Malgré le froid glacial notre première soirée au Durbuy Rock Festival a été une réussite. Le festival a commencé à célébrer ses 25 ans sous les meilleures auspices et la journée de Samedi s’annonce intense. Le festival a su attirer des pointures reconnues et en parallèle met à l’honneur la scène belge. Il n’est même pas encore midi quand les hostilités démarrent dans sur la scène extérieure du festival. Heureusement pour tout le monde le temps a changé avec le soleil est au rendez-vous.
Texte : Franck Lassalle / Photos : Moris DC
Ce sont les Namurois de Tardigrad qui ont l’honneur de lancer les débats. La formation est toute jeune et profite de son succès lors des tremplins du festival pour se faire connaître. La mission va être accomplie avec brio. Proposant un Death guttural intense elle fait son effet auprès du public et le réveille en beauté. Il y a un gros côté Death à la suédoise dans les titres, pas loin du groove d’un Hypocrisy avec la même force mélodique qu’un In Flames ou Dark Tranquillity. Cela donne un concert agréable proposant un mixe entre Death classique et Death Mélodique, comme une fusion des genres de la scène suédoise. Tant au chant qu’aux guitares, avec des soli bien troussés, le groupe a montré qu’il était déjà au point. Tardigrad a montré de la fraîcheur et du dynamisme, il lance la journée idéalement et sera à surveiller de fort prêt.





Dans la salle Sassin ,le ton reste Death Metal avec la venue de Bleedskin. Mais ici on retrouve la facette brutale du genre quelque part à la croisée de Cannibal Corpse et Dyning Fetus. Porté par un gros son et le chant guttural d’Anouk, le groupe envoie la sauce sans faire de quartiers. L’énergie dégagée est énorme, Anouk fait impression dans un pur esprit Death Metal et le rythme intense remue un public en forme. Le groupe n’a pas de temps à perdre et enchaîne les titres comme des balles de fusil. Il balance le meilleur d’un Brutal Death et se montre très convainquant. Bleedskin a donné une prestation convaincante, féroce et techniquement très maîtrisée. Le groupe a montré qu’il était un digne héritier des maîtres du genre. Il a fait effet auprès du public et sera à suivre de prêt tant il dégage un potentiel certain.






Dehors sous le soleil, c’est un nom ancien qui s’annonce. Dogmeat a connu une première vie à la fin des années 90 avec un Neo Metal dans l’ère de cette époque. Malgré de bons concerts le groupe a jeté l’éponge rapidement. Mais l’envie est plus forte que tout et il fait son retour avec un line-up modifié pour fêter ses vingt-cinq ans comme le festival. D’entrée les deux chanteurs de la formations sont en mode pile électrique et remuent la foule. Derrière on retrouve un pur son Neo Metal digne des années 90 entre Korn et Linkin Park. Entre le Groove typique et alternance entre chant rappé et chant plus brutal on retrouve tout les ingrédients du genre. Et cela fonctionne, un titre comme « Breakdown » fait son effet et retourne le public. Le groupe est motivé et on le sent heureux de retrouver la scène. Dans la suite il joue avec le public sur « Everytime », une tarte néo avec le chant clair classique bien tenu. Le final sur « Virus » est tout aussi efficace et montre une formation en forme. Dogmeat a balancé une bonne dose de Neo Metal. Il a ravit les amateurs du genre et montré qu’il était encore pertinent loin d’un simple effet nostalgie.





Rien qu’à son nom et à sa devise, Make Goregrind Great Again, il est aisé de deviner dans quel genre évoluent les belges de Brutal Sphincter. A la fois potache et bourrin le groupe ne fait pas dans la dentelle et représente fièrement une certaine idée du Grindcore. D’’entrée il ne fait pas semblant et envoie la sauce avec férocité. Le rythme est intense et les premiers rangs apprécient la charge. Pour qui aime l’ambiance boucherie de quartier bien crade cela est un ravissement jouissif. Il n’y a aucune finesse là dedans mais à l’image de leurs confrères de Gronibard il y a de la qualité technique et pas juste du bruit. Les titres s’enchaînent à toute allure. Le groupe est déchaîné et se fait plaisir, le petit strip-tease d’un des membres aura fait son effet pour qui aime les strings. La foule apprécie la charge et le fait savoir à grand coupe de slam et de circle-pit. Avec ce concert barge et haut en couleur Brutal Sphincter a fait ce que l’on attendait de lui, à savoir mettre le feu et s’amuser sans se prendre la tête. Ce concert restera un bon petit souvenir pour beaucoup qui ont fini le show en sueur.





