Eyehategod a toujours eu une approche chaotique de sa musique. C’est bien connu : aussi bien sur scène qu’en studio, c’est la décadence à s’en claquer la tête contre le bitume… En attendant de refouler les planches, la formation américaine nous est tout dernièrement revenue avec un nouvel album, A History of Nomadic Behavior, que beaucoup jugeront (ont jugé) plus propre qu’à l’accoutumée. Toujours est-il que la formation reste une référence en la matière. Nous avons voulu en savoir un peu plus en nous entretenant avec son chanteur, Mike Williams !
Propos de Mike Williams (chant) recueillis par Axl Meu
Salut ! Comment portes-tu malgré la crise sanitaire ?
Je vais bien. Je fais ce que j’ai à faire. Je ne sors pas trop de chez moi. D’ailleurs, je n’ai jamais été sociable comme gars, donc ces restrictions me vont bien. Ça ne me dérange pas de rester chez moi. C’est que, oui, pour ce qui est des tournées, c’est plus délicat. C’est la pire chose qui pouvait nous arriver… Mais je reste optimiste. Le vaccin arrive. Et, qui sait ? Peut-être pourrons-nous enfin nous produire d’ici la fin de l’année. Après, je ne m’y connais pas… Tous les jours, on nous donne de nouvelles statistiques, on nous fait de nouvelles promesses, mais une chose est sûre, plus rien ne sera comme avant. Un groupe qui voudra tourner à l’étranger devra, s’il veut traverser l’étranger, montrer patte blanche. J’ai entendu parler d’un « passeport vaccinal ». On verra si ça fait ou pas.
Eyehategod nous revient enfin avec un nouvel album, A History of Nomadic Behavior. Il arrive sept années votre album éponyme. Comment expliquez-vous que vos fans aient dû attendre si longtemps avant de l’avoir entre leurs mains ?
Nous sortons un album seulement lorsque nous en avons l’envie ! Nous ne suivons pas les recommandations des autres. Les labels sont plutôt du genre à te dire de tourner intensivement, de sortir des albums à la pelle, puis de repartir en tournée, et ainsi de suite. Nous, nous ne fonctionnons pas comme ça ! Nous sortons un album uniquement quand les morceaux nous plaisent. C’est tout. Ça a toujours été comme ça, et ça le sera toujours. On ne travaille pas pour les labels, mais pour nous.
Que devenons-nous comprendre derrière le titre de l’album, A History of Nomadic Behavior ? De quoi vouliez-vous parler sur cet album ?
Eyehategod n’est pas du genre à penser les choses. Tout arrive par accident. Nous avons toujours procédé ainsi. Tout ce à quoi nous aspirions et à quoi nous aspirons encore aujourd’hui, c’est d’écrire une musique super bruyante, sans nous attarder sur les détails, ou je ne sais quoi. On ne veut pas être pro’ ! Après, c’est vrai, on ne sonne plus tout-à-fait de la même manière. A History of Nomadic Behavior est la somme des idées qui nous sont venues à l’esprit ces trois dernières années quand nous étions sur la route. Pour ce qui est du titre, nous l’avions déjà avant de se pencher sur l’écriture des morceaux…
… L’album n’aborde donc pas de thématiques particulières ?
Non, voilà. Ce titre ne veut pas dire grand-chose pour nous. C’est juste une combinaison de mots qui sonnaient bien à mes yeux. Il n’y aucun message profond à examiner ou je sais quoi.
L’identité sonore de Eyehategod est en constante évolution. La cuvée 2021 est plus « moderne », c’est vrai… Malgré tout, vous sonnez toujours un peu « live »…
Oui, c’est notre truc. On veut sonner « live ». On enregistre les instruments, puis la voix. Tout se fait naturellement et instinctivement. Cependant, avec le recul, je dirais que mes parties de chant sont un peu plus « propres » que d’habitude. Ce n’était pas l’objectif que je m’étais fixé. Tout est venu comme ça, naturellement. Mais j’imagine que les nouveaux morceaux sonneront de manière plus incisive une fois joués sur scène.
Eyehategod, c’est le chaos. Votre identité musicale est chaotique et votre personnalité l’est tout autant. Cependant, il se passe quand même beaucoup de choses dans votre musique. On y retrouve des éléments de Hardcore, de Crust et j’en pense… Comment justifiez-vous le caractère chaotique de votre musique ? Est-ce que tu te sens mieux après avoir crié dans ton micro ?
