Évoluant désormais dans un registre plus technique, les membres de Distillator ont tout simplemen eu la bonne idée de changer de nom et d’opter pour un patronyme plus « futuriste » en adéquation avec leur nouvelle imagerie : c’est Cryptosis. Il y a quelques semaines, elle nous est revenue avec un superbe opus : Bionic Swarm. Laurens Houvast, son leader, nous a tout dit à son sujet !
Propos de Laurens Houvast (chant, guitare) recueillis par Axl Meu
Salut ! Comment le groupe se porte-t-il ? Entrons dans le vif du sujet. Pourquoi avez-vous changé de nom et êtes-vous passés de Distillator à Cryptosis ?
Plutôt bien. Disons que ça aurait pu être pire. Nous sommes sur les préparatifs de la sortie de l’album, Bionic Swarm (paru le 26 mars dernier via Century Media, ndlr). Pour ce qui est du changement de nom, disons que ça s’est fait naturellement. Les gens savent que nous jouons du Thrash Metal un peu Prog’, et à la fin, ça ne collait plus trop avec le logo du groupe qui faisait trop Thrash « Old School ». Et plus nous travaillions sur la suite, plus l’imagerie qu’il véhiculait nous ennuyait. À l’inverse des autres groupes de Thrash Metal qui se répètent, nous, nous allions à contre-courant et expérimentions de plus en plus. Bref, nous nous éloignions de plus en plus du Thrash Metal classique au profit d’une musique bien plus expérimentale. C’est une des raisons qui nous a poussés à changer de nom.
Après tout, pourquoi ne serions-nous pas allés au bout des choses ? Changer de nom nous donnerait alors toute la liberté dont nous aurions besoin pour affirmer notre nouvelle identité sonore. Après, quand nous composons, nous écrivons tout simplement ce qui nous vient à l’esprit, cette musique que nous aimons jouer, que nous aimons écouter. C’était d’autant plus clair quand nous avions fini de travailler sur l’album. Nous nous sommes regardés et avons vite compris que c’était le moment ou jamais de le faire. Pour l’album qui suit, ça aurait été trop tard… Là, nous avons ce nouveau nom, ce nouveau logo, ce style qui nous correspond bien. Après, je ne te cache pas que c’était un pari risqué surtout que nous n’avons pas énormément communiqué autour de ce changement de nom. Et pourtant, ça ne nous a pas empêchés d’intéresser Century Media.
Votre musique, comme tu dis, est en perpétuelle évolution. Elle est toujours plus technique. Vos méthodes de composition ont-elles, elles aussi, évolué ?
Ça n’a pas vraiment changé. Je veux dire, nous écrivons nos morceaux un peu de la même manière, même si nous y avons incorporé un nouvel instrument dans les chansons de Cryptosis : le mellotron. C’est un instrument que l’on peut retrouver chez des groupes des années 60 comme The Animals. Beaucoup ont oublié son existence, pourtant, ça n’a pas empêché à beaucoup d’artistes comme Steven Wilson d’en faire l’usage pour obtenir ces fameuses textures.
Est-ce que tu peux me présenter ce nouvel et premier album ? C’est Bionic Swarm. D’après mes recherches, il dessine une sorte de dystopie. Est-ce que tu peux développer à ce sujet ?
Bionic Swarm est en quelque sorte un concept album… Plutôt que d’y traiter des sujets classiques en lien avec la mort ou je ne sais quoi, nous avons préféré y aborder des sujets plus futuristes, des sujets qui nous permettent de donner libre cours à notre imagination. C’est vraiment ce genre de sujets qui me branchent. Tu sais, quand j’écoute de la musique, je ne me retrouve pas forcément dans les paroles qui traitent d’addiction à la drogue ou à la boisson, ou bien du satanisme. Ce ne sont pas des choses que nous expérimentons au quotidien, qu’elle m’invite à réfléchir. Quand j’écoute de la musique, j’attends d’elle qu’elle stimule mon imagination. Et je pense que je voulais incorporer un peu de tout ça dans notre musique. C’est pour ça que nous avions décidé de mettre au point une sorte d’album-concept portant sur la vie de huit personnages (pour huit morceaux, soit un personnage par morceau, NDLR) qui évoluent dans le futur, en l’an 2148, plus précisément.

« Un jour, nous en serons arrivés au point où il nous sera impossible de faire la différence entre le monde réel et le monde virtuel »
Même si les sonorités du groupe ont évolué, on reste tout de même proche d’un « Voivod meets Destruction » vous concernant… Est-ce que vous assumez cela ?
On ne pose pas vraiment de questions en fait… On ne se demande jamais si ça va sonner « Thrash », « Black », et ainsi de suite. Il faut juste que l’ensemble nous convienne. Après, ce n’est parce que nous avons changé de nom que nous avons fait une croix sur le passé.
Cryptosis est proche de Vektor, ce n’est plus un secret pour personne. J’aimerais bien en savoir plus au sujet de Transmissions Of Chaos, le split commun que vous avez dernièrement sorti avec eux…
En fait, alors que nous étions en train de bosser sur l’album, il nous est venu à l’esprit de collaborer avec eux. Nous avions déjà tourné ensemble, et prévoyions de le faire à nouveau (la tournée européenne prévue est hélas annulée, COVID-19 oblige, NDLR). Bref, on s’est très vite très bien entendu, donc, nous avons pensé qu’il serait cool de présenter un objet en commun. Transmissions Of Chaos comprend donc deux morceaux à nous qui figurent aussi sur notre nouvel album (« Decypher », « Prospect of Immortality »). Pour ce qui est de Vektor, le groupe a décidé d’y inclure deux nouveaux morceaux (« Activate », « Dead by Dawn »), l’occasion pour lui de présenter ses deux nouveaux membres.
Comment avez-vous enregistré cet album ? Vous étiez ensemble ?
Oui, avec un ami à nous, Olaf Skoreng, un gars très pro’. Il est parvenu à nous pousser dans nos retranchements. Nous étions à quatre au studio lors des sessions d’enregistrement… À chaque fois, nous essayions de nous encourager les uns des autres afin de donner le meilleur de nous-mêmes. En gros, Bionic Swarm est vraiment le fruit d’un véritable effort d’équipe qui nous aura demandé trois mois de travail acharné. L’idée était de se pencher sur tous les petits détails de notre musique. Je veux dire… On a passé deux ans à composer cet album. Pourquoi l’aurions-nous enregistré en quelques jours ? Aussi, avant de le mettre en boîte, nous avons fait en sorte de le maîtriser sur le bout des doigts. Nous sommes partis tous les trois en résidence pendant dix jours pour jouer l’album encore et encore…
C’est Eliran Kantor qui s’est occupé de la pochette de l’album. Qu’illustre-t-elle ?
Un individu en train de se faire sucer le cerveau par une sorte de parasite. Symbolique parlant, on peut y lire une sorte de critique de la société. Aujourd’hui, l’espèce humaine est tellement dépendante à la technologie qu’il en est devenu son esclave. Ce qui n’est pas prêt de se calmer de si tôt. Au contraire, ça va s’empirer jour après jour. Un jour, nous en serons arrivés au point où il nous sera impossible de faire la différence entre le monde réel et le monde virtuel… C’est une des lectures que nous pouvons faire de cette pochette.
Cryptosis, c’est :
Frank te Riet : Basse
Marco Prij : Batterie
Laurens Houvast : Chant, guitare
Discographie :
(Sous Distillator)
EP 2013 (EP-2013)
Revolutionary Cells (2015)
Summoning the Malicious (2017)
(Sous Cryptosis)
Bionic Swarm (2021)
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