Quel véritable parcours. Après des mois de galère, Vincent Peignard-Mancini nous revient, le sourire aux lèvres, avec son groupe de cœur : The Butcher’s Rodeo, auteur d’un opus particulièrement symbolique : HAINE. Ce dernier marquant une nouvelle étape dans la carrière du chanteur, nous avons voulu en avoir plus en nous entretenant avec lui. L’occasion pour nous de tâter le terrain avant qu’il ne foule la scène de The Black Lab le vendredi 10 décembre prochain.
Propos de Vincent Peignard-Mancini (chant) recueillis par Axl Meu
Ce nouvel opus de The Butcher’s Rodeo n’a rien d’anodin. Tu étais en pleine convalescence lorsque tu t’es penché dessus… C’est aussi ton premier album post-AqME. On imagine que les épreuves que tu as traversées ces dernières années t’ont renforcé… D’ailleurs, comment as-tu vécu la fin qu’AqME ?
Je n’étais pas très heureux, je dois t’avouer. Je m’étais vraiment attaché au groupe, à ses membres. En dix ans, nous avions vraiment réussi à construire quelque chose de pertinent, de cool. Mais les autres membres n’étaient pas toujours très heureux, car les retours n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes. Finalement, l’ambiance était assez pesante. Donc, quand ça s’est arrêté, ça a été salvateur, voire libérateur pour certains. Puis, bon, ça ne s’est pas vraiment arrêté comme on l’aurait souhaité. On n’a pas même pas pu assurer notre dernière date au Trianon. Nous l’avions reporté une fois, une deuxième fois… Mais finalement, nous avons dû l’annuler, car je n’avais pas encore récupéré ma voix. Un mois après, nous étions confinés… On peut dire que le sort s’est acharné sur nous. Je ne vais pas te mentir, ces deux dernières années ont été difficiles. Heureusement que j’étais bien accompagné !
Oui… Tu avais perdu ta voix. Tu as dû la retrouver, la retravailler… C’est vraiment un « nouveau toi » que l’on retrouve sur cet album.
Ma voix est revenue progressivement. Et je dois dire que je ne travaille plus de la même manière. En fait, ce qu’il faut savoir, c’est que, suite à mon opération, je n’arrivais plus à parler, ma corde vocale était bien atteinte… Je ne pouvais plus lever la voix. C’est à ce moment-là que mon professeur de chant est intervenu. Il m’a donné le numéro d’une orthophoniste qui pratique ce que l’on appelle l’’’ostéovox’’. Suite à la première séance, elle a réussi à faire comprendre à mon corps qu’il pouvait s’adapter et à me faire parler normalement. Ça a été salvateur. Six mois après, le nerf de ma corde vocale avait doublé de volume ! Je n’en revenais pas ! Le corps humain est tout simplement incroyable. Si tu te lèves avec l’envie d’y arriver, il saura s’adapter. Ensuite, il a fallu que je m’adapte, que je me reconstruise. Finalement, quand je suis arrivé au studio, Étienne (Sarthou, NDLR) m’a dit que ma voix n’avait pas changé.
Est-ce que tu peux me présenter ce nouvel opus, HAINE ?
Déjà, il faut savoir que les textes de l’album sont en français, une première pour nous ! Je ne voulais pas m’asseoir sur les dix années passées avec AqME sans ré-expérimenter le chant en français. Au départ, l’album était déjà écrit, les paroles étaient en anglais… Mais un jour, j’ai débarqué et j’ai expliqué aux autres gars que je voulais faire un album en français. Ils n’étaient pas très emballés au départ. Finalement, ils ont bien voulu me faire confiance. Avec AqME, j’avais relevé ce défi et ça n’avait pas trop mal marché ! J’ai donc tout réécrit, changé les thématiques. L’ensemble est devenu plus sombre…
Oui, ça se ressent. En l’écoutant, par moments, j’ai eu l’impression que tes textes étaient empreints d’une dimension autobiographique, même si l’ensemble s’avère particulièrement ouvert. Tu parles de toi dans tes textes ?
