En ce week-end précédent les fêtes de fin d’année, nous avons rendez-vous au Métaphone de Oignies pour une soirée en compagnie de Lofofora et Pogo Car Crash Control. Malgré la dégradation rapide de la situation sanitaire la date a lieu avec comme seule nouvelle contrainte le port du masque obligatoire dans la salle. Ce petit supplément n’a pas découragé le public et avant l’ouverture, pas mal de gens sont déjà présents. Chacun se disant qu’il est important de profiter des concerts tant que cela est encore possible. La suite des événements aura donné largement raison à ceux qui ont fait le déplacement. En février 2020, Lofofora nous avait ravi à Anzin montrant une incroyable pêche à la manière d’un débutant aux dents longues. Deux ans plus tard, il est de retour dans le Nord et on espère qu’il saura nous donner la même leçon musicale.

Par Franck Lasselle (texte) et Moris DC (photo)


Mais avant Lofofora, il y a une première partie, ce sont les français de Pogo Car Crash Control qui ouvrent. Il faut rappeler à quel point le Métaphone est une salle parfaite pour savourer au mieux un concert avec sa grande fosse, ses places assises au balcon et un confort optimal pour se poser entre les concerts. La fosse est encore dégarnie quand le groupe débarque. Mais les fans présents sont motivés pour accueillir une formation qui fait parler d’elle avec un mélange explosif de Punk, de Hardcore et de Metal. Depuis ses débuts en 2016, il a foncé et bousculé son monde avec des prestations explosives. D’entrée, le groupe envoie la sauce et ne fait pas de quartiers. Avec « Seul à Tomber », le groupe balance un missile taillé dans un Hardcore teinté de Punk avec un côté « Garage ». Olivier (chant/guitare) montre un charisme certain et va chercher un public encore timide mais qui s’avance vers la scène. ‘Paroles/M’assomment’ enfonce le clou. Le ton est tout aussi costaud dans un esprit hardcore métal. Le public est rapidement bouillant et quelques pogos se lancent dans une belle ambiance.

Le concert est parfaitement lancé et la suite va être intense. Pogo Car Crash Control a gagné son pari et a conquis la foule. Il va enchaîner les missiles et faire un carton. « Déprime Hostile », « Pourquoi tu Pleures », « Le Ciel est Couvert » et « L’Histoire se Répète » font mal aux gencives. Il y a l’énergie Hardcore qui se mixe à un ton Thrash teinté de groove. À côté du chant brut de décoffrage, les parties de chant clair font leur effet au travers de refrains efficaces. La salle est désormais bien pleine et l’accueil est royal. Olivier apprécie l’ambiance et derrière avec « Mirroir », le groupe balance une tartine Heavy qui dépote. Avec « Aluminium », on retrouve un nouveau titre qui fait son effet en mixant puissance Heavy avec un côté lancinant efficace. Chant clair et growl se mixent encore parfaitement. La salle est de plus en plus chaude et accueille « En Boucle » avec ferveur. Entre Hardcore incisif et facette plus Rock teintée de grunge le titre est redoutable de force.

Cette première partie de concert a été parfaite. Avant d’enchaîner, Olivier prend la parole et se met le public dans la poche. Bavard et sympathique, le chanteur sait y faire pour faire monter l’ambiance. Celle-ci va être bien chaude avec ‘ »omment lui en Vouloir ». Très théâtral et doté d’un refrain parfait, le titre fait son effet avec un partage réussi entre growl et chant clair. « Criminel Potentiel » est une baffe métallique porté par un chant hardcore rageur et un côté plus plaintif. « Rancunier » est tout aussi méchant et montre une facette intéressante avec un chant parlé donnant des airs d’histoire contée. Au détour d’un break calme, Olivier confirme un énorme charisme qui électrise la foule. Le final approche et au détour d’un autre speech Olivier chauffe le public. « L’intérieur de ton Corps » permet à tout le monde de se remuer avec une sacrée puissance exprimée. Olivier remue la foule et sur le très Punk/Hardcore « Qu’est-ce qui ne va pas? » des pogos se lancent dans tous les sens.

