En 2020, Sepultura, privé de concerts, a tout de même continué à nourrir son actualité en organisant les « SepulQuarta », rendez-vous hebdomadaire qui avait vu le groupe et ses « guests » reprendre ses standards, le tout dans la joie et la bonne humeur. De ces collaborations « à distance » est donc né cet album, qui n’en est pas vraiment un pour finir. Et puisqu’on n’est pas du genre à manquer une occasion de nous entretenir avec Andreas Kisser, nous avons décroché notre cabinet et contacté l’intéressé ! Allô Andreas ?

Propos d’Andreas Kisser (guitare) recueillis par Axl Meu


Comment te portes-tu malgré la situation actuelle au Brésil ?

Salut ! Oui, je vais bien. La campagne de vaccination a été lancée. Ça prendra le temps qu’il faut, mais je suis optimiste quant à l’avenir. C’est cool de revoir des annonces de tournées ici et là. En ce qui nous concerne, nous devons partir en tournée courant novembre/décembre en Europe. Et on est vraiment motivés ! Après l’année blanche que nous avons connue, nous espérons enfin pouvoir prendre la route pour fêter comme il se doit la sortie de Quadra, album que nous avions fait paraître en janvier 2020, que nous n’avions pas pu défendre.

Avec la pandémie, il a fallu se fixer des objectifs, ne pas rester les bras croisés. C’est pour cette raison que nous avions organisé les ‘’SepulQuarta’’, rendez-vous que nous avons organisés avec nos fans. Finalement, nous nous sommes retrouvé avec une superbe collection de chanson, raison pour laquelle nous avons décidé d’en faire un album. C’est vraiment arrivé comme ça. Jamais nous n’aurions pensé en faire un album. SepulQuarta n’est ni un album studio, ni un album « live », il est vraiment le fruit de la collaboration entre Sepultura et ses amis. On ne l’oubliera pas ! 

Concernant Quadra, je me souviens de sa première piste. Elle s’intitule « Isolation ». Rien à voir avec la pandémie… Juste une étrange coïncidence, j’imagine ! (Rires)

Oui, voilà. C’est une coïncidence ! (Rires) Nous n’avons pas le pouvoir de prédire l’avenir. Avec cette chanson, nous voulions dénoncer les comportements humains et le rapport que les gens ont avec la technologie. Finalement, en restant devant leur ordinateur toute la journée, les gens se retrouvent coupés du réel et se permettent d’émettre des jugements qu’ils considèrent comme la vérité absolue. Cela s’est notamment renforcé ces derniers mois avec le confinement… C’est vrai. 

« Isolation » avait fait l’objet d’une session dans le cadre des « SepulQuarta ». Finalement, on ne la retrouve pas sur l’album. Pourquoi ? 

Comme je t’ai dit, au départ, l’idée n’était pas de faire un album. On voulait juste organiser des événements interactifs, tous les mercredis. Au début, nous avions en effet repris « Isolation », mais cette reprise n’avait rien d’original. Ce n’est pas la suite que nous avons invité des amis à mettre leur pate, notamment pour « Fear, Pain, Chaos, Suffering » sur lequel nous avions invité Emmily Barreto, une chanteuse brésilienne. Par la suite, nous avons invité Devin TownsendDanko Jones et ainsi de suite. L’idée était vraiment de nous retrouver avec des versions originales. Ce n’était pas vraiment du « live », ni même du studio. Chacun des musiciens devaient apprendre ses parties à la maison et les enregistrer avec ses propres moyens. Tout s’est finalement retrouvé sur cet album. À la fin de l’année 2020, je me suis retrouvé avec toutes ces sessions. Je les ai donc mixées et remasterisées.

Comment avez-vous sélectionné vos « guest » ? J’imagine que vous avez procédé par affinité. On y retrouve vraiment le gratin du milieu « Metal », tous styles confondus. 

Oui, ce sont principalement des amis que nous avons rencontrés en tournée… Phil Campbell est un bon pote, au même titre que David Ellefson, Alex SkolnickScott Ian et les autres… Pareil pour Devin Townsend, vraiment. Je l’ai rencontré il y a quelques années. Il m’a avoué qu’il était vraiment fan de Sepultura… C’est Paulo (Jr., basse) qui m’a suggéré de faire appel à lui pour le projet.

Pour les rendez-vous, tout s’est goupillé naturellement. Nous planifions nos rendez-vous tous les mercredis et faisions bien attention à couvrir toutes les périodes de Sepultura… En tout cas, c’était vraiment très sympathique de découvrir les lectures que chacun de nos invités faisait du morceau qui leur avait été attribué. 

Vous-mêmes, est-ce que vous aviez dû réapprendre certains de morceaux avant d’envoyer les fichiers aux invités ?

