« J’aime beaucoup ton t-shirt, Judas Priest est mon groupe préféré ! ». Bref, il y a pire comme entrée en matière. Surtout quand on s’apprête à s’entretenir avec l’une des figures les plus emblématiques de la scène Power Metal, Andi Deris, l’une des sept citrouilles que compte désormais le clan Helloween. Ce n’est plus un secret pour personne. La formation, revenue couronnée de succès de sa tournée « réunion », a décidé d’enfoncer le clou et de travailler sur l’album que plus personne n’attendait. C’est Helloween.

Propos d’Andi Deris (chant) recueillis par Axl Meu


Enfin ! L’attente touche finalement à sa fin pour les fans d’Helloween. Le groupe est enfin de retour avec un nouvel album, mais avant d’aborder la question de l’album, j’aimerais savoir quand l’idée de cette réunion a émergé dans votre esprit ? 

L’idée nous est venue après les tournées que nous avons passées en compagnie de Gamma Ray (les fameux Hellish Tour, NDLR). À chaque fin de concert, les gars du groupe nous rejoignaient sur scène le temps d’un bœuf, et beaucoup ont tout de suite pensé que ce serait génial si Kai (Hansen, guitare) rejoignait à nouveau Helloween sur le long terme. Ça serait tellement parfait. Par contre, de mon côté, ça ne pouvait se faire sans Michael Kiske ! Tu sais, je suis assez fainéant quand je m’y mets, et j’ai tout de suite pensé que ce serait mieux pour tout le monde s’il chantait ses morceaux à ma place ! (Rires) Je l’ai tout simplement appelé et je lui ai fait part de ma proposition. Au départ, je dois dire qu’il était quand même un peu réticent. Il faut dire qu’il n’avait pas quitté Helloween sur de bons termes en 1993… 

Je comprends. Il fallait qu’il voie si de l’eau avait coulé sous les ponts depuis leur séparation, mais finalement, ça a été. Nous ne sommes plus les gamins que nous étions dans les années 90. Finalement, il n’aura fallu que d’un seul rencard pour conclure la réunion. Adieu les conflits d’ego ! Personnellement, je suis plus du genre à penser que l’union fait la force et que ce regroupement n’a fait que renforcer Helloween. Désormais, nous pouvons rendre hommage comme il se doit à toutes les périodes du groupe. Finalement, après notre première tournée (Pumpkins United, NDLR), le climat était vraiment bon enfant. Tout le monde passait vraiment du bon temps ensemble, donc, l’étape suivante était d’aller au studio pour enregistrer l’album « réunion », donc passer plus de 12 heures par jour ensemble sans se prendre la tête ! Tu imagines la galère si on ne pouvait pas de saquer !   

Comment avez-vous commencé à travailler sur cet opus ? 

On était deux chanteurs principaux à nous occuper des paroles. On a tendance à croire que c’est deux fois moins de travail, mais non. En vrai, c’est deux fois plus de travail ! On a dû, Michael et moi, nous répartir les paroles en fonction de nos affinités. Finalement, l’échange s’est fait de manière collégiale… Mais après 12 heures, c’était vraiment crevant ! Je croyais au départ que ma tête allait exploser ! Il fallait toujours trouver le bon compromis. Pas trop de moi, pas trop de Michael… mais aussi laisser un peu de place à Kai. L’idée était également de lui laisser carte blanche sur le titre « Skyfall », étant donné que c’est sa composition. Mais finalement, puisque sa voix ne collait pas toujours au reste, Michael et moi-même nous sommes occupés du gros du travail. Michael s’est occupé des aigus et moi, de mon registre habituel. 

Est-ce que nous devons considérer cet album comme l’album du ‘retour au source’ ? 

Au sein du groupe, on adore tous le Power Metal des années 80. Nous avons grandi avec ça ! D’ailleurs, nous étions très contents d’avoir pu utiliser la batterie d’Ingo (Schwichtenberg, batteur emblématique du groupe décédé en 1995, NDLR)… Nous l’avons acheminée au studio d’Hambourg et, dès que nous l’avons utilisée, nous avions eu le son des années 90. L’idée était vraiment de créer une passerelle entre le vieux et le nouveau Helloween, ce que nous avons fait en utilisant plusieurs techniques d’enregistrement : analogique et numérique. Une partie de l’album a été enregistrée à Hambourg, et une autre à Tenerife, chez moi. 

« Je suis plus du genre à penser que l’union fait la force et que ce regroupement n’a fait que renforcer Helloween »

Helloween est un album très intense. Il n’y a pas de ballade, mais on imagine qu’il y en aura une dans l’album qui suit. 

Oui, une ballade vous sera présentée dans l’album qui suit. Elle est vraiment belle, mais si nous l’avions laissé sur cet album, elle aurait fait tache par rapport aux autres morceaux. Sur cet album, on y retrouve vraiment tous les gimmicks propres à Helloween, mais cette ballade était tellement éloignée du propos de l’album que nous préférons attendre le prochain album pour l’album. Puis, cela nous a permis de prendre le temps de la peaufiner, de revoir quelques détails que nous trouvions fâcheux. Désormais, elle sonne très bien ! 

Y a-t-il une thématique principale abordées dans l’album ? On reste, quoi qu’il arrive, dans des thématiques très joviales comme l’illustre « Best Time Of my Life » ! 

