Qu’est-ce qui est aussi gras qu’un welsh servi à midi sur la Grand’Place de Lille ? La recette musicale de Red Fang, bien évidemment. Le combo le plus décadent de l’Oregon (et encore, décadent, le mot est faible) est de retour avec Arrows, son quatrième album. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas perdu leur sens de l’humour. On fait le point avec Maurice Bryan Giles, guitariste et chanteur du groupe.
Propos de Maurice Bryan Giles (guitares, chant) recueillis par Thomas Deffrasnes
Avec un tel album, est-ce que l’on peut dire que Red Fang a atteint sa cible ? (Le nouvel album s’intitule « Arrows », à traduire par « flèches » en français, NDLR)
J’aime le nom Arrows, car ce mot fait allusion, pour commencer, à une arme – qui peut sans doute rappeler le côté intense et percutant de notre musique – mais aussi à une flèche de direction, un peu comme si chaque titre invitait l’auditeur à pénétrer dans une atmosphère particulière. On ne veut pas tenir le discours du : « On a fait le meilleur album de notre carrière »… On veille tout simplement à toujours sortir de notre zone de confort. On a peut-être osé inclure des choses plus mélodiques sur certains titres, chose que nous ne faisions pas trop avant, par timidité. (rires) Ainsi, tu as sans doute raison : « On a tiré dans le mille ! »
L’album est prêt depuis un moment déjà…
Oui, tout-à-fait ! Les compositions étaient déjà terminées en 2019 et l’album aurait dû paraître en mai 2020, mais compte-tenu de la situation sanitaire, nous avons préféré patienter. Car sortir un album, sans qu’une tournée pour le défendre ne soit prévue, c’est vraiment « casse-gueule » comme idée. C’est frustrant dans laisser un album au placard, alors que tu aimerais tant le présenter. Voyons tout de même le côté positif de la chose… Ça nous a laissé du temps pour intégrer les nouveaux titres à notre setlist et nous préparer pour les prochains concerts à venir. Disons que c’est un mal pour un bien !
J’ai cru comprendre que vous avez enregistré des pistes de batterie dans une piscine. C’est vrai ?
Yeah ! Mais je ne suis pas allé dans la piscine, c’était bien trop profond, et je ne sais pas nager. (rires) Précisons toutefois qu’elle n’était pas remplie ! C’était plutôt une piscine pour skateboards. John (Sherman, batterie, NDLR) a eu cette idée de placer la batterie dans une surface assez profonde pour créer un son singulier. Et figure-toi que le patron du studio où nous avons enregistré est un amateur de « skate-culture » et qu’il a aménagé un skate-park en annexe. C’est tombé à point nommé ! Donc, on a mis la batterie dedans, et le son était plus lourd, avec une reverb’ naturelle plaisante.
Vous avez réalisé deux clips pour cet album. Ces clips ont-ils pour vocation de représenter le Red Fang’s « life-style » et sa philosophie ?
(Rires aux éclats) Non pas à ce point ! Disons que ce sont plutôt des caricatures de nous. Nous sommes de bons vivants, mais loin d’être aussi stupide. (Rires) Nous avons grossi le trait de nos caractères et de nos grains de folie. Mais, c’était un sacré moment. Tourner la bière à la main, puis tout casser avec un katana. On s’est fait plaisir, mais je pense que l’âge m’amène quand même vers plus de sagesse !

« Je déteste l’idée que Red Fang puisse refaire un autre album de Red Fang. »
L’artwork se veut psychédélique…
Oui, il y a un belle ambiguïté qui me charme. Le symbole de l’œil revient régulièrement dans les croyances, qu’elles soient millénaires ou contemporaines. C’est un symbole particulièrement fort. Et c’est pourquoi j’invite les auditeurs à tenter eux-même de comprendre cet ‘’artwork’’ en parallèle de l’écoute.
Sur Only Ghost, vous aviez travaillé avec Ross Robinson, mais pour Arrows vous êtes revenus avec votre ancien producteur Chris Funk. Pourquoi ?
La raison est simple, Ross a déménagé à Los Angeles. Et même s’il pouvait nous accueillir là-bas, ce n’était pas un choix judicieux. On passe douze à quatorze heures en studio, durant plusieurs semaines. Malgré tout, nous ne nous souhaitons pas être loin de nos familles tout ce temps. Puis, sans te mentir, le mec n’avait pas toute la technologie requise, et notre son perdait en fantaisie. Ce n’est pas ce que nous attendions pour Arrows.
Cinq ans séparent ces deux opus… Comment vos sources d’inspiration ont-elles évolué ?
Cinq ans, ça passe tellement vite et pourtant tant de choses viennent se greffer à ton squelette musical. Je m’efforce d’être ouvert d’esprit, et de questionner tout ce que j’écoute pour être certain de ne pas passer à côté d’un élément essentiel. J’ai découvert Puscifer, il y a peu. C’est un groupe vraiment intéressant, car il expérimente beaucoup. J’aime sortir des sentiers battus. C’est très inspirant, et comme je le disais en intro, ça aide à sortir de notre zone de confort. Je déteste l’idée que Red Fang puisse refaire un autre album de Red Fang. (rires)
Il y a une petite touche « Punk » sur « My Disaster » et « Rabbits in Hives »… Un commentaire ?
J’adore le punk ! J’adore l’énergie, la puissance de certains groupes comme Black Flag ou les Sex Pistols. Bon… Je dois admettre que ce n’est pas exigeant techniquement, mais on s’en moque. Tu prends ta gratte et tu claques un « powerchords », c’est amplement suffisant. Tu n’as besoin que d’une ou deux cordes max’ sur ta guitare. (rires) Il y a quelque chose de très primitif dans le fait de faire du Punk !
Une tournée s’annonce-t-elle pour le groupe ?
Oui, nous allons nous produire dans quelques festivals cet été, puis nous partirons en tournée nord-américaine. Et tu n’as pas idée à quel point j’attends ce moment. Ça me manque et ça manque au public aussi. Alors, je pense que le cocktail sera explosif !
Red Fang, c’est :
Aaron Beam : Basse, chant
John Sherman : Batterie
Maurice Bryan : Giles : Guitares, chant
David Sullivan : Guitares, chant
Discographie :
Murder The Mountains (2011)
Whales and Leeches (2013)
Only Ghosts (2016)
Arrows (2021)
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