Difficile de trouver les mots justes pour retranscrire ce que les quelque 30. 000 festivaliers ont ressenti les 13, 14 et 15 août derniers à Courtrai. Après une année de galère (les annonces, puis les annulations en cascade causées par la COVID-19), l’Alcatraz Festival nous a fait la surprise de revenir avec une formule, certes, un peu allégée, mais prometteuse. Les formations américaines ne pouvant nous rejoindre (mais ce n’est que partie remise), l’organisation a joué la carte du chauvinisme en invitant plus de groupes belges qu’à l’accoutumée (ce qui n’est pas pour nous déplaire). Finalement, malgré toutes les contraintes qu’impliquent encore les mesures sanitaires, les festivaliers se sont retrouvés avec une affiche homogène digne de ce nom, respectant à la lettre l’esprit « Alcatraz » avec comme crédo « Heavy Metal first », le tout complété par des formations Rock/Thrash/Black/Sludge/Death… Bref, autant dire que nous nous sommes régalés et que nous n’avons boudé notre plaisir. Terres d’Alcatraz, nous sommes de retour ! 

Par Axl Meu (avec la remarquable participation de Thomas Deffrasnes)

Crédit photos : Moris DC


Bien sûr, la COVID-19 circulant encore activement sur notre territoire (un peu partout en Europe, en fait), des mesures drastiques ont été prises pour assurer la sécurité de chacun. Pour accéder au festival (enlever son masque et circuler librement), il a fallu montrer patte-blanche, soit en faisant scanner notre pass-sanitaire ou bien en certifiant qu’un test PCR avait été effectué 48 heures avant le début du fest’. En ce qui nous concerne, nous arrivons vers 4h30 (du matin, on est bien d’accord) sur les lieux, faisons le nécessaire pour avoir le meilleur emplacement et rejoignons les abords du site vers 10h00, à l’ouverture des portes, où de nombreux festivaliers (qui, pour certains ne s’étaient pas vus depuis plus de deux ans) prennent des nouvelles des uns des autres. 

Sur place, tout ressemble au monde d’avant, nous pouvons faire notre shopping au « metal market » sans nous soucier de la fameuse distanciation sociale, pendant que le DJ Kardi occupe les premiers festivaliers collés à la barrière. En ce qui concerne, c’est vraiment à 12h15 que le festival s’amorce avec l’annonce du lancement des hostilités assuré par une jolie demoiselle et la mascotte de l’édition 2021 du festival (médecin masqué à la mode du XVIIème siècle). C’est Channel Zero qui foule la scène en premier ce vendredi, formation qui a eu le privilège de se produire à deux reprises ce jour (une première fois à 12H15 pour présenter son nouveau set, et un deuxième à 22H30 pour présenter son set « old-school »). Mais pour l’heure, il est question d’hommage avec un premier guitare/voix, assuré par Franky De Smet Van Damne et Mike Doling, tout simplement pour ne pas oublier Phil Baheux, batteur original du groupe, décédé le 10 août 2013… Une séquence « émotion » qui laisse présager la puissance du premier concert de Channel Zero. Moderne, la musique des Bruxellois n’a vraiment plus rien à prouver à ses partisans. Les premiers pogos s’emboîtent, et les festivaliers s’en donnent à cœur-joie. Il faut dire que le set est dynamique et rythmé par des effets pyro bienvenus… 

De l’autre côté, c’est Black Mirrors qui emboîte le pas avec une performance renouant avec l’énergie de Punk/Rock et le côté « gras » du Stoner. Encore trop peu médiatisés en nos terres (malgré ses tentatives d’implantation en France), les Bruxellois menés par la fouge de Marcella Di Troia envoutent leur public en piochant dans leur répertoire les morceaux les plus accessibles et les plus forts (et même ceux d’un prochain album à venir !), ainsi que dans le répertoire de Nirvana (avec « Territorial Pissings »). Vraiment, on a adoré. 

