Thunder, increvable formation de Hard britannique, nous est tout dernièrement revenu avec son 13ème album, All The Right Noises, symbolisant un retour au vrai Rock’n’Roll après l’accalmie de Please Remain Seated. À l’occasion de sa sortie en mars, nous avions pris des nouvelles de Danny Bowes, son chanteur. Salut Danny, tu vas bien ?
Propos de Danny Bowes (chant) recueillis par Axl Meu
Avant de parler de votre nouvel album, All The Right Noises, j’aimerais revenir sur Please Remain Seated, un album assez particulier, ce dernier vous ayant permis de revisiter de vos classiques. Cet album d’auto-reprises a-t-il eu un impact sur la conception d’All The Right Noises ?
Oui, vraiment. Nous avons voulu revisiter nos standards en mode « soft », tout simplement parce que c’était quelque chose que nous n’avions jamais fait auparavant. Avant de se pencher sur Please Remain Seated, Thunder avait déjà accouché de deux albums bien Rock’n’Roll, Wonder Days et Rip It Up. Après ça, le groupe s’était juste fait plaisir en retravaillant ses standards. Nous avons adoré mettre en application cet exercice de style. Aussi, nous avons adoré le défendre sur scène. C’était différent… Nous étions sur scène, assis, et notre public l’était également. C’était surprenant, mais finalement, je pense que ça l’a fait. Beaucoup de monde semble avoir apprécié ce concept…
Mais après cette parenthèse, nous avons vite pensé qu’il était important de revenir à ce que nous faisons de mieux : c’est-à-dire du bon vieux Rock’n’Roll bien bruyant ! Peut-être que Please Remain Seated avait laissé entendre que nous étions trop vieux pour faire du Rock’n’Roll qui tâche, mais c’est faux, ce nouvel album est bien là pour le prouver ! Donc, les gars, si vous le pensiez, réfléchissez à deux fois avant de dire des conneries !
Est-ce que tu peux me présenter ce nouvel opus, All The Right Noises ? Quand je l’écoute, on peut ressentir que Thunder a pris beaucoup de plaisir à le mettre en boîte. Que devons-nous savoir au sujet de cet album ?
Avec All The Right Noises, nous célébrons juste notre retour au vrai Rock’n’Roll. Sa composition nous a demandé trois sessions, trois petites sessions qui se sont étalées sur dix à quinze jours. La première, c’était en juillet 2019, la deuxième, en novembre 2019, et la troisième, en janvier 2020. Je préfère procéder ainsi, en plusieurs sessions. Ça nous laisse plus de temps pour réfléchir à la direction que nous prenons, ce qui n’est pas le cas quand tu t’enfermes dans un studio pendant six semaines. Après, ça coûte plus cher, ça prend plus de temps, mais finalement, ça nous permet de prendre du recul par rapport à notre musique. Ça ne sert à rien de se mettre la pression !
Le Rock’n’Roll de Thunder est très authentique… J’aimerais savoir dans quel état vous vous trouviez quand vous avez commencé à travailler sur ce disque. Pour moi, All The Right Noises est votre album le plus varié à ce jour. Il y a un peu de tout : des titres un peu « radio-friendly », du Blues, de la Soul, un côté « années 70 », notamment sur le morceau « She’s A Millionnaire »…
Je suis d’accord avec toi. En fait, Please Remain Seated nous a permis d’envisager de nouvelles idées, de nouvelles sonorités. Travailler sur l’album d’autoreprise nous a permis de voir les autres choses autrement et surtout d’élargir les sonorités du groupe.
Est-ce que tu peux revenir sur l’apport des deux choristes et du clavier ? Qui sont-ils ?
Pour le clavier, c’est Sam Tanner. Il nous avait déjà accompagnés dans le cadre de la tournée de Please Remain Seated. Nous n’avions jamais travaillé avec par le passé, mais puisqu’il y a fait la différence lors de cette tourné, nous avons décidé de faire à nouveau appel à lui.
Pour ce qui est des deux backing-vocalists, il s’agit de Julie Maguire et de Carly Greene. Je les adore ! Par moments, elles sonnent un peu comme The Supremes. Elles aussi, elles ont fait la différence. C’est aussi pour cette raison que nous leur avons demandé de poser leur voix sur versions alternatives de nos morceaux que tu retrouves sur l’édition deluxe de notre album. Elles ont vraiment assuré. C’est nouveau pour nous. Maintenant, nous nous permettons de faire tout ça. Nous ne nous demandons pas si ça va déranger notre public ou pas. Nous explorons, c’est tout !

« Peut-être que Please Remains Seated avait laissé entendre que nous étions trop vieux pour faire du Rock’n’Roll qui tâche, mais c’est faux, et ce nouvel album est bien là pour le prouver ! »
Par moments, on y retrouve des sections qui font très « Gospel ». C’était l’idée recherchée ?
