Il a fallu s’armer de patience pour assister à la neuvième édition du Headbanger’s Balls Fest. Mais après deux reports, la patience a payé et en ce premier samedi d’octobre, nous sommes de retour à Izegem dans la salle De Leest. Le pass sanitaire est obligatoire comme pour tous les festivals organisés en Belgique. Pour ce retour, les organisateurs ont mijoté une affiche riche et variée. La foule sera au rendez-vous dans une salle souvent blindée. Le retour à la normale est fragile et personne n’a envie de se permettre de rater un évènement aussi intéressant tant les lendemains semblent incertains.


Par Franck Lasselle

Crédit photos : Moris DC


L’ouverture des hostilités se fait à 14h30 avec la venue de Cobra The Impaler. La formation belge est une des sensations du moment. Récemment formée par l’ex-Aborted Tace DC avec Dirk Verbeuren de Megadeth, elle a fait parler d’elle avec un Heavy Metal teinté de progressif. Pour ce concert c’est Ace Zec qui officie aux fûts et la salle est bien remplie pour découvrir une formation qui a donné peu de concerts encore. Après une intro horrifique accompagnée d’un léger riff aérien, le concert est lancé avec « Colossal Gods ». Porté par un gros son, le titre mixe facettes aériennes et côtés plus lourds. Nerveux et teinté prog, le titre évoque Mastodon avec des riffs typiques du style du groupe américain. Le résultat est excellent avec au chant une sacrée puissance et de jolis moments instrumentaux planants. Après cette claque introductive, le concert continue avec « Mountains » et « Demigod ». Ces titres dégagent une folle intensité et un côté hypnotique porté par un chant habité. Techniquement, cela ne fait pas semblant et chacun apprécie la capacité du groupe à tabasser en gardant un côté planant. Un petit speech fait son effet et le public est transporté dans l’univers de la formation. La suite avec « Scorched Earth », « Spirit Of Lyssa » et le final sur « Tempest Rising » est tout aussi parfaite dans la même idée musicale. Cobra The Impaler a donné une prestation intense et réussie. L’ombre de Mastodon est assez forte, mais le groupe a su développer son identité. Il a rencontré un succès certain et on guettera son premier album avec intérêt.

Avec Toxic Shock, nous partons du côté d’Anvers à la rencontre d’une formation qui a débuté en 2010. Elle évolue dans le Crossover/Thrash et a gardé un côté underground avec juste deux albums et pas mal de splits et d’EP. Connue pour ses prestations énergiques, la formation est attendue de pied ferme et la salle affiche bien remplie dans les premiers rangs. Après une intro empruntée à Ennio Morricone – parfaite pour faire monter l’ambiance -, le groupe se lance et ne fait pas dans la dentelle. Cette première claque est un concentré de puissance digne d’un Suicidal Tendencies. Véritable pile électrique, Wouter est motivé et va chercher le public en grimpant sur les barrières. La suite est toute aussi explosive, Wouter est parfait avec un ton dans l’esprit du genre et on ne peut que savourer le côté encore plus Speed de la musique. La furie est totale et la salle répond bien. Torse nu, Wouter est très en forme et balance un speech qui ravit la foule. L’intensité ne va jamais baisser, les musiciens balancent un parfait Crossover/Thrash et à leur tête Wouter est une énorme valeur ajoutée pour le groupe. Dans la suite le groupe va encore appuyer sur l’accélérateur et sonner comme un croisement entre Suicidal et Slayer. Il n’y aura guère de temps morts dans cette démonstration de force, le groupe s’amuse à tabasser un public ravi. Avec ce concert Toxic Shock a montré de belles dispositions pour un Crossover/Thrash sauvage. Il a remué les murs de la salle avec classe et a parfaitement continué une journée bien lancée.

