Comme ses confrères, le Rock Hard Festival est de retour en ce début juin 2022. Annulé en 2020, le festival avait tenu en 2021 une micro édition sur une journée avec trois groupes. Cette nouvelle édition retrouve le schéma classique sur trois jours dans le cadre de l’amphithéâtre de Gelsenkirchen en Allemagne au bord d’un canal du Rhin dans le bassin de la Ruhr.
Pour des raisons professionnelles, nous commençons notre périple allemand avec la journée du Samedi 4 Juin. Retrouver le cadre verdoyant du festival est un bonheur ! Le site n’a pas bougé et garde un caractère à visage humain qui fait le charme du festival. Pour cette journée, on retrouve 8 groupes avec du lourd et un changement, Phil Campbell a annulé en dernière minute et est remplacé par Asphyx.
Texte : Franck Lasselle / Crédit photos : Moris DC
Tout démarre sur le temps de midi avec la venue de Indian Nightmare. Formé à Berlin en 2014, le groupe est composé de musiciens de pays différents, Italie, Indonésie ou Mexique. La petite bande évolue dans un speed métal teinté de punk dans les traces de Venom et Slayer. Cela va donner un concert intense, avec quelques perles comme « Bastions Of Nightmare », « Fire Meets Steel » ou « War-Metal-Punk ». La sauvagerie est au rendez-vous dans le chant de cinglé de Poison Snake et dans des riffs rapides dans l’esprit speed et Punk’n’Roll du début des années 80. Avec une prestation sans temps morts dans un esprit bourrin, le groupe a lancé la journée de la meilleure des manières et réveillé un public déjà bien présent.





Avec la venue de Suicidal Angels, le ton ne va pas se calmer. Devant un amphithéâtre bien plein et chaud, les Grecs vont balancer un Thrash incisif ancré dans l’esprit des anciens comme Slayer. Après une intro empruntée aux Dents de la Mer le groupe débarque et ne fait pas dans la dentelle. Le rythme est intense, le chant de Nick est d’une intensité énorme et tout cela met le feu avec nombre de slams et pogos. Avec en vrac, « Born Of Hate », « Bloodbath » ou « Capital Of War », les Grecs assomment leur monde. On retrouve le meilleur d’un Thrash 80’s avec des refrains efficaces, des riffs ultra rapides et une puissance qui impressionne. Le final sur « Apokathilosis » avec un bon wall of death achève en beauté une prestation furieuse. Suicidal Angels a mis le feu avec classe et confirmé son statut de grand du Thrash.





Avec Villagers Of Ioannina City, le ton va changer. Le festival accueille un groupe grec qui propose un Folk Rock teinté d’influences Post Rock et psychédéliques. Clarinette et cornemuse sont au rendez-vous pour un concert qui s’annonce haut en couleurs. D’entrée de jeu, avec « Age Of Aquarius » le ton est donné, le côté Post ressort au travers d’un chant pur et profond. Le mix’ entre Rock teinté Post et Folk peut surprendre, mais l’idée fonctionne. Il ressort un côté aérien et mélancolique avec un côté Dark Wave. La suite avec notamment « Dance Of Night » ou « Millennium Blues » est prenante. Le groupe propose un Post Folk assez inédit porté par la clarinette et la cornemuse et par des passages aériens cosmiques qui transportent la foule. Les passages traditionnels grecs font leur effet et le succès est au rendez-vous. La formation a proposé un concert peu banal, loin des conventions et a montré une capacité parfaite à mixer les styles.



Après ce voyage, place à Atlantean Kodex, la formation allemande évolue dans un Heavy Metal à l’ancienne, épique et teinté de Doom pas loin de Bathory, Candlemass ou Manilla Road. La foule est dense et la petite fosse devant les gradins est remplie. D’emblée, avec « The Alpha And The Occident », le ton est donné et le voyage vers les années 80 est total. Markus a le ton épique idéal et monte très haut avec facilité. Derrière avec « Lion Of Chaldea » ou « Sol Invictus », le groupe fait fort. Il y a un côté Heavy majestueux en phase avec des riffs teintés de Doom. L’esprit des anciens plane et le côté épique donne le frisson. La communion avec le public est totale dans une ambiance chaleureuse. Le final avec « Heresiarch » et « The Atlantean Kodex » est succulent dans le même esprit old school. Le groupe a fait forte impression avec cette prestation, il a mis le feu à la foule en la transportant dans le passé et dans l’âge d’or du Heavy Metal.





The Night Flight Orchestra est le premier gros nom de la journée. La bande de Björn Speed, Sharlee D’Angelo et David Anderson est attendue par une foule désireuse de faire la fête sur un son voyageant entre AOR et Hard Rock à la croisée de Toto et Journey. La petite troupe débarque en costume blanc et d’entrée met le feu avec How Long. Speed est en grande forme avec un ton accrocheur parfait, les choristes sont toutes aussi parfaites et derrière le titre fait taper du pied en rythme. La suite avec « Sometimes The World Ain’t Enough », « If Tonight Is Our Only Chance » ou « Burn For Me est réjouissante. Les titres sont immédiats et dansants dans un esprit AOR avec un clavier succulent. Le succès est total, Speed est bavard et l’ambiance est excellente. Le final va être tout aussi réussi, le groupe empile les tubes et fait danser la foule avec un bon côté disco. « West Ruth Ave » achève le concert en beauté avec une farandole dans la fosse. Ce concert a été fabuleux, il a donné le sourire à chacun et a donne envie de croire en l’humanité pendant un court laps de temps.