« Tête Blême » enflamme la foule avec la même puissance musicale puis « Crève » montre qu’il porte bien son nom. Directe et méchante, la chanson ne fait pas de quartiers. Olivier va au contact des premiers rangs et fait chanter le refrain du titre à une foule ravie de cette communion. Les rappels arrivent vite, le groupe sort quelques secondes et revient pour achever son monde. En trois titres le groupe va tout lâcher et faire un ultime carton. « L’égo dans les Chiottes », « Trop Défoncé » et « Conseil » sont des baffes taillées dans un mix’ Hardcore et Rock redoutable. Avant la dernière, Olivier lance un Wall Of Death qui met le feu et permet de finir en beauté une prestation intense. Avec ce concert, Pogo Car Crash Control a fait bonne impression. Il a montré qu’il était un client sérieux pour dominer la scène Hardcore/Metal française. Il a ravi ses fans et au vu de la tête réjouie de pas mal de personnes, il ne fait nul doute qu’il a gagné de nombreux nouveaux adeptes.

Après cette bourrasque la pause est la bienvenue pour reprendre des forces pour accueillir Lofofora. Malgré les années qui passent la formation française reste un monstre scénique. Reuno et ses hommes prennent toujours autant de plaisir à tabasser le public avec leur métal mâtiné de Punk et de Hardcore. Pas mal se souviennent de la date d’Anzin qui avait fait trembler l’antique théâtre de la ville. La salle est remplie dans la fosse comme dans les travées et l’étage quand les lumières s’éteignent. L’ambiance est déjà bonne et chacun est prêt à se remuer et se faire plaisir. L’intro mélodique amène une ambiance assez sombre. Puis tout se lance avec « Bonne Guerre », Reuno est déchainé et bouge dans tous les sens. Le public apprécie la claque taillée dans un pur métal teinté hardcore. Le chanteur affiche un sourire communicatif et apprécie l’accueil. Le groupe ne perd pas de temps et enchaîne avec « Les Seigneurs ». Le titre est une tarte Heavy, Reuno s’y montre hargneux et montre une conviction énorme dans ce qu’il chante. À ses côtés, ses compères sont au top de leur forme avec une maîtrise parfaite. Le son est parfait et ce début remarquable fait son effet auprès d’un public qui réserve un accueil royal à la formation. Avec « Pyromane », on retrouve un autre titre très fort et tout aussi engagé. Avec son début très Rock, le chant parlé de Reuno et une suite percutante portée par un riff énorme le titre est une claque.

Le concert est lancé de la meilleure des manières, Lofofora a montré qu’il était en grande forme. Reuno prend la parole. Détendu et plein d’humour, il confirme son côté très agréable et amuse la galerie en causant de bières. Derrière, « Les Gens » fait un carton avec un bon côté Rock et un refrain efficace, il est aussi l’occasion de quelques slams dans une ambiance bonne enfant. Avant « Arraché », Reuno parle encore au public et le motive à fond. Le titre est une claque tranchante taillée dans le meilleur d’un Metal Hardcore bouillant. Les slams s’enchaînent et se font même depuis la scène dans un parfait état d’esprit. Avec « Le Fond et la Forme », on retrouve un gros classique du groupe. Précédé d’un speech sympa avec Vincent en vedette, le titre met le feu. Son texte restant toujours aussi pertinent avec une force d’âme énorme. « Contre les Murs » est tout aussi efficace avec un ton Thrash qui ne fait pas de quartiers et un autre texte fort. Avant « Carapace », Reuno toujours aussi bavard exprime sa joie d’être là. Il réclame des pogos et est bien suivi. La puissance du titre avec un Reuno s’arrachant les cordes vocales dans un esprit Thrash aidant bien à la réussite de l’entreprise. Cette décharge met le feu à une fosse ravie de la claque. Derrière, Reuno annonce un titre du siècle dernier et se permet un selfie avec un fan. « Dur Comme Fer » fait son effet avec son début calme et ses paroles fortes portées par le chant clair de Reuno. Le refrain est toujours aussi énorme et l’accélération au travers d’une partie instrumentale de haute volée est intense.

