Une soirée sous le signe de l’audace s’est tenue à la Brat Cave de Lille le 12 novembre dernier. En effet, trois formations à l’approche atypique et conceptuelle de la musique se sont succédé. Nous y étions, et nous vous livrons ici nos impressions sur cette curieuse soirée…
Par Thomas Deffrasnes
Lille est à l’honneur ! Et pour cause, c’est le bal violent et schizophrénique de Vautours qui inaugure cette soirée. Il faut dire que la voix hurlée et théâtrale de Rémy Barbe ne nous laisse pas de marbre. Encore moins lorsque celui-ci vient au contact du public, comme une provocation ou une incitation à la violence. Disons-le : la musique de Vautours en appelle au corps. C’est un effervescent mélange de Punk et de Hardcore, qui fait de l’œil au mouvement Noise. Nos oreilles sont captivées par ce savoureux mélange de rythmiques fracturées et de riffs explosifs, tandis que nos yeux sont assujettis à la performance du chanteur. Tantôt le mégaphone à la main, tantôt le micro dans la bouche, c’est un être en transe qui s’exalte face à nous. Une prestation de très bonne facture qui nous laisse sans voix…
Puis c’est la Capitale qui investit les lieux. Pourtant, les anciens de Light Deflection se nomment désormais Nord ! Le concert s’élance dans une virtuosité étonnante. Les guitares à sept cordes donnant à découvrir une musique plus ambitieuse : le Mathrock embrasse le Rock Progressif pour des mouvements très lumineux et solaires. Les passages de shred ponctuent les compositions, et nous sommes étonnés d’une telle technique. Pourtant, la formule a du mal à convaincre les non-initiés. Car bien qu’impressionnant, le groupe manque de nous immerger pleinement. Il faudra attendre le dernier titre, « The Only Way To Reach The Surface » – qui avoisine les quinze minutes pour que le groupe nous transporte dans sa musique, sans interlude ni commentaires humoristiques… Un moment plutôt agréable en somme !
Et l’immersion, ce n’est pas le problème de la dernière prestation de la soirée. Il s’agit de Dragunov. Son univers post-apocalyptique, bercé dans le paysage ukrainien fait mouche. Fumée, masque à gaz, sirènes… Tout y est pour nous interpeller et nous inviter à ce voyage dans un monde hostile à l’homme. Le duo occupe la scène, jouant d’une sorte de Doom qui fait corps avec les samples. Pourtant, malgré le jeu de batterie virevoltant et mécanique, les compositions restent en surface. D’autant plus lorsque le groupe plaisante avec le public, et que le ton menaçant de l’atmosphère devient sympathique. Dragunov nous réserve tout de même une surprise en fin de set : Un morceau joué avec tous les membres de Nord. Un instant de communion appréciable !
Une soirée a l’ambiance decrescendo, qui n’a pas été à la hauteur de nos attentes. En revanche, nous soulignons la prestation explosive de Vautours, qui a, ce soir, bien défendu la scène lilloise.
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