Direction du côté de la Prison Stage avec Thundermother, formation de ‘’Rock Australien’’, uniquement composé de nanas qui en ont (on vous laisse deviner quoi !) ! Thundermother, c’est aussi une des seules formations à avoir saisi l’opportunité de partir en tournée l’année dernière pour défendre son nouvel album en date, Heat Wave, paru à l’été 2020. En ce qui nous concerne, il aura fallu attendre le 13 août pour voir ce qu’elles ont dans le ventre. Au rendez-vous, du Rock au riffing bien établi, une réelle volonté de communiquer avec leur public (en descendant dans la fosse, et en jammant sur quelques classiques du genre, comme « Highway To Hell »…). Bref, même sous un cagnard d’enfer, les Finlandaises nous ont donné une vraie leçon de Rock’n’Roll (et de charisme). 

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The Vintage Caravan, également, fera fort bonne impression sous la Swamp (qui n’aura jamais aussi bien porté son nom) où il a été facile de se laisser porter par les incantations des Islandais (en partie tirées du dernier opus du groupe, Monuments). C’est simple, efficace, et surtout plein de vie. On en redemande ! Pendant que nous nous entretenons avec Black Mirrors (interview à retrouver ici : http://www.heretik-magazine.fr/2021/08/17/itw-black-mirrors/) King Hiss s’inscrit dans la continuité des Islandais avec un Rock bien lourd qui, vraiment, fait l’unanimité auprès des habitués du festival… 

Un étrange brouillard de Post Rock-Pop aux influences Metal et Hardcore s’épaissit sous la Swamp. Brutus, qui joue aujourd’hui en terre conquise, vient ponctuer ce début de journée Rock’n’Roll avec sa musique éthérée et transcendante. Au travers d’une scénographie peu commune, où les musiciens se côtoient comme en répétition, c’est une expérience intime que nous invite à vivre Stefanie Mannaerts, batteuse-chanteuse. Cette dernière n’a pas su cacher son émotion, que nous ne pouvions que partager, une musique singulière qui en appelle à l’âme, au souvenir et parfois même au rêve. Le groupe ne cesse de grandir, tant en notoriété, qu’en qualité scénique. On ne peut lui prédire qu’un bel avenir. (Thomas D.)

Après le Shoegaze de Brutus, c’est à un autre registre de faire son apparition : le Power Metal bien illustré avec les Canadiens (!) d’Unleash The Archers. Maîtrisant les gimmicks du genre le bout des doigts, Brittney Slayes et sa troupe galvanisent un public déjà conquis à l’aide de titres forts comme « Abyss », « Awakening » et « Afterlife », morceaux qui dégoulinent tous de technique (aussi bien sur le plan du chant que les guitares). Un vrai régal pour les yeux et les oreilles. 

S’il y a bien un groupe qui ne fait pas dans la demi-mesure, c’est Suicidal Angels. Dès les premiers riffs, la volonté « Thrash » gagne le public, qui depuis trop longtemps confiné, réapprend à « mosher » sous l’œil de Nick Melissourgos. Le chanteur-guitariste n’a aucun mal à fédérer son public pour scander « Capital Of War! ». Ça aura aussi été l’occasion pour les Grecs de présenter leur dernier opus, Years of Aggression. Les titres font mouche, et la cavalcade se termine sur « Apokathilosis ». Le public comblé aura su gracieusement remercier Suicidal Angels en ‘’crowdsurfing’’ et autres pogos. (Thomas D.)

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Du Thrash, on passe au Glam Metal, dont Kissin’ Dynamite porte avec fierté les couleurs. Remplaçant de dernières minutes (Gloryhammer ne pouvant pas assurer leur show), les Allemands ont sorti les strass et les paillettes et ont sorti le grand jeu à leurs fans qui, souvent, n’avaient de yeux que pour leur emblématique chanteur Hannes Braun, auteur de morceaux qui ne se prêtent que trop bien au jeu des sing-along. Efficace, pertinent, le show de Kissin’ Dynamite s’est avéré être un bon substitut à Gloryhammer. On a adoré ! 