La venue de Signs Of Algorithm ne va pas calmer le jeu. Nos fidèles lecteurs ont lu le compte-rendu de la prestation donnée par le groupe une semaine auparavant au Devils Rock For An Angel. Le groupe n’a bien sur pas changé sa setlist. On rappellera rapidement qu’il est une valeur sûre de la scène Metalcore belge et qu’il fait des ravages partout où il passe. La prestation de ce soir va confirmer le sentiment entrevu au Devils Rock. L’entame est toute aussi furieuse avec un growl énorme et une sacrée puissance de frappe. La différence notable vient du public, Frederick va le chercher et celui ci lui répond et se remue de belle manière dans une chaude ambiance. Ravi de l’accueil le groupe appuie sur l’accélérateur et ne fait pas de quartiers. « Shadows Remain », « Next Level » ou « Skincrawler » sont de belles claques puissantes et mélodiques. Au détour d’un speech, Frederick motive la foule et contribue à donner au concert des allures furieuses. La suite est toute aussi savoureuse et des titres comme « The Bitter End », « Dictator » ou « We All Bury Our Sins ». Le groupe confirme une aisance parfaite pour un Metalcore de haute volée, puissant et sachant se faire accrocheur. Le groupe avait fait mouche de belle manière il y a une semaine et il a recommencé ici avec talent. Signs Of Algorithm confirme qu’il est un client sérieux en matière de Metalcore qui flirte avec le Death. Avec des prestations aussi brûlantes, il devrait continuer de grimper les échelons de la notoriété à toute vitesse.

Pyschonaut avait fait forte impression au Durbuy Rock Festival avec un Post Hardcore teinté d’un esprit 70’s et pas loin de l’univers de Tool ou de Neurosis. Le plaisir de retrouver le groupe est réel avec l’idée d’un nouveau voyage hors du temps. D’entrée avec « Halls Of Amenti », le ton est donné, le groupe hypnotise une foule attentive. Il montre une force de frappe intense avec un côté lourd à souhait. Chant clair et hurlé se télescopent avec intensité et une grande force d’âme se dégage. Après ce début parfait, le groupe enchaîne avec « The Story Of Your Enslavment ». Teinté de Post Hardcore avec un cri prenant le titre est une d’une grande force avec la même intensité qui colle au mur. Niveau intensité « Nothing Is Consciousless » va faire un effet bœuf. Après une intro planante le titre se fait puissant, mélancolique, aérien et planant. Sur plus de 10 minutes, il transporte le public dans une autre galaxie au travers de longues parties instrumentales d’une grande intensité portées par un trio maître de son art. Après ce grand moment, le groupe propose un tout aussi bon « All I Saw As A Huge Monkey » et confirme un talent énorme pour un post hardcore emprunt de la classe d’un Neurosis. Il transporte un public qui ne perd rien de la prestation. Le final avec « Kabuddah » et « The Fall Of Consciousness » est monstrueux, la tension qui se dégage est énorme de force et les aérations sont parfaites en forme d’incroyable ascenseur émotionnel. Une fois encore Psychonaut a donné la leçon. Le groupe confirme un talent fou pour un mixe des sons, entre Post Hardcore, Rock, Progressif avec un côté noir accrocheur. Le concert de ce soir restera un grand moment de la soirée.