Après ce grand moment tout en finesse le ton va changer radicalement avec l’arrivée de Rome. Derrière ce nom se cache Jérôme Reuter. Depuis 2005 il évolue dans un univers qui oscille entre folk et indus avec des inspirations littéraires allant de Céline à Bretch en passant par Brel et Ferré. Très à part sur l’affiche il accompagne Swallow The Sun et Primordial sur leur tournée et pour beaucoup c’est l’occasion de faire une découverte loin des formations Metal habituelles. Il arrive sur scène avec juste un percussionniste pour l’accompagner. Le premier titre entraîne un public attentif dans un autre monde. La voix grave d’outre tombe de Jérôme évoque Tom Waits ou Nick Cave. En parallèle le côté mélancolique de la musique, mélange de Folk, de Pop et d’Indus, fait son effet avec une belle force d’âme. Toute la suite de la prestation va être aussi intense. Le voyage est total, le charme de cette musique à la fois glaciale, triste et envoûtante est prenant. Rome a donné une belle prestation en forme d’expérience à part qui aura prit plus d’un spectateur aux tripes. Les organisateurs ont eu une belle idée en le conviant sur leur affiche, ils montrent une ouverture d’esprit très appréciable.





Après ce moment hors du temps le Metal reprend ses droits dans la salle avec la venue de Stake. Connu autrefois sous le nom de Stake Number Eight la formation avait rencontré un immense succès. Suite à des soucis personnels et deux concerts d’adieu à Gand elle avait jeté l’éponge. Elle est de retour sous un nouveau nom plus court et en changeant un peu de style pour proposer un post métal teinté de Sludge quelque part à la croisée d’Amenra, Isis ou Sun O))). Malgré le changement de nom le groupe a gardé une belle cohorte de fans et le public est massé devant la scène. D’entrée avec l’intro le voyage est total. On retrouve un son purement post métal avec un côté aérien planant. Derrière le premier titre en impose avec un côté lourd écrasant et un chant furieux. La suite confirme l’idée, le groupe est à l’aise dans l’idée Post Metal, il mixe à merveille ses influences et rencontre un joli succès. Il se dégage une belle mélancolie et on peut qu’apprécier cet incroyable melting-pot musical. Au chant le côté Grunge fait son effet et tout cela se marie à merveille à une musique qui alterne entre Sludge et Post Rock. Avec ce concert, Stake a montré qu’il était parfaitement revenu aux affaires, il lance cette nouvelle carrière avec classe et un parfait mélange entre puissance et émotion brute.



Dehors le ton va rester dans l’idée Post avec la venue de Regarde Les Hommes Tomber. Depuis quelques temps, les Français marquent les esprits avec un Post Black profond, à la fois mystérieux et emprunt de spiritualité. Ce concert en extérieur et sous le soleil permet de voir le groupe sans artifice et cela est intéressant. La musique est au centre du propos et cela va donner un concert remarquable en tout points. D’entrée le ton est donné, le ton sombre et misérable ressort fortement tout comme la mélancolie propre au genre. Il en ressort un côté incantatoire avec de la puissance black présente et en parallèle un côté plus posé fortement habité. Après cet excellente entame le groupe enfonce le clou avec talent. Le mélange entre la force du Black et un côté émotionnel très Post Rock est remarquable et colle une claque à un public attentif massé devant la scène. Le côté sombre et ésotérique prend aux tripes et une ambiance sombre et glaciale s’instaure bravant le soleil avec audace. Avec cette prestation Regarde Les Hommes Tomber a fasciné son monde de belle manière. Il confirme une sacrée montée en puissance et montré qu’il était un des patrons en matière de Post Black atmosphérique.





Il est à peine 17h et dans la salle un gros nom s’annonce. Avec la venue de Septicflesh commence un enchaînement infernal qui va entraîner le public jusque dans la nuit. Les grecs sont un gros morceau en matière de Death symphonique, les fans sont massivement devant la scène pour les accueillir en connaissant leur capacité à mettre le feu partout. En attendant la sortie du nouvel album ils vont proposer un parfait best of de leurs quatre derniers albums, ceux de leur renaissance artistique. Porté par un Spiros toujours aussi charismatique et en grande forme le groupe va faire un carton. D’entrée avec « Portrait Of A Headless Man » et « Pyramid God », il propose deux immenses titres de Death symphoniques plein d’emphase et de lyrisme. Spiros est comme possédé et le public est à fond appréciant le côté épique et intense des titres. Derrière le groupe ne va pas relâcher la pression, il n’a pas joué en live depuis fin 2019 et on sent sa joie de retrouver enfin le public. « Martyr », « Prototype » ou « Communion » font le même effet bœuf. Le public est ravi et la communion avec le groupe fait plaisir à apprécier. Toute la suite du concert sera excellente. Avec en vrac « Prometheus », « Persepolis » et le final sur « Dark Art », le groupe fait un carton énorme avec une incroyable capacité à mêler Death et Symphonique. Avec ce concert Septicflesh a montré une grande forme. Il a montré qu’il restait le patron du genre, il a ravi un public à fond dedans et à présent on attend la suite de ses aventures avec impatience.





