Il est des formations qui ne passent pas inaperçues et des albums qui nous marquent au fer rouge à la première écoute. Les idées blanches, quatrième opus de Sordide, en fait partie. Paru en juin dernier via Les Acteurs de l’Ombre Productions, l’album met en exergue une philosophie de vie sulfureuse sur fond de musique Black Metal chaotique. Quelques semaines après sa sortie, nous avons contacté le combo.

Propos du groupe recueillis par Axl Meu


Salut, pouvez-vous présenter le groupe pour commencer ? Beaucoup vous ont découverts depuis votre récente signature chez Les Acteurs de l’Ombre Productions.

Sordide existe depuis 2013. Nebehn est à la basse, Nehluj à guitare, et Nemri à la batterie ; nous chantons tous les trois. Nous avons sorti notre premier album, La France a peur, en décembre 2014 grâce à Avantgarde Music. Deux autres albums, Fuir la lumière et Hier déjà mort, ont suivi en 2016 et 2019, ainsi qu’un split avec Satan à l’occasion d’une tournée commune en 2017. Cette année, nous avons décidé de travailler avec Les Acteurs de l’Ombre Productions pour la sortie des idées blanches. Une version cassette sera réalisée en coprod par Les Acteurs de l’Ombre Productions, WV Sorcerer Productions et le collectif dont nous faisons partie, La Harelle.

Vous revoilà avec un quatrième album : c’est Les idées blanches. Comment avez-vous pensé ce nouvel album par rapport à ses prédécesseurs ?

Nous n’avons rien prémédité sinon une volonté de ralentir un peu le tempo pour ne pas verser dans la surenchère par rapport à l’album précédent, Hier déjà mort, qui était très dense.

Les idées blanches est un album particulièrement oppressant dans sa manière de sonner. Je pense notamment au morceau éponyme « Les idées blanches ». Comment justifier alors le choix de ce titre ?

Il n’y a pas forcément de contradiction entre ce titre et le caractère oppressant dont tu parles. En Inde ou au Japon par exemple, le blanc est la couleur du deuil. En Amérique, en Afrique et ailleurs, l’homme blanc a bien souvent été l’oppresseur.

La musique de Sordide contient des relents de Punk/Crust et des passages très « Voivodiens », notamment sur « Le Silence Ou La Vie ». Comment expliquez-vous le côté anarchique de votre musique ? Comment qualifier l’évolution de Sordide avec les années qui sont passées ?

Nous essayons avant tout de créer une musique personnelle. Il nous est difficile de lui coller une étiquette ou de citer des influences, car nous écoutons tous les trois des choses très variées. Il est finalement plus intéressant que des oreilles extérieures au groupe puissent « analyser » cette musique, comme toi qui lui trouves par exemple des accents à la « Voivod ».

SORDIDE Idées blanches pour métal noir – Metal Obs' Magazine

« Nos textes recèlent une dimension politique évidente, mais nous ne voulons pas les commenter. Ils charrient nos visions du présent, poétiques, et c’est déjà en dire beaucoup. »

Sordide chante en français, et malgré le style, les paroles sont compréhensibles. On imagine que c’était voulu. Comment le chant a été travaillé ? Il n’est pas toujours aisé de se faire comprendre quand on chante dans ce genre de registre

Le mix de cet album est plus « net » que sur les précédents, ce qui participe certainement à rendre les paroles plus intelligibles malgré les chants saturés. Notre volonté de base est plutôt de faire en sorte que les parties vocales participent de la matière sonore à part entière plutôt que d’être un élément ajouté par-dessus la musique. Peut-être qu’avec l’expérience nous parvenons plus souvent à faire surgir des choses intelligibles de la masse du son, tant mieux.

La musique de Sordide est très politisée. Comment pensez-vous les paroles du groupe ? Comment votre musique sert-elle votre propos ? Dans quel ordre composez-vous ? Les paroles, puis la musique ?

La musique précède toujours les paroles, et elle peut orienter les textes. Les énergies ou les ambiances propres à chaque morceau peuvent en effet suggérer certaines idées, certains sentiments ou même certains mots. En ce qui concerne la portée politique de nos paroles, tout cela appartient aux personnes qui les lisent. Nos textes recèlent une dimension politique évidente, mais nous ne voulons pas les commenter. Ils charrient nos visions du présent, poétiques, et c’est déjà en dire beaucoup.

D’ailleurs, que devons-nous comprendre derrière « Je n’ai nul pays » ?

Le plus judicieux est de lire les paroles de cette chanson pour se faire sa propre idée.

Où pourrons-nous voir Sordide par la suite mis à part au Hellfest ? Comment votre collaboration avec Pierre Gautiez de Dead Pig Entertainment s’est-elle amorcée ?

Si tout va bien, nous tournerons dans pas mal de pays européens en février grâce à Pierre, en compagnie de Neige Morte. En ce qui concerne la France, quelques concerts à Paris, Nantes, Niort, Le Mans, Lille et en Haute-Loire sont prévus. Pierre travaille déjà sur d’autres dates en 2022, dont quelques festivals qui seront annoncés plus tard.


Nebehn : chant/basse

Nehluj : chant/guitare

Nemri : chant/batterie

Discographie :

La France a peur (2014)

Fuir la lumière (2016)

Hier déjà mort (2019)

Les idées blanches (2021)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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