Après cette claque, le premier gros nom de l’affiche s’avance. Il faut signaler ici que la petite pause entre chaque prestation permet de bien reprendre des forces. Car pour encaisser l’intensité d’un concert de Pestilence, il faut une bonne forme. La légende néerlandaise œuvre dans le Death Technique depuis un bail et reste terriblement pertinente avec à sa tête l’inamovible Patrick Mameli. L’homme a un caractère bien trempé, son line-up changeant fréquemment confirmant l’idée. Et il ne sera guère bavard ou souriant. Mais le plus important n’est pas là. Le public est là pour se prendre une claque et l’ambiance est chaude dès l’intro. L’entame avec « Deificvs » est intense, Patrick dégage un charisme froid et hurle avec intensité. L’ensemble est maîtrisé avec une technique impressionnante même si le son des guitares est un peu en retrait. Par contre le solo est lui de toute beauté et met le feu. Le public apprécie et se remue bien. La suite va être encore plus intense, le groupe va régler ses soucis de son et assener des baffes. « Sempiternvs » montre un groupe plein de hargne qui aime en découdre. Pestilence montre qu’il reste le patron avec un niveau technique énorme en forme de tarte Death. Après un court speech la leçon continue avec « Dehydrated » et « The Process Of Suffocation ». Le son est énorme et chacun apprécie ces titres majestueux. La basse se fait entendre et on ne peut que savourer riffs et soli taillés dans le meilleur du genre. Patrick continue d’impressionner avec un chant hurlé qui colle au mur. La suite avec « Horror Detox », « Sinister » et « Necro Morph » va être monstrueuse. Le groupe prend son public à la gorge. Il y présente un death technique remarquable de force. La cohésion du groupe est parfaite et chaque instrument se fait sa place dans le mixe avec de nouveau une basse qui se fait bien entendre. Les intros de « Non Physical Existent » et « Twisted Truth » permettent de souffler un peu puis la raclée reprend avec la même intensité et un côté écrasant de force. Le final approche et va achever tout le monde. « Lost Souls », « Dominatvi Svbmissa », « Out Of The Body » et « Land Of Tears » formant un quatuor taillés dans le meilleur d’un Death technique de haute volée. Pestilence a proposé une prestation de premier ordre et a ravi les fans. Après des soucis de son vite réglés, il a écrasé son assistance avec aisance. Il confirme qu’il reste l’un des patrons du genre.

La leçon a été belle et après un bon moment pour souffler, le Hard Rock prend la scène d’assaut avec Phil Campbell & The Bastards Sons. Depuis la fin de Motörhead, Campbell et ses trois fistons portent la bonne parole Rock’n’Roll et contribuent à entretenir la légende et honorer la mémoire de Lemmy. Depuis la sortie de We’re The Bastards en 2020, le groupe a changé de chanteur et vu l’arrivée de Joël Peters. L’ambiance est déjà chaude avant même que les lumières se s’éteignent. La salle est pleine et l’intro sur le « Highway Star » de Deep Purple fait son effet. Derrière avec « We’re The Bastards » et « Step Into The Fire », le groupe met le feu. Ces deux extraits du répertoire du groupe sont d’excellents moments de Hard Rock mélodique portés par un Joël au top. Il est le chanteur idéal avec un ton délicieusement éraillé. Dotés de refrains immédiats, les chansons font leur effet, l’ambiance dans la salle est chaleureuse et chacun apprécie cette leçon Rock. Phil prend la parole et motive le public de belle manière. Le premier emprunt à Motörhead « Rock Out » fait un carton, l’énergie brute du titre enflamme une salle ravie de savourer cet excellent extrait de Motörizer. Il faut saluer la volonté de Campbell de ne pas juste proposer les classiques de son ancien groupe en mettant en avant les titres de son groupe. Car derrière le groupe enchaîne pas moins de quatre de son répertoire. Avec « Big Mouth », « Son Of A Gun », « Dark Days » et « Get On Your Knees », il propose un savoureux quatuor Rock’n’Roll. Les refrains sont parfaits, le ton entre Hard Rock et Blues est plein de feeling. Le public est au taquet et la communion avec le groupe est totale. Au chant, Joël est le frontman parfait avec un charisme certain et un ton Rock délicieux. Campbell attire aussi les regards et force est de constater que l’homme n’a rien perdu de son touché et de son feeling. Au milieu « Born To Raise Hell » fait un gros carton, ce classique de Motörhead étant toujours aussi plaisant porté par son refrain repris en chœur. La deuxième partie s’annonce et va être plus orientée reprises. Après « These Old Boots » emprunté à la carrière solo de Campbell et délicieusement accrocheur la petite bande va enchaîner les moments de bravoure. « R.A.M.O.N.E.S » fait un carton avec son refrain direct irrésistible. « Silver Machine » emprunté au Hawkwind a ce charme des 70’s tandis que « Ringleader », seul titre du groupe de cette deuxième partie, fait son effet avec une bonne force de frappe. Le final va être royal. Finement amené par Campbell, « Ace Of Spades » fait un carton total dans une salle brûlante, « Killed By Death » est toute aussi parfaite et également reprise en chœur. « Sharp Dressed Man » est un superbe hommage à ZZ Top. Le titre remue le public avec son célèbre refrain. « Going To Brazil » est un final parfait dans le même esprit hard rock puissant et entraînant. Phil Campbell & The Bastards Sons ont méchamment cartonné. Le changement de vocaliste leur a fait du bien et permit d’être encore plus au top. Ils ont rendu un bel hommage à Lemmy et au Rock et rencontré un énorme succès dans un esprit fraternel.