Dehors le ton va se faire sombre et intimiste avec la venue de Swallow The Sun. Les finlandais portent haut les couleurs d’un Death Doom atmosphérique chargé de tristesse et de mélancolie. D’album en album ils ont construit un ensemble à la fois triste et poétique et qui prend aux tripes. La douce intro mélancolique pose le ton de ce qui attend un public massé devant la scène. Derrière avec « The Fight Of Your Life », le groupe balance un parfait moment de grâce. Il y a de la force par le growl et de la délicatesse par le chant clair plaintif semblant venir du plus profond de l’âme de Mikko Kotamaki. A fleur de peau et plein de sensibilité le titre donne le frisson. La suite va être aussi prenante, on ressent le mal être d’un Mikko comme possédé par les chansons. Avec notamment « Enemy » ou « Falling World », le groupe enfonce le clou. Puissance et mélancolie se mixent avec grâce. « Stone Wings » est ensuite le grand moment du concert. Porté par une mélodie d’une rare puissance le titre est une ode à la tristesse qui colle le frisson. Toute la suite avec entre autres « New Moon », « Woven Into Sorrow » ou « Swallow (Horror, Part 1) » est de la même force avec ce parfait équilibre entre Death teinté Doom et mélodie profondes. Swallow The Sun a proposé une prestation d’une rare intensité et a touché au cœur nombre de personnes présentes. Il a prouvé que tristesse et mélancolie pouvaient être de toute beauté.





Après ce moment fort, le ton va se faire plus festif avec Ensiferum. Retardés sur la route, les Finlandais sont arrivés de justesse et vont pouvoir porter la bonne parole Pagan/Folk. Dès l’intro, la salle est bouillante et prête à se remuer, comme possédée par la force épique qui en ressort. Puis avec « Rum, Women, Victory » et « Andromeda », le concert est lancé idéalement. Le rythme est énorme, les refrains fédérateurs et les mélodies intenses dans un pur esprit Folk Metal. Le public est en feu et pogos et slams se lancent. Après cette entame parfaite, le rythme ne va jamais baisser, le groupe est en forme et heureux d’être là. Avec « One More Magic Potion », « Into Battle » et « Rum From The Crushing Tide », on retrouve le meilleur d’un Folk épique speed et mélodique avec des refrains énormes. L’ambiance est fabuleuse et tout le monde se laisse entraîner dans la fête. Avec « In My Sword I Trust », on retrouve un hymne à faire lever le poing haut tandis que « Lai Lai Hei » fait son effet avec un côté Folk en avant. Le final avec « From Afar » et « Two Of Spades » est énorme et achève en beauté le public. Ensiferum est venu et a vaincu, il a proposé un concert fabuleux dans une ambiance folle avec un fort esprit de communion. Il a montré qu’il restait la référence absolue en matière de Folk Metal.





Dehors le temps a tourné et quelques flocons se sont fait remarquer. Cela est idéal pour accueillir Primordial. Cette ambiance plus glacée collant à merveille au Pagan Black proposé par le groupe. D’entrée avec « When Greater Man Have Fallen », il emmène le public dans son univers au cœur des terres d’Irlande. Il règne sur le titre un sentiment double, enragé par le chant d’écorché d’Alan et un ton Black teinté de Pagan costaud et mélodique avec cette âme qui ressort. Le public est totalement dedans et se montre chaud. Derrière avec « No Grave Deep Enough » et « Sons Of The Morrigan », le groupe frappe aussi fort. Il se dégage une intensité énorme, on ressent dans les musiciens l’envie de partager leur culture avec conviction. Tout cela prend aux tripes et la suite va être aussi énorme. Le groupe sort les grosses pièces épiques avec « As Rome Burns » et « To Hell Or The Hangman ». Il se fait à la fois puissant, mélodique et mélancolique et fascine le public. Réclamé par pas mal, « The Coffin Ships » est dédié à l’Ukraine et fait le même effet. Enfin, la majesté de « Empire Falls » est parfaite pour refermer le concert. Le titre est un concentré de l’art du groupe entre Pagan, Folk et Black qui donne le frisson par sa beauté mélancolique et sa puissance. Primordial a montré qu’il était toujours un des maîtres du genre. Alan et ses hommes ont transporté la foule dans leur univers avec une classe folle et une sincérité qui a donné le frisson.