Il y a un peu de ça, oui. Nous avons tout grandi en écoutant de la Soul. Bien sûr, nous adorons les groupes de Rock britannique, et nous nous sommes très vite rendu compte que nos groupes préférés aimaient également beaucoup de genre de groupes. Et comme je t’ai dit, nous adorons cette facette de notre personnalité, d’où l’idées d’incorporer des passages à la « Stevie Wonder ». J’adore ce gars ! Après, nous ne sommes pas un groupe de Soul, donc, il a fallu le faire de manière subtile.
Aujourd’hui, les gens ont tendance à mettre les groupes dans des cases, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Quand j’allais en festival, il y avait vraiment de tout à l’affiche. Par exemple, au Reading Festival en 1975, Judas Priest s’était retrouvé à l’affiche, à côté de tout un tas de groupe de Folk. On ne se demandait pas si les styles étaient compatibles ou pas. Tant que la musique était de qualité, tout le monde était satisfait. Ce n’est que par la suite qu’on a trouvé des festivals « spécialisés », Pop ou Metal, je ne sais pas si c’est une bonne idée ou pas.
Dans une vidéo que tu as postée, tu as expliqué que « I’ll be the one » était une des chansons sur laquelle tu avais eu le plus de mal à chanter. Pourquoi ?
En fait, c’est l’une des seules fois où j’ai été amené à chanter aussi doucement. En général, je suis plutôt du genre à donner de la voix, mais là, il fallait que je la module. C’était un peu ça le défi que je m’étais lancé. C’était un peu pareil pour le morceau « The Smoking Gun ». Il a fallu que je m’adapte… J’ai vraiment eu du mal à en venir à bout, surtout pour « I’ll Be The One ». Je n’étais ni satisfait du résultat lors de la première session, ni même lors de la deuxième session. Heureusement que la troisième, c’était la bonne ! Aujourd’hui, je prends énormément de plaisir à écouter l’album, et c’est tout ce qui compte !
De quoi parle le morceau « St George’s Day » ?
Du besoin qu’ont les hommes de se prendre dans les bas. Pourquoi aurions-nous peur de prendre un inconnu dans ses bras ? Je veux dire qu’il soit black, blanc, beurre, ça ne fait rien. Je ne comprends pas pourquoi il y a encore autant de gens qui ont peur de s’intéresser à une autre culture que la leur. « St George’s Day » est une chanson qui parle de notre histoire en tant qu’humain…
Comment travailles-tu avec Luke, ton complice de toujours ?
C’est vraiment lui le cerveau du groupe… Moi, je n’ai qu’à le suivre. C’est lui qui écrit les paroles, les mélodies, c’est aussi lui qui nous dicte tout ce qu’il faut faire ! Il m’épate vraiment. Depuis tout ce temps, il arrive toujours à se surpasser, à nous surprendre ! C’est quelqu’un de très habile quand il s’agit de trouver de bons riffs. Surtout, ne lui dis pas que je t’ai dit ça ! (Rires)
Vous avez une nouvelle fois enregistré aux Rockfield Studios…
Oui. On adore se rendre là-bas ! Ce studio à mes yeux, c’est un peu comme cette vieille paire de pompes que tu as depuis des lustres. Elles ne sont pas forcément très confortables, mais on est bien dedans. On s’y sent vraiment comme chez nous là-bas, et c’est un « plus » pour avoir notre son. Puis, les gens qui tiennent les lieux sont un peu fous, et ça nous va ! (Rires) À titre personnel, je n’aime pas trop les studios trop modernes, trop propres… Je n’ai pas envie d’avoir l’impression d’enregistrer dans un hôpital.
En cette pénurie de concert, que prévoyez-vous de faire pour promouvoir au mieux All The Right Noises ? Du stream ? Des session-lives ?
Cette période est assez délicate… On fait tout ça par passion… Et pour moi, le Rock’n’Roll, ce n’est pas seulement un groupe sur scène. Sans notre public, nous ne sommes rien, et la magie n’opère pas. Quand nous nous produisons, il nous importe vraiment d’installer un dialogue entre notre public et nous… Sans public, c’est toujours assez délicat. On a évoqué l’idée d’un concert « stream », mais pour l’heure, on verra. En tout cas, il est clair que nous voulons nous produire et présenter ces nouveaux morceaux !
Thunder, c’est :
Ben Matthews : Guitare, Claviers
Chris Childs : Basse
Danny Bowes : Chant
Luke Morley : Guitare, Choeurs
Harry James : Batterie
Discographie :
Backstreet Symphony (1990)
Laughing on Judgement Day (1992)
Behind Closed Doors (1995)
The Thrill of It All (1996)
Giving the Game Away (1999)
Shooting at the Sun (2003)
The Magnificent Seventh (2005)
Robert Johnston’s Tombstone (2006)
Bang! (2008)
Wonder Days (2015)
Rip It Up (2017)
Please Remain Seated (2019)
All the Right Noises (2021)
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