Tyler Bryant & The Shakedown a profité de son confinement pour enregistrer un nouvel album : c’est Pressure ! Il vient un an après Truth and Lies, un album qui avait déjà marqué de son empreinte toute la communauté Rock’n’Roll. Il faut dire que feeling et authenticité sont au rendez-vous dans chacune des réalisations des Américains. À l’occasion de la sortie de ce nouveau cru, nous nous sommes entretenus avec Graham Whitford, son leader.

Propos de Tyler Bryant (chant, guitare) recueillis par Axl Meu


Tyler Bryant & The Shakedown revient avec un nouvel album, Pressure. Il arrive tout juste un an après Truth and Lies… Pourquoi avez-vous décidé d’enchaîner les sorties si soudainement ? 

Ce n’était pas prévu au départ, mais à cause de la pandémie et du confinement, nous avons dû nous poser les bonnes questions. Maintenant, que faisons-nous ? Donc, on s’est tout simplement enfermés chez moi, et avons décidé de travailler sur un nouvel album ensemble. Et je dirais que cet album, c’est un peu notre réponse musicale à la crise sanitaire que nous vivons et à la pression que nous ressentons tous en ce moment. Ces tournées annulées, le contexte actuel aux États-Unis… Et il fallait tout simplement expulser ce trop-plein d’émotions, toute cette frustration, et en faire quelque chose de positif ! 

Donc, si j’ai bien compris, vous ressentiez beaucoup de pression quand vous étiez ensemble chez toi, à travailler sur cet album ? 

Non, pas vraiment en fait. En fait, c’était assez particulier, car, à la place, nous aurions dû être en tournée… Mais après, en tournée, nous ressentons également pas mal de pressions. Et bizarrement, nous étions de bonne humeur quand nous planchions sur Pressure. Tout simplement parce que créer cet album, c’était une façon pour nous d’échapper au quotidien.

Quand avez-vous composé les morceaux qui composent Pressure ?

Juste après la sortie de Truth and Lies et un peu avant le début de la crise sanitaire. En fait, c’est simple, quand je ne suis pas en tournée, je suis chez moi à composer de la musique. Donc, autant dire que nous avions beaucoup de musiques en réserve, quelque chose de l’ordre de quarante morceaux, tous enregistrés sous forme de démo. Donc, à trois, nous nous sommes posés, avons écouté tous ces morceaux que nous avons classés par ordre de préférence. Et même dans le studio ensemble, nous avons continué à composer et avons écrit les morceaux « Hitchhiker » et « Crazy Days ».

Est-ce que tu peux me parler de ce morceau « Crazy Days » ? Bien qu’il fasse référence à la crise sanitaire, il dégage une « vibe » particulièrement positive.

Oui, c’est amusant, car « Crazy Days » est sans conteste l’une des chansons les plus positives de notre répertoire. Tu sais, nous avons composé ce morceau au tout début du confinement, quand notre état, Nashville, a décidé de se mettre sous cloche. À l’époque, nous ne comprenions pas trop ce qui se passait, on ne savait vraiment pas à quoi s’attendre, s’il allait être long, oui ou non… On pensait qu’on allait vite retrouver notre quotidien, mais non… En tout cas, à l’époque, il était vraiment inconcevable de se dire qu’il serait interdit d’aller en concert, de boire un verre avec ses potes. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai commencé à me remémorer tous les bons moments que j’ai passés avec mes potes. Sinon, au niveau du style de « Crazy Days », je dirais que ce morceau s’inspire ouvertement de la vibe de Tom Petty and The Heartbreakers. C’est un morceau qui sonne très « américain ».

Il y a un guest de taille sur l’album, c’est Charly de Blackberry Smoke ! Il chante sur « Holding My Breath »… Comment avez-vous collaboré ensemble ? 

Je lui ai tout simplement envoyé un message pour savoir si ça l’intéressait, oui ou non, d’assurer les backing-vocals sur ce morceau. En vrai, à l’époque, c’était notre bassiste qui s’en occupait, mais depuis qu’il est parti, c’est une autre histoire. J’avais besoin de quelqu’un pour s’occuper des « harmonies-hautes », donc, je me suis mis à la recherche du meilleur chanteur. Tout de suite, j’ai pensé à Charly de Blackberry Smoke ! Je n’ai pas voulu pas lui mettre la pression, mais finalement, il a bien voulu le faire. Il m’a envoyé ses propres pistes, et clairement, le morceau a pris une autre tournure grâce à lui. Aussi, c’est pareil pour « Crazy Days », il me fallait quelqu’un en plus pour assurer le chant. Donc, j’ai demandé à ma femme, Rebecca, si elle pouvait assurer l’intérim. Et clairement, ça l’a fait ! 

De l’album, j’ai également retenu « Black Bones », un morceau très « Fuzz » qui a un côté très « Royal Blood »… Serait-ce osé de dire que ce groupe vous inspire ? 

