Régulièrement, la rédaction d’Heretik Magazine vous donne rendez-vous sur ses platines et passe en revue ses dernières écoutes ! Plus connu, moins connu, plus vieux, moins vieux, une chose est sûre, tout le monde y passera !
Par la rédaction
DAGOBA
BY NIGHT
Metal Moderne
Napalm Records
Même si, personnellement, By Night ne détrônera pas mon album préféré (What Hell Is About… et sa claque monumentale il y a plus de quinze ans resteront toujours chers à mon cœur), ne boudons pas notre plaisir face à cette nouvelle sortie des Marseillais. Reprenant les éléments récurrents des dernières sorties (notamment Black Nova), By Night va toutefois plus loin, en particulier avec le rôle de premier plan donné aux synthés et aux ambiances. L’univers du disque loue la nuit, alors (et logiquement) ce disque passe, dans ses décibels, des spotlights aux ruelles plus sombres. By Night est un album efficace, qui s’écoute facilement et qui jouit d’une production relativement imposante. Pour le léger bémol, on regrettera peut-être que la totalité du disque ne reste pas en tête une fois l’écoute terminée. Même si By Night a évidemment des titres forts et des hymnes (spécialement les singles “The Hunt” et “The Last Crossing”), Dagoba a pu parfois nous habituer à plus entêtants, sur Face The Colossus ou Post Mortem Nihil Est par exemple. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : By Night est un bon album qui montre qu’après plus de vingt ans de carrière, Dagoba cherche toujours à se renouveler. C’est d’ailleurs relativement facilement que By Night s’affirme comme une des sorties majeures du moment, que ce soit pour la scène française ou internationale.
Romain Richez
HANGMAN’S CHAIR
A LONER
Doom
Nuclear Blast
Hangman’s Chair ou le récit du groupe français qui monte, qui monte. Quatre ans après un magistral « Banlieue Triste » qui avait nourri une certaine hype autour du groupe, revoilà les Franciliens fraîchement signés chez le mastodonte Nuclear Blast avec un nouvel opus, « A Loner » qui ne va surtout pas ralentir la fulgurante ascension du combo emmené Cédric Toufouti et sa voix qui se magnifie album après album. Toujours dans cette veine entre le rock, le metal atmosphérique et le doom, il n’est pas rare de voir son esprit sombrer à l’écoute des longues mélodies mais d’y trouver étrangement un sentiment aérien, salvateur au détour d’un titre comme « Storm Resounds » ou « Loner ». Beau, aérien, sombre, mélancolique : des années que Hangman’s Chair à ce genre de qualificatifs autour de leurs sorties. Ceci étant, chaque album va plus loin tout en gardant cette ligne conductrice qui fait de ce groupe un joyau rare.
Cédric Cambien
OTARGOS
FLESHBORER DESTROYER
Black Death
Xenokorp
Doté d’une production en mode « mur du son », Fleshborer Destroyer, s’affirme comme la carte de visite incontournable de nos amis d’Otargos. Las des clichés du genre, d’album en album, le groupe s’est émancipé des thèmes récurrents du Black et avec Fleshborer Destroyer le combo enfonce le clou. Direct, violent, brutal et varié Fleshborer Destroyer assène trente-cinq minutes de Black Death rugueux, sombre et engagé. La rage qui émane des compositions confère au titre une frénésie quasi impitoyable. Conçu pour tout détruire, Fleshborer Destroyer annihile intégralement toute velléité de sortir du maelstrom dans lequel il nous plonge. Organiques et sensoriels, l’album est à prendre comme un tout, conceptualisé de façon à nous agripper dès l’intro sans jamais relâcher la pression mise sur nos sens. On reste sonnés par une telle débauche d’énergie et cette succession de skuds sonores. Fleshborer Destroyer s’appréhende comme une suite à Xeno Kao (2015), avec un soupçon de violence et de vitesse en plus. Le Black Death d’Otargos prend définitivement corps au travers de cet album. Les atmosphères sont bien là et le travail fait sur le son avec le Vamacara Studio fait mouche. Fleshborer Destroyer est la pièce musicale qu’Otargos peut être fier d’avoir engendrer. Un album dark, brillant et intelligent, qui assure définitivement au quatuor une place de choix dans le panthéon du genre, dans et hors de nos frontières .
Fred
PENSÉES NOCTURNES
DOUCE FANGE
Baroque Black Metal
Les Acteurs De L’Ombre Productions
Pensées Nocturnes a toujours été ce genre de groupe qui gave ses compositions de toutes les influences possibles et imaginables telle une oie se fait défoncer le gosier avant Noël. Le processus peut sembler dégueulasse mais peut donner – en tout cas à ceux qui aiment ça – un met dont se repaissent même les plus fins de nos gourmets. C’est le cas ici avec « Douce Fange ». D’emblée on sait qu’on va plonger dans la Franchouille profonde avec ce que Pensées Nocturnes a toujours proposé : une explosion des genres, une tambouille qui peut se montrer infâme et indigeste mais se montre au final parfaitement au point, chaque ingrédient étant sous-pesé avec minutie. Que ce soit les influences (musette, black metal, jazz…), les instruments (accordéons, orgue, cuivres en pagaille) et les différents registres de voix de Léon Harcore, tout n’est qu’équilibre dangereux mais totalement maitrisé. Et même Maïté et Poelvoorde font dans le guest !
Cédric Cambien
VOIVOD
SYNCHRO ANARCHY
Thrash Experimental
Century Media
Voivod nous avait laissés avec The wake en 2018, un album d’une grande qualité ! Le combo revient avec Synchro Anarchy, LP à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre des Québécois. Synchro Anarchy est sacrément trippant, d’une force créatrice jamais pris en défaut et surtout, Voivod conjugue peut-être sur ce skeud tout ce qui a fait la renommée et le charisme de son art. Le triumvirat Nothingface /Angel Rat /The Outers Limits avait en son temps défini une orientation artistique plus rock et mélodique. On retrouve cet aspect sur Synchro Anarchy, avec des refrains encore et toujours accrocheurs mais on note un évident retour aux ambiances anxiogènes teintées de futurisme malsain. Le riffing tortueux de titres comme « Planet Eaters » ou « Sleeves Off », nous renvoie à l’urgence « punk » et l’intensité rythmique des premiers albums. Synchro Anarchy permet à Voivod de rebondir sur son propre univers et de refondre sa musique. Le quatuor en redéfinit les contours et s’offre un autre souffle fait de fraicheur et de spontanéité. Les galères d’antan sont loin derrière, c’est un Voivod définitivement retrouvé qui s’affiche ici, livrant un album technique, racé, intelligent et qui les place encore un peu plus sur la voie de l’intemporalité.
Fred
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