Quand on retourne de l’autre côté pour retrouver les Portugais de Moonspell, la Swamp est pleine à craquer. Ça vous surprend ? Pas nous. Car chaque performance de Moonspell rime avec puissance, émotions et rigueur d’exécution aussi bien sur le plan visuel que musical. Cette énième performance n’a pas trahi la réputation du groupe (de temps en temps, les lights terriblement bien ordonnées représentaient fièrement les origines portugaises du groupe). Principalement axée sur Hermitage, elle reviendra également sur les plus gros classiques du groupe, à savoir « Alma Mater » et « Full Moon Madness » voyant Fernando Ribeiro communier avec ses plus fidèles partisans. Et Dieu sait qu’ils étaient en nombre. Terrible à tous les nouveaux. 

Le temps de rejoindre Killer en interview (à retrouver très prochainement sur notre site), nous faisons l’impasse sur Tarja et retrouvons Mayhem venu remplacer au pied levé Cradle Of Filth. Sous un jeu de lumières chaotique rouges et dorées, qui n’est pas sans rappeler la palette de couleur de Daemon, le dernier méfait de Norvégiens, Attila Csihar vêtu d’une toge et le visage souillé d’un corpse paint maculé de sang vocifère « Falsified And Hated ». Teloch et Ghul, tels deux colonnes doriques, érigent de part et d’autre de la scène le panthéon noir d’Hellhammer et Necrobutcher, figures emblématiques de la formation. Le concert est un triptyque qui nous propose d’abord les titres récents, avant de remonter dans les 90’s, où se succéderont les tableaux « De Mysteriis Dom Sathanas », puis « Deathcrush ». La prestation est à couper le souffle tant l’énergie et la rage de jouer se ressentent. Un concert classique de Mayhem en bonne et due forme, qui nous auras prouvé que les nouveaux titres se défendent bec et ongles en live. (Thomas D.)

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At The Gates… Enfin de retour sur les planches, la référence ultime du Death Metal suédois nous est tout dernièrement revenu avec un excellent dernier opus : The Nightmare Of Being, coïncidant avec prises de risques et audace. Sans forcément être représenté à haute dose, l’album, aussi différent soit-il, ne fait pas tâche dans le répertoire du groupe. Ce soir, classiques (« Slaughter of The Soul », évidemment !) et petits nouveaux se sont particulièrement confondus pour les plaisirs des uns (qui ont préféré apprécier le concert collés à la barrière) et des autres (qui eux, se sont littéralement rentrés dans le lard). Bref, même s’ils s’agissaient là de la première performance du groupe en 18 mois, At The Gates n’a montré aucun signe de faiblesse. Tomas Lindberg est en voix et la section rythmique en ordre. On a adoré ! 

Deuxième performance pour Channel Zero, qui, comme prévu, nous a présenté un concentré un set « old-school » mis à jour… Rien de tel pour mettre les fans en émoi et… faire sa demande en mariage ! Une « happy-ending » à l’américaine. Parfait pour amorcer le concert d’Epica

La place d’Epica en tête d’affiche est légitime. Il faut dire que la formation de Metal Symphonique n’a rien à envier aux autres mastodontes américains, tout simplement parce qu’elle sait mettre les moyens pour s’assurer de délivrer la meilleure performance qui soit. Venues présenter son dernier album en date, OmegaSimone Simons et sa troupe mettront tout de même les moins expérimentés en interprétant bon nombre de leurs standards, à commencer par « Abyss of Time – Countdow to Singularity » en passant par « Unchain Utopia » et « Design Your Universe », le tout dans un décor de feu (serpents cracheurs de feu, accompagné par des jongleurs expérimentés). Bref, autant vous dire que le show est réglé comme du papier à musique, aussi bien sur scène qu’au niveau des consoles. Parfait pour apprécier comme il se doit cette performance. 

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Une superbe première journée, au cours de laquelle les « metalheads » n’auront pas eu de mal à retrouver leurs automatismes… 

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Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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