Après ce grand moment un autre monument s’annonce. Pionnier du Death mélodique, Dark Tranquillity est très attendu par une foule compacte. Le line-up du groupe a pas mal évolué mais cela ne l’a pas affecté, les Suédois n’ont rien perdu de leur classe et demeurent un maître étalon du genre emmené de main de maître par Mikael Stanne. Après une intro parfaite pour faire monter l’ambiance, le groupe balance deux extraits de son nouvel album. « Phantom Days » et « Transient » font leur effet, on retrouve le subtil mélange de puissance et de mélodie avec des riffs et soli parfaits et la voix d’un Stanne au sommet de son art. Après cette parfaite entame, le groupe ne va pas baisser la garde. Avec entre autre « Monochromatic Stains », « Atoma » ou « Identical To None », il montre qui est le patron. La foule apprécie la leçon et ne semble pas subir la fatigue de cette longue journée. La capacité du groupe à proposer des mélodies entêtantes aidant largement. Dans le final avec notamment « Lost To Apathy », il achève son monde en beauté avec un subtil équilibre parfaitement maîtrisé. Avec ce concert de haut vol, Dark Tranquillity a confirmé son statut de géant du Death Mélodique et ravi son public. Et même si Stanne semble très occupé avec The Halo Effect, on espère qu’il continuera encore longtemps à semer la bonne parole Death Melodique avec Dark Tranquillity.





Dehors, la nuit est tombée, le temps se fait plus frais mais ce genre de conditions est idéal pour accueillir la tête d’affiche de la scène extérieure, Asphyx. Depuis plus de 30 ans, les Néerlandais portent la bonne parole Death/Doom et il y a du monde devant la scène qui attends de pied ferme. Après une courte intro glauque, le groupe ne fait pas dans la dentelle. « Botox Implosion » est une tarte de Death d’une rare intensité que chacun prend en pleine tronche. Martin en impose avec un chant de damné et derrière le break Doom est écrasant de force. Avec « The Nameless Elite », la pression ne retombe pas et on ne peut que savourer le parfait mixe entre Doom et Death. Avec un français maîtrisé Martin se fait sympa et se met le public en poche. La leçon va continuer avec « Death The Brutal Way » ainsi que « Asphyx » et « Deathammer ». Asphyx est en grande forme et se fait plaisir avec une méchanceté intense et un côté furieux qui prend aux tripes. Dans la suite avec le très Doom « Molten Black Earth », le plus méchant « It Came From The Sky », le groupe dévaste tout sur son passage et met le feu au public. Le final va être apocalyptique, des perles comme « Der Lander » ou « Necroceros » se font écrasantes avec un côté sombre et glacial. « The Rack » et « Last One Of Earth » achèvent en beauté une prestation d’une rare méchanceté. Asphyx a montré une grande forme, il a proposé un concert de haute volée et a prouvé qu’il restait le maître incontesté du genre.

Il est plus de minuit mais la fête n’est pas terminée. Dans la salle, tout se prépare pour la venue de Skáld. En peu de temps, les Français se sont fait un nom en matière de musique Folk. Ils soignent chaque détail, des instruments à la langue en passant par les histoires contées et se montrent comme de dignes héritiers de l’esprit viking. Sur scène on retrouve tout les anciens instruments, tambours, talharpa ou jouhikko. Tout est en place pour un voyage dans le lointain des terres nordiques. D’entrée le charme opère avec une voix masculine et quelques percus, puis Justine envoûte avec un ton pur angélique qui transporte toute le monde. Ses musiciens tissent un ensemble folk d’une grande profondeur et font honneur aux grands anciens. Le mixe entre les chants et la musique est parfait, toute une âme se dégage. La pureté de la voix de Justine enchante sur chaque titre. Elle réussit à capturer un esprit folk nordique en forme de bande son de toute une époque viking. Malgré l’heure tardive et un contexte plus métallique que folklorique le groupe réussit son pari et chaque titre est un voyage au profond de l’âme du grand Nord. Avec cette prestation éblouissante Skáld a prouvé qu’il était plus qu’un projet studio. Il sait capter toute une époque et s’est montré digne des anciens à qui il rend hommage. Il a été le parfait final d’une journée intense et épique.

Cela achève en beauté une édition toute aussi réussie que les précédentes avec nombre de prestations qui resteront en mémoire de chaque personne présente. Il nous reste à remercier l’organisation du Durbuy Rock Festival pour son accueil toujours aussi chaleureux, les bénévoles qui accomplissent un travail incroyable et bien sur Bernard, le parfait chef de cérémonie du festival. On souhaite une longue vie au festival et on lui donne rendez-vous pour une suite que l’on espère aussi radieuse et réussie.
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