘’samplers’’. On voulait approfondir et aller plus loin, en mettant notamment au point des parties orchestrées qui apportent des harmonies, des ambiances… C’est un très gros travail pour lequel on s’est donné beaucoup de mal. 

Vous avez encore une fois travaillé avec Les Acteurs De L’Ombre Production. Comment cette collaboration se déroule-t-elle ? 

Aharon : Les Acteurs de l’Ombre Productions fait un excellent travail de gestion de groupe, et c’est une grande chance pour nous que de travailler avec ce label. Nous, qui avons eu l’habitude de travailler, seuls depuis le début du groupe, constatons une réelle différence !

Cette signature remonte au split que vous avez sorti avec Darkenhöld l’année dernière. Est-ce que vous pouvez revenir sur cette collab’ ? 

Aharon : Ce split a mis beaucoup de temps à sortir… Il y a eu trois ans entre le début de sa production et sa sortie effective, si bien qu’il était déjà trop daté à notre goût avant même sa sortie. Malgré tout, moi qui suis Darkenhöld depuis ses débuts, je suis vraiment fier d’avoir pu sortir un objet avec ce groupe. 

Quel souvenir gardez-vous de votre dernière prestation à Lille, quand bien même il vous est arrivé tout un tas de problèmes ? 

Sinaï : Plutôt un mauvais souvenir en termes de prestation, à cause des problèmes techniques que nous avons rencontré. Cela dit, nous sommes très contents que le public soit resté malgré tout. Donc, en fin de compte, le bilan reste quand même positif. Mais, j’espère ne plus rencontre ce genre de problèmes sur scène. 

Aharon : Clairement, nous allons tout mettre en œuvre pour que cela ne se reproduise plus. 


Griffon, c’est : 

Dino Dieleman : Basse 

Sinaï : Guitares 

Aharon : Chant 

Kryos : Batterie  

Antoine : Guitares 

Discographie : 

Wig Ah Wag (2014-EP)   

Har HaKarmel (2016)   

Atra Musica (2019-Split)

Les Plaies du Trône (2020-Collaboration)   

Ὸ θεὀς ὸ βασιλεὐς (2020)  

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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