Cette première partie de concert a été énorme et la suite ne va pas voir le niveau baisser, Lofofora tient son public de main ferme et ne va pas relâcher la pression. « Au Secours » est une baffe de Metal/Hardcore qui remue la foule en donnant envie de sauter dans tous les sens. Avec « Macho Blues », le groupe balance un titre très pertinent malgré ses 25 ans d’âge. Message fort en soutien aux femmes et au mouvement #MeToo, il donne le frisson et déclenche des pogos furieux. Après ce moment engagé, Reuno évoque ses origines picardes et les betteraves dans un esprit fun et rigolo. Puis avec « Quelqu’un de Bien », on retrouve un titre accrocheur porté par un Reuno chantant parfaitement en clair. Dotée d’une belle montée en puissance, la chanson a fait son effet avec un superbe refrain. Au top de sa forme, Reuno remue le public. Avec « Le Refus », on retrouve un titre percutant au chant plein de hargne qui déclenche de nouveaux pogos. La partie est gagnée pour le groupe et Reuno joue avec la foule dans un bel esprit de complicité. « Le Venin » avec son côté Heavy costaud et son chant parlé toujours aussi prenant fait un bel effet auprès d’une foule pas du tout fatigué et qui en redemande. La dernière ligne droite démarre avec « Le Futur ». Avant de lancer le titre, Reuno évoque un présent bien peu rose mais garde un moral énorme avec un côté optimiste qui force le respect. Véritable tarte le titre est dévastateur et déclenche pas mal de pogos.

Le final arrive avec « Justice Pour Tous », porté par un refrain énorme et un ton Thrash, le titre est une claque qui ne fait pas de quartiers. Reuno s’amuse de la tradition des rappels en s’en moquant de manière fun. Le groupe zappe ce moment obligé et relance la machine immédiatement avec « La Beauté et la Bête’ » Porté par un début écrasant de force avec un énorme travail instrumental, le titre ne fait pas de quartiers et voit Reuno se déchaîner. Moitié poète, moitié hurleur, il porte le titre avec force. Après un final percutant mettant la batterie en avant, le groupe embraIe avec « Auto-Pilote ». Ravie de l’accueil reçu, Reuno est au taquet et porte le titre avec un charisme certain. Avec « Les Sirènes », Lofofora propose une nouveauté. Il montre qu’il en a encore sous le capot. Porté par un chant puissant, le titre est une tarte métallique au rythme intense et qui fait remuer la foule. Le véritable final arrive avec « La Surface ». Avant de lancer le titre, Reuno balance un dernier speech, exprime une joie sincère de retrouver son public puis présente toute l’équipe technique. Cet hommage aux hommes de l’ombre est très sympathique et derrière le titre est plaisant avec un bon côté Rock et un excellent solo.

Lofofora a proposé une prestation épatante, il a fait plaisir à tout le monde avec générosité et sympathie. Il confirme qu’il reste un des leaders de la scène métallique hexagonale. Il a aussi montré qu’il avait toujours ancré en lui ce côté engagé si fort. Le temps passe mais Lofofora garde ses convictions et ne se laisse pas avaler ou corrompre par le système et cela est à saluer. Cette prestation restera à n’en point douter dans l’esprit d’un public qui a eu cent fois raison de venir profiter d’une soirée normale avant le retour de nombre de restrictions. Il nous reste à remercier le Métaphone pour son accueil et ses équipes pour leur travail et leur sympathie.

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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