Manigance ? Ce nom vous dit sans doute quelque chose. Référence du Power Metal français, la formation a connu un changement radical ces dernières années avec l’arrivée de Carine Pinto au chant. Désormais membre à part entière du groupe, Carine a travaillé avec François Merle sur Le Bal Des Ombres, paru dernièrement via Verycords. Interview !

Propos de Carine Pinto (chant) et François Merle (guitare) recueillis par Axl Meu


Que s’est-il passé pour Manigance entre Machine Nation et Le Bal Des Ombres ? Êtes-vous ressortis plus forts de cette période ?

Carine Pinto (chant) : En fait, cette période, on l’a vécue comme une opportunité. Elle nous a permis de composer, mais aussi de trouver nos repères dans cette nouvelle équipe de composition. Cette pause était nécessaire pour composer sereinement, tranquillement… Elle nous a vraiment permis de peaufiner les moindres détails de ce nouvel opus et de soigner les arrangements. Cette période n’a pas été perdue, loin de là. 

François Merle (guitare) : Je n’ai pas grand-chose à rajouter, si ce n’est que – vu les circonstances – on a dû travailler à distance.

Carine, Le Bal Des Ombres est ton premier opus avec Manigance. Chez Heretik, avant ton arrivée, on avait toujours connu Manigance avec Didier (Delsaux) au chant. Comment as-tu été amené à travailler avec le groupe ? 

Carine : J’ai toujours gravité autour du groupe pour le soutenir, soit pour tenir le stand de merch’, soit pour pousser des caisses et ce, depuis nos débuts ! À côté, parallèlement, je chantais dans des petits groupes locaux, du côté de Toulouse, sans vraiment d’ambitions particulières. Je ne voulais pas rentrer dans Manigance. J’étais une amie du groupe et ça n’allait pas plus loin. Jusqu’à ce que Didier exprime son besoin de partir. Le groupe a dû se retourner pour trouver une solution. Un album allait sortir et Manigance allait embarquer pour une tournée européenne en ouverture de Myrath. Au départ, le groupe cherchait une voix masculine, mais il est vite revenu sur sa décision et a opté pour une voix de féminine pour limiter la comparaison. François m’avait déjà vu chanter le répertoire d’AC/DC… Il avait gardé cette option en tête, et finalement il a décidé de faire des essais avec moi. Sur le coup, je dois avouer que j’ai été assez surprise ! J’avais déjà fait une intervention sur le premier morceau de Machine Nation, sur « Face Contre Terre ». Le test a fonctionné, et trois mois après, je me suis retrouvée sur la scène du Trabendo

François : Un groupe demande de l’implication. Il faut que l’on se voie, que l’on répète ensemble… C’était devenu difficile pour Didier. Il a décidé de lever le pied pour se concentrer sur sa famille. Ce qui a provoqué son départ, c’est lorsqu’il nous a annoncé ne plus pouvoir enchaîner les concerts. Il a néanmoins tout mon respect.

Parlez-nous donc de votre nouvel opus, Le Bal Des Ombres. Quand avez-vous composé cet opus ? Didier a-t-il participé à l’écriture de celui-ci ?

François : Tout a été composé après la tournée passée avec Myrath, courant juillet 2018. Musicalement parlant, on reste dans ce que Manigance a toujours fait : le chant en français accompagné de belles mélodies. 

Carine : En fait, on ne s’est pas dit : « on va faire du Manigance ». Pour nous, c’était encore nouveau. Certes, on se connaissait en tant qu’amis, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. C’était vraiment un nouveau départ pour le groupe : on a dû trouver nos marques. On s’est donné une belle part de liberté quand même. François proposait des riffs, et de mon côté, on « bidouillait » des lignes de chant. Puis, une fois à la maison, je composais des ébauches de textes et un refrain… Il fallait que le français sonne, car ce n’est si pas si simple que d’écrire une chanson de Rock dans notre langue. Une fois au local, on essayait de faire évoluer la chose. Le choix des thèmes s’est vraiment fait en fonction des colères que nous avons ressenties lors de l’écriture de l’opus, ça parle d’injustice, de violence conjugale, l’incendie de Notre-Dame et ainsi de suite. Ce sont vraiment des choses qui m’ont émue, touchée et j’ai fait des parallèles avec d’autres relations. 

Au niveau du style de musique, c’est vrai que l’on reste dans le style pur de Manigance. François, comment procèdes-tu lorsque tu prends ta guitare ? 

François : Alors, il n’y a pas trop de recettes en fait. Ça vient naturellement. Par moments, ça peut venir d’un quelque chose que j’ai entendu et qui m’a travaillé, aussi bien dans le Metal qu’autre chose. Ça peut partir d’une idée électronique, voire symphonique, ou bien d’une boucle de batterie : quelque chose qui me donne envie de jouer de la guitare, tout simplement. Je stocke plein d’idées de riff, puis pour ce qui est des structures de morceau, j’écris des mélodies de chant sur de la guitare et je propose quatre accords avec de la mélodie par-dessus.