Oui. « Slaves of Pain » par exemple. C’est un morceau très difficile à jouer. Il comprend plusieurs parties… Fred Leclercq reprend ce morceau. Je l’ai rencontré il y a quelques années, et il s’était plaint auprès de moi car Sepultura ne jouait plus « Slaves of Pain » sur scène. Je me souviens, je lui avais répondu que ce morceau était trop compliqué à jouer ! Et je lui avais promis que nous serions prêts à le jouer la prochaine fois qu’il nous verrait sur scène. Finalement, ça n’a pas encore pu se faire à cause de la COVID-19. Du coup, en attendant, je lui ai proposé de proposer sa version du morceau. Finalement, il s’est occupé de tous les « lead ». Il connaissait vraiment le morceau par cœur ! 

« SepulQuarta n’est ni un album studio, ni un album « live », il est vraiment le fruit de la collaboration entre Sepultura et ses amis. »

Donc, vous avez réenregistré vos morceaux « à la maison » que vous avez ensuite envoyés à leurs invités afin qu’ils apposent des parties originales. Quelle liberté leur avez-vous laissée cependant ? 

Nous leur avons vraiment donné « carte-blanche ». Surtout pour les lead. C’était ça aussi l’idée, proposer une nouvelle lecture des classiques de Sepultura… Par exemple, les solos de Devin Townsend sur « Mask » n’ont vraiment rien à voir avec ceux de l’original. C’est vraiment fantastique. Après, pour Fred Leclercq, c’est une autre histoire. Il a décidé de rejouer les solos note pour note ! Et c’était aussi génial, car ça nous a montré qu’il connaissait bien le morceau. Danko Jones aussi, il a assuré sur « Sepulnation ». Nous lui avions aussi laissé carte-blanche. Il n’y avait vraiment aucune limite ! 

C’était toi qui donnais les morceaux aux invités ou tu leur laissais le choix ? 

Ça venait des deux côtés… Pour « Slaves of Pain », Fred s’était porté volontaire. Pour Danko Jones, nous lui avions laissé trois choix. Finalement, il était revenu avec « Sepulnation ». Pour « Orgasmatron », ça coulait de source que ce soit Phil Campbell. Pour « Ratamahatta », il était également apparu normal que l’on fasse appel à deux batteurs brésiliens, Joao Barone et Charles Gavin

Comment avez-vous fait pour obtenir un son homogène à la fin ? 

J’ai tout mixé moi-même à l’aide de ProTools. Je ne suis pas un pro’, mais pour le projet ‘’SepulQuarta’’, je m’étais à la fois occupé du son et du montage vidéo. On commençait par la batterie d’Eloy (Casagrande, ndlr), puis nous enchaînions avec la basse de Paulo (Jr., NdR), puis mes parties de guitare. L’ensemble était par la suite envoyé aux guests. 

J’imagine que cette collaboration a renforcé les liens que tu avais avec certains musiciens… 

Oui, vraiment. Beaucoup m’ont fait part de leur enthousiasme de faire partie du projet. Ça nous a également permis de passer du bon temps ensemble, en attendant de revoir en vrai. Tu sais, recevoir des commentaires positifs de la part de musiciens que tu estimes énormément, ça n’a pas de prix. De notre côté, on s’est vraiment senti privilégié d’avoir tous ces invités pour ce projet… Nous étions très surpris quand nous avions fait le point. Puis, c’est cool aussi que Nuclear Blast ait bien voulu nous épauler pour la sortie physique du projet ! 

Les vidéos des sessions seront-elles également inclues dans le format physique ? 

Non, mais elles sont encore disponibles en libre consultation sur notre site Internet (https://www.sepultura.com.br/sepulquarta,NDLR). 

Phil Rind, leader de Sacred Reich, a également participé au projet. Lors de votre tournée commune à venir, viendra-t-il jouer « Inner Self » sur scène avec Sepultura ? 

Pourquoi pas ! Désormais, nous avons une raison supplémentaire pour l’inviter sur scène avec nous ! (Rires) 

Quadra était un album très intéressant, très conceptuel. Avez-vous néanmoins déjà commencé à travailler sur la suite ? 

Non. Pas du tout. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de le défendre sur scène, donc… On va attendre de tourner, et ensuite, nous commencerons à penser à la suite. Là, pour le moment, ce qui nous importe, c’est de fouler à nouveau les scènes et défendre notre dernier album autant de possible ! 


Sepultura, c’est : 

Paulo Jr. : Basse 

Andreas Kisser : Guitare 

Derrick Green : Chant 

Eloy Casagrande : Batterie 

Discographie :

Morbid Visions (1986)

Schizophrenia (1987)

Beneath the Remains (1989)

Arise (1991)

Chaos A.D. (1993)

Roots (1996)

Against (1998)

Nation (2001)

Roorback (2003)

Dante XXI (2006)

A-Lex (2009)

Kairos (2011)

The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart (2013)

Machine Messiah (2017)

Quadra (2020)

SepulQuarta (compilation – 2021)

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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