Il aura fallu s’armer de patience pour retrouver le Devils Rock For An Angel. Le festival a été lui aussi balayé par la pandémie et a dû reporter son édition 2020. En ce samedi 25 septembre, le festival est de retour pour une 6ème édition placée sous le signe du pass sanitaire. Il est important de rappeler que le festival est une œuvre caritative organisée pour amener des fonds à la lutte contre le cancer des enfants. L’argent récolté ayant permis de financer nombre de projets rendant le sourire à bien des enfants. L’organisation de cette édition ne change pas, nous retrouvons la salle communale de Zillebeke non loin de Courtrai et dix formations sont à l’affiche. Malgré une heure de début assez matinale la salle est correctement remplie. Le festival a la chance de compter sur un public de fidèles avec un côté familial et amical très attachant.
Texte : Franck Lasselle
Crédit photos : Moris DC
Hunter débarque sur scène à 13h30, la formation a vu le jour en 2016 et joue à domicile. Elle est la réunion de musiciens de groupes locaux, Monster Joe, Crusader ou Megasonic, qui ont décidé de réunir leurs forces pour proposer un Heavy Metal dans la lignée d’Iron Maiden ou de Manilla Road. Le groupe a mené sa barque avec pas mal de concerts avec participation à la finale de la Wacken Metal Battle belge de 2019. Le groupe se lance avec une courte intro avec un David qui se fait assez incantatoire. Puis, avec « Dominion », on retrouve une chanson inspirée du son des années 80. Entre le chant ultra aigu de David, des riffs heavy « old school » et une partie instrumentale épique le groupe se montre convaincant. Il va balancer la quasi-intégralité de son album sorti en 2019. Proche de Manilla Road, « Then Comes The Night » fait mouche avec un solo épique et un chant aigu digne de la grande époque heavy métal. Pas loin de la fougue épique des débuts de Maiden ‘The Knight Of The Black Rose’ a été un autre joli moment. Avant le final, le groupe revisite « The Trooper » puis achève en beauté sa prestation avec le puissant « Glorius ». Malgré un public un peu mou, Hunter a su tirer son épingle du jeu avec un Heavy à l’ancienne parfaitement exécuté, il a lancé la journée de la meilleure des manières.
Avec Shuulak nous partons aux Pays-Bas avec une formation qui a vu le jour en 2014 et qui a proposé quatre EP. La formation évolue dans un Heavy teinté de Power porté par la voix puissante et Bastiën avec quelques touches de Progressif. Le public est plus présent, mais ne va pas guère bouger plus, les gens sont attentifs mais manquent d’énergie. Malgré cette ambiance calme le groupe lance parfaitement sa prestation avec « The Azoth ». Épique et mélodique et montant bien en puissance, la chanson est portée par un refrain efficace. Avec « Chaosborn » et « The Chosen », on retrouve deux bons titres Speed avec un bon chant aigu et des riffs brûlants. Bastiën ne ménage pas ses efforts pour faire bouger la foule, il se met à genoux et montre un charisme certain, on ressent clairement sa joie d’être sur scène. Ses efforts payent un peu mais le public reste globalement sage. Cela ne va pas empêcher le groupe de rester motivé. Avec « Hunter’s Moon », il propose un titre plus posé et mélodique pas loin de ce que Bruce Dickinson propose en solo. Après un « The Meek » en forme de tarte Heavy, on retrouve avec « Unholy Fire » un superbe titre digne de Symphony X ou Dream Theater porté par un chant typiquement Heavy Metal. Avec « Altar Of Gods » et « Gifts Of Flesh », le groupe confirme ses qualités pour un Heavy puissant sachant se faire épique et accrocheur. Le final avec « Live Again » et « To Be The Last » achève le concert avec un ton puissant proche d’un esprit des années 80 avec la force d’un Primal Fear. Shuulak a été une belle découverte, le groupe a envoyé la sauce avec un sens remarquable de la mélodie qui fait mouche.