Oui, bien sûr. C’est vraiment « cathartique »… Ça m’aide à délivrer pas mal de « feelings ». Après, nous le faisons, car c’est vraiment ce type de musique qui nous fait vibrer ! Moi, personnellement, j’aime énormément quand la musique part dans tous les sens. Aussi, sur scène, c’est génial, quand tu vois tes fans en extase perdre la tête.

« Eyehategod n’est pas du genre à penser les choses. Tout arrive par accident. Nous avons toujours procédé ainsi. »
Je dois avouer que le côté « Blues Rock » de « Smoker Place’s » est loin de m’avoir laissé indifférent… Est-ce que tu saurais développer à son sujet ?
C’est une question qu’il faut poser au reste du groupe. Je ne suis pas à l’origine de ces parties typées « Blues ». Après, ce n’est pas très surprenant. Ici, à la Nouvelle-Orléans, on écoute beaucoup ce style de musique. Disons que ça fait partie de notre culture commune. C’est quelque chose que Jimmy (Bower, guitare, NDLR) a composé avec les gars et qu’il a décidé de garder, car ça marchait bien avec le reste. C’est tout.
J’aimerais en savoir un peu plus au sujet de la chanson « Circle Of Nerves »… Étais-tu particulièrement nerveux quand tu as commencé à écrire les paroles de cette chanson ? Il y a aussi cette chanson « Every Thing, Every Day » qui devrait parler à beaucoup de monde.
Non, non. Je n’étais pas nerveux lorsque j’ai écrit les paroles de « Circle Of Nerves ». J’y ai juste assemblé des mots qui me semblaient bien sonner ensemble. C’est tout. Pour ce qui est de « Every Thing, Every Day », elle parle juste de notre routine quotidienne à nous tous : les gamins vont à l’école, et ce, tous les « putain » de jours, les employés vont au travail tous les jours pour gagner un salaire de misère. Beaucoup veulent la peau de leur boss. Peut-être qu’ils ne le disent pas, mais beaucoup le pensent.
C’est donc de ça que parlent les morceaux ?
Pour être honnête, il n’y a pas vraiment de thématiques abordées sur cet album. J’y ai juste assemblé des mots qui, à mes yeux sonnaient bien. C’est tout. Je ne réfléchis pas vraiment à ce que j’écris…
Certes. Cependant, quand on écoute l’album, on a l’impression la tracklist a été construite de sorte que l’ensemble puisse s’écouter d’une seule traite.
Les morceaux ont tous été enregistrés dans le désordre. Enfin, les parties purement instrumentales… D’ailleurs, je n’étais même pas présent lors de l’enregistrement, ni même lors du mixage. Une fois l’ensemble dans la boîte, nous avons réfléchi à l’enchaînement des morceaux. Ce que font beaucoup de groupes également.
Vous travaillez quand même ensemble pour l’élaboration des morceaux ? D’ailleurs, le confinement a-t-il été un frein pour vous ?
Non. Pas du tout. Une partie de l’album était déjà dans la boîte quand le monde parte en couille. Si je me souviens bien, l’album était presque déjà fini en 2018… mais, étant sans cesse sur la route, nous n’avions jamais eu le temps de nous rencarder pour enregistrer les voix. Toutes les parties étaient déjà enregistrées, sauf les miennes.
Sinon, je laisse les gars composer ensemble, puis ils m’envoient les morceaux sous forme de démo… Et moi, de mon côté, je travaille sur les paroles. C’est assez chaotique comme « process »… Mais bon, on s’y retrouve. Finalement, je suis allé rejoindre mon pote Sanford Parker à Chicago cet été pour enregistrer mes pistes de chant. C’était cool.
Ça faisait donc un moment que l’album était prêt. N’était-ce pas trop pénible d’attendre sa sortie ?
Non, personnellement, à moi, ça me va. À cause des tournées à répétition, le groupe avait pris pas mal de retard. A History of Nomadic Behavior est un album qui a mis beaucoup de temps à se mettre en place… Les compositions, l’enregistrement, l’artwork. En plus, sincèrement, vu tout ce qu’il s’est passé dernièrement, ça m’aurait embêté qu’il sorte en 2020. À cause de la crise sanitaire, l’album serait sans doute passé totalement inaperçu.
Eyehategod, c’est :
Jimmy Bower : Guitare
Mike Williams : Chant
Gary Mader : Basse
Aaron Hill : Batterie
Discographie :
In the Name of Suffering (1992)
Take as Needed for Pain (1993)
Ruptured Heart Theory (1994)
Dopesick (1996)
Confederacy of Ruined (2000)
Eyehategod (2014)
A History of Nomadic Behavior (2021)
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