Il se passe des choses du côté des Nordistes de Stengah. Après un temps mort, la « plus-si-jeune » formation de Metal Progressif lilloise, désormais »surboostée » peut enfin présenter son premier opus, « Soma Sema » (paru ce vendredi chez Mascot Records). À quelques semaines de sa prestation à l’Aéronef de Lille, nous sommes allés à la rencontre de Maxime Delassus (guitare) et d’Eliott Williame (batterie) dans la boutique Euroguitar.
Propos de Maxime Delassus (guitare) et d’Eliott Williame (batterie) recueillis par Axl Meu
Salut ! Votre premier EP, Mecanic Of The Sphere, date déjà de 2016… À l’époque, vous mêliez déjà beaucoup d’inspirations différentes : Ambient, Prog, Metal… Ensuite, vous avez enchaîné les concerts dans la région des Hauts-de-France avant de vous faire remarquer au tremplin Wacken Open Air organisé par Metallian Magazine en 2017. Votre victoire vous avait à l’époque permis de vous produire sur la prestigieuse scène du Wacken Open Air… Ensuite, il y a eu un petit creux…
Maxime Delassus (guitare) : Le Wacken, c’est vraiment notre vraie première expérience de groupe. Ça reste aujourd’hui la plus grosse scène sur laquelle on s’est produit. Par la suite, il y a cette reconnaissance internationale… Le fait d’avoir fini cinquième là-bas, ça nous a vraiment marqué ! Cette performance nous a vraiment confortés dans l’idée qu’il nous fallait signer sur un bon label pour avancer.
J’imagine que vous aviez eu plusieurs propositions de labels suite à votre performance sur place…
Eliott Williame (batterie) : Oui et non. C’est vraiment suite à notre rencontre avec Richard Gamba que tout s’est fait. Il nous a vraiment épaulés. On lui doit la signature sur Mascot Records. En fait, avoir les contacts, ça ne fait pas tout. Le plus important reste de convaincre les gens d’écouter ton produit, ton CD. En tout cas, notre prestation au Wacken Open Air nous a donné une énorme vision de ce qu’est la scène Metal actuelle.
On a tendance à rapprocher Stengah et Meshuggah. Pourtant, le rapprochement s’arrête uniquement au nom… Votre musique reste assez éloignée de celle de Meshuggah.
On ne s’est jamais revendiqué de Meshuggah. Ce serait d’ailleurs prétentieux de le faire. Meshuggah est le genre de groupe qui ne ressemble à aucun autre. Après, il est vrai que le nom est un peu trompeur. Beaucoup nous demandent s’il y a un hommage, mais non. Il suffit juste d’écouter notre musique pour se rendre compte que nous avons une identité forte qui ne cherche pas à aller du côté de Meshuggah. Certes, c’est un groupe que nous écoutons, mais pas plus que Lamb Of God, Gojira et Mastodon… En tout cas, je dois dire que nous avons pris le temps de forger l’identité du groupe. C’est pour ça que nous avons pris le temps qu’il fallait pour composer et enregistrer notre premier opus, Soma Sema. Tu évoquais un creux tout à l’heure, c’est vrai. C’est parce qu’on a vraiment pris le temps de laisser mûrir les choses.
Voilà donc Stengah avec son premier opus, Soma Sema. Il a été enregistré en 2019, et il arrive finalement en 2022.
Maxime : Oui, il y a eu une pandémie entre-temps. On voulait le prendre le temps de bien faire les choses et de s’assurer de signer un bon label. Ce qui s’est fait en mars 2020 avec notre signature chez Mascot Records, deux semaines avant le début de la pandémie. La sortie de l’opus ayant été conditionnée avec une première tournée, nous avons dû prendre notre mal en patience et annoncer notre signature plus tard dans l’année. S’il n’y avait pas eu de pandémie, on aurait dû tout enchaîner. Mais finalement, ça a été un mal pour un bien. On a profité de tout ce temps mort pour sortir plein d’outils de communication.
Que comprendre derrière le nom de ce nouvel opus, Soma Sema ?
Eliott : C’est une expression de Platon. Le Sôma sêma est une théorie qui évoque la dualité entre le corps et l’esprit. C’est d’ailleurs le sujet principal sur cet opus… On essaie un peu de voir ce qui se passe dans l’esprit humain qui est sans cesse dans la recherche d’un équilibre entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Tu sais, toutes ces émotions qui finissent par s’annuler entre elles.
Quid de ces dix nouvelles compositions ?
Ces morceaux ont principalement été composés entre 2017 et 2019. Après, certaines de ses ébauches datent d’il y a longtemps, parfois même avant la formation de Stengah ! Je pense notamment au morceau « Black Masses Inheritance ». J’ai une démo de ce morceau qui date de 2012 !