L’après midi avance et la salle est désormais remplie pour accueillir Liquid Therapy. La formation belge évolue das un Hard Rock mélodique dans l’esprit de la scène Grunge avec une pointe de Nickelback. Dès l’entame avec « Payback », le groupe montre une belle capacité à mixer puissance et mélodie. Bart est totalement dans cette idée avec un ton voilé sympathique, le titre disposant d’un excellent refrain et d’un bon solo. Le public est attentif mais bouge peu. « When Love Fools You » enchaîne parfaitement avec un côté alternatif dans le chant et une bonne énergie Rock. Derrière, le groupe va faire la même bonne impression, il n’invente rien de neuf mais manie bien cette poudre qui évoque autant un Pearl Jam qu’un Nickelback. Ainsi, « Keep On Going » se fait séduisante avec son refrain taillé pour les radios et une belle mélancolie. « Sober » et « Control » se font plus Heavy et font leur effet avec des riffs heavy bien troussés. Les refrains sont efficaces et même si très calme le public savoure cette belle leçon musicale. Le final avec « Scars Of Life » et « Breathe » est parfait, la première est un concentré de mélodie et de puissance. Tandis que la deuxième se fait plus mélancolique avec une jolie montée en puissance et ce chant voilé prenant. Cela achève en beauté un très bon concert. Avec son Hard Rock mélodique, Liquid Therapy a montré un joli potentiel et semble avoir les armes pour grimper les échelons de la notoriété.
La suite va s’avérer plus couillue avec l’arrivée d’Obejctor. Originaire de Turnhout près d’Anvers, la formation a vu le jour en 2007 et a sorti un unique album en 2018. Au vu du logo qui trône au dessus de la batterie, il est facile de deviner le style. Il montre une typographie typiquement Thrash dans l’esprit des années 80. L’entame du concert ne va pas démentir ce sentiment. Avec « Life Denied », le groupe fait trembler les murs de la salle. Son Thrash est remuant et speed dans l’esprit des vieux Kreator et de Slayer. Le groupe ne fait pas semblant de cogner et enchaîné parfaitement avec « Justifixed ». Derrière sa guitare, Bock est déchaîné, sa voix aiguisé au rasoir est parfaite et le côté peed/Thrash à l’ancienne est réjouissant. Le public reste bien sage, sur une telle claque quelques pogos ou slams auraient été sympathiques. Ce calme ne va pas déstabiliser le groupe qui va continuer de tabasser son monde avec férocité. Avec « Alarm », « My Mind Insane » ou « Social Intolerance », il carbure dans un esprit digne de Slayer que ça soit par le chant de Bock ou par un rythme intense qui ne laisse pas indemne. Le final avec « Toxic Storm » et « Vengeance (Will Be Mine) » est tout aussi musclée. La seconde étant encore plus intense et parfaite pour achever tout le monde. Objector a réussi son coup avec un concert coup de poing. Il se place avec brio dans le peloton des formations prêtes à reprendre le flambeau Thrash.
Avec Carrion le ton ne va pas se radoucir. La formation belge évolue dans un Death Metal qui ne fait guère de quartiers dans l’esprit d’un Benighted avec un joli goût pour la férocité sans artifices. Cela va se vérifier d’entrée avec le féroce « Mutilation ». Devant une salle bien remplie mais toujours calme, le groupe va donner la leçon. Pur concentré de Death, le titre est jouissif de violence. Le growl de Sven est parfait et à ses côtés ses compères tissent un ensemble taillé dans le meilleur d’un Death digne des grands du genre comme Nile ou Immolation. Après cet entame en forme de raclée, le groupe va enfoncer le clou avec « Supreme » et « In The End… There Is Only Death ». On y retrouve la même recette avec un Sven enragé. Son ton grave sur « Supreme » scotche au mur et on savoure une férocité qui fait plaisir avec des riffs ultra rapides. Derrière le groupe va enchaîner sans relâcher la pression. Avec en vrac « Gingergrind », « Torment » et « Defiled Sanity », il se monstre monstrueux de puissance, cette violence est jouissive et ravit les amateurs. On y retrouve tout les ingrédients qui font la force du genre avec une vitesse d’exécution impressionnante et un chant de damné d’une rare hargne. Carrion est venu et a vaincu, il a balancé une prestation d’une rare intensité et montré un savoir faire remarquable en matière de Death Metal pur et dur.