Peut être une image de 3 personnes, personnes qui jouent d’un instrument de musique et personnes debout
Crédit photo : Aurélien Goyetche Photographe

« Pour nous, c’était encore nouveau. Certes, on se connaissait en tant qu’amis, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. C’était vraiment un nouveau départ pour le groupe : on a dû trouver nos marques. »

Cet opus est aussi marqué par l’arrivée de Lionel à la guitare… 

François : Bruno (Ramos, NDLR) est parti avec Sortilège, donc, quand son départ a été évoqué, on avait tout de suite pensé à trouver quelqu’un en « back-up » pour pouvoir assurer les concerts. Et puisque que nous sommes du sud de la France, il nous fallait trouver quelqu’un qui soit à proximité. Donc, on a fait des recherches, et on a trouvé Lionel qui, autrefois, jouait avec Patrick, notre batteur. Quand je l’ai contacté, il s’est montré intéressé. Humainement, ça a tout de suite collé ! C’était une superbe opportunité pour lui de rentrer dans le groupe. La collaboration a été superbe. Il n’avait jamais fait d’album avant nous et il s’est vachement impliqué dans les arrangements de guitares en essayant d’approfondir les ambiances. 

Il y a plusieurs guests sur l’opus, Julian Izard intervient sur « Haute Trahison ». Tu avais travaillé avec Existance pour leur dernier opus en date. Comment ça s’est passé ? 

Ça s’est passé par fichier. Julian a enregistré ses pistes chez lui. Carine avait déjà assuré ses parties. Donc, je lui ai filé des versions avec et sans Carine et on a ajusté en fonction de ce que Carine voulait. On a ajusté tout ça !

Carine : Aussi, il faut ajouter que Florian Lagoutte (guitare) intervient sur ce morceau également !

Pourquoi Julian plus qu’un autre ? 

Je connais. C’était plus facile pour moi. Je l’ai déjà enregistré en tant que chanteur et je savais que sa voix pouvait coller à l’esprit du groupe. J’aimais le duo Axel Bauer / Zazie et du coup, je trouvais que ça pouvait être intéressant de créer ça, mais en version Metal. Deux personnalités fortes qui s’expriment sur cette thématique de la trahison, je trouvais ça bien. 

Carine : On voulait tout simplement mettre en avant ces jeunes gens talentueux de la scène français. Ce sont aussi des profs à nous, dans leur manière de voir les choses, de voir la musique. La musique, c’est aussi un partage, et on voulait laisser de la place à ces gens talentueux. En tout cas, on s’est fait un grand plaisir de les recevoir ! Il y a une vraie valeur ajoutée des deux en fait. Sans eux, « Haute Trahison » ne serait pas le même morceau ! 

Désormais, quand pourrons-nous vous voir sur scène ? 

François : Plusieurs concerts vont tomber. Je pense qu’on sera en veille cet été, mais en septembre, on va jouer du côté de Lyon, au Rock’n Eat… Du coup, je pense qu’on va programmer d’autres dates pour l’automne. Ensuite, on reprendra la tournée qu’on avait prévue avec Rhapsody Of Fire et Nightmare d’ici 2023. Le programme est chargé ! 

Ces dernières années, la scène metal français a connu un rebond. Il y a beaucoup de groupes qui chantent en français… Qu’est-ce qui fait l’uniformité de cette scène ?  Qu’est-ce qui rassemble ces groupes ? Désormais, il y a deux éditions à Vouziers…

Je connais William Voluer (organisateur du festival de bousiers, NDLR) depuis très longtemps. Il y a une génération qui revient. Il y a des groupes comme Sortilège et Titan qui reviennent sur le devant de la scène, alors qu’on les avait plus vus depuis des années. Et il y a un public qui les attend de pied ferme ! Le public de la scène française est un vrai public, fidèle qui continue de suivre ses groupes années après années ! 


Manigance, c’est : 

Stéphane Lacoude : Basse 

François Merle : Guitare 

Patrick Soria : Batterie 

Carine Pinto : Chant 

Lionel Vizerie : Guitare

Discographie :

Signe de vie (1997-EP)  

Ange ou démon (2002)  

D’un autre sang (2004)  

Mémoires… Live (Live-2005)   

L’ombre et la lumière (2006)  

Récidive (2011)   

Volte-face (2014) 

Machine Nation (2018)   

Le Bal Des Ombres (2022)   

A propos de l'auteur

Rédacteur en chef d'Heretik Magazine

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