Dans la plupart du temps, les morceaux évoquent l’idée d’un recommencement, d’une deuxième chance ! En général, ce n’est que lorsque l’on perd quelqu’un ou quelque chose que l’on réalise à quel point cette personne comptait pour nous. Dans « Best Time », on donne l’opportunité aux gens de revenir en arrière. C’est un peu pareil sur « Skyfall » qui évoque le tout nouveau départ d’un extraterrestre. On peut également y interpréter cette idée de renouveau sur « Undestructible » et « Fear Of The Fallen »… 

Un recommencement, une deuxième chance… Un peu comme pour Helloween pour finir, non ? 

Aussi. Oui. Le fait de reprendre Helloween avec ces deux membres emblématiques coïncide bien avec cette idée de recommencement. C’est aussi pour cette raison qu’on a décidé de nommer l’album ainsi ! Quand je regarde mes idoles, je me rends compte qu’ils sont toujours sur scène, donc, je me dis que nous avons encore de belles années devant nous ! À notre âge, c’est tout simplement le meilleur moment pour amorcer le dernier chapitre de la carrière d’Helloween pour les quinze prochaines années ! Nous adorons être ensemble, à sept. L’album est génial. Pourquoi ne pas rester dans cette configuration ? 

Oui ! Surtout que vous assurez sur scène ! Vous ne semblez pas être dépassés par la tâche qui est la vôtre. Revenons à l’album. Helloween finit sur la touche épique de « Skyfall ». Pourquoi cette chanson est-elle si importante à vos yeux ? Que symbolise-t-elle pour Helloween ? 

Je pense que quiconque aime Helloween adorera cette chanson ! Je veux dire, Helloween est reconnu pour ses longs morceaux et pour avoir lancé le concept de « morceau dans le morceau ». Je me souviens encore le jour où Michael Weikath m’avait donné le deuxième album d’Helloween. Je lui avais alors dit : « Wow, cette chanson longue là est tellement géniale ! Comment s’intitule-t-elle ? –  » Halloween ». – J’adore ! ».  Bon, il était un peu agacé parce que c’était un morceau de Kai. Pourtant, il n’avait aucune raison d’être jaloux, car il était aussi bon que lui ! Le groupe a repris ce concept dans l’album suivant, avant d’arrêter sur Pink Bubbles Go Ape (1991) et Chameleon (1993). Et c’est sans doute la pire erreur que le groupe ait faite. Tu sais, s’éloigner du concept du « morceau dans le morceau » et d’écrire des morceaux qui se rapprochent plus du format « Pop ». D’ailleurs, beaucoup de fans les avaient punis pour cette raison ! 

« Helloween est reconnu pour ses longs morceaux et pour avoir lancé le concept de ‘morceau dans le morceau’ « 

Il me semble que l’album était presque fini avant le début de la pandémie. …

Oui, 90 % de l’album était dans la boite avant le début de la pandémie. Il manquait juste deux/trois solos. Le seul problème que nous avons rencontré, c’était pour le mixage. Charlie Bauerfeind et moi-même étions en route vers New York lorsqu’ils ont commencé à fermer les frontières. Mais bon, nous nous sommes adaptés. Il y a que 5 heures de décalages entre New York et Terenife donc nous avons pu « virtuellement » nous rencontrer. J’étais tranquille chez moi, à Tenerife, et je n’avais qu’à mettre un casque et profiter du bon temps à côté de ma piscine. Quand ça n’allait pas, on pouvait tout contrôler à distance. Personne n’aurait osé imaginer qu’il eut été aussi facile de mixer un album à distance, il y a encore 30 ans ! (Rires) 

Trois guitares, trois guitaristes. Ça n’a pas été trop difficile pour vous de vous y retrouver et de laisser assez de place à chacun ? 

En vrai, ça nous a donné du fil à retordre. Il nous a fallu créer des vallées et retravailler chacune des fréquences. Par moments, selon les morceaux, tu as cinq guitares, deux guitares et trois solos de guitare, des guitares rythmiques à droite et à gauche, d’autres quelque part au milieu. Donc, oui, pour ça, il faut créer des vallées, et qu’il y ait assez de place pour tout le monde. C’est un peu comme les pièces d’un puzzle qu’il nous a fallu assembler… 

Enfin, quelques mots sur la pochette de l’album ? Vous avez fait appel à Eliran Kantor, la référence incontestable et incontestée en matière d’illustration…

N’est-ce pas ? De notre côté, nous ne lui avons donné aucun conseil. Vraiment, il a eu carte blanche. Finalement, il s’en est très bien sorti et a multiplié les clins d’œil. On y retrouve bien sûr, le gardien, mais aussi les anneaux de l’album Master Of The Rings… Que dire si ce n’est qu’on a tous été émerveillée par le rendu final. La pochette, les couleurs… Tout était parfait ! 

Tu sais à quoi ressemblera le vinyle qui proposera une animation holographique ?

J’attends de voir ! Je ne sais pas ! J’ai vraiment hâte de voir ça de mes propres yeux !  


Helloween, c’est : 

Michael Weikath : Guitare

Kai Hansen : Guitare, chant 

Michael Kiske : Chant  

Andi Deris : Chant

Sascha Gerstner : Guitare 

Dani Löble : Batterie 

Discographie :

Walls of Jericho (1985)

Keeper of the Seven Keys, Pt. 1 (1987)

Keeper of the Seven Keys, Pt. 2 (1988)

Pink Bubbles Go Ape (1991)

Chameleon (1993)

Master of the Rings (1994)

The Time of the Oath (1996)

Better Than Raw (1998)

The Dark Ride (2000)

Rabbit Don’t Come Easy (2003)

Keeper of the Seven Keys: The Legacy (2005)

Gambling with the Devil (2007)

7 Sinners (2010)

Straight Out of Hell (2013)

My God-Given Right (2015)

Helloween (2021)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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