Avec Moonflowers, Swallow The Sun signe là l’un des albums de Doom Metal les plus percutants de l’année. En effet, alternant entre état d’âme à fleur de peau et puissance sonore, ce nouveau rejeton a mis les fans du groupe (et les autres) dans tous leurs états, entre passion et dépression. Pour en savoir plus à son sujet, nous avons contacté son batteur, Juuso Raatikainen.
Propos de Juuso Raatikainen (batterie)
Salut Juuso. Comment te sens-tu en ce moment ?
Je me sens bien. Je suis fier que l’album puisse enfin voir le jour. Enfin nous allons partir en tournée ! Depuis le temps… Néanmoins, je ne m’enthousiasme pas trop. Enthousiaste, je ne le saurai que lorsque nous aurons donné au moins un concert. Je veux dire, s’il y a bien quelque chose que nous avons appris ces dernières années, c’est que tout pouvait être annulé à la dernière minute. Donc, espérons que nous pourrons partir comme prévu !
Swallow The Sun revient avec un nouvel opus : c’est Moonflowers. Que devons-nous savoir à son sujet ?
Je dirais que Moonflowers est bien plus varié que ses prédécesseurs. When a Shadow Is Forced into the Light était principalement l’œuvre de Juha Raivio (guitare, fondateur du groupe, NDLR)… Cette fois-ci, chacun a apporté ses idées. Celui-ci dégage néanmoins quand même beaucoup d’émotions… Si je devais qualifier cet opus, je dirais que le mot « confinement » lui correspondrait bien. Non seulement parce que nous avons travaillé dessus pendant la pandémie, mais aussi parce qu’il résume bien l’état d’âme des membres du groupe qui étaient principalement renfermés sur eux-mêmes ces dernières années. Musicalement parlant, Moonflowers est sans doute l’album le plus varié de Swallow The Sun, peut-être un peu plus compact. Il y a moins de couches de guitares et claviers qu’à l’accoutumée.
Que devons-nous comprendre derrière l’expression « Moonflowers » ? D’ailleurs, quelle était également l’idée derrière cette pochette ?
Juha écrit principalement la nuit, ce qui explique le nom de l’opus. Concernant la fameuse pochette, la lune que tu peux voir a été conçue et peinte à partir de son propre sang. Il me semble qu’il a également utilisé des fleurs de son jardin pour compléter la pochette. L’approche de la musique de Swallow The Sun a toujours été très personnelle. Quand il écrit, Juha ne cesse de faire allusion à son vécu, d’où la puissance qui ressort de ses morceaux. En général, les fans peuvent se retrouver dans ce qu’il déverse.
La musique de Swallow The Sun alterne toujours entre moments calmes et moments plus remuants. D’où cette tension vient-elle ?
Cette tension à laquelle tu fais allusion est un ingrédient clef de notre musique. D’ailleurs, c’est peut-être ce qui nous diffère des morceaux de Doom Metal « old-school ». Peut-être ont-ils peur de placer quelques passages mélodiques ici et là. Swallow The Sun, à l’inverse, a toujours su jouer sur les contrastes, les tonalités. On y retrouvera des parties assez « Black Metal » dans l’âme, mais aussi d’autres passages plus doux et d’autres plus tendres.

« L’approche de la musique de Swallow The Sun a toujours été très personnelle. Quand il écrit, Juha ne cesse de faire allusion à son vécu, d’où la puissance qui ressort de ses morceaux. »
« This House Has No Home » clôt l’album d’une manière surprenante. Je dois avouer avoir été très surpris par ses sonorités Black Metal… Pourquoi avoir décidé de clore l’album avec ce morceau ?
On ne peut pas dire qu’il s’agit d’un morceau de Black Metal, juste parce qu’il y a du blast-beast et du cri. Le Black Metal, c’est avant tout un état d’esprit et surtout un rapport très étroit avec le satanisme. Ce qui n’est pas notre cas à nous. Je veux dire… Ce n’est pas le premier morceau de Swallow The Sun qui incorpore ce genre de sonorités… En fait, on voulait tout simplement mettre un terme à l’album avec un morceau puissant, le plus agressif de l’opus. Tu n’es pas le seul à me faire la remarque d’ailleurs. Mais bon, ça marche plutôt bien ! Quand tu écoutes l’album dans son intégralité, tu te rends compte que ça fait plutôt sens.
Swallow The Sun, malgré son ancienneté, appartient encore à la vague de Doom Metal moderne. Pourtant, j’imagine que vous continuez à vous inspirer de groupes comme My Dying Bride et Paradise Lost. Comment puisez-vous dans vos sources d’inspiration de sorte à créer une entité originale qui sorte du lot ?
Nos inspirations sont très diverses. En fait, une chose est claire, nous aimons tous le Doom Metal dans le groupe et moi le premier, mais nous n’aimons pas que ça. Juha a un vrai penchant pour la scène Rock/Progressif. Il écoute régulièrement des groupes comme Marillion, Rushet ainsi de suite. D’ailleurs, je pense que notre musique ne serait pas à la haute si nous nous contentions de n’écouter qu’un seul style de musique. D’ailleurs, si notre musique est si riche, si contrastée, c’est tout simplement parce que nous venons tous d’horizons différents et que nous sommes ouverts d’esprit.
Comment expliques-tu qu’un fan de musique Prog’ soit amené à évoluer dans ce genre de registre ?
C’est un cliché dont il te faut tordre le coup. Ce qui compte, c’est de s’exprimer avec honnêteté. Du moins, essayer. La musique que tu joues doit être le reflet de ton âme, de tout ce que tu ressens. C’est vraiment naturel. Ce n’est pas superficiel. Au contraire.
Comment le groupe a-t-il travaillé avec Jens Bogren ?
Si je me souviens bien, le groupe avait commencé à travailler avec lui pour New Moon (2009) avant de remettre le couvert dix ans plus part pour l’album When a Shadow Is Forced into the Light… Nous avons également enregistré chez lui ! En tout cas, quoi qu’il fasse, tu es sûr d’obtenir un résultat qualitatif. Tout le monde sait à l’avance que ça sonnera bien et qu’il arrivera à faire la différence. En tout cas, ses méthodes de travail ‘’matchent’’ avec les nôtres !
Enfin, est-ce que tu pourrais me dire ce que tu as apporté toi-même à l’album à titre de batteur ?
Disons que je me réjouis du fait que Juha ne soit pas batteur ! (Rires) Ça me laisse assez d’espace pour apporter mes propres idées et retravailler les morceaux. Je fais mon job, tout simplement. Naturellement, quand tu joues dans un groupe de Doom Metal, il ne faut pas penser à la technique, mais plutôt appuyer le feeling de la composition. En tout cas, malgré les apparences, il ne suffit pas de répéter le même « pattern ».
Swallow The Sun, c’est :
Juha Raivio : Guitare
Matti Honkonen : Basse
Mikko Kotamäki : Chant
Juuso Raatikainen : Batterie
Juho Räihä : Guitare
Jaani Peuhu : Clavier, Backing-Vocals
Discographie :
The Morning Never Came (2003)
Ghosts of Loss (2005)
Hope (2007)
New Moon (2009)
Emerald Forest and the Blackbird (2012)
Songs from the North I, II & III (2015)
When a Shadow Is Forced into the Light (2019)
Moonflowers (2021)
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