Après la pause, Orange Goblin a l’honneur de clôturer le festival et a une petite pression tant Campbell et ses gamins ont fait impression. Mais la légende du Stoner Metal anglaise a de la bouteille et sait proposer des prestations de haute volée. Le groupe célèbre ses 25 ans de carrière et présente son nouveau bassiste, Harry Amstrong. Le groupe va revenir sur ses neuf albums en mettant l’accent sur ses disques emblématiques avec trois titres joués pour A Eulogy For The Damned et Time Travelling Blues. Après une intro balançant « It’s A Long Way To The Top » d’AC/DC, le concert se lance avec « Solarisphere » un extrait de Time Travelling Blues. L’ambiance est chaude, la fatigue ne semblant guère toucher un public en grande forme. Le titre est une claque de Stoner Metal porté par la voix chaleureuse de Ben Ward. Le titre fait un carton et l’accueil du public est parfait. Derrière avec « The Ballad Of Solomon Eagle », le groupe enchaîne avec le même Groove/Stoner et un côté gras délicieux. Après un speech frais et sympa, le ‘’Brexit’’ y sera même évoqué, Orange Goblin va balancer nombre de bombes. « The Filth & The Few », « Saruman’s Wish », « Aquatic Fanatic » et « Your World Will Hate This » ont ce feeling Stoner teinté de Heavy et de Rock’n’Roll et font un carton auprès d’une foule sous le charme. Le groupe est en forme et heureux d’être sur scène. Le speech qui suit le confirme avec une comparaison entre le Heavy Metal et la Pop savoureuse. Avec « Made Of Rats », « Blue Snow » et « Some You Win, Some You Lose », la pression n’est pas relâchée. La force et le groove de ces titres rappellent à quel point Orange Goblin est un monstre de la scène Stoner/Heavy. Les riffs et soli de Joe Hoare étant toujours incisifs et heavy. Après un speech de plus d’un Ben bavard et sourire au visage « The Man Who Invented Time » et « The Fog » sont toutes aussi accrocheuses et puissantes avec un groove irrésistible. L’ambiance reste énorme et ne va pas retomber avec les perles que sont « Sons Of Salem » et « Scorpionica ». La force Heavy de ces titres chauffe une salle où l’on ressent la sueur et la chaleur humaine. Le dernier speech de la soirée précède « The Devil’s Whip ». Il est l’occasion d’un hommage fort et sincère à Lemmy Kilmister qui ravit la foule. Puis le titre empreint d’un son rock à la Motörhead fait son effet. Le final avec « Quincy The Pigboy » et « Red Tide Rising » est parfait et achève un public ravi avec la même force Stoner chargée d’une bonne dose de Heavy. Orange Goblin a proposé une excellente prestation. Il a bien revisité sa carrière et fait un joli carton. Le public repart ravi de cette leçon de Hard Rock et d’une journée très réussie.

Il nous reste à remercier le Headbanger’s Balls Fest pour son accueil, sa parfaite organisation et pour son travail au service de la cause métallique. On ne peut que saluer les bénévoles qui ont su mettre su place un bel évènement dans des conditions encore peu simples, un grand merci à eux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.