Après cette tempête, le festival accueille avec Sin Savage une jeune formation belge qui fait parler d’elle depuis ses débuts en 2019. Avec un unique EP et quelques singles, le groupe s’est fait un nom avec un Heavy Metal mélodique teintées d’influences Hard Rock sachant se faire très accrocheur. La salle est bien remplie et après une courte intro, le concert se lance avec « Lost In The Dark ». Doté d’un riff speed et proche de Motörhead, le titre est une claque idéale pour débuter. Il dispose d’un bon refrain et se fait heavy avec un bon solo. Le public demeure encore sage, mais apprécie le spectacle. Derrière avec « Hot In The Shade », le groupe confirme sa belle forme avec un titre typé Hard mélodique efficace. La fraîcheur des musiciens est plaisante et les titres s’enchaînent parfaitement. Que ça soit avec « Addicted To love » ou « Running Away », le groupe est efficace. Avec « Hot On Your Heels », on retrouve un ton plus Heavy inspiré des années 80 avec un refrain entêtant et des soli de feu. Avec « Side By Side », on retrouve un titre plus accrocheur aux airs de power ballade. Ce joli moment teinté d’émotion fait son effet avec un superbe refrain et une partie instrumentale épique et mélodique. Dans la suite on fera ressortir un très bon « Hearts Under Fire ». Proche d’un Hard Rock à la « Pretty Maids », le titre est très plaisant avec une mélodie imparable. Dans le final le ton se fait encore heavy avec un « Down To The Ground » doté de soli dignes des grandes paires de guitaristes du genre. Le final avec « Blinded By Lies » est dans la même veine avec un bon côté épique, un refrain avec chœurs efficace et des riffs et soli proches de Judas Priest. Avec cette prestation, Sin Savage a fait forte impression, il confirme un potentiel certain et dispose de pas mal d’atouts pour se faire connaître encore plus largement.
Avec Signs Of Algorithm, le festival accueille une formation qui a le vent en poupe. En moins de dix ans, les belges ont parcouru un chemin énorme avec un Metalcore costaud qui ne fait pas de quartiers. Le groupe a déjà joué un peu partout avec nombre de grands noms et a su se faire une place dans les grands festivals comme le Graspop. Le retrouver dans une petite structure est une belle opportunité et la salle est bien remplie. Dans la pénombre, l’intro amène une ambiance et derrière le groupe envoie la purée sans crier gare. On retrouve une pure décharge de Metalcore avec un chant typique en growl et une bonne puissance. Grimpé sur les retours, Frederick ne ménage pas sa peine pour remuer le public et arrive à faire remuer quelques têtes. Derrière, « Shadows Remain » fait le même effet avec une sacrée force de frappe qui décolle quelques têtes. Dans un esprit Death Mélodique, « Sunchaser » est d’une sacrée efficacité. Le groupe mixe puissance et mélodie avec talent porté par le travail de sa paire de guitaristes. Au détour d’un speech sympa, Fred se met le public dans la poche et derrière « Next Level » fait bien mal avec un parfait équilibre des forces. Le groupe sait cartonner, mais aussi se montrer accrocheur sans tomber dans la mièvrerie. Le nouveau single, « Skincrawler », précédé d’une intro futuriste sympathique est une tarte qui augure du meilleur pour la suite. Après un solo de batterie intéressant, le groupe balance un excellent « The Bitter End », parfait concentré de Metalcore doté d’un excellent solo. Après une petite pause le groupe lance l’emballage final et celui-ci va être dantesque. Avec « Harbringer », « Dictator », « Terrifying Terrorist » et « We All Bury Our Sins », il assène une claque à son auditoire avec ce mélange de férocité et de mélodie qui fait mouche. Le tout porté par un Frederick percutant en growl. Avec cette prestation, Signs Of Algorithm a fait belle impression. Il confirme un talent énorme pour un Metalcore haut de gamme et montre surtout qu’il a en main toutes les cartes pour devenir un incontournable dans les têtes d’affiches de nombre de festivals.