Grave Digger célèbre ses 40 ans et le public est massée devant la scène pour ne rien rater. Pour l’occasion, le groupe est accompagné de percussionnistes et de joueurs de cornemuses. L’effet est énorme et la foule est bouillante. « The Dark Of The Sun » lance le concert avec efficacité, Cris est en forme avec ce ton éraillé qui lui va si bien. Chacun apprécie le côté épique se mariant au côté celtique amené par les musiciens. « Excalibur » est porté par son refrain énorme, « The Clans Will Rise Again » est un hymne épique et guerrier qui rend un bel hommage à l’Écosse. Cris apprécie l’accueil et se fait bavard, heureux d’être sur scène. La suite avec « Lions Of The Sea », « The Ballad Of Mary » et « The Heart Of Scotland » est prenante. Le côté épique amené par les cornemuses et des riffs parfaits donne le frisson. Cris assure à fond notamment sur une belle partie chantée de « The Ballad Of Mary ». Une gigue se lance dans la fosse et le final avec « Highland Farewell », « Hell Is My Purgatory » et « Rebellion » est parfait avec la même force heavy épique et mélodique. Le classique Heavy Metal « Breakdown » achève le concert en forme de tube absolu. Ce concert a été une réussite, le groupe a soigné son public et a proposé une de ses meilleures prestations depuis longtemps.






Asphyx débarque en forme d’invité inattendu. La légende Death Doom a eu peu de temps pour se préparer mais cela ne va pas lui faire peur. Elle est portée par un Martin en grande forme, motivé et doté d’un charisme énorme. Après un Botox Implosion au côté death plein d’énergie et furieux le groupe va enchaîner les titres et assommer son monde. Avec notamment « The Nameless Elite », « Asphyx » ou « Deathhammer » et « Wasteland Of Terror », il fait mal avec une classe énorme. Le côté Doom ressort et écrase le public avec une force d’impact énorme. Quand il sonne death il le fait avec un rythme intense qui détruit tout sur son passage. L’alternance entre Doom et Death est parfaite et le public savoure la leçon. Entre deux titres, Martin a une pensée émue pour l’Ukraine. La suite avec « Forennuers Of The Apocalypse » ou « Necroceros » est aussi méchante. On ne peut que savourer la force du groupe pour mixer force écrasante et vitesse qui donne le tournis. La claque se termine avec « The Rack et Last One On Earth » qui se montrent aussi méchantes et véloces. Avec une telle prestation, Asphyx s’est montré bien plus qu’un simple remplaçant, il a balancé un concert d’une rare intensité qui restera dans les plus bouillants du week-end.



Il reste un seigneur pour finir la journée. Le festival accueille Blind Guardian pour la première date de sa nouvelle tournée européenne. Avant la sortie d’un nouvel album très attendu les allemands se lancent dans une tournée best of avec l’intégralité de leur classique « Somewhere Far Beyond » au programme. Avant cela, le groupe propose quelques classiques. Avec « Into The Storm », « Welcome To Dying, Nightfall » et « Time Stands Still », il ravit le public. Porté par des refrains énormes, ces titres demeurent des grands moments de Heavy Metal épique et mélodique. Hansi se montre en forme et porte les titres de sa voix puissante. À côté, ses compères ne sont pas en reste avec des riffs et des soli rapides et mélodiques. Tout cela met le feu à un public conquis et la suite va faire très mal. Retrouver un album aussi immense que Somewhere Far Beyond est un plaisir. Trente ans après sa sortie, il n’a rien perdu de sa force épique et mélodique. Les titres les plus connus comme « Time What Is Time », « Journey Through The Dark », la première partie de « The Bard Song » et « Somewhere Far Beyond » sont acclamés par la foule. Hansi apprécie l’accueil et remercie tout le monde avec chaleur. À côté, retrouver « Black Chamber », plus joué depuis 1998, « The Quest For Taralon » ou la deuxième partie de « The Bard Song » est un bonheur pour les fans. La force mélodique et Folk de The Bard Song donnant toujours le frisson. Le concert aurait pu s’arrêter là, mais le groupe nous gâte avec deux rappels. « Valhalla » et « Mirrors Mirrors » sont parfaits pour finir le concert. Portés par des refrains énormes et des mélodies en or, ils achèvent le public de la meilleure des manières. Certes, Blind Guardian a joué la sécurité avec ce concert, mais il a fait plaisir à tout le monde avec ce parfait plongeon dans l’âge d’or de sa carrière.




Cela conclut une journée parfaite à tous les niveaux. Chaque concert a été de grande qualité et au vu du programme du dimanche personne ne doute que la suite s’annonce toute aussi intense.
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