Oui, clairement. Je les adore. J’aime beaucoup quand une formation essaie d’apporter quelque chose de nouveau, de nouvelles textures à sa musique. En tout cas, sur Pressure, nous avons essayé d’y inclure tout un tas d’éléments que nous aimons : du Rock Classique, du Blues, et j’en passe. Je peux aussi te dire que le solo de guitare de ce morceau a été inspiré par le style de Jeff Beck. Bref, nous essayons d’inclure à notre musique, du neuf et du moins neuf. 

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« Cet album, c’est un peu notre réponse musicale à la crise sanitaire et à la pression que nous ressentons tous en ce moment »

Est-ce que l’on peut parler de « revival » avec vous ? D’ailleurs, n’est-ce pas trop compliqué de renouveler ce style de musique qui existe depuis très longtemps ? 

Nous essayons d’avoir une approche différente en fonction des morceaux, créer quelque chose. Je veux que mes morceaux dégagent quelque chose d’unique, c’est pour cette raison que j’ai reproduit le solo de « Holding My Breath » une centaine de fois avant d’obtenir le rendu sonore auquel j’aspirais. Et pour être, je ne saurais te dire si je suis parvenu à obtenir quelque chose d’innovant avec ma musique, tout que ce que nous souhaitons, c’est de ne pas tomber dans le piège de la répétition, et reproduire encore et encore les mêmes schémas. Par exemple, il pourrait être tentent de reprendre le schéma d’un hit, le reproduire encore et encore, pour rencontrer du succès, mais clairement, ça ne nous intéresse pas ! Je veux que mon groupe surprenne ! 

Est-ce difficile de progresser en matière de technique ? De feeling ? 

Dans cet album, il y a vraiment des morceaux qui sont venus naturellement, comme « Coastin’ »… Une prise et c’était dans la boite ! Pareil pour « Hichhiker » qui nous a demandé deux jours. Nous avons pris 20 jours pour enregistrer l’album, et pas un de plus ! Donc, tous les jours, nous faisions en sorte que l’inspiration viennent naturellement, et j’essaie de me concentrer par rapport à mon état d’esprit du jour. Après, je ne suis pas vraiment du genre à penser en termes de technique, toutes les chansons que je compose, elles viennent toutes du cœur ! Quand je suis avec ma guitare, je ne fais pas des maths. Je veux juste capturer l’instant, et c’est la raison pour laquelle la plupart des mes solos sont improvisés. 

Comment avez-vous enregistré cet album ? Étiez-vous ensemble ?

Dans la majeure partie du temps, oui. Après, comme je t’ai dit, nous n’étions que trois, car nous n’avions pas de bassiste, donc j’ai dû assurer les pistes de basse à l’exception de « Blackbones », où la basse a été là assurée par Graham (Whitford, guitare, ndlr), puisqu’il est à l’origine de ce morceau. En tout cas, nous avons fait tout pour garder un esprit « live » !

Cette année, AC/DC va faire beaucoup parler de lui, notamment avec la sortie de son nouvel album. Si je me souviens bien, vous avez ouvert pour eux en 2015… Ça vous a fait de vous produire pour vos héros ? 

Quelque chose ! Clairement, nous avons eu beaucoup de chance de partager la scène avec nos héros ! Et ce ne sont pas les seuls… Il y a eu AC/DC, Guns n’ Roses, Tom Petty and The Heatbreakers, Jeff Beck, ZZ Top, Aerosmith. Beaucoup de nos héros, oui ! Et vraiment, nous avons su saisir chaque instant et apprendre d’eux. Après, je dois t’avouer que nous rêvons de passer à l’étape supérieure, ne plus ouvrir, mais assurer des dates plus importantes, plus conséquentes. 

Malgré la situation, vous semblez très positifs dans votre manière de voir les choses. Comment expliquez-vous cela ?

Oui, l’année est clairement problématique, c’est aussi pour cette raison que nous avons décidé d’appeler notre album ainsi. Et comme je te disais, mettre cet album en boîte, c’était une façon pour nous de mettre en capsule notre énergie, tout ce que nous ressentions à l’époque. Cependant, je reste très inquiet par rapport à l’année prochaine. Nous sommes vraiment impatients de repartir en tournée, et j’essaie de rester positif, même si ce n’est pas évident. À chaque fois que j’ouvre la télé, c’est du négatif encore et encore !

En décembre 2019, vous vous êtes produit à Lille, au Splendid. Pour vous qui avez l’habitude d’ouvrir pour des monstres du Hard Rock, ça a dû te changer de voir que vous étiez capables de remplir ce genre de salles

Oui, vraiment. Pour nous, remplir ce genre de salle, c’était la prochaine étape à franchir ! On a adoré ouvrir pour tous ces groupes, mais, trente minutes de set, tous les soirs, c’est trop peu, surtout que nous avons de plus en plus de morceaux dans notre répertoire ! Donc, si on nous en donnait la possibilité, il est clair que nous donnerions 2/3 heures de concert tous les soirs ! 


Tyler Bryant & The Shakedown, c’est :

Graham Whitford : Guitare 

Caleb Crosby : Batterie 

Tyler Bryant : Chant, Guitare 

Discographie : 

Wild Child (2013)

Tyler Bryant & The Shakedown (2017)

Truth and Lies (2019)

Pressure (2020)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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