Maxime : D’ailleurs, à l’époque de nos premières répétitions, on avait également ce morceau « Above Inhumanity » bien différent de celui d’aujourd’hui !

« Il est vrai que le nom est un peu trompeur. Beaucoup nous demandent s’il y a un hommage, mais non. Il suffit juste d’écouter notre musique pour se rendre compte que nous avons une identité forte qui ne cherche pas à aller du côté de Meshuggah. »
Concernant votre style, on est toujours dans un « mashup » de différents styles. À l’écoute de Soma Sema, on sent bien cette volonté de piocher à droite à gauche, de ne pas vous enfermer dans un style et de forger une identité qui vous est propre…
C’est plutôt une bonne chose de ne pas s’enfermer dans un style de musique. Le groupe a des influences qui varient en fonction des membres.
Eliott : Oui, comme tu dis, l’idée, c’est vraiment de mêler toutes nos influences. D’ailleurs, on peut y retrouver tout un tas de clin d’œil dans cet opus, notamment à Magma, qui viennent rappeler ce que l’on écoute. Après, on reste dans un style qui se précise de plus en plus.
Quid du morceau « The Overman » ?
Ce morceau est un énorme hommage au Jazz du fait de l’intervention de notre ami Paul Steen au saxophone. Il fut un temps où il venait nous rejoindre sur scène. C’est vraiment quelqu’un avec qui il est agréable de travailler… Il chantait déjà sur notre premier EP… Après, en termes de guest, on peut aussi mentionner la participation d’Orianne Pouillaude du groupe AĦNA sur le dernier morceau « Offering »… Ça reste des gens proches du groupe qui ont toujours un rôle à jouer !
Ce morceau, c’est un clin d’œil à Rivers Of Nihil ?
Je ne connaissais pas encore Rivers Of Nihil à l’époque. Je vois à quoi tu fais allusion. Pour ma part, je dirais plutôt Cephalic Carnage, groupe qui utilise pas mal de saxophone sur certains morceaux…
Où l’opus a-t-il été enregistré ?
Un peu partout en vrai ! On est allé piocher dans différentes endroits. C’est notre deuxième guitariste, Alex Orta, qui nous a assuré les prises. Il a remplacé Martin Limoges, qui lui joue sur l’opus, en août dernier. Alex n’était pas encore membre du groupe, mais il a quand même participé à la création de l’opus…
Quid de ce changement de line-up ?
En fait, la pandémie a refroidi pas mal de gens… Ça a surtout remis en question de pas mal de choses aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Certaines choses sont tout simplement devenues incompatibles. Il n’y a pas eu d’histoire… ça a été le fruit d’une lourde réflexion…
Stengah a sorti trois clips pour la promotion de ce nouvel opus : « He and the Sea », « At The Behest of Origins » et « Above Inhumanity »… Parlez-moi en !
Les trois clips se suivent et forment une sorte de triptyque. D’ailleurs, il y a quelques éléments récurrents, comme cette espèce de créature que l’on peut voir sur chaque vidéo. Les deux premiers clips ont été filmés en Picardie, à Saint-Gobain et « At The Behest Of Origins », à Wimereux dans le Nord de la France. Tout a été pensé comme un court métrage, un peu comme la pochette de l’opus que j’aime décrire comme le « onzième morceau de l’opus ». Il nous fallait créer une sorte de continuité entre le son et l’image et, du coup, ça nous a demandé beaucoup de temps, beaucoup de réflexion. Pour le coup, nous avons eu la chance d’être entourés de réalisateurs de talent. La caméra ne fait pas tout. Il faut aussi avoir l’œil, penser au cadrage, engager les bons acteurs et ainsi de suite. Aussi, nous avons laissé beaucoup de place au hasard et pris quelques risques… Finalement, ça a formé un tout ! Il s’est vraiment passé quelque chose le jour du tournage, et finalement, nos efforts ont payé puisque les deux derniers clips que nous avons sortis ont été super bien accueillis. Tous les retours, aussi bien ceux du public que de la presse, nous ont fait chaud au cœur.
Désormais, vous travaillez avec Gérard Drouot Productions et serez en concert à l’Aéronef de Lille le mercredi 23 mars prochain en compagnie d’Oddism et de Death Structure.
Oui, c’est le rêve absolu. Ils sont très malins chez Gérard Drouot. Ils nous ont organisé une tournée française pour commencer. Aujourd’hui-même, il y a encore des risques que les tournées européennes soient annulées. Tout est une question de bon sens pour finir.
Stengah, c’est :
Alex Orta : Guitare
Maxime Delassus : Guitare
Benoit Creteur : Basse
Eliott Williame : Batterie
Nicolas Queste : Chant
Discographie :
Mechanic Of The Sphere (2016 – EP)
Soma Sema (2022)
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