Ils sont hyper introspectifs, un peu comme ceux d’AqME. Et effectivement, tous ceux qui écoutent l’album peuvent se projeter et les interpréter à leur manière. Je ne suis pas unique. « La Hache », par exemple, parle de notre rapport à la consommation, « Morte », de mon côté « écolo ». Cette chanson est un avertissement… Dedans, la Terre menace l’Homme de le massacrer s’il ne se calme pas. Après, il y a des morceaux comme « Crève » qui sont assez explicites… Aussi, il y a un morceau dans lequel je parle de mon fils…

« Le corps humain est tout simplement incroyable. Si tu te lèves avec l’envie d’y arriver, il saura s’adapter »
C’est « Pater Autem ».
Oui ! C’est le troisième morceau que je fais sur lui ! Il m’inspire !
Quand les paroles de l’album ont-elles été écrites ? Avant ou après les instrumentaux ?
Toujours après. Je suis très actif dans la composition des morceaux, même si je ne joue d’aucun instrument. Je suis très arrangeur, donc j’essaie au mieux d’aiguiller mes amis. Là, l’album fait 46 minutes, mais nous aurions pu pousser à 60 minutes. Après, nous ne sommes pas sans ressources, les idées coulent à flot. Après, nous avons une nouvelle équipe. Fabien (Evanno, guitare, NDLR) nous a rejoints à la guitare en 2017, Tristan (Broggia, batterie, NDLR) est arrivé dans le groupe en 2018. Il fallait qu’on fasse les choses bien. Cependant, l’A.D.N. de The Butcher’s Rodeo est toujours là. Mais sinon, il y a plein de choses qui ont changé.
Fred des Noise Emission Control apparaît sur le morceau « Le Désordre ». Vos deux voix se complètent particulièrement bien !
Noise Emission Control est un de mes groupes de cœur. On avait partagé la scène ensemble à Lorient, au Galion. À l’époque, j’avais été tellement scotché par leur son que j’avais arrêté de manger pour aller voir leur concert. Je les trouve tout simplement incroyables ! Par la suite, on s’est retrouvé à plusieurs reprises et j’espère que l’on sera un jour amenés à faire une vraie tournée ensemble, parce qu’ils le méritent ! Ils font du pur son ! Fred a une voix plus aiguë que la mienne… En fait, quand on a écrit le morceau « Le Désordre », j’ai fermé les yeux et je l’ai tout de suite vu chanter dessus. Bon, je regrette qu’il n’ait pas pu nous rejoindre au studio, mais bon… Du coup, il a tout fait à domicile et nous a envoyé quelque chose comme 42 prises. Il y en avait tellement que je ne savais pas laquelle choisir ! (Rires)
La pochette, elle représente quoi ?
On ne savait pas trop quelle direction prendre. C’était assez compliqué, et finalement, la situation s’est décantée quand on a fait appel à notre ami, Alex Diaz, le chanteur de The Prestige. C’est un bon pote à nous. Il a fallu d’un coup de fil pour le mettre dans le coup. Il a écouté l’album et tout de suite il m’a expliqué avoir l’impression d’y voir un mec s’étouffant dans un sac plastique. L’idée est partie de là. Du coup, on a commencé la séance photo dans notre local de répétition. Après 200 prises, il y a cette photo qui est ressortie. Elle était d’une telle violence ! C’était LA photo qu’il nous fallait. Puis le message était fort. Je veux sortir de là. Je veux respirer. Je veux vivre.
Ça y est, les concerts reprennent enfin. On vous verra d’ailleurs en concert à Lille, à The Black Lab, le vendredi 10 décembre prochain. Ça sera avec Noise Emission Control et Headcharger !
On va bien s’amuser ! On va évidemment essayer de bosser le feat. avec Fred. Peut-être que je monterai sur scène avec eux ? Je ne sais pas ! En tout cas, ça va être une pure soirée ! De toutes manières, à chaque fois que l’on passe dans le nord de la France, il y a une ambiance de feu ! Plein de copains qui sont là pour s’amuser. Que demander de plus ? En plus, The Black Lab m’a l’air d’être une salle formidable. C’est super de voir de tels projets se concrétiser en pleine période de COVID !
The Butcher’s Rodeo, c’est :
Tristan Broggia : Batterie
Fabien Evanno : Guitare
Antoine Plauchut : Guitare
Julien Peignart-Mancin : Basse
Vincent Peignart-Mancini : Chant
Discographie :
Like a Hobo on a Bison (EP-2011)
Ghosts In The Weirdest Places (EP-2013)
Backstabbers (2016)
HAINE (2021)
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