Après cette tempête, le festival accueille Cathubodua. Originaire de Louvain, la formation œuvre depuis 2013 dans un Metal symphonique à la croisée d’Epica et de Nightwish avec un violoniste en son sein. Certains avaient pu apprécier son talent dans des festivals comme le Cercle Metal Festival en 2018. Depuis un album, Continuum, est sorti et le line-up a un peu évolué avec toujours à sa tête Sara au chant. Le groupe va baser logiquement son concert sur son petit dernier et démarre fort avec « Hydra ». Parfait composé de Metal symphonique, il permet à Sara de briller avec un chant symphonique puissant et un joli côté mélodique sur un break posé. Derrière « Hero Of Ages » et « My Way To Glory », le groupe confirme sa forme. Les deux titres mettent en valeur le violon et font leur effet en forme de parfait concentré de métal symphonique. Derrière « Scarecrow » précédé d’une belle intro au violon est une autre claque, Sara y brille de mille feux et attire tout les regards. La foule apprécie le spectacle en restant bien sage mais ce côté calme permet de bien apprécier le spectacle. Après le très joli et délicat « A Tale Of Redemption », le groupe va proposer d’autres très jolies chansons taillées dans le meilleur d’un Metal symphonique racé. « Legends », « Nightfall » ou encore le très long « Apotheosis » font leur effet. Cette dernière, longue pièce à tiroirs, faisant impression avec des changements d’ambiance remarquables et ses parties de chants de haute volée. Enfin « Dusk » est une outro parfaite pour finir le concert en beauté avec un joli côté symphonique. Cathubodua a proposé un excellent concert. Depuis notre dernière rencontre, il a fortement progressé et a montré qu’il n’avait rien à envier aux ténors du genre.
Après ce moment gracieux, la tête d’affiche s’annonce, la salle est bien remplie pour accueillir Reject The Sickness. Cela fait quelques années que la formation belge écume les scènes belges et internationales et cartonne tout sur son passage. Il faut dire qu’elle sait mettre le feu porté par un Guy furieux. Elle a sorti récemment While Our World Dissolves et a confirmé qu’elle était un client sérieux en matière de Death Metal mélodique à la suédoise. Le groupe a soigné le décor et, d’entrée, semble décidé à en découdre férocement. Avec « Disconnect » en ouverture, il ne fait pas semblant. Précédé d’une courte introduction bien noire le titre est une claque de death avec un côté rugueux, un « growl » tout droit venu des enfers et de bons soli mélodiques. Avec « Disaspproval Of The Week », l’intensité est encore plus forte. Le titre est une claque avec un ton Speed mais avec un côté Death Mélodique sympathique. Le petit miracle a lieu dans la salle où quelques slams se lancent. Porté par cet accueil, le groupe se fait plaisir et assomme son monde avec un explosif « The Plague Of Life » porté par un Guy pied sur les retours qui éructe avec énergie. Les passages mélodiques sont toujours aussi appréciables et la claque va continuer de plus belle avec un bien musclé « Slack Muscles Heal » qui fait trembler les murs. « Burning Soil » et « The Furrow Of Our Soul » confirment le talent du groupe pour un Death hargneux sachant se faire mélodique. Dans le final, « Face The Storm » fait effet avec un ton que ne renierait pas le Soilwork des débuts tandis que « Reset » impressionne par son rythme intense. « Saviour » achève la leçon avec la même force de frappe et un growl qui évoque la scène Death mélodique des années 90. Reject The Sickness a été une parfaite tête d’affiche. Il a proposé un concert puissant et a réussi à faire bouger une partie du public. Il a montré qu’il mériterait d’être largement plus connu au vu de la qualité de sa musique.
Ceci achève pour nous une nouvelle belle édition du Devils Rock For An Angel, derrière, les acharnés vont s’éclater avec des reprises de classiques joués « Back To Back ». La journée a été une fois de plus réussie avec de belles prestations au service d’une bonne cause. Il nous à remercier Didier et toutes ses équipes pour leur travail et leur dévouement et leur donner rendez-vous rapidement pour de nouvelles aventures métalliques.
Laisser un commentaire