En août dernier, nous avons profité de notre séjour à l’Alcatraz Festival pour nous rencarder avec Matti, le bassiste de My Sleeping Karma, ce qui nous a aidés à mieux comprendre Atma, un album profond, loin d’être anecdotique dans la carrière du groupe…
Propos de Matti (basse) recueillis par Axl Meu
Que s’est-il passé pour le groupe ces dernières années ? On se souvient tous de l’album Moksha et, ensuite…
Après la sortie de l’album Moksha, nous avons sorti un album « live » pour fêter les dix ans de My Sleeping Karma. Le projet était d’immortaliser quelques dates, dont une à Paris, et d’en faire un album « live ». On a sorti un DVD contenant des inédits tirés de nos débuts. Et à l’époque, nous avions également commencé à travailler sur de nouveaux morceaux en plus de nos quelques dates à assurer.
Ce n’est qu’à la suite que notre batteur a commencé à rencontrer quelques problèmes de santé. Finalement, nous avons appris par la suite qu’il était atteint d’un cancer. Sachant cela, nous avons dû mettre le groupe en « stand-by » le temps de bien comprendre ce qu’il se passait. Ça, c’était à la fin de l’année 2019. Il a eu un traitement à suivre… Ça allait un peu mieux, ce qui nous a permis de commencer à penser à l’album. Puis la pandémie est arrivée. Il fallait donc se tenir éloignés les uns des autres.
J’imagine que cette situation a affecté l’écriture de nouvel opus…
Oui. Vraiment. En fait, en 2021, quand nous avons écouté toutes les démos que nous avions enregistrées, nous nous sommes rendus compte que nous ne les aimions plus. On s’est aperçu que ces morceaux n’étaient plus assez forts. À l’époque, Stefan se sentait un peu mieux même s’il devait suivre des séances de chimiothérapie. Son état de santé nous rassurant, nous avons repris la composition de l’album. C’est vraiment courant novembre 2021 que nous avons eu le « flow ».
Et finalement, en l’espace de trois mois, l’album était composé, arrangé et enregistré. La période était bonne, propice à la création. Rien n’était programmé. Tout est venu naturellement. Ce n’est pas un album qui comporte des hits…
Atmas est vraiment ce genre d’album que tu te dois d’écouter du début jusqu’à la fin sans interruption. Que voulais-tu que les fans voient à travers votre musique ?
Leurs perspectives, leur vie, pas celle du groupe. Quand tu écoutes My Sleeping Karma, tu peux être déprimé, joyeux ou bien triste. Tu passes par toutes les émotions possibles. C’est ce que nous voulons vous faire voir. Où que l’auditeur soit, nous n’avons pas à lui dire comment apprécier notre musique. Nous lui en avons fait don, à lui d’en faire ce qu’il veut.

« Où que l’auditeur soit, nous n’avons pas à lui dire comment apprécier notre musique. Nous lui en avons fait don, à lui d’en faire ce qu’il veut. »
Que devons-nous comprendre derrière le nom de l’opus, Atma ?
C’est un concept en lien avec la culture bouddhiste qui consiste à penser l’âme comme étant au-dessus de tout. Pour faire simple, ce terme appelle à croire que tout est relié, que tous les êtres sont connectés ensemble. C’est pour cette raison que nous aimons bien ces références au bouddhisme. Non pas que nous soyons des pratiquants ou quoi que ce soit, nous aimons cette culture et préférons rester ouverts.
Concernant le processus de composition et ce fameux « flow » qui est le vôtre, j’imagine que vous composez ensemble dans votre salle de répète, et non pas derrière un ordinateur comme beaucoup de musiciens le font aujourd’hui.
Depuis que nous avons lancé le groupe il y a 18 ans – et bien même avant encore -, nous avons toujours procédé ainsi. Nous sommes un « jamming-band ». C’est notre guitariste qui arrive avec des idées sur lesquelles nous jammons. Une fois que l’on estime que cela sonne comme du « My Sleeping Karma », nous continuons.
J’imagine que ce nouvel opus a resserré les liens entre les membres du groupe…
Oui, sincèrement. Non pas que nous soyons fiers des morceaux d’Atma, je dirais – comme tu dis – qu’il nous a aidé à croire en notre projet, en notre groupe, en notre amitié, surtout vu la période que nous venons de traverser. Il y a eu la COVID-19, mais aussi toutes ces choses qui se sont passées à côté… Et finalement, quand tu as tous ces « à-côtés », le manque de créativité est vraiment le cadet de tes soucis. Nous sommes revenus avec un bon album, un album très important pour My Sleeping Karma. Ça nous importe peu de savoir s’il est bon ou mauvais. S’il aide des gens à me sentir mieux ou bien à traverser une période difficile, c’est tout gagné pour nous.
(Matte prend une pause, puis reprend)
De toute manière, je peux te le dire maintenant, car nous allons l’annoncer prochainement. Nous sommes de nouveau contraints à mettre le groupe en pause, car Steffen doit reprendre son traitement contre le cancer. Il n’y aura donc pas de nouvelles tournées pour My Sleeping Karma avant un long moment. D’ailleurs, nous ne savons pas si nous allons remonter sur les planches un jour. Tu comprends mieux maintenant toute la portée de ce nouvel opus. Ce concert à l’Alcatraz Festival sera donc notre avant-dernier concert avant notre pause d’une durée indéterminée. On ne sait pas quand le groupe reprendra.
Cependant, il faut retenir le positif de tout ça. Nous sommes parvenus à aller au bout de ce projet, après sept ans. Et crois-moi Axel, nous avons pensé à tout arrêter un bon nombre de fois pensant que ce n’était pas la peine d’aller plus loin. Finalement, nous n’avons pas renoncé à notre projet. Et c’est vraiment le message que nous voulons faire passer. Ne jamais renoncer, même quand tout semble aller au plus mal. Quoi qu’il arrive, il faut toujours aller de l’avant.
Pour le moment, nous croisons les doigts pour que Steffen aille mieux.
My Sleeping Karma, c’est :
Norman : Claviers, Programmation
Seepi : Guitare
Matte : Basse
Steffen : Batterie
Discographie :
Satya (2008)
Tri (2010)
Soma (2012)
Moksha (2